Les textes partagés
« La lecture est, avec l’amitié, une contribution des plus sûres au travail de deuil » (Didier Anzieu)
Le temps entre nos rencontres est parfois long. Pour vous accompagner dans des moments de solitude sur ce chemin si difficile, nous avons pensé partager avec vous ces textes, ces poèmes, ces musiques qui nous ont particulièrement touchés.
Si certains textes, paroles de chansons ou poèmes vous ont touchés et que vous aimeriez les voir sur ce site, n’hésitez pas et envoyez-les nous à l’adresse: parents.desenfantes.be@gmail.com
Merci.
A
Albert II de Belgique : "A l'occasion de la fête nationale"
Voici un extrait du discours du Roi Albert II à l’occasion de la fête nationale :
« Mesdames et Messieurs,
je voudrais d’abord dire à nouveau aux familles des enfants disparus lors de l’accident d’autocar en Suisse, et à toutes les familles qui ont perdu un enfant, combien le pays continue à penser à elles. Pour la reine et pour moi, les visages des enfants disparus, le courage et la dignité de leurs proches resteront longtemps encore gravés dans notre mémoire. »
Cet extrait de l’introduction du discours du Roi nous semble important à partager. En pensant à toutes les familles et proches des victimes de l’accident de Sierre, nous avons l’espoir que les manifestations de solidarité et de soutien continuent de les entourer même si la presse n’en parle plus, le manque continue à exister sur leur chemin de reconstruction.
Albon Mitch : "La vie doit se terminer..."
« La vie doit se terminer un jour,
Pas l’amour. »
Mitch Albon
Alexandre, Frère de Julien : "Chanson pour Julien"
Chanson pour Julien (Chanson écrite par Alexandre, musicien, pour son frère Julien)
Je suis hanté par la folie, la colère et la tristesse mais la vie continue, jour après jour. Le temps qui passait comme le vent et la pluie, nous avons dû te donner. Je me souviens encore de cette nuit de Noël, tu étais couché sur un lit à la lueur d’une bougie.
Mais comme une étoile je m’accrocherai à tout l’amour que tu m’envoies de là où tu appartiens. Et je serai ici en train de verser des larmes.
Mais je les sécherai avec un sourire, jeune pour toujours.
La vie et la mort passent très vite en un moment, comme de l’air, comme de la poussière. On les goûte, on les sent, mais on ne sait pas qu’elles sont là.
Depuis le début, les murs que j’ai construits ont créé un labyrinthe dans mon coeur rempli de tristesse. Comment vais-je pouvoir vivre ma vie en étant heureux ?
Mais comme une étoile je m’accrocherai à tout l’amour que tu m’envoies de là où tu appartiens. Et je serai ici en train de verser des larmes.
Mais je les sécherai avec un sourire, jeune pour toujours, jeune pour toujours.
Je n’ai pas peur d’échouer.
Je suis prêt à prendre le large.
Sans m’étouffer dans la folie, la colère et la tristesse.
En sachant que tu veilleras toujours sur moi.
Mais comme une étoile, je m’accrocherai à tout l’amour que tu m’envoies de là où tu appartiens. Et je serai ici en train de verser des larmes.
Mais je les sécherai avec un sourire, jeune pour toujours, jeune pour toujours.
(Paroles écrites en anglais et traduites en français.)
Alexandre, Frère de Julien
Allix Stéphane : "La mort n’est pas une terre étrangère"
La mort n’est pas une terre étrangère
En 2001, trois jours avant Pâques, mon frère est mort devant mes yeux. Mon propre frère. Il venait d’avoir trente ans. C’est moi qui ai annoncé la nouvelle
à nos parents. Par téléphone : depuis l’Afghanistan.
Après ce jour qui imprègne tout mon être, qui transforme ma peau, mon sang, mon regard, une question tapie au fond de moi depuis l’enfance éclot soudain en pleine lumière. Il m’a été possible jusqu’alors de ne pas trop y prêter attention, embarqué dans le flot de l’existence, et puis soudain, après ce jour étrange, à chaque seconde je me mets à ressentir cette absolue nécessité d’une réponse. Ne pas l’obtenir devient une déchirure quotidienne. Que se passe-t-il après la mort ? Et cette question en appelle d’autres, tout autant décisives : pourquoi je vis, Et pourquoi je vais mourir ?
L’idée de poursuivre dans l’insouciance n’a plus aucun sens. Le monde a cessé d’être satisfaisant ? Les plaisirs de l’existence sont devenus creux et illusoires. Il manque l’essentiel à ce quotidien confortable. Même avec mes amis il manque trop souvent l’essentiel. Atroce déchirure que de vouloir apercevoir la vérité au fond des yeux de chaque femme, de chaque homme croisés, ne plus se contenter des mots, ne plus entendre ces phrases vides – irréductible soif d’absolu. Je cherche l’Homme et je trouve un spectacle. Où est cette flamme au fond de leurs yeux ? Où est l’espérance ? Nous vivons tous dans le déni et moi j’ai perdu mon indifférence. M’amuser, laisser passer le temps… j’en suis devenu incapable. Faire semblant que tout va bien, qu’on est éternellement jeune, que notre plaisir immédiat est le summum de l’épanouissement… c’est insensé !
Maintenant je sais que la mort est présente à mes côtés et j’ai décidé de la regarder dans les yeux. Il faut que je lui trouve une place dans ma vie.
Stéphane Allix
Amis Compatissants du Québec : "Extrait de la lettre des Amis Compatissants"
André, Papa de Laurence : "Un après-midi de partage"
Cet après-midi, la session de partage à l’association, à propos de nos deuils, se
terminait. Il était temps d’en arriver à la conclusion, d’en tirer l’essentiel, d’ajouter
ce qui n’avait pas encore été dit.
Pour conclure, je ne pouvais que partager mon étonnement à propos de la journée
de ce début de printemps, de ce temps de paroles qui ravivait le souvenir de ces
moments déchirants que nous avions traversé chacun à propos de notre enfant.
Ces heures de partage de l’après-midi, s’opposaient à celle de la matinée, à la
rencontre de ma fille cadette.
Poussée par je ne sais quelle information, quelle motivation, elle avait souhaité nous
voir, après son petit déjeuner et vers 10 heure, elle avait poussé notre porte.
Les deux périodes s’opposaient nettement à présent, l’une représentait le présent
de la vie qui continue dans la relation que nous vivons, l’autre représentait le
souvenir du temps de mémoire de celle qui nous avait quittés si violemment.
Que penser de ces moments relationnels et de mémoire qui s’opposent, lors de
cette journée de printemps ?
Me mettre en phase avec le courant de la vie, rester ouvert à la demande présente,
pressante de notre fille cadette, d’avoir une place dans ma vie, de tous les jours,
penser que les moments de jeu ont autant d’importance que les moments de
mémoire.
Qu’un travail intérieur est nécessaire pour accueillir les différentes facettes de la vie,
que le deuil en s’exprimant par des rituels, des moments de paroles, n’est pas le seul
aspect du quotidien, qu’il a sa place, son espace et que les moments de joie sont à
cueillir comme les fleurs de la primevère printanière que nos mains ont emportées,
à la fois pour fleurir l’absent, mais dans une juste balance, pour fleurir les vivants.
André, Papa de Laurence
André Christophe : "Bousculés, Aveuglés et Humains" (Extrait de "Méditer jour après jour")
“Bousculés, Aveuglés et Humains” (Extrait de “Méditer jour après jour”)
(…) Nous pouvons être submergés et suffoqués, dépassés
par la violence de ce qui nous tombe sur la tête.
L’expérience du désespoir est aveuglante : elle rétrécit notre vision et notre
horizon au seul déluge d’adversité qui s’abat sur nous. Elle est aussi déshumanisante
: nous devenons des animaux de douleur, des aliénés de la souffrance.
Plus aucun lien avec le monde n’est possible : les grandes douleurs
isolent, bloquent et figent. Elles entraînent une noyade intérieure en plus
des drames extérieurs. Et des vies fracassées au-dedans comme au-dehors.
Alors, de toutes nos forces, il est important de rester des humains sensibles.
De se raccrocher à notre humanité, à ce qui la réveille autour de nous : la
nature, la beauté. Encore et toujours ouvrir notre esprit à autre chose que
nos souffrances. Pas pour masquer l’adversité, pas pour l’oublier, mais juste
pour qu’elle ne règne pas en maître absolu dans notre esprit comme dans
notre vie.
Comme dans ce passage du livre d’un rescapé du camp de Dachau, le
psychiatre autrichien Viktor Frankl (*) :
“Il arrivait, tel soir où nous étions couchés sur le sol en terre battue de la
baraque, morts de fatigue après le travail de la journée, nos gamelles de
soupe entre les mains, que, tout d’un coup, un camarade entre en courant
pour nous supplier de sortir sur la Place d’Appel, uniquement pour ne pas
manquer, malgré notre épuisement et malgré le froid du dehors, un merveilleux
coucher de soleil…”.
Ce ne sont pas des fuites, ni des mécanismes de défense psychologique pour
échapper à l’horreur. Ce sont juste des actes de confiance et de suprême intelligence :
au moment où les flots de la mort les entourent, ces humains
tournent leur esprit vers ce qu’il y a aussi de beau dans le monde.
Ils traversent l’impuissance, sont égarés et dépassés. Mais ne renoncent pas
à leur humanité.
(*) Passage cité dans “Face à l’Extrême” de Tzvetan Todorov, Paris, Seuil, 1994.
Christophe André
Angelo, Papa d'Angelo et de Franco : "Lettre d'un Papa à Chantal de l’équipe de Liège"
Lettre d’un Papa à Chantal de l’équipe de Liège
Rencontre du 30 mai à Liège
Bonjour Chantal,
Merci aux organisateurs de Parents désenfantés pour la rencontre du
30 mai dernier.
A cette réunion, je faisais partie d’un groupe de 6 personnes dont un
animateur. Les parents étaient tous très dignes et malgré leur tristesse ont
beaucoup parlé de leur enfant décédé par accident ou suicide.
Moi-même, j’ai difficile à parler de mes deux enfants décédés,
c’est difficile à supporter, c’est comme la fin du monde. Je ne sais pas
ce qui me fait survivre, je suis comme un Mort Vivant, mais à cette
rencontre, je n’ai pas arrêté de parler et de me confier, j’en avais besoin,
besoin de dire ce que j’avais dans le coeur.
Pour moi, la mort est un sujet tabou, c’est la tristesse, l’angoisse, la peur,
le malheur et la souffrance. Je dois me battre pour remonter la pente, car
il me reste mes deux filles de 15 et 17 ans et mon épouse handicapée.
Les deux fils que j’ai perdus à 4 ans et l’autre à 35 ans, je me sens
coupable de ne pas avoir pu éviter leur mort, de n’avoir pu les protéger. Je
n’ai rien vu venir et ne leur ai pas assez dit que je les aimais, les
prendre dans mes bras. Je ne pleure pas devant les autres, mais quand je
suis seul, les larmes coulent.
Je ne savais pas qu’il existait des groupes de parents ayant vécu la mort de
leur enfant, cela m’a fort ému d’entendre tous les récits des autres et me
suis senti compris et moins seul, ils m’ont écouté, se sont intéressés à moi et
et m’ont aidé, malgré ma souffrance, à doucement remonter progressivement
la pente car pour moi la vie est parsemée d’embûches. Grâce à la gentillesse
et la chaleur humaine que j’ai rencontrées je me suis senti bien, comme
dans une famille. J’attends la prochaine rencontre avec impatience.
Merci à toi Chantal d’avoir rendu possible cette rencontre, bien à toi.
Angelo, Papa d’Angelo et de Franco
Angelo, Papa d'Angelo et de Franco : "Lettre d'un Papa à Chantal de l’équipe de Liège"
Lettre adressée par un papa à l’équipe de Liège
Pour l’équipe de Parents Désenfantés, un grand merci à Chantal et Monique et
aux autres pour leur soutien moral, malgré leur peine à eux.
Plus j’avance dans les réunions avec les parents, plus je remarque que nous
formons une grande famille soudée, réunie pour partager notre douleur, nos
angoisses et nos questions sur les circonstances de la disparition de nos enfants.
Je suis en admiration et ému devant le courage et la dignité de chacun pour faire
vivre leur enfant. Chacun parle de son enfant, de sa joie de vivre, de ses peines.
Jamais ils ne reviendront et nous les représentons à ces réunions.
Pour moi, ce sont mes proches et ma famille qui me font survivre et maintenant,
vous tous aussi mon « autre » famille qui me donnez la force de rester debout,
car j’ai des cicatrices comme vous qui ne se fermeront jamais, jusqu’à la fin de
mes jours.
Ce qui me fait le plus mal, c’est que dans le monde où nous vivons il y a de la
violence et de l’incompréhension. Dans le regard des autres, j’ai l’impression
de ne pas être comme tout le monde, d’être contagieux parce qu’on parle de
nos chers disparus. Les gens évitent le sujet de la mort de nos enfants, ils ne
savent pas que cela ajoute encore de la souffrance à ce qui est en nous et que
nous vivons depuis un jour, un mois, une année.
Nous pouvons imaginer que tous nos enfants ensemble sont au paradis des anges.
Jamais nous ne les oublierons, notre plus bel hommage est que nous les portons
toujours dans notre cœur pour l’éternité
Merci à tous.
Angelo senior, papa de Franco et Angelo Junior
Anne, Maman de Charles : "Adrien hors du silence"
« J’ai fait tourner un long moment son train électrique. J’ai longuement hésité avant d’ouvrir son placard à vêtements. Je savais que je m’exposerais à une nouvelle douleur si je me décidais à tirer sur la porte. Je l’ai fait. J’ai eu tort. J’ai enfoui ma tête, mon visage, dans ses pulls, ses chemises, à la recherche de son odeur, de quelque chose de lui, de physique, de sensuel. J’ai glissé mes mains dans ses gants de ski, dans ses chaussures de tennis. Comme un pauvre chien perdu, j’ai reniflé en tous sens une trace de lui… »
« Adrien hors du silence », c’est le journal d’un père, pendant les deux années qui ont suivi le décès de son fils Adrien, emporté à 15 ans par une leucémie aiguë.
L’auteur fait alterner ses cris de désespoir et de colère, des réflexions personnelles, et des scènes de la vie d’Adrien, qui évoquent de façon touchante cet adolescent solaire bourré de vie, de tendresse et d’humour.
Anne, Maman de Charles
Anne, Maman de Charles : "Après... Quand l'au-delà nous fait signe"
« La mort n’existe pas, on est tous ensemble », tel est le message qu’a reçu la Maman de Brice, plus d’un an après le décès de son fils.
Des études sérieuses ont montré qu’un quart des Français touchés par un deuil vivent des expériences de communication avec le défunt : signes, messages, apparitions…
Pourtant, peu d’entre eux osent en parler, soit qu’ils doutent de leurs propres perceptions, qu’ils attribuent à leur état de fragilité, soit qu’ils craignent de ne pas être compris, d’être ridiculisés, pris pour des illuminés…
L’auteur, Stéphane ALLIX(*) alterne une série d’interviews auprès de personnes ayant vécu de telles expériences, (auxquelles on a donné en français le nom de “Vécus Subjectifs de Contact avec un Défunt”, ou VSCD) et des rencontres avec des spécialistes :
Christophe FAURE, psychiatre et psychothérapeute, qui accompagne des personnes en deuil et en fin de vie depuis plus de 20 ans : il réfute la thèse d’un mécanisme de protection contre la douleur, d’une hallucination ou d’une bouffée délirante ;
Sylvie OUELLET, médium;
Evelyne ELSAESSER, experte des “Expériences de Mort Imminente” (EMI) et des VSCD.
Un livre interpellant, qui donne beaucoup d’espoir.
Anne, Maman de Charles
(*) Disponible à l’Association, de même que “La Mort n’est pas une Terre Étrangère”, du même auteur, Albin Michel, 2009.
Anne, Maman de Charles : "Deux magnifiques exemples de résilience"
“Ca me rendra heureux de savoir que vous vous portez bien et que vous faites les choses que vous aimez”.
C’est le message qu’a laissé Antoine à ses parents, Françoise Nyssen et Jean-Paul Capitani, avant de mettre fin à ses jours, en février 2012.
Antoine avait 18 ans.
Hypersensible, hyperdoué, dyslexique, dyspraxique, “dys tout ce qu’on veut … et merveilleux”, comme le décrit sa mère,
Antoine n’avait pas trouvé sa place dans le système scolaire classique. Il réalisait des dessins stupéfiants.
(Voir sur Google “Antoine Capitani”).
Trois ans et demi après son décès, ses parents ont ouvert, en septembre 2015, “l’Ecole Domaine du Possible” à Arles.
Une école propice à l’épanouissement des enfants. Un projet pédagogique basé sur l’apprentissage de la citoyenneté, de la vie en groupe, du respect, du dialogue… sans oublier les matières incontournables.
Dans une interview à L’Obs du 15/06/2017, Françoise Nyssen, la Maman d’Antoine, déclare : “C’est grâce à Antoine que Jean-Paul et moi avons eu l’énergie de créer l’Ecole Domaine du Possible”, c’est grâce à lui que nous avons l’énergie d’avancer…”
Site : ecole-domaine-du-possible.fr
Le Fonds Victor
Pour qu’un petit lecteur passionné ne soit jamais oublié.
Victor avait treize ans quand un accident lui a pris la vie, le 4 novembre 2016.
Une vie qu’il aimait passionnément : les voyages, le sport et, par-dessus tout, la lecture.
Ses parents – Patricia Vergauwen et Francis Van de Woestyne – ont trouvé la force de “donner un sens à ce qui n’en a pas”, selon leur propre expression, en créant le Fonds Victor, dont la vocation est d’encourager les jeunes de 12 à 15 ans à la lecture.
Avec pour devise “Un enfant qui lit sera un adulte qui pense”, le fonds Victor organise les actions suivantes :
• Un appel à projets annuel, adressé à toutes les écoles : les projets doivent avoir pour objet la mise en œuvre d’une réalisation concrète autour de la lecture;
• Un Prix Victor (en association avec le Prix Farniente), récompensant l’auteur sélectionné par les jeunes dans la catégorie 13 ans et plus;
• Une Journée Victor, journée de partage de textes “coup de cœur”, par des enfants, qui aura lieu chaque année au Domaine Provincial de Chevetogne.
D’après l’article “le Fonds Victor lance un appel à projets à toutes les écoles francophones”, La Libre Belgique, 26 juin 2017.
Site : lefondsvictor.be
Anne, Maman de Charles
Anne, Maman de Charles : "En mémoire de Charles"
En mémoire de Charles
Récolter des livres. Les envoyer au Togo.
Créer là-bas une bibliothèque pour les jeunes, dans une des régions les plus pauvres du pays, avec l’aide d’Adrien, notre ami togolais.
Voilà ce que nous avons décidé – ou plutôt, ce que nous n’avons pas pu nous empêcher de faire – quand Charles nous a quittés, en 2012.
Faire cela, comme d’autres parents avaient creusé trois puits au Sahel – un pour chacun des enfants décédés dans l’accident.
Pour réparer quelque chose.
Pour apaiser un sentiment d’intolérable injustice.
S’attaquer à une injustice sur laquelle nous avions prise.
Aujourd’hui, 10.000 livres sont arrivés là-bas, deux bibliothèques ont été créées, que nous continuons à alimenter, et nous sommes en train de récolter des livres pour en ouvrir une troisième, pour des enfants de primaires.
Ne nous dites surtout pas que nous sommes formidables.
Ce qui est formidable, c’est que la douleur nous ait jetés en avant, qu’elle ait fait surgir, en nous et autour de nous, assez d’énergie pour réussir cette entreprise.
Ce qui est formidable, c’est que les livres et les personnes indispensables à l’aboutissement du projet se soient mis sur notre route comme autant de cailloux blancs, pour nous montrer où aller.
Ce qui est formidable, c’est que la mort de Charles se soit muée en espoir et en promesse d’avenir pour des centaines d’enfants et d’adolescents inconnus.
Anne, Maman de Charles
Anne, Maman de Charles : "J'aimerais tant qu'on se revoie, mon fils"
Touchée et encouragée par les propos du Pr Henri JOYEUX, cancérologue (qu’elle ne connaît pas), elle lui écrit pour l’appeler à l’aide, se disant que lui pourra peut-être la comprendre.
Une bouteille à la mer ?
Eh bien non. Le Pr Joyeux non seulement lui répond, mais l’encourage à lui écrire encore, et il s’ensuit un dialogue de plus d’un an, relaté dans ce livre.
le chaos, la tentation de rejoindre Tristan dans la mort, la révolte, la colère, le désespoir, la perte de sens…
Anne, Maman de Charles : "Je me souviens un soir d'été"
Voici un extrait du témoignage de son père à ses funérailles :
« Je me souviens d’un soir d’été, il y a un an, où tu étais en train de prendre un café dans le jardin. Tu m’as dit : « Papa, tu bois quelque chose avec moi? » Et j’ai senti que tu serais heureux que je sois là simplement pour t’écouter. Mais il fallait pour cela accepter tes discours imaginaires, décousus, délirants, qui m’irritaient. Je suis resté avec toi une heure, en me disant que je ne pouvais faire qu’une seule chose pour t’aimer : être vraiment présent, attentif à ta personne, sans tenir compte de tes discours.
Et ce fut un grand bonheur. Une grande leçon, aussi : celle de savoir que je pouvais aimer par ma présence et le silence ».
Anne, Maman de Charles : "Le bonheur ? Promesse tenue mon fils"
de Laurence depuis, et ses réflexions sur le bonheur, reconstruit à force
de volonté et de persévérance, et aussi en s’ouvrant à l’intuition, à l’art, à
la présence bienfaisante de la nature, au mystère de la mort.
Anne, Maman de Charles : "Même la nuit quand je dors"
« Te mettre au monde, mon chéri, c’était prendre le risque de te voir mourir.
Le plus insupportable aura été de te voir souffrir ».
Car Luc était « différent » : il souffrait, depuis de nombreuses années – au moins dix ans – d’un mal mystérieux qui lui faisait entendre des voix, qui le faisait délirer, et dont le traitement, par injections de neuroleptiques, était devenu pour lui insupportable.
Il a laissé un long texte que sa mère a lu à ses funérailles, dont l’extrait qui suit laisse entrevoir son désespoir :
« Pour moi, je ne m’en fais pas. Je suis un ange, un être de lumière. J’étais fait pour aider les hommes (et les femmes), mais je n’y arrive plus. Mon corps n’est plus que souffrance, colère et incompréhension… »
Anne, Maman de Charles : "Mes petits mots de billet"
Il nous livre ici le journal qu’il a tenu pendant les 275 jours qui ont suivi le drame.
275 jours, soit 9 mois, pour créer un nouvel homme.
Marches, rencontres, lectures, retraites … Herve Poens a travaillé dur pendant ces 9 mois pour retrouver, petit à petit, un sens à sa vie.
La découverte de l’Association « Jonathan Pierres Vivantes » (association française de parents et de frères et sœurs endeuillés)
dans laquelle il va s’investir de plus en plus, sera une étape-clé de sa reconstruction.
Sa retraite spirituelle au Centre de l’Ile Blanche, en Bretagne, en sera une autre.
Un combat acharné, exemplaire, pour s’extraire de la noirceur, de l’inertie, du désespoir.
Anne, Maman de Charles : "Merci"
Merci de nous avoir donné ces trois années de maladie, douloureuses, lumineuses et douces, qui nous ont montré son courage, sa générosité, sa confiance et, par dessus tout, son adorable tendresse.
Anne, Maman de Charles : "Nos étoiles ont filé"
l’incendie qui a ravagé la maison de leurs grands-parents, la maman transcende le drame en écrivant un livre poignant, étalé sur 18 mois – jusqu’à ce qu’elle donne naissance à un petit garçon.
Ecrit sous forme de lettres à ses petites filles, qu’elle appelle de mille noms – mes chouquettes, mes impatientes, mes fraises des bois… – le livre est un déchirant
chant d’amour, mêlant le désespoir, la colère, la rage de s’en sortir, la compassion et même l’autodérision…
Il vient de recevoir un message de son copain Cédric qui est papa pour la première fois depuis hier.
Il me dit entre deux sanglots que, depuis que vous êtes mortes, il n’est plus papa.
Lui. Quand je pense que, lorsque nous nous sommes rencontrés, il me soutenait qu’il ne voulait ni se marier, ni avoir d’enfants. Vous ne pouviez pas avoir un meilleur papa que… Papa. Je lui rappelle combien vous aimiez le regarder, le soir, monter les escaliers, par la fenêtre de votre chambre. Je lui dis que peu d’hommes savent, comme lui,
repérer que leurs enfants ont de la fièvre sans même les toucher. Je lui jure qu’il sera toujours papa, que nous vous donnions des frères et soeurs ou pas. Papa est un métier qui ne s’oublie pas. Un titre de noblesse qui ne se perd pas... »
Anne, Maman de Charles : "Philippe"
Le petit Philippe, en parfaite santé in utero, vient au monde (4,300 kg, 58 cm) “en état de mort apparente”, victime d’une infection foeto-maternelle dont le gynécologue n’a pas tenu compte, alors qu’il aurait dû en mesurer tout de suite la gravité.
Rien n’a été fait– ni traitement antibiotique, ni césarienne, ni utilisation de forceps – pour éviter au foetus les longues heures d’une agonie aussi révoltante qu’évitable, et les tentatives du pédiatre pendant 2 heures, pour le réanimer, sont restées vaines.
Le texte, entrecoupé d’extraits du rapport d’autopsie, est un cri de colère contre le comportement d’un médecin dont l’incompétence n’a d’égal que l’arrogance et le cynisme.
Mais ce n’est pas seulement un livre qui dénonce.
C’est aussi une formidable déclaration d’ amour à ce petit garçon tant désiré, attendu, imaginé avec tant de bonheur, et la recherche d’un sens à l’insoutenable.
Anne, Maman de Charles : "Sculptures de compassion"
« Sculptures de compassion » de Geneviève BAYLE (Exposition à l’Abbaye d’Orval)
J’ai visité avec émotion cette très belle exposition de petites sculptures en bronze, sur le thème de la compassion.
L’une d’elles m’a particulièrement touchée : “Souviens-toi de Kamakura”.
Elle est accompagnée de la légende suivante : “A Kamakura, au Japon, plusieurs temples possèdent des espaces consacrés à la mémoire des enfants morts avant la naissance.
Les femmes qui ont perdu un enfant avant la naissance achètent une petite statue commémorative et la déposent au pied de la divinité Jizo, ainsi entourée d’une
multitude de statuettes…
Ici, une Mère de tendresse accueille les âmes des enfants morts.”
L’exposition est terminée, mais voici le site de la sculptrice : genevieve.bayle.free.fr.
Anne, Maman de Charles
Anne, Maman de Charles : "Un homme debout"
“Un homme debout” (Ecrit et mis en scène par Jean-Michel VAN den EEYDEN)
Cette pièce raconte les 19 années de prison de Jean-Marc Mahy – dont 3 ans en cellule
d’isolement total – condamné pour 2 meurtres, sans intention de donner la mort.
La pièce est jouée à deux voix, par J-M Mahy lui-même et par l’acteur Stéphane Pirard.
J’ai hésité avant d’aller la voir, je redoutais la violence de l’expérience et l’éventuelle
victimisation du meurtrier.
La pièce est dure, en effet, mais J-M Mahy ne minimise en rien sa responsabilité
dans les faits. Libéré en 2003, devenu éducateur spécialisé, il se consacre désormais
à l’information, à la prévention et au dialogue avec les jeunes, pour éviter de nouveaux
drames et “purger le reste de sa dette envers la société”.
Cet homme nous a touchés (j’ai vu la pièce avec mon mari et notre fils de 31 ans)
par sa sincérité et sa détermination à réparer. Il ne vient pas saluer en fin de spectacle,
par respect pour ses victimes, et s’expose aux réactions du public lors d’un
débat, à la fin de chaque représentation.
La pièce a été reconnue d’utilité publique par le Ministère de la Culture, et tourne
dans toute la Belgique depuis 2010 (dates des prochaines représentations : voir sur
internet “un homme debout-calendrier saison 2015-2016”).
***
J’ai aussi envie de vous signaler le livre “Après le meurtre, revivre” (Jean-Marc
Mahy et Jean-Pierre Malmendier, témoignages recueillis par Anne-Marie Pirard,
Ed. Couleur Livres, 2012), qui rassemble et commente les témoignages, étonnamment
parallèles, de J-M Mahy et de Jean-Pierre Malmendier, dont la fille Corinne a été
assassinée, avec son ami Marc Kistermann, en juillet 1992.
Jean-Pierre Malmendier a œuvré, notamment au niveau politique, pour la reconnaissance
du droit des victimes et pour l’instauration d’une “justice restauratrice”.
Les deux hommes se sont rencontrés et, au fil du temps, sont devenus amis.
En 2010, ils ont créé l’asbl “Re-vivre”(site internet : re-vivre.be) dont l’objectif est
de “restaurer un climat d’apaisement pour l’ensemble des personnes concernées par
des faits de criminalité”.
Jean-Pierre Malmendier est décédé en 2011. L’ asbl poursuit son activité avec sa
fille cadette, Cathy.
J’ai trouvé magnifique l’histoire de cette amitié et ce travail main dans la main de
deux hommes que tout opposait au départ.
Anne, Maman de Charles
Anne, Maman de Christopher : "Chanson pour Christopher"
Je n’arrive toujours pas à croire que ta vie s’est terminée comme ça
Tu sais tu nous as laissés tous avec le cœur brisé ;
on t’aimait tellement depuis ton tout premier jour ;
Et le temps ne pourra jamais effacer le choc et la douleur de ce matin là où on a
découvert ce qui a été fait et réalisé qu’on venait de perdre notre seul fils.
C’est incompréhensible pour nous que ce soit arrivé ;
Si seulement nous avions su ce que tu vivais ; pensais-tu réellement que l’aide dont
tu avais besoin allait venir de ceux qui le savaient???
Nous sommes absolument convaincus que tu ne voulais pas réellement cette fin.
C’est si triste que ton avenir et nos vies soient ruinés ;
mais tu sais qu’on appelait ça « l’effet papillon ».
jamais, pas un seul jour
Tant aimé par tes vrais amis et ta famille, tu pourras maintenant reposer en paix,
loin de tes angoisses, de ta culpabilité et de ta douleur
Tu es libre mon fils.
Anne, Maman de Christopher : "Ne m'en voulez pas..."
Ne m’en voulez pas quand vous sentez que je m’éloigne de votre compagnie…
Il faut juste comprendre que j’ai parfois besoin de me retrouver seule avec lui…
Vous pensez que je devrais tourner la page, mieux m’adapter à ma nouvelle
famille ?
Mais je ne suis plus complète : un morceau de mon cœur est mort avec lui !!
Oui je sais, heureusement j’ai mes deux filles : elles me donnent tant de bonheur
Mais j’ai aussi tant de mal sans lui.
Ça va bientôt faire deux ans et mon chagrin qui dure vous effraie ?
Pourtant je suis toujours là, debout, ne voyez-vous pas à quel point j’essaie ?
Car je suis une survivante de cette douleur que je ne pensais pas pouvoir surmonter.
Alors de grâce, ne me dites pas que le deuil se résume à des jours qu’il faut
compter !
Il n’y a pas de remède, ni de mode d’emploi pour se sortir de ce malheur.
Chacun avance à son rythme comme il le peut en espérant retrouver un jour le
bonheur…
Alors vous ne pouvez rien faire pour m’aider, seul le temps qui passe pourra
s’occuper de ça…
S’il vous plait, faites juste attention de ne pas me culpabiliser de mon état !!
J’ai seulement besoin que vous me preniez dans vos bras.
Anne, Maman de Christopher
Anne-Françoise, Maman de Maxime : "Réparer les vivants"
Réparer les vivants
Ce qu’est le cœur de Simon Limbres, ce cœur humain, depuis que sa
cadence s’est accélérée à l’instant de la naissance quand d’autres
cœurs au-dehors accéléraient de même, saluant l’événement, (…) ce
qu’est le cœur de Simon Limbres, ce qu’il a filtré, enregistré, archivé,
boîte noire d’un corps de vingt ans, personne ne le sait au juste, seule
une image en mouvement créée par ultrason pourrait en renvoyer
l’écho, en faire voir la joie qui dilate ou la tristesse qui resserre, seul le
tracé papier d´un électrocardiogramme déroulé depuis le
commencement pourrait en signer la forme, en décrire la dépense et
l’effort, l’émotion qui précipite, l’énergie pour se comprimer près de
cent mille fois par jour et faire circuler chaque minute jusqu’à cinq
litres de sang, oui, seule cette ligne-là pourrait en donner le récit, en
profiler la vie, vie de flux et de reflux, vie de vannes et de clapets, vie
de pulsations, quand le cœur de Simon Limbres, ce cœur humain, lui,
échappe aux machines, nul ne saurait prétendre le connaître, et cette
nuit-là, nuit sans étoiles, alors qu’il gelait à pierre fendre, alors qu’une
houle sans reflet roulait le long des falaises, (…), il faisait entendre un
rythme régulier d’un organe qui se repose, d’un muscle qui lentement
se recharge-un pouls probablement inférieur à cinquante battements
par minute – quand l’alarme d’un portable s’est déclenchée au pied de
son lit étroit, l’écho d’un sonar inscrivant en bâtonnets luminescents sur
l’écran tactile les chiffres 05:50, et quand soudain tout s’est emballé.
( Maylis de Kérengal, Réparer les vivants, incipit)
A 5:50, trois passionnés de surf, Simon et ses deux amis sont partis en
mer pour chercher les meilleures vagues, pour jouir à l’aube de ce
corps à corps avec la houle. Et le lecteur suit ces 3 jeunes dans leur
alliance avec la mer, le souffle coupé par une écriture aussi puissante
que cette dernière noce avec la vie. Simon ne va pas la perdre en mer
mais sur la route du retour : les 3 amis rentrent épuisés par leur séance
de surf et le conducteur perd le contrôle de son véhicule.
Les parents sont avisés du coma dans lequel leur fils est plongé puis de
sa mort cérébrale… C’est à ce moment tragique que Tomas, l’infirmier
musicien, entre en scène pour annoncer à Marianne et Sean que leur
fils ne reviendrait pas à la vie mais qu’on pouvait artificiellement faire
respirer le coeur pour prélever les organes… avec leur accord.
Tout en finesse, l’auteur nous décrit longuement la sidération, la
colère, la tristesse, le refus et finalement l’acquiescement de Sean et
de Marianne : Simon aurait accepté d’être donneur.
En quelques heures, avec une humanité bouleversante, Thomas
organise le prélèvement et la répartition de plusieurs organes…
Lorsque chaque chirurgien a prélevé ” son” organe et attend le signal
pour opérer le clampage, Thomas murmure à Simon le nom de ceux
qu’il aime et lui glisse ses oreillettes pour lui faire entendre dans un
vide létal le chant de la mer.
Le cœur sera transplanté chez Claire dont l’auteur décrit les émotions
partagées : une dette infinie pour un donneur et une famille qu’elle ne
pourra jamais remercier.
Ce récit métaphysique m’habite depuis que j’ai eu la joie de le
découvrir car l’ auteur y traduit en mots avec une extrême sensibilité la
réalité indicible d’un jeune qui meurt brutalement et d’un cœur qui
migre de corps.
Anne-Françoise, Maman de Maxime
Apollinaire Guillaume : "Le fleuve... "
Le fleuve est pareil à ma peine, il s’écoule et ne tarit jamais.
Guillaume Apollinaire
Apollinaire Guillaume : "L'Adieu"
L’Adieu
J’ai cueilli ce brin de bruyère
L’automne est morte souviens-t’en.
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère,
Et souviens-toi que je t’attends.
Guillaume Apollinaire
Arnauld Carol : "C'est pas facile"
C’est pas facile
C’est pas facile de regarder une photo de toi.
C’est pas facile de n’pas pleurer lorsque je regarde une photo de toi.
J’veux plus me dire que c’est fini,
J’veux plus me dire que t’es parti,
Que tu es tout seul là-haut au paradis.
C’est pas facile d’aimer la vie quand elle nous a tout pris,
De te chercher dans cette maison où nous avons grandi.
Autour de nous, tout continue
Même si les autres s’habituent.
Ici, Maman ne sera jamais plus comme avant.
C’est pas facile…
C’est pas facile d’imaginer que tu n’seras plus là.
C’est pas facile d’oublier le timbre de ta voix.
J’veux te revivre dans ma vie,
J’veux te revivre dans mes rêves,
Et me construire un monde où tout n’est pas fini.
C’est pas facile de la chanter cette chanson tu vois.
C’est pas facile de n’pas chialer parce qu’elle parle de toi.
Ce fou qui n’savait pas conduire,
J’ai pas fini de le maudire,
Les poings serrés vers toi jusqu?à l’éternité.
C’est pas facile…
T’as pas eu l’temps d’avoir cent ans.
T’as pas eu l’temps de nous faire un enfant
Et de lui donner le nom de nos parents.
C’est pas facile…
C’est pas facile de regarder une photo de toi.
C’est pas facile de n’pas pleurer lorsque je regarde une photo de toi.
J’veux plus me dire que c’est fini,
J’veux plus me dire que t’es parti,
Que tu es tout seul là-haut au paradis.
C’est pas facile… C’est pas facile…
Pas facile!
Carol Arnauld
Audiard Michel : "La lumière..."
Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière.
Michel Audiard
Aurore, Maman de Henry : "Henry"
Henry,
J’adore citer ton prénom.
Et même si je pense à toi 200 fois par jour, si pas plus, j’aurais tellement
aimé t’appeler par ton prénom en m’adressant directement à toi…
2 ans mon cœur…
Voilà déjà 2 ans, qu’à cette heure-ci, l’on m’avait appris que ton petit
cœur s’était arrêté de battre.
Tous nos bonheurs et projets s’arrêtent brusquement alors que tu es
toujours en moi.
Porter la mort, se sentir tombe, alors que je vais te donner naissance.
Souffrir de longues heures en attendant de te voir, te découvrir et
profiter de toi pour si peu, tellement si peu de temps.
Profiter que tu sois dans nos bras pour laisser s’imprégner ton odeur dans
notre mémoire.
Admirer tes petits doigts, ta bouche, ton nez, tes petits yeux clos pour
l’éternité.
Et déjà se préparer à te dire au revoir et accepter que tu deviennes poussières…
Nous souhaitions 3 enfants, et nous voilà aujourd’hui parents de
3 enfants. Mais ce n’est pas comme ça que nous l’imaginions.
Depuis 2 ans, tu nous apprends à être papa et maman entre ciel et terre.
Et tu nous envoies cette force qu’on ne pensait pas pouvoir
acquérir un jour.
Et malgré le chemin encore long à parcourir, grâce à toi, nous aimons différemment.
Nous t’aimons d’un amour tellement fort mais indescriptible, que nous ne
pouvions jamais imaginer qu’un tel amour puisse exister.
Nous aimons Cyril, Louise et tous nos proches d’un amour différent parce
qu’à présent, la vie à une toute autre valeur. Nous souhaitons profiter de
notre famille et de nos amis car nous savons combien il est important de
tout donner sans jamais réfléchir et toujours profiter du moment
présent car personne ne sait où nous guident nos pas.
Aurore, Maman de Henry
Aurore, Maman d'Henry : "Trois étoiles"
Aurore et Clément, Maman et Papa de Henry : "A Henry"
Aymard Pauline : "Elle s’appelait Victoire"
Il n’y a pas de mots pour décrire la souffrance engendrée par la mort de son bébé. Et pourtant Pauline, maman de Victoire, décédée à sept jours de vie, les a trouvés, se lançant dans un véritable travail d’élaboration pour nous livrer son histoire. Les mots de Pauline rejoignent si justement la douleur indicible des parents amenés à vivre le deuil de leur tout-petit qu’ils nous propulsent au cœur de la souffrance ; La souffrance d’une femme submergée par cet amour maternel qu’elle vit pour la première fois.
Pauline Aymard
B
Barthes Roland : "Journal de deuil"
Journal de deuil
J’habite mon chagrin et cela me rend heureux. Tout m’est insupportable qui m’empêche d’habiter mon chagrin. Je ne souhaite rien d’autre que d’habiter mon chagrin.
Roland Barthes
Basset Lytta : "Ce lien qui ne meurt jamais"
Article écrit par Eric de Bellefroid sur le livre de Lytta Basset, “Ce lien qui ne meurt jamais”
Samuel avait vingt-quatre ans lorsqu’il mit fin à ses jours, aux aurores sanguines,
le 7 mai 2001. La foudre est tombée. Adolescent original et révolté, il
avait commencé des études polytechniques à Zurich avant d’élaborer le projet,
l’été 1998 d’aller voyager en Amérique latine. Mystérieux périple au cours
duquel il avait dû être interné dans un hôpital psychiatrique au Paraguay. Des
prises de cocaïne, disait-il, l’avaient plongé dans des crises de délire qui
devinrent, avant sa mort, de plus en plus violentes.
Il a fallu six ans à sa mère, l’écrivaine franco-suisse Lytta Basset, professeure
de théologie protestante à Lausanne, pour coucher ses premiers mots sur cette
brutale disparition. Elle qui pourtant avait déjà pas mal écrit sur la
douleur : »Guérir du malheur », » Le pouvoir de pardonner », « Moi, je ne juge
personne » ou « la Joie imprenable ».
Certes aucun livre, s’écrie-t-elle, ne lui aura tant coûté. Il lui restait cependant
– mais quelle force intérieure lui avait alors été secourable – un journal intime
qu’elle avait tenu dès les premières semaines du deuil, et où elle consignait
soigneusement ses rêves. Alors que, dévastée, elle n’arrivait même plus à prier,
parce qu’ »il n’y a plus de mots dans ces moments- là ».
Le consentement
Bien sûr, la Bible, les Évangiles et les infinies profondeurs de l’inconscient psychanalytique
devraient l’aider à vaincre le vide ‘absence de celui qui, atteint
de psychose ou de schizophrénie, avait déclaré n’avoir plus sa tête à soi,
incapable dès lors de poursuivre ses études, et avait écrit quelque part : « La
mort n’est pas le but de la vie, mais seulement le bout de la vie ». Ce qui à
l’évidence, requerrait de sa mère un long travail d’interprétation.
« Je me demande aujourd’hui encore comment j’ai pu me lever le lendemain
et les jours qui ont suivi. C’est que les autres étaient là : les tout proches, les
survivants. Sans doute savais-je à mon insu que tous étaient plus ou moins en
attente de moi. Sans doute me suppliaient-ils sans un mot de continuer malgré
tout.(…) Dès les premières heures de l’impossible deuil, quelque chose ou
Quelqu’un n’a cessé de me faire sortir de moi-même…et j’y ai consenti ». Or
en lira-t-telle pas bientôt chez Bernard de Clairvaux que « consentir, c’est être
sauvé ».
Ainsi, conviée par cette Présence, décida-t-elle de
renoncer à démissionner de son poste. Même si,
sans cesse, elle s’assied par terre, anéantie. Se lamentant
qu’elle ne sait plus vivre, qu’elle ne saura
plus. Mais se sentant tout de même, dans « sa douleur
indicible de mère désenfantée », proche soudain
de la mère de Jésus . Tandis que lui vient
inopinément une parole : « Samuel ne s’est pas jeté
de la tour, il s’est élancé vers le ciel. » N’avait-il
pas dit : « J’ai fait mon temps », comme Jésus luimême
avait proclamé : « Mon heure est venue » ?
Liberté, altérité
De voyage en congrès, jusque dans sa Polynésie natale, Lytta Basset lutte et
avance, pas à pas. Dans un avion qui descend sur Genève, elle se dit : « Samuel
a choisi d’en finir. Respecte sa décision ! » Et s’en ressent toute allégée.
Débute là une longue réflexion sur la liberté et l’altérité, mais aussi sur le sens
de la vie et celui qu’on confère à la longévité en Occident. Cependant qu’en
évoquant les « cryptes de l’intériorité », l’auteure se met également à écouter
son corps, qui n’était guère mutique.
« Notre corps ne ment pas : il nous dit l’enfant qui trésaille… lors même que
nous venons de l’enterrer. Il nous parle, du plus secret de notre chair, de son
double invisible et éternel : nous ne savions pas, ou pas assez, qu’en le mettant
au monde nous l’avions également mis au monde de l’Invisible ».
Et lentement s’opère l’acceptation de l’inacceptable : par la conviction la plus
intime qu’à travers la mort, le fils disparu est entré dans la Vie. Et qu’il ne
cesse de faire signe aux siens retrouvés. Ainsi procèderait « ce lien qui ne meurt
jamais ».
Eric de Bellefroid
Baudelaire : "Le soleil"
…
Ce père nourricier, ennemi des chloroses,
Eveille dans les champs les vers comme les roses ;
Il fait s’évaporer les soucis vers le ciel,
Et remplit les cerveaux et les ruches de miel.
C’est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles
Et les rend gais et doux comme des jeunes filles,
Et commande aux moissons de croître et de mûrir
Dans le cœur immortel qui toujours veut fleurir !
…
Bauwens Pascale : Extrait du livre "Petit ogre"
Beaucarne Julos : "Je vous demande d’aimer"
Sans vous commander, je vous demande d’aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches ; le monde est une triste boutique, les cœurs purs doivent se mettre ensemble pour l’embellir, il faut reboiser l’âme humaine. Je resterai sur le pont, je resterai jardinier, je cultiverai mes plantes de langage.
A travers mes dires, vous retrouverez ma bien-aimée ; il n’est de vrai que l’amitié et l’amour. Je suis maintenant très loin au fond du panier des tristesses. On doit manger, dit-on un sac de charbon pour aller en paradis. Ah comme j’aimerais qu’il y ait un paradis, comme ce serait doux les retrouvailles.
En attendant, à vous autres mes amis d’ici-bas, face à ce qui m’arrive, je prends la liberté, moi qui ne suis qu’un histrion, qu’un batteur de planches, qu’un comédien qui fait du rêve avec du vent, je prends la liberté de vous écrire pour vous dire ce à quoi je pense aujourd’hui : je pense de toutes mes forces qu’il faut s’aimer à tort et à travers.
Julos Beaucarne
Beaucarne Julos : "Le chemin vers moi"
Le chemin vers moi
J’étais fragile comme du papier
J’étais facile à déchirer
Le moindre petit vent contraire
M’envoyait de suite en enfer
J’étais fragile comme du cristal
Des jours très bien et des jours très mal
A la merci de l’air du temps
Un mot me griffait jusqu’au sang
J’étais l’argile du potier
Je me laissais toujours modeler
Un jour j’ai voulu être moi
Plutôt qu’un autre sous tes doigts
J’ai voulu savoir qui j’étais
Étais-je l’algue ou la forêt
Étais-je la soie ou la laine
Le granit ou la porcelaine
Aujourd’hui je vais vers moi-même
Même s’il en coûte à ceux qui m’aiment
Trop habitués à me voir
Docilement suivre leur couloir
Aujourd’hui je me suis de près
Je ne me quitte plus jamais
Je ne m’éloigne plus de moi
J’allais de guingois, je vais droit
Je suis subtil, je rebondis
Je suis heureux et puis je ris
Il n’y a plus de vent contraire
Je nage au milieu de la mer
Je suis léger comme une plume
Je sors enfin de la brume
Je suis bien dans ma propre peau
Je navigue au fil de mon eau.
Julos Beaucarne
Beaufils Danielle : "Bien au-delà de nos vies"
Bien au-delà de nos vies
Et par delà le temps
Qui s’efface et s’enfuit
Il restera de toi
Un Prélude de Bach
Un peu de symphonie
Dans l’âme d’une fleur
Déposée en ton âme
Bien au-delà de nos vies
Et par delà l’amour
Il restera de toi
Le concerto des jours
Que rien n’effacera
Et d’autres arriveront
Pour reprendre
Et continuer
La douce mélodie
Danielle Beaufils
Beaufils Danielle : "Je dépose pour toi"
Je dépose pour toi
Je dépose pour toi
Dans le silence du matin
Un bouquet de pensées
L’éternité de cette fleur
Tu l’aimais tant…
Je garde en mon coeur
Notre amitié fidèle
Un cadeau du ciel
D’avoir pu se connaître
Pour toujours
Cette fleur du printemps
Dans l’éclat du soleil
Me parlera de toi
Je dépose pour toi
Dans le silence du matin
Bien au-delà de nos printemps
L’éternité du cœur.
Danielle Beaufils
Beaufils Danielle : "La nuit n'a rien effacé"
Le jour a gardé de tes pas la tendre lumière,
baignée d’étoiles et de paroles….
j’ai voulu suivre tes traces dans la pluie de ta vie,
je suis tombée plusieurs fois,
mais le vent a relevé mon âme,
et le soleil a séché toutes mes larmes….
C’est dans la symphonie des jours et des nuits
que je te retrouve,
en regardant tomber les flocons blancs,
je suis en espérance,
et la flûte accompagne mon chant
dans la joie du jour heureux
des retrouvailles.
Danielle Beaufils
Beauthéac Nadine et Albain Michel : "Hommes et femmes face au deuil - Regards croisés sur le chagrin"
Or, la réalité est souvent bien différente, hommes et femmes ont parfois du mal à se comprendre dans l’épreuve car ils expriment leur souffrance de manière différente.
accumulent une rancœur qui va bouleverser leurs relations.
Maintenir la communication est cependant primordial tout autant pour le couple que pour la famille.
Les femmes ont tendance à se sentir mieux en parlant de leur deuil avec d’autres. Les hommes, pour de nombreuses raisons ne voient pas toujours le partage du deuil comme particulièrement apaisant. Ils trouvent plus de réconfort dans des domaines où ils se sentent plus à l’aise, comme l’action, celle-ci pouvant apporter un sentiment de sécurité dans le bouleversement affectif qu’apporte la mort d’un proche.
exprimés, de cette impasse sur la parole intime.
« Le deuil ne nous a pas rapprochés. Au contraire, il nous aurait plutôt éloignés. Parce qu’il a brisé notre vie, parce qu’il nous a laissés, seul chacun dans son coin, aspiré par son propre vide »
Bernard Chambaz dans « Martin cet été » … et les larmes.
Lorsqu’une femme est submergée par le chagrin, elle laisse facilement couler ses larmes alors que bien des hommes se cachent pour pleurer. Question d’héritage culturel, de rôles sociaux, de priorités différentes? Ni meilleures, ni pires, seulement différentes.
Oui, le deuil est long et douloureux, oui le deuil nous entraîne dans une crise de vie dans laquelle hommes et femmes peuvent se séparer s’ils n’arrivent pas à dépasser leurs incompréhensions émotionnelles. Oui le deuil est pour toujours mais il n’est jamais trop tard pour s’ouvrir aux différences émotionnelles de nos proches.
Bellet Maurice : "La lumière d'un visage"
La lumière d’un visage
La musique d’une voix
Le geste offert d’une main
Tout d’un coup, disent tout. »
Maurice Bellet
Ben Soussan Patrick : "L’enfant confronté à la mort d’un parent"
Les morts appartiennent toujours à ceux qu’ils quittent. Ça se garde en soi, un mort, on n’en partage pas les restes, on les protège comme une louve ses petits, à l’intérieur de soi, on ne sait même pas où ça loge, un mort, en dedans de soi mais où ? On sait que c’est là, que ça n’arrête pas de faire partie de nous, le mort, la morte, du jour où il ou elle meurt. Est-ce que ça meurt vraiment un mort ? Mais les morts, s’ils laissent toujours des parts vivantes d’eux en nous, ils emportent en mourant, toute une part de nous. Car c’est bien de soi, toujours, qu’il s’agit quand l’autre disparaît…
Comment trouver la langue pour dire cette effraction de soi, quelles tempêtes du langage affronter alors, quels silences endurer ?
Comment les enfants pourraient dire cela ? Comment nommeront-ils cette violence qui s’est abattue sur eux et qu’ils peinent à réaliser ?
Patrick Ben Soussan
Bernadette, Maman de Jeroen : "Après la mort de notre enfant, quelles sont nos relations avec nos proches, nos amis et notre cadre professionnel ?"
C’est un sujet qui touche chacun d’entre nous, qui nous réunissait :
La relation qui nous unit aux autres est une suite d’interactions et donc un phénomène qui met en contact deux pôles. Nous sommes un de ces pôles et c’est sur lui que nous pouvons agir.
Nous pouvons “par notre manière d’agir” influencer la qualité de la relation avec nos proches.
Autant aider notre entourage à pouvoir nous aider, bien réagir, être adéquat.
Bien sûr il est dur, pénible de porter cette charge supplémentaire, alors que nous souffrons, mais nous sommes les seuls à savoir ce qui peut nous aider.
Dans notre entourage, il y a ceux qui parviennent à nous rejoindre, à trouver les mots justes parce qu’ils ont cette sensibilité (parfois suite à d’autres épreuves ou parce qu’ils ont perdu, eux-aussi, un enfant) mais il y a aussi ceux qui sont déroutés et donc maladroits et qui soit n’en parlent pas de peur de mal faire ou mal dire soit tout en voulant être soutenants « en remettent des couches ». Il y a aussi ceux qui sont mal à l’aise, pas naturels ou encore ceux qui sont curieux et malvenus. Lorsque l’attitude de certains nous fait souffrir, il convient de le dire ou parfois de choisir de ne plus côtoyer ces personnes.
Une réaction fréquente est celle de ceux qui laissent entendre « je t’aime, donc je ne veux pas que tu souffres ». Cette « injonction » de l’entourage installe une lutte en soi et amène à encore plus de souffrance. Car « faire semblant » que cela va bien pour protéger l’entourage est une peine, un effort supplémentaire.
Il est important dans ce cas aussi de dire la nécessité pour nous de laisser libre cours à ce que nous ressentons.
Les autres ne savent pas ce que nous vivons, ce qui nous blesse, ce qui adoucit notre quotidien…
Marina Blanchart nous relate la situation d’une maman qui a perdu sa petite fille et qui, dans un premier temps, s’est sentie entourée… mais le temps passe et les personnes ne se soucient plus d’elle, elle se sent seule, isolée.
S’il s’agit d’une relation à laquelle on tient, il faut nourrir cette relation … et parfois pardonner les maladresses ou les manquements.
Pour nous, Parents Désenfantés, la mort de notre enfant est une blessure qui reste là.
Entre nous et les autres personnes, il y a un décalage. Nous ne voyons pas la même chose, pour nous tout a changé dans notre vie.
Fréquemment, l’entourage voudrait que nous allions mieux, que nous soyons « comme avant ». Il est essentiel pour se respecter et anticiper les moments particulièrement difficiles (les soirées, fêtes etc.) de connaître les limites de ce qui nous est supportable et d’en tenir compte.
Les problèmes des autres peuvent parfois nous sembler futiles « comment osent-ils se plaindre devant moi ? » Cela peut amener à ce que l’entourage n’ose plus se confier. Il est utile de prendre conscience aussi de cela. Notre sensibilité a été nourrie de ce que nous avons vécu et quand cela nous est possible nous pouvons entendre l’autre dans sa peine.
Accepter que chacun gère sa douleur à sa manière. Faire confiance au conjoint, aux frères et soeurs sur leur manière (différente) de traverser l’épreuve. Comment mon fils peut-il faire la fête ? Comment mon époux(se) peut-il (elle) avoir envie de retourner travailler …
En conclusion, Marina Blanchart souligne qu’il n’y a pas d’absolu, de recette, mais qu’il faut veiller à donner aux personnes auxquelles on tient des clés de compréhension sur nos besoins. Parfois aussi choisir de maintenir ou de rompre une relation selon qu’elle nous fait du bien ou du tort.
Après cette conférence toute en délicatesse, la soirée s’est poursuivie aux travers de nombreux échanges et témoignages dans une atmosphère particulièrement respectueuse du vécu du deuil de chacun. Merci aux organisateurs et à Marina Blanchart.
Berton André : "Arcane 17"
Arcane 17
Il faut être allé au fond de la douleur humaine,
en avoir découvert les étranges capacités,
pour pouvoir saluer ce qui vaut la peine de vivre.
La seule disgrâce définitive qui pourrait être encourue
devant une telle douleur serait de lui opposer la résignation.
Il n’est pas, en effet, de plus effronté mensonge
que celui qui consiste à soutenir, même
et surtout en présence de l’irréparable,
que la rébellion ne sert de rien.
La rébellion porte sa justification en elle-même,
tout à fait indépendamment des chances
qu’elle a de modifier ou non l’état de fait qui la détermine.
Elle est l’étincelle dans le vent,
mais l’étincelle qui cherche la poudrière.
André Berton
Bertrand, Papa de Maxime : "Cartes postales à mon fils Maxime"
Cartes postales à mon fils Maxime
Que te dire devant ce flot de paroles qui explose en moi?
Quelles phrases choisir qui puissent t’atteindre quel que soit ton sort?
J’ai opté pour quelques mots sous la forme de cartes postales que je
t’adresse… comme un message terrestre vers des cieux incertains. A chaque
carte je te propose un tableau et une chanson comme lien avec la Terre.
Maxime, là où tu es, sais-tu que… … ce fut chemin long et lent, seul vers les tiens, pour dire avec le corps et ses
larmes la douleur brisante? Comment prononcer les mots adéquats – s’il en
existe – toi qui aimes jouer si parfaitement avec le langage?
« Peut-être n’y a-t-il que le corps qui puisse ici parler juste? »
(Bellet Maurice, la traversée de l?en-bas, Bayard.)
Image: tableau de E. Hopper, Nighthawks, 1942
Son: Raconte-moi » de Stacy Kent
Bertrand, Papa de Maxime
Bertrand, Papa de Maxime : "Cartes postales à mon fils Maxime"
Cartes postales à mon fils Maxime
Que te dire devant ce flot de paroles qui explose en moi?
Quelles phrases choisir qui puissent t’atteindre quel que soit ton sort?
J’ai opté pour quelques mots sous la forme de cartes postales que je
t’adresse… comme un message terrestre vers des cieux incertains. A chaque
carte je te propose un tableau et une chanson comme lien avec la Terre.
Maxime, là où tu es, sais-tu que…
«…(Père) c’est ce qui peut arriver de plus fort à un homme, ce pourquoi au
fond il est fait – s’il est fait pour quelque chose – et ce quelque chose est quelqu’un
André-Conte-Sponville, le goût de vivre et cent autres propos.
Image: Peinture murale de Diego Rivera, la conquête espagnole du Mexique,1929 – 1935
Son: « La marée haute » de Lhasa
Maxime, mon fils, mon aimé, là où tu es, sais-tu que…
… je fouille dans mes territoires intérieurs pour chercher du sens à ta route
interrompue même si « ce que montre le témoignage du Christ comme
celui de Socrate, c’est que toute épreuve non désirée peut devenir
révélation d’amour et de vérité… »
Frédéric Lenoir, Petit traité de vie intérieure.
Image: Peinture de Will Barnet, Sleeping Child
Son: “Requiem”, Rabih Abou-Khalil, Yara
Bertrand, Papa de Maxime
Bertrand, Papa de Maxime : "« Le jour où la Durance » ou un certain don des larmes ?"
« Le jour où la Durance » ou un certain don des larmes ?
Dans le dernier Lien, je faisais allusion au roman « Le jour où la Durance » de Marion Muller-Colard (1). Nous connaissons trop ces larmes en crue qui affluent comme un fleuve indiscipliné, ces émotions ‘anéantissantes’ du deuil. Parents meurtris, nous avons fait face – et devons encore le faire- aux mers déchaînées qui crachent des embruns de souvenirs.
Dans cet ouvrage, le narrateur campe l’histoire de Sylvia, la mère de Bastien, d’un lundi au jeudi suivant. Quatre jours hors d’un temps conventionnel, quatre jours brûlants qui séparent le décès des funérailles de Bastien, 37 ans, né douloureusement. Car l’IRM, à la naissance a annoncé un dysfonctionnement moteur sévère, un « camaïeu de handicaps comme un peintre en bâtiments déplie son nuancier » (p.36). Au cours de toutes ces années, Sylvia sera sa mère, son infirmière (quel terme quand on le décompose!), son moteur, son corps (« les vertèbres comme des galets, les côtes saillantes comme du bois flottant », p.35), sa tunique de bain, son couvert à table.
Pendant ces quatre nuits et jours longs ou courts, on ne sait pas où on ne sait plus : le temps est suspendu aux souvenirs, un temps « bâtard qui ne s’arrête ni ne passe » (p.46). Mais au fait, qu’est-ce donc que le temps ? « Quand on ne me le demande pas, je le sais, mais dès qu’on me le demande et que je tente de l’expliquer, je ne le sais plus » (2)
Cet ouvrage, publié par Gallimard dans la collection Sygne, dépasse cependant le seul signe laissé par une partition scripturale magistrale : c’est une enquête anthropologique sur l’énergie vitale, l’émotion à fleur de peau, la construction humaine et l’amour filial. Non : l’amour tout entier, ce courant surpuissant qui apaise les remous de nos fleuves intranquilles (3).
Cette oeuvre s’inscrit dans la catégorie des romans. Pourtant, elle nous invite, symbole d’un Traité de Vie, à panser les blessures, à changer de regard, de posture verbale et non verbale, à nous surpasser, à abandonner d’épuisantes et vaines tentatives de régulation « quand la mer monte », à opérer un virage à 180 degrés. A dès lors ne pas perdre de l’énergie à ressasser causes et conséquences car nous n’aurions pas de prise sur le passé.
Et…ici et maintenant ?
Nous voici, face à notre thème de vie, figure de proue identifiée sur l’océan : vivre en équilibre écologique avec notre Moi et les Autres. Notre « météo intérieure » suite à la fracture de vie sera encore parfois orageuse mais désormais, grâce à l’auteure, nous serons d’une certaine façon un peu plus à l’abri ! Offrons-nous la permission de le croire, qu’en pensez-vous ? Bonne lecture.
Bertrand, Papa de Maxime
(1) Muller-Colard Marion, Le jour où la Durance, Collection Sygne, Gallimard
(2)Saint Augustin, Les confessions, in Lenoir Frédéric, Philosopher et méditer avec les
enfants, Albin Michel
(3) Muller-Colard Marion, L’Intranquillité, in Bulletin de liaison avril-aout 2019.
Sources d’inspiration :
Lenoir Frédéric, Petit traité de vie intérieure, Plon
L. Besmond de Senneville, La Croix, 8/11/2018 et B. de Loriol, Publik’Art, 6/12/2018
Bertrand, Papa de Maxime : "L'intranquilité"
L’intranquillité: c’est l’imprévisible qui est en nous, parents blessés
Dans cet ouvrage [1], Marion Muller-Colard relit son parcours de vie ainsi que l’Evangile. Cette théologienne protestante, écrivaine et conférencière souriante, nous replonge au coeur même de notre histoire culturelle.
Avec ses forces et faiblesses. Forces ? Parce que la foi soutient et soulève bien d’autres obstacles stéréotypés que nos montagnes. Faiblesses ? Est-ce un chemin tout tracé que de discerner du sens dans la douleur des autres et…dans la sienne ? Je suis profondément interpellé quand l’auteure dit que « Au début vous pensez que devenir adulte consiste à avoir de plus en plus de prise sur la vie. En fait, il se passe exactement le contraire » [2].
N’en sommes-nous pas les témoins en tant que parents, frères, sœurs, proches de nos chers disparus? Nous n’aurions donc pas d’autres solutions que d’affronter le dérangement : « Au berceau déjà l’inconfort, l’inquiétude, l’angoisse… L’intranquillité dans tous ses états. La vie, puissante, majestueuse, tranchante. La vie sans concession et sans demi-mesure. Aucun de nous ne fera l’expérience de mourir à moitié…. On apprendra à mettre de l’eau dans son vin, mais la vie, elle, restera tout ou rien. On en prendra plein la vue, plein les poumons, plein le cœur » (pp12-13).
En somme, à écouter – que dis-je : à être sous le charisme objectif de l’auteure-, vais-je enfin admettre que la vie est un long fleuve insolent et naturellement intranquille qui déborde, comme la Durance. « Le jour où la Durance » [3] ? Un tout autre récit sur le handicap et le deuil. Et un art de la métaphore qui vous transcendera en lecteur alors ébloui ! Un moment d’émotion et de vertige à vous partager plus tard. Mais oui : il y a l’attente majestueuse du temps incertain. Aurais-je enfin compris quelque chose au message de notre Alsacienne ?
Marion (« appelez-moi Marion », dit-elle en conférence) nous parle finalement autant de philosophie que de spiritualité, me semble-t-il (et s’adresse dès lors à nous tous et à notre sensibilité universelle) et ne craint pas de dire d’un ton juste que sa mission de transmission des valeurs en tant que théologienne d’une part et maman d’autre part, n’est pas celle « d’une fabrique de croyants » [4].
Ce soir-là, un soir diaphane de presque été, la conférencière n’a pas disserté sur la résilience : elle était induite entre tous les mots. L’auditoire, sans contempteur, en a pris « plein le cœur et l’esprit ». Et sans demi-mesure, croyez-moi!
Bertrand, Papa de Maxime
Références : [1]:Muller-Colard M., L’intranquillité, bayard, « j’y crois »,2016 (Prix de spiritualité Panorama-La Procure 2017)
[2]:L.Besmond de Senneville, La Croix, 18/09/2016 [3]: Le jour où la Durance, Gallimard, 2018 [4]: Conférence au Musée L,
Louvain-La-Neuve, 6/6/2019 Source de base: L. Besmond de Senneville, La Croix, 18/09/2016
Blake William : "Le plus petit bourgeon"
Le plus petit bourgeon est la preuve qu’il n’y a pas de mort éternelle.
William Blake
Blake William : "Le voilier"
Je suis debout au bord de la plage.
Un voilier passe dans la brise du matin,
et part vers l’océan.
Il est la beauté, il est la vie.
Je le regarde jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon.
Quelqu’un à mon côté dit : « il est parti !»
Parti vers où ?
Parti de mon regard, c’est tout !
Son mât est toujours aussi haut,
sa coque a toujours la force de porter
sa charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue est en moi,
pas en lui.
Et juste au moment où quelqu’un près de moi
dit : «il est parti !»
Il en est d’autres qui le voyant poindre à l’horizon
et venir vers eux s’exclament avec joie:
«Le voilà !»
C’est ça la mort !
Il n’y a pas de morts.
Il y a des vivants sur les deux rives.
William Blake
Bobin Christian : "Au début j'ai bien cru perdre ma voix"
Bobin Christian : "Autoportrait au radiateur"
Coupes sombres, coupes claires, brindilles, branches et troncs partout répandus, feux allumés ici ou là – et peu à peu, lentement, le vrai nom, le nom du travail accompli : clairière ».
Bobin Christian : "Ce matin..."
Il y a ce matin sur les arbres, les murs et dans le ciel,
une lumière si tendre qu’elle semble s’adresser aux morts plus qu’à nous
– à moins que ce ne soient les morts qui nous l’envoient,
comme on écrit une lettre rassurante à des parents un peu inquiets.
Christian Bobin
Bobin Christian : "Ce qui ne va pas danser..."
« Ce qui ne va pas danser au bord des lèvres
s’en va hurler au fond de l’âme. »
Christian Bobin
Bobin Christian : "Ceux qui ont disparu..."
« Ceux qui ont disparu mêlent leur visage au nôtre.
Nous sommes étroitement liés, souterrainement,
dans une métamorphose incessante. »
Christian Bobin
Bobin Christian : "Dans ce qui nous ruine..."
« Dans ce qui prétend nous ruiner grandit notre trésor »
Christian Bobin
Bobin Christian : "Dans ta mort"
Dans ta mort, comme dans toute disparition,
il y a de l’inconnu et du souffrant.
Jour après jour, je sépare l’un de l’autre :
ils ne se confondent pas.
La souffrance secrète du noir,
L’inconnu engendre la lumière.
Christian Bobin
Bobin Christian : "Elle souriait"
Elle souriait. Elle avait perdu un enfant il y a de ça quelques années,
en vérité, il y avait une seconde ; le cœur ignore le temps.
La perte fait entrer l’éternel dans nos chairs et l’éternel
c’est ce qui ne passe pas, ce qui reste en travers de la gorge.
L’enfant disparu souriait dans son sourire,
floraison incendiaire du mort sur le vif.
Christian Bobin
Bobin Christian : "J'ai perdu des êtres..."
J’ai perdu des êtres qui étaient pour moi des sources de soleil.
Ce soleil a été mis en terre. Apparemment mis en terre.
Moi, je pense que je continue à en recevoir les rayons.
Mais je sais aussi, en même temps,
que c’est une perte et qu’elle est irrattrapable.
Je sais les deux choses.
Christian Bobin
Bobin Christian : "La grande vie"
Mallarmé hypersensible,
la vie est venue prendre un enfant
Et lui a dit : « Maintenant chante, si tu peux.
Chante avec ce trou que j’ai fait dans ta gorge.
La disparition en plein vol d’un enfant,
c’est Dieu qui jette notre cœur aux bêtes.
Et Mallarmé, voyez-vous, n’a pas chanté.
Il a bégayé, angéliquement bégayé.
Le livre élevé sur l’enfant mort est
comme les briques restantes d’une bergerie en ruine.
Christian Bobin
Bobin Christian : "La mort n’éteint pas la musique"
La mort
n’éteint pas la musique,
n’éteint pas les roses,
n’éteint pas les livres,
n’éteint rien.
Christian Bobin
Bobin Christian : "La mort tombe dans la vie"
La mort tombe dans la vie
comme une pierre dans un étang :
d’abord, éclaboussures,
affolements dans les buissons,
battements d’ailes et fuites
en tout sens.
Ensuite, grands cercles sur l’eau,
de plus en plus larges.
Enfin le calme à nouveau,
mais pas du tout
le même silence qu’auparavant,
un silence, comment dire :
assourdissant.
Christian Bobin
Bobin Christian : "Le cœur de ceux que nous aimons"
Le cœur de ceux que nous aimons est notre vraie demeure.
Christian Bobin
Bobin Christian : "Le cœur des morts"
Le cœur des morts est
Une boîte à musique.
A peine commence-t-on à penser à eux
Qu’il en sort un air
Léger et déchirant.
Christian Bobin
Bobin Christian : "Lettre d'or"
« C’est une chose étrange que l’absence
Elle contient tout autant d’infini que la présence. »
Christian Bobin
Bobin Christian : "La glycine"
La glycine a une couleur mauve frottée de blanc, si légère
qu’elle semble tenir en suspension dans l’air indépendamment
de la fleur. Ton sourire quinze ans après a quelque chose de ce
secret flottement. Imperceptiblement détaché de toi il brille
dans la nuit des temps comme la vérité de ta vérité,
la fleur de ta présence.
Christian Bobin
Bobin Christian : "Lorsque je vais au cimetière..."
Lorsque je vais au cimetière, je regarde ta tombe :
Je ne pense rien alors, je ne pense que des choses triviales,
je me dis que tu es là.
A deux mètres sous mes pieds, deux mètres ou trois,
je ne sais plus, et je ne crois pas à ce que je pense,
et ça vient d’un seul coup, ça vient lorsque je me retourne,
c’est là que je te vois, dans l’amplitude et l’ouvert du paysage,
dans la beauté sans partage de la terre et du grand ciel,
toi partout dans l’horizon, c’est en tournant le dos à ta tombe
que je te vois.
Christian Bobin
Bobin Christian : "L'homme Joie"
« Il faut que le noir s’accentue pour que la première étoile apparaisse. »
Christian Bobin
Bobin Christian : "Promenade avec Clémence"
« Je me promène avec Clémence au parc de la verrerie.
Il y a une cabine téléphonique installée pas loin des jeux.
Parfois, le mercredi, quand je voyais qu’elle et moi allions rentrer à la
maison plus tard que prévu, je t’appelais de cette cabine, je t’expliquais que nous ne serions pas à l’heure convenue mais que nous rentrerions bien sains et saufs, barbouillés de rire, qu’il ne fallait pas t’inquiéter.
Clémence, une semaine après ta mort, me montre cette cabine dans le parc.
« Et si on l’appelait ? » me dit-elle.
Je la fais entrer dans la cage de verre, je l’installe sur le rebord métallique qui sert pour les annuaires et je la regarde décrocher l’appareil, appuyer sur toutes les touches du cadran, et, pendant plusieurs minutes, se taire, écouter, n’intervenant que pour dire « oui, oui ».
A la fin, je lui demande : « qu’est-ce qu’elle t’a dit ? »
Elle me répond : « elle demande si tout va bien et si on est encore tous ensemble. Je lui ai dit que oui et que je continuais à faire des bêtises avec le gros bêta. »
Puis nous sortons de la cabine et revenons au doux travail de rire et de jouer.
Il y a mille façons de parler aux morts. Il fallait la folie d’une petite de quatre ans et demi pour comprendre que nous avions peut-être moins à leur parler
qu’à les entendre, et qu’ils n’avaient qu’une seule chose à nous dire : vivez encore, vivez toujours, surtout ne vous faites pas de mal et ne perdez pas le rire. »
Christian Bobin, « La plus que vive », Gallimard, 1996
Bobin Christian : "Quand on aime quelqu'un..."
« Quand on aime quelqu’un,
on a toujours quelque chose
à lui dire ou à lui écrire,
jusqu’à la fin des temps. »
Christian Bobin
Bobin Christian : "Ressusciter"
« Il y a ce matin sur les arbres, les murs et dans le ciel,
une lumière si tendre qu’elle semble s’adresser aux morts plus qu’à nous –
à moins que ce ne soient les morts qui nous l’envoient,
comme on écrit une lettre rassurante à des parents un peu inquiets. »
Christian Bobin
Bobin Christian : "Un silence assourdissant..."
La mort tombe dans la vie comme une pierre dans un étang : d’abord, éclaboussures, affolements dans les buissons, battements d’ailes et fuites en tout sens. Ensuite, grands cercles sur l’eau, de plus en plus larges. Enfin le calme à nouveau, mais pas du tout le même silence qu’auparavant, un silence, comment dire : assourdissant.
Christian Bobin
Bonnaire Sandrine : "Extrait du Journal de la Vie"
Entretien avec Sandrine Bonnaire, propos recueillis par Frédéric Théoald.
Voilà quelques années, votre amie d’enfance OUIDA est décédée, à 33 ans
dans un accident de voiture. Comment avez-vous vécu ce drame ?
Passé le choc de l’accident, je n’ai pas voulu dramatiser sa disparition. Elle
est née un 1er avril et a été enterrée un 1er avril. Je trouve la coïncidence
étonnante.
Ce jour-là, je me suis habillée tout en blanc et j’ai prié, alors que d’ordinaire,
je ne prie pas. Je ne crois pas en Dieu, je crois en l’Homme. Mais s’ il existe
un Dieu, alors il nous a donné la vie, qu’il nous faut vivre pleinement. Ma
prière allait dans ce sens.
Ouida était une jeune femme très vivante, très joyeuse et je voulais l’accompagner
par mes pensées, lui rendre hommage, me souvenir de ce que
nous avons pu vivre ensemble et lui murmurer : « bon vent maintenant ! ».
Elle a été enterrée dans le désert, dans un lieu que nous aimions toutes les
deux. Je percevais encore de la vie dans cette nature.
Il existe des deuils impossibles comme celui que vous mettez en scène dans votre film :
J’enrage de son absence…
On peut se remettre de la mort d’un parent, d’un amoureux… mais
pas d’un enfant.
Un ami a perdu le sien, voilà deux ou trois ans. Quand je l’ai invité à
voir J’enrage de son absence, il a d’abord décliné, pensant que cela
serait trop éprouvant. Il est finalement venu et m’a dit combien le
film lui avait fait du bien. « D’ordinaire, m’a-t-il expliqué, mon
entourage me répète : « Tu verras, avec le temps tu feras ton deuil. »
Ton film au contraire raconte que le temps n’y fait rien, que la souffrance
sera toujours là et qu’il faut vivre avec, s’en débrouiller. »
Il est en effet moins pénible de gérer sa souffrance que vouloir
absolument la faire disparaître.
Sandrine Bonnaire
Brel Jacques : "Je te souhaite"
Je te souhaite
Je te souhaite des rêves à n’en plus finir
Et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns.
Je te souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer
Et d’oublier ce qu’il faut oublier.
Je te souhaite des chants d’oiseau au réveil.
Je te souhaite de résister à l’enlisement,
A l’indifférence, aux vertus négatives de notre époque.
Je te souhaite surtout d’être toi.
Jacques Brel
Brigitte, Maman de Loïc : "Entendez-vous dans le silence..."
Entendez-vous dans le silence
Hurler le cœur de ces mamans
Que broie l’étau de la souffrance
Depuis qu’est parti leur enfant ?
Pouvez-vous voir dans leur sourire
L’ombre de l’être disparu
Percevoir derrière leur rire
L’écho des larmes retenues ?
Comprenez-vous si elles se taisent
Que leur mémoire n’oublie rien
Que dans leur cœur rougeoie la braise
Du feu vivant de leur chagrin ?
Devinez-vous dans leurs paroles
Tous ces mots qui ne sont pas dits
Savez-vous qu’elles jouent un rôle
Puisque l’aveu est interdit ?
Voyez-vous au fond de leurs yeux
Qu’importe où leur regard se pose
Ce désespoir qui, pernicieux
Jette un voile sur toute chose ?
Vous imaginez-vous l’abîme
Qui s’est ouvert dessous leurs pas
Voyez-vous leurs gestes qui miment
La vie, pour qu’on ne sache pas ?
Si vous les croisez en chemin
Ne vous fiez pas aux apparences
Elles n’attendent rien de demain
Mais leur âme a soif d’espérance.
Brigitte, Maman de Loïc
Brunetaud Gaëlle : "Extraits de Marie-Kerguelen - Histoire d'un deuil périnatal"
Bucher André : "Faire le deuil..."
C’est encore une idée convenue de prétendre
qu’on doit faire le deuil d’une personne aimée.
Est-ce si étrange de préférer vivre avec elle par la pensée,
en harmonie,
prolongeant son souvenir,
de continuer à la pousser dans une autre vie ?
André Bucher
C
Camus Albert : "Parler de ses peines"
Parler de ses peines, c’est déjà se consoler.
Albert Camus
Capéo Claudio : "Ça va, ça va "
Ça va, ça va
A toi la fille qui me rend si
Dur et si tendre
Qui sait m’parler
Quand j’suis barré
Qu’j’veux rien entendre
Quand j’ai le cœur sourd
Quand j’ai le cœur lourd
Des pluies de peines
Qu’a l’âme trempée dans de l’acier
Quand j’suis paumé que tout m’enchaîne
J’ai parfois l’âme prise
Dans des filets qui me tourmentent
J’ai parfois l’âme grise
Et si ce soir, tu me demandes
Comment ça va, ça va, ça va, ça va
Sur ma planète
J’te répondrai ça va, ça va, ça va
Comme-ci comme-ça
Les bières, les vins que je bois en vain
N’ont pas le goût de la fête
Mais tant qu’on a le cœur qui bat, qui bat
Ça va, ça va
A toi l’ami
Le seul homme qui m’a tenu la main
Quand tous les jours je m’en faisais
Pour les lendemains
Toi dont je sais que même blessé
T’es toujours là
Pour me porter
Pour abréger
Ma peine jusqu’à c’que je sois léger
J’ai parfois l’âme en crise
Ma joie de vivre qu’on me la rende
Mon bonheur me méprise
Et si ce soir tu me demandes
Comment ça va, ça va, ça va
Sur ma planète
J’te répondrai ça va, ça va, ça va
Comme-ci comme-ça
Les bières, les vins que je bois en vain
N’ont pas le goût de la fête
Mais tant qu’on a le cœur qui bat, qui bat
Ça va, ça va
A ceux que j’ai parfois négligé
Peut être un peu libre
Pour pas déranger
Moi le naufragé
Sur mon bateau ivre
J’ai pas de bouée
Pas de feu de détresse
Je suis pas doué pour les caresses
Mais si jamais vous m’demandez
Quand tout me blesse
Comment ça va, ça va, ça va
Sur ma planète
J’vous répondrai ça va, ça va, ça va
Comme-ci comme-ça
Les bières, les vins que je bois en vain
N’ont pas le goût de la fête
Mais tant qu’on a le cœur qui bat, qui bat
Ça va, ça va
Comment ça va, ça va, ça va
Sur ma planète
J’te répondrai ça va, ça va, ça va
Comme-ci comme-ça
Les bières, les vins que je bois en vain
N’ont pas le goût de la fête
Mais tant qu’on a le cœur qui bat, qui bat
Ça va, ça va
Caputo Natha : "La parabole de la grenouille"
La parabole de la grenouille
Deux grenouilles sont tombées dans un pot de crème. l’une d’elles perd espoir, l’autre ne se laisse pas aller.
La grenouille démoralisée et peureuse se découragea vite. »
« A quoi bon lutter, dit-elle. Je vais me fatiguer en vain. Autant en finir tout de suite. »
– Mais non, disait l’autre, nage, ne perds pas courage! On ne sait jamais, tâchons de gagner du temps…
– Non, non, disait celle qui cédait au découragement. Tant pis, j’abandonne… Et puis cette crème est écœurante…
Et elle se laissa couler et se noya.
L’autre grenouille continuait à se débattre de toutes ses forces. Elle essayait de grimper sur la paroi de la jarre, glissait, puis recommençait sans se lasser. La courageuse petite bête frappait, frappait la crème en détendant ses longues cuisses.
« Je ne veux pas me noyer, se répétait-elle, je ne veux pas me noyer… Allons, encore un peu de courage. »
Mais ses forces diminuaient.
La tête commençait à lui tourner.
« Vais-je vraiment me noyer? Se disait elle. Allons, encore un petit effort, peut être arriverai-je à me sauver tout de même… On n’a jamais vu une grenouille périr dans un pot de crème! »
Et elle agitait, agitait ses pattes, malgré la fatigue qui l’envahissait, l’engourdissait, l’affaiblissait de plus en plus.
La grenouille semblait perdue.
Et quelque chose changea, soudain.
La crème n’était plus ni molle, ni liquide, la crème n’était plus crème, les pattes de la grenouille n’enfonçaient plus, mais pouvaient prendre appui sur une base solide.
« Ouf! », soupira la grenouille à bout de forces.
Et elle regarda autour d’elle:
elle était assise sur du beurre.
Caroline, Maman d'Anouk : "Tu me manques"
Tu me manques. Terriblement.
Je ne te vois plus. Je ne t’entends plus.
Je ne te touche plus, je ne te sens plus
(ma détresse, l’an dernier, quand j’ai rangé les écharpes familiales
et que j’avais re-ressenti ton odeur, si familière, et si partie
pourtant), je ne te goûte plus.
Mes 5 sens sont orphelins de toi.
Ce qui me relie à la vie humaine est orphelin de toi.
Je dois chercher le 6ème sens, pour te retrouver.
Je t’avoue que je patauge un peu pour trouver ce chemin-là.
Trop rationnelle, je ne vois ni n’entends de signes.
Où es-tu?
Tu voulais partir loin, ne pas nous hanter et parfois j’ai peur que
tu aies réussi.
Je te voudrais proche-lointaine.
Proche de moi, de nous. Et lointaine, pour être certaine que tu
sois bien.
Que tu sois bien serait mon baume au cœur, même si tu me
manques cruellement chaque jour.
J’ai adoré le mot de ta cousine Pauline qui est venue sur ta
tombe cette semaine, nous laissant un petit mot qui disait :
“ce qui est sûr, c’est qu’elle est en pleine forme”.
J’adore te savoir en pleine forme.
Je t’aime, mon cœur.
Caroline, Maman d’Anouk
Catherine, Maman de Simon : "Chemin"
Chemin
Par là-bas,
Toi, tu vas,
Tu suis ton chemin,
Tu vis ta vie
Droit dans la lumière.
D’ici,
Moi,
Je te regarde,
Droite dans le chagrin.
Je sens la séparation s’installer,
Prendre de l’ampleur.
Je sens la distance, l’écart,
S’installer.
Je sens la vie
Qui m’appelle.
Ma vie
Dans la réalité.
Ta réalité,
Ma réalité,
Différentes, éloignées,
Proches, vivantes,
Reliées.
L’amour a besoin d’espace
Pour danser,
De toi à moi.
Catherine, Maman de Simon
Catherine, Maman de Simon : "En vacances… en montagne…"
En vacances… en montagne…
Envie de me perdre dans la montagne,
De grimper si haut que je ne peux plus redescendre,
De pleurer tout un torrent de larmes,
De hurler un cri puissant,
De rire aux reflets des cascades.
… Respirer profondément et être présente à ce qui est.
La pluie,
Les gouttes,
Les nuages,
La brume.
La montagne dévoile un autre de ses aspects,
Comment apprivoiser la beauté
De ses lumières tamisées, douces et tristes à la fois,
De ses couleurs changeantes, tons de gris tous différents
De ses ambiances mystérieuses ?
La montagne sombre et austère
M’accueille dans sa réalité
Déconcertante.
Éprouvant ma ténacité,
Mon désir d’aventures,
Ma faculté à découvrir à travers ses mouvements,
La vie qui est multiple.
La vie qui se révèle aussi dans les passages difficiles
Et les chemins inattendus, décourageants, désespérants.
Ces chemins que je ne voulais pas,
Ces chemins que je ne croyais devoir vivre.
Catherine, Maman de Simon.
Catherine, Maman de Simon : "Douceur"
Douceur
Douceur de ton regard
Qui nous dit que tu pars serein
Mon Simon
Douceur de ton Amour qui nous inonde
Douceur de nos pleurs réunis
En Famille
Douceur de la flamme des bougies
Qui témoigne de notre espérance
Douceur de ta présence invisible
Douceur et douleur
Les deux me transpercent
Douceur et douleur
Les deux
Sont VIE.
Catherine, Maman de Simon
Catherine, Maman de Simon : "Les chants du printemps"
Les chants du printemps
Timidement, doucement, petit à petit,
Les chants du printemps
Éveillent la beauté de la nature.
Timidement, doucement, petit à petit,
Le silence de ton absence
Chante en moi de tendres musiques.
Catherine, Maman de Simon
Catherine, Maman de Simon : "Métaphore de la résilience"
Métaphore de la résilience
Kintsugi/Kintsukuroi ou la valeur de la fêlure
Ces mots japonais désignent l’art ancestral de réparer une poterie cassée avec de l’or.
Ainsi réparé, l’objet prend paradoxalement toute sa valeur d’avoir été brisé. Orné de sa cicatrice, il raconte son histoire et nous enseigne qu’un accident n’est pas une fin en soi, mais peut devenir le début de quelque chose de plus beau. A méditer…
Catherine, Maman de Simon
Cauchies Jérôme : "Etre parent..."
Etre parent c’est, comme dirait Sartre,
se sentir justifié d’exister.
Quand on perd son enfant, on ne cesse pas d’être parent.
On apprend à vivre le manque absolu,
l’absence improbable de cet être
que vous avez investi de toutes vos forces.
Il faut apprendre à vivre en absurdie,
dans un monde dépourvu
d’une partie de vous-même.
Jérôme Cauchies
Cauchies Jérôme : "Il manque parfois à celui qui veut aider l’humilité qui nous quitte quand on est face à l’insoutenable"
Une chronique de Jérôme Cauchies, pédopsychiatre:
« Il manque parfois à celui qui veut aider l’humilité qui nous quitte quand on est face à l’insoutenable. »
Etre parent c’est profiter de chaque moment, de chaque progrès, de chaque éclat de rire de ce(tte) petit(e) que vous avez imaginé(e) même avant sa venue dans la famille. Etre parent c’est, comme dirait Sartre, se sentir justifié d’exister. Etre parent c’est aimer sans condition, sans calcul, sans limite. On peut donc imaginer à quel point perdre un enfant est à n’en pas douter la pire épreuve qu’un être humain puisse rencontrer dans sa vie.
Quand on perd son enfant, on ne cesse pas d’être parent. On apprend à vivre le manque absolu, l’absence improbable de cet être que vous avez investi de toutes vos forces. Il faut apprendre à vire en absurdie, dans un monde dépourvu d’une partie de vous-même.
Il y a quelques années, une maman qui avait perdu sa petite fille de 6 ans dans un accident de voiture me confiait n’avoir gardé aucune photo d’elle. Quelques consultations plus tard, cette maman avait oublié qu’en ouvrant son GSM la photo de sa petite apparaissait. C’était ça sa souffrance. Elle était partagée entre fuir la réalité et ce désir de tout effacer, de se rapprocher de la personne qui lui manquera plus que tout au quotidien désormais. Et face à autant de souffrance on ne peut témoigner que de notre humilité et du respect immense induit par cette authenticité désarmante. Les mots qui soulagent n’existent pas. Notre silence est alors comme un écho au vide, à l’absence, à l’absurdité de la vie.
La célèbre chanson d’Eric Clapton « Tears in Heaven », « Les larmes au paradis », est un témoignage poignant d’un père qui tente de gérer la perte de son enfant. Son fils, Conor, âgé de 4 ans, meurt des suites d’une chute du 53e étage par la fenêtre de son appartement. Les paroles émouvantes qu’il écrira alors nous permettent de mieux comprendre l’intensité de la culpabilité qui était la sienne. « Je dois être fort et continuer à vivre car je n’ai pas ma place au paradis.» Pour lui, le fait de ne pas avoir pu empêcher le drame est comme une plaie béante qui ne guérira jamais et interdit tout espoir de se retrouver près de son fils, dans cet au-delà, au royaume des innocents. Finalement, il ne lui reste que cette chanson pour communiquer avec lui, pour lui faire comprendre, là où il est, tout l’amour qu’il a pour lui, tous ces mots qu’il aurait voulu partager avec lui, la paix à laquelle lui comme père n’aura pas droit.
La culpabilité est très souvent un dénominateur commun chez les parents orphelins de leur enfant. Les causes de ce sentiment sont diverses : coupable de ne pas avoir empêché le pire, coupable d’être en vie, coupable de continuer à vivre, coupable de vivre toute simplement. Et puis il y a les années qui passent et qui donnent du relief à cette vie qui n’est plus. On s’imagine l’enfant vivant et toutes ces choses qu’il vivrait.
Ses réussites scolaires, ses amitiés, ses premières amours, ses rires, ses peines et ses joies alimentent l’imagination qui torture un peu plus le parent. Alors on croise parfois un enfant né dans la même année comme un rappel de ce qu’il n’a pas eu la chance de devenir. On réalise que le manque ne disparaîtra jamais. Le réel n’est plus qu’un couloir qu’on emprunte avec peine et qu’on fuit par nécessité.
Quelles responsabilités la société a envers ces parents en deuil ? J’en vois deux essentielles et complémentaires : la première est une présence sans faille en étant juste là, sans prétention de régler quoi que ce soit. Un deuil ne se traite pas, il se vit. La deuxième est de ne jamais prononcer des mots qui pourraient entraîner un quelconque sentiment de culpabilité chez le parent. Ce qui manque parfois à celui qui veut aider c’est l’humilité indispensable qui nous quitte parfois quand on est face à l’insoutenable. La mort d’un enfant nous renvoie tellement à nous-même, à notre enfance, à notre propre mort. Perdre son enfant c’est une lumière qui s’éteint au fond de soi, une promesse qui disparaît.
Chronique parue dans La Libre Belgique du 13 juin 2018.
Proposée par Martine, Maman de Michaël
Cécile, Maman de Marie-France : "Du haut de mon arbre"
Cécile, Maman de Marie-France : "Le manque"
Dans la vie, il y a des moments où une personne te manque beaucoup et tu voudrais la faire sortir de tes rêves pour la serrer très fort dans tes bras!
Envoyé par Cécile, Maman de Marie-France
Cécile, Maman de Marie-France : "Nos larmes..."
Nos larmes remplissent notre cœur et quand celui-ci est trop plein, pour éviter qu’il n’éclate, il faut le vider: c’est le rôle des larmes.
Le vider pour le remplir à nouveau demain.
Cécile, Maman de Marie-France
Cédric Michèle : Conférence "Se reconstruire aptès l'épreuve"
Se reconstruire après l’épreuve (Journée du dimanche 20 novembre 2016)
Organisée par Michèle Cédric
Les invités se présentent.
Maurice Clermont : Psychologue et psychothérapeute, pionnier au Québec de l’accompagnement des personnes en choc de vie. Il anime des séminaires en Europe et en Amérique du Nord.
Un choc de vie peut être déclencheur d’une nouvelle naissance. « Choc de vie », ce mot explique bien la situation : « choc » qui exprime la souffrance, le traumatisme et « vie » qui relie à l’énergie intérieure.
Mais la « vie » n’est plus la même.
Ce qui guérit ce sont les « mains tendues », pour partager, écouter celui qui est dans la souffrance et l’aider à trouver ses propres ressources. Les aidants naturels sont souvent très importants : un animal de compagnie, la lecture, la poésie ou la nature, le coiffeur, le boulanger…
Le traumatisme est souvent un moyen de retrouver un autre « lien de vie » dans le « moment présent ». Personne n’est pareil, chaque personne est une œuvre d’art. La souffrance peut aider à regarder la vie avec une vision plus large, à retrouver ses « sous-personnalités » cachées.
Je suis un passeur, dit Maurice Clermont, j’aide les personnes à arriver sur l’autre rive.
Docteur Daniel Dufour : Chirurgien Suisse sur front de guerre, puis coordinateur pour le Comité international de la Croix Rouge, il accompagne depuis 1987 des victimes du Trouble de Stress Post-Traumatique. Auteur de plusieurs livres dont « rebondir » et « j’ai failli y laisser mon âme ».
Son livre : Notre pire ennemi pour se reconstruire : notre mental. Il affirme qu’il faut d’abord pouvoir se mettre en colère avant d’exprimer l’amour et le pardon. Il a eu un déclic quand il était au Zimbabwe pendant la guerre civile.
« J’ai vu des enfants mourant de faim. Comme chirurgiens de guerre nous devions trier et catégoriser les blessés, ceux qu’on peut soigner car ils ont une chance de guérison et ceux qui n’en ont pas. Dans tous les pays en guerre, les gens sont dans le « moment présent » et c’est cela qui donne la force de vivre. Des années plus tard, j’ai vécu un flash-back et tous les visages des personnes que j’ai soignées, ou que je n’ai pas pu soigner me sont revenus. J’ai eu une crise d’angoisse énorme. J’ai rencontré une infirmière en médecine douce qui m’a appris la vraie « médecine ». J’ai pu crier ma colère, revivre les scènes et puis guérir. Le mental me coupait de mes émotions. Il a fallu que je me coupe du monde, que je vive la solitude, la culpabilité, pour enfin sentir mes émotions et les exprimer. »
Le savoir inné c’est ce qui est au fond de soi, une partie de notre conscience, cela prend du temps à se retrouver. On a tous la capacité de guérir et de rayonner pour soi-même, on a tous la résilience en nous ; on peut devenir une personne qui crée ce qu’elle a envie de vivre plutôt que d’être ce qu’on attend d’elle. Donner notre amour sans attendre de retour.
Bruno Humbeeck : Docteur en psychopédagogie est chercheur au sein du Service des sciences de la famille, mais aussi un homme de terrain. Spécialiste de la résilience, il travaille avec Boris Cyrulnik. Auteur d’un ouvrage collectif « Les Ressources de la Résilience » et « de Blanche-Neige à Harry Potter ».
La résilience = rebondir, est en fait une construction complexe, c’est aussi vivre au-delà du fracas. Quand on parle de la mort aux enfants, la parole est parasitée par l’angoisse, l’abandon, le non- retour comme dans le film « Bambi ». On croit que l’amour peut sauver. L’enfance n’est pas la meilleure période de la vie, les enfants doivent souvent se mettre en « ressource intérieure », comme dans Blanche-Neige. L’histoire factuelle, « si ta mère ne veut pas de toi » c’est une quête de lien et de sens. C’est là où l’imaginaire peut aider à se reconstruire, par ex. Harry Potter est un enfant maltraité qui rêve pour rendre sa vie possible. Il faut parfois s’autoriser des escapades dans le rêve, même si on doit revenir au réel inchangé.
L’émotion se dit, mais ne se contredit pas. Autoriser l’enfant à avoir de la colère, à avoir peur, c’est le soutenir, le respecter. Pour savoir qui il est, l’enfant a souvent des stratégies efficaces pour se développer. Dans le film « Vice/Versa » on autorise les pleurs, mécanisme de l’enfant pour exprimer qu’il est perdu.
Pour suivre, nous avons entendu 3 témoignages dont celui de Gwenaëlle Ansieau, journaliste. Suite à la mort tragique de sa petite fille de 10 ans, Éléonore, elle décide de mettre toute son énergie dans l’aide aux enfants gravement malades de l’Hôpital Saint-Luc et dans l’aide aux Parents Désenfantés. Gwenaëlle fait partie de notre équipe.
Les projets d’Eléonore www.Facebook.com/lesprojetsdEleonore. Gwenaëlle parle du parcours douloureux après l’accident d’Éléonore, de la difficulté du procès après l’accident qui remettait en cause une
responsabilité non reconnue ; du manque de sa fille et de l’élan d’aller vers la vie malgré tout. Son apport précieux dans son projet pour les enfants hospitalisés et son accompagnement des familles qui ont vécu la perte d’un enfant l’aident à donner sens à sa vie depuis ce terrible évènement qui a bouleversé son existence et celle de sa famille.
Martine, Maman de Michaël
Chabbert Ingrid : "En fermant les yeux "
En fermant les yeux
En fermant les yeux, je me suis envolée.
J’ai pris mes ailes, mon sac à dos et ma boussole.
J’ai atterri en terre inconnue, à mi-chemin entre Mars
et Saturne.
On ne dirait plus que j’ai la tête dans la lune, parce
que là, elle est légèrement plus à l’ouest.
Alors, j’ai flâné entre comètes et étoiles.
J’ai filé à leurs trousses en comptant les moutons.
Surtout ne pas rouvrir les yeux.
Non non, surtout bien les garder clos.
Et respirer le grand air de l’espace. Je n’ai plus volé.
J’ai nagé, je crois.
J’ai nagé en eaux troubles et j’ai ri comme si c’était la
première fois que j’entendais mon rire.
Quand je ferme les yeux ça se passe comme ça.
Je m’envole, je voyage et vous ça se passe comment ?
Ingrid Chabbert
Chantal, Sœur de Christian : " Entraide"
Entraide
Esquisser un pas vers une main tendue
Pour briser la solitude
Pour qu’enfin sa peine soit entendue
Malgré le temps qui passe, les habitudes.
Nier la réalité et laisser couler les larmes
Crier et dire sa douleur
Déposer sa peine comme on dépose les armes
Livrer encore et encore les raisons de son malheur.
Témoigner et comprendre que l’on n’est pas seul
A pleurer l’absence d’un être cher
Lever le voile posé comme un linceul
Sur ce que fut la vie de notre soeur, de notre frère.
Recevoir des paroles de réconfort
Les accueillir comme un baume pour notre cœur
Se soutenir et se sentir plus fort
En partageant notre douleur.
Avancer tous ensemble au travers de nos histoires
S’écouter et ne pas juger
Retrouver parfois, malgré notre désespoir,
Une part de bonheur et la partager.
Imaginer comment survivre à l’absence
Avec au fond du cœur ce vide, ce gouffre
Sans cette personne à qui sans cesse l’on pense
Avec ce deuil dont on souffre.
Dire notre crainte du temps qui s’enfuit
Et emporte avec lui le visage et la voix
Redouter que se perdent dans la nuit
Les souvenirs d’autrefois.
Espérer en des jours meilleurs
Où la douleur fera place à l’apaisement
Tout en gardant au fond de son cœur
Pour celui qui est parti, notre amour éternellement.
Chantal, Sœur de Christian
Chenais Patrick : "Il est où Ferdinand ?"
Il est où Ferdinand ?
J’APPRENDS A ÊTRE UN PÈRE ORPHELIN.
(Extraits d’un article publié dans l’hebdomadaire Match par le comédien Patrick Chesnais, à la suite de la mort accidentelle de son fils Ferdinand).
« Son fils de 20 ans est mort le 13 octobre 2006 dans un accident de voiture sur le périphérique parisien. Éperdu de douleur, son père lui rend ici un poignant hommage, brossant le portrait d’un jeune homme lumineux, généreux, talentueux. Il navigue au plus près des souvenirs ; au plus fin, au plus fidèle, au plus juste ; crie son amour pour Ferdinand, sans pour autant en faire un saint. »
Je ne vais pas faire un « beau témoignage » mais essayer de parler de lui « sans style » le plus honnêtement possible, comme ça vient ; avec sa photogénie, sa beauté, celle de son âme aussi. Le reste de ma vie va être consacré à mes deux, non à mes trois enfants ; Ferdinand va toujours être là ; je ne sais pas la forme que prendra sa vie en moi, en nous. Que deviendra cet amour que nous lui portions et qu’il nous rendait ? Cet amour, inséparable de lui, vivra.
J’apprends désormais l’inconsolable métier de PÈRE ORPHELIN. Ferdinand était un être lumineux : il avait du cœur, un grand cœur, c’était un gentilhomme. Sa phrase préférée était : « Ce que tu gardes est perdu à jamais, ce que tu donnes est à toi pour toujours ». Sa générosité faisait partie intégrante de cet immense charme qui émanait de lui.
« Quand on apprend ce genre de nouvelles, on est plongé dans un sentiment d’irréalité. On se dit que son fils est toujours là et puis, au fil du temps, la douleur creuse en soi. Je vais rester groupé avec mes deux autres enfants. Bien sûr, aucun enfant n’en remplace un autre. Mais pour eux, il va falloir que je me batte, que je les accompagne avec encore plus de bienveillance et d’attachement, puisque tout le reste maintenant me paraîtra définitivement dérisoire. La vie et la mort font désormais partie de mes préoccupations quotidiennes. Je veux que mes enfants soient bien dans leurs baskets pour affronter la vie qui est magnifique, mais la vie est aussi ingrate… parfois. J’ai l’impression que nous sommes des fourmis et que quelqu’un nous a marché dessus au hasard.
Avant, je me disais que perdre un enfant était, sur l’échelle des souffrances humaines, la pire ; maintenant, je le sais… Je le vérifie à chaque instant. C’est aussi fort qu’au premier jour et je ne sais pas si ça se calmera un jour. Je suis vivant, je joue chaque soir, je suis en tournée, je bois, je mange, je parle, j’ai d’autres enfants… Bien sûr, je vis différemment mais je vis. C’est un peu comme une seconde naissance… Mon regard sur les autres a changé… J’observe avec plus de bienveillance les humains. Je ne suis pas vraiment fâché avec la vie mais quelque part je le voudrais bien. Pour l’instant je suis plus dans la compassion que dans la révolte.
Le temps transformera les choses petit à petit… Je suis dans l’apprentissage de ça. De toute façon j’en suis là et j’adorais mon fils. Ferdinand a illuminé notre vie, sa mère et moi, nous l’avons élevé avec amour ; je sais que sa courte vie a été belle ; j’espère avoir été un père digne de lui. Mais je sais au plus profond de moi, que tant que nous ne serons pas morts, moi, sa mère, et toutes les personnes qui l’aimaient, Ferdinand VIVRA. »
Patrick Chenais
Cheng François : Extrait de "Cinq méditations sur la mort autrement dit sur la vie"
La mort n’est point notre issue,
Car plus grand que nous
Est notre désir, lequel rejoint
Celui du Commencement,
Désir de vie.
La mort n’est point notre issue,
Mais elle rend unique tout d’ici ;
Ces rosées qui ouvrent les fleurs du jour,
Ce coup de soleil qui sublime le paysage,
Cette fulgurance d’un regard croisé,
Et la flamboyance d’un automne tardif,
Ce parfum qui assaille et qui passe, insaisi,
Ces murmures qui ressuscitent les mots natifs,
Ces heures irradiées de vivants, d’alléluias,
Ces heures envahies de silence, d’absence,
Cette soif qui jamais ne sera étanchée,
Et la faim qui n’a pour terme que l’infini…
Fidèle compagne, la mort nous contraint
A creuser sans cesse en nous
Pour y loger songe et mémoire,
A toujours creuser en nous
Le tunnel qui mène à l’air libre.
Elle n’est point notre issue.
Posant la limite,
Elle nous signifie l’extrême
Exigence de la Vie,
Celle qui donne, élève,
Déborde et dépasse.
François Cheng
Cheng François : Extrait de "Enfin le royaume"
« Nous rions, nous trinquons. En nous défilent les blessés,
Les meurtris ; nous leur devons mémoire et vie. Car vivre,
C’est savoir que tout instant de vie est rayons d’or
Sur une mer de ténèbres, c’est savoir dire merci. »
Les morts sont parmi nous, plus vifs que les vivants, Nous intimant d’être à l’écoute. Initiés,
Par-delà douceur et douleur au grand secret,
Ils n’auront de cesse qu’ils ne nous l’aient confié.
François Cheng
Christine : "Les mots qui veulent réconforter..."
Les mots qui veulent réconforter peuvent angoisser.
S’il vous plaît, ne me demandez pas si nous sommes guéris; nous ne le serons jamais.
S’il vous plaît, ne me dites pas qu’elle est dans un monde meilleur; elle n’est pas là.
Ne me dites pas: «Au moins, elle n’a pas souffert»; je ne vois pas pourquoi il aurait fallu qu’elle souffre.
S’il vous plaît, ne me dites pas que vous savez ce que je ressens, à moins que vous n’ayez perdu un enfant.
S’il vous plaît, ne me dites pas qu’il faut continuer à vivre. Je suis toujours là au cas où vous ne l’auriez pas remarqué.
S’il vous plaît, ne me demandez pas si je me sens mieux. Le deuil n’est pas comme la météo qui s’améliore.
S’il vous plaît, ne me dites pas que Dieu sait ce qu’il fait; aurait-il fait cela exprès?
S’il vous plaît, ne me dites pas: «Au moins, vous l’avez eue pendant 28 ans!»? Quel âge est le bon pour que notre fille meure?
S’il vous plaît, ne me dites pas que Dieu ne nous envoie que ce que nous pouvons supporter: qui décide quel poids nous pouvons supporter?
S’il vous plaît, dites-moi juste que vous êtes désolés.
S’il vous plaît, dites-moi juste que vous vous souvenez d’elle.
S’il vous plaît, laissez-moi juste parler si j’en ai besoin.
S’il vous plaît, laissez-moi pleurer quand le dois.
Texte envoyé par Christine, Maman de Mathilde, de Camille, Charlotte et Julien
Cicoli Eileen : "L'absent"
L’absent (« The Poem »)
Vous pouvez verser des larmes parce qu’il est parti, ou
Vous pouvez sourire parce qu’il a vécu.
Vous pouvez fermer les yeux et prier pour qu’il revienne, ou
Vous pouvez ouvrir les yeux et voir ce qu’il nous a laissé.
Votre cœur peut-être vide parce que vous ne pouvez le voir, ou
Il peut être plein de l’amour que vous avez partagé.
Vous pouvez tourner le dos à demain et vivre hier, ou
Vous pouvez être heureux demain parce qu’il y a eu hier.
Vous pouvez vous souvenir de lui et ne penser qu’à son départ, ou
Vous pouvez chérir ce souvenir et le laisser vivre.
Vous pouvez pleurer et vous fermer, ignorer et tourner le dos, ou
Vous pouvez faire ce qu’il aurait voulu :
Sourire, ouvrir les yeux, aimer et continuer.
Laissez-moi pleurer quand le dois.
Eileen Cicoli
Claire Céline : "Un petit sac de velours bleu"
Un petit sac de velours bleu
C’est la nuit de Noël…
Il est très tard… si tard que seules quelques lumières oubliées clignotent
encore dans la ville. Si tard que tous les yeux sont profondément fermés. Si
tard que les toits sont entièrement
recouverts d’un fin manteau de neige glacée…
Dans le silence flottent neuf carillons qui tintinnabulent à chaque saut des
rennes… Le Père Noël n’a pas fini son travail. Il est éreinté mais continue
inlassablement à remplir les cheminées des maisons endormies…
Enfin le dernier paquet…
Le Père Noël est heureux pour ses rennes aussi : il les sent épuisés de tant de
kilomètres parcourus, tirant un traîneau qui, au lieu de s’alléger, semblait de
plus en plus lourd au fur et à mesure de la distribution. Le Père Noël ne
comprend pas. Pourquoi tant de fatigue ? Et cette impression de labeur non fini?
Le Père Noël attrape le dernier cadeau : vraisemblablement un cheval à bascule
vu la forme et la grosseur du paquet.
Il le soulève avec peine et court le déposer au pied du sapin. Il remonte dans
son traîneau, fait claquer sa langue, et les rennes se remettent péniblement en
marche…
Pourquoi tant de mal ? Le traîneau est pourtant vide maintenant.
Comme animé d’un soupçon, le Père Noël se retourne… Et ce qu’il voit le remplit
de stupeur : cachés au fond du traîneau, longtemps dissimulés sous le cheval à
bascule, une multitude de petits sacs de velours bleu attendent sagement.
Qu’est-ce ?
Le Père Noël n’en croit pas ses yeux. Ce n’est pas lui qui a déposé tout cela…
Il se rappelle de chaque jouet fabriqué, de chaque cadeau emballé, de chaque
désir d’enfant. Et quel enfant réclamerait un petit sac de velours ?
Le Père Noël ordonne aux rennes de s’arrêter, il descend du traîneau et saisit
un de ces sacs.
Stupeur !
Il est gonflé à bloc et lourd comme du plomb ! Le Père Noël le regarde
longuement, le tourne et le retourne sans oser l’ouvrir. Il réfléchit, retrace
le fil de sa tournée, persuadé que ces cadeaux n’étaient pas là quand il a
embarqué.
C’est alors qu’il se rappelle…
Lors de sa tournée, il a vu sortir de quelques-unes des maisons un papa ou une
maman et s’approcher discrètement du traîneau. Il n’a guère fait attention : le
Père Noël se soucie plus des enfants que des adultes… mais il se pourrait fort
bien que ces parents aient glissé un petit paquet dans le traîneau…
Cherchant la clé de ce mystère, tournant et retournant le petit sac, il
découvre, brodé sur le ruban qui le ferme, un prénom d’enfant…
Chaque sachet serait donc destiné à un petit ?
Une douceur infinie traverse le regard usé du Père Noël…
Il a compris.
Alors il remonte dans son traîneau, fait claquer sa langue, se cambre sous
l’allure des rennes repartis au triple galop et les guide à travers la ville et
le froid.
Ils montent, dépassent les lumières, glissent sur les nuages pour un pays que
tous imaginent sans jamais le connaître.
Une multitude d’enfants impatients l’attendent en file indienne .
Ils ont interrompu leurs jeux à l’écoute des carillons et se tortillent d’aise
à l’envie d’avoir leur cadeau…
Ils n’attendent pas de jouets, de poupées ou de camions… Ils attendent un
simple petit sac de velours bleu. Des étoiles brillent déjà dans leurs yeux et
les regards filent du côté du traîneau.
Le Père Noël prend un des sacs si lourds entre ses mains, soulève le ruban qui
le ferme et lit le prénom brodé.
Aussitôt, le visage d’un petit garçon en habit de prince s’éclaire. Il s’avance
timidement et tend ses mains. Le sac qui semblait de plomb se fait plume !
L’enfant sourit, défait d’un geste le ruban et surgissent alors une multitude
de bisous, chatouilles, câlins et caresses qui retombent comme une pluie de
bonheur sur les cheveux, les mains, les joues du garçonnet qui éclate de rire
sous cette tendresse attendue.
Autour de lui, comme un écho à sa joie, d’autres sacs se distribuent, d’autres
rubans se défont, d’autres rires retentissent…
Le pays imaginaire n’est plus qu’un immense éclat joyeux qui carillonne plus
fort encore que les clochettes des rennes…
Car une maman restera toujours une
source à bisous, un papa restera toujours une fabrique de câlins et
l’amour trouvera toujours un messager pour arriver à son destinataire.
Céline Claire
Clapton Eric : "Des Larmes au Paradis" (Tears in Heaven)
Des Larmes au Paradis (Tears in Heaven)
Connaîtrais-tu mon nom
Si je te voyais au paradis ?
Ressentirais-tu la même chose
Si je te voyais au paradis ?
Je dois être fort et continuer à vivre
Car je sais que je n’ai pas ma place au paradis
Me tiendrais-tu la main
Si je te voyais au paradis ?
M’aiderais-tu à tenir
Si je te voyais au paradis ?
Je trouverai mon chemin à travers la nuit et le jour
Car je sais que je ne peux rester au paradis
Le temps peut te désespérer, le temps peut faire fléchir tes genoux
Le temps peut te briser, te pousser à supplier
Derrière la porte je suis convaincu que la paix règne
Et je sais qu’il n’y aura plus de larmes au paradis
En écrivant, ma pensée était : est-ce que je te reverrai un jour ? Ce n’était
pas : je n’en peux plus, je me sens dévasté ; d’ailleurs il n’y a pas un mot
qui évoque la tristesse. Je pose la question : est-ce-que je te reverrai un
jour ? Je pense que c’est la question qui traverse l’esprit de tous ceux qui
perdent un être cher. Elle traduit l’angoisse que j’avais de ne jamais revoir
mon fils. Mais il n’y a pas de tristesse parce que j’en suis sûr, je sais que je
te reverrai un jour.
Eric Clapton
Claudel Philippe : "Une poignée de vie"
Faire son deuil, c’est lancer
une poignée de Vie dans les yeux de la mort ;
On sait bien qu’elle n’en sera aveuglée
qu’un bref instant, mais cela fait du bien.
Philippe Claudel
Clermont Maurice : "Le choc de Vie"
Extrait de « Le choc de Vie »
« La grande épreuve qu’est un choc de vie ressemble à la traversée d’une
tempête en mer. Nous sommes ballotés de tous côtés, le vent souffle et
on peut à peine se tenir debout. L’écume de mer, les hautes vagues
empêchent de voir au loin. On se sent seul, vulnérable et en danger.
Tout à coup, on aperçoit un phare. Nous l’entendons,
le voyons ; il disparaît, il réapparaît. Au moment où nous décidons de
mettre le cap sur cette lumière, l’espoir s’installe, l’énergie revient.
La tempête fait toujours rage, mais je sais qu’il y a un port, qu’il y aura une
fin à la bourrasque… »
Maurice Clermont
Cohen Léonard : "La faille..."
« En toute chose il y a une faille
C’est ainsi qu’entre la lumière. »
Léonard Cohen
Colette, Maman de Quentin : "5 août 2009, un an déjà..."
5 Août 2009, un an déjà!
Et nous voilà, Quentin, au pied de cette falaise.
Je ne suis pas étonnée que tu aimais cet endroit.
Si ce n’est la petite cabane, il se dégage de ce lieu,
Une paix virginale, celle-là même que tu cherchais,
Et que tu as enfin trouvée.
«Tu ne souffres plus et tu nous as libérés du poids de ta souffrance»
Est le premier sentiment qui m’est venu?
Je ne peux ici parler qu’en mon nom,
Car ce que nous avons vécu, au plus profond de nous même,
Est forcément différent, puisque nous sommes tous uniques,
Comme tu l’es toi aussi.
La première nuit, j’ai dormi une heure,
La seconde, cinq heures.
Très vite j’ai eu faim, et j’arrivais à sourire
Et même à rire au-delà de ma souffrance?
J’ai bien dû admettre que la force de la vie continuait en moi
Comme une réalité intolérable, inavouable?
Alors j’ai décidé de vivre,
D’abord parce que tu nous l’as demandé,
Aussi parce que je suis la mère d’Adeline et Julien,
Mais aussi, parce que je sentais confusément
Que j’avais encore quelque chose à donner sur cette terre.
Mais vivre comment?
A-t-on le droit de vivre quand on n’a pu sauver son enfant?
A-t-on le droit de faire des projets, si petits soient-ils?
J’étais juste certaine que tu voulais que je vive?
A Noël, j’ai trouvé le secret de notre vie qui continue:
Chercher au fond de nous ce qu’il y a de meilleur
Et l’offrir à celui qui veut bien le recevoir.
J’ai aussi accepté que j’avais des limites.
L’amour d’une maman ne peut pas tout,
J’ai fait des erreurs, comme tout le monde,
Je n’ai pas toujours mesuré ta souffrance,
Mais je t’ai aimé toujours.
Accepter mes limites, m’a permis d’être plus tolérante,
Plus clémente, et je ne cherche plus à vouloir tout faire
Pour convaincre,
Ou sauver les autres de leurs tourments.
Je peux juste aimer, écouter, donner des pistes
Qui ne sont jamais que celles que je suivrais moi-même.
Si j’étais si puissante, je t’aurais sauvé, n’est-ce pas?.
Je m’en suis voulue souvent, d’arriver à rire,
Chanter, manger, dormir,
Comme une réalité insolente au regard du drame que nous vivons,
Comment peux-tu, Colette?
J’ai cherché la réponse, et finalement, je me dis
Que la seule vérité qui m’habite,
C’est la certitude que tu nous aimes et que tu nous remercies
Pour l’amour que nous t’avons donné.
C’est un très beau cadeau que tu nous as fait,
Et tu as quitté ce monde avec, pour nous, un respect inouï.
Grâce à ta lettre, je crois être en paix avec moi-même.
Cette paix que je proclame ici
N’est peut-être encore qu’une illusion?
Car je n’en ai pas fini de verser des larmes,
En refaisant le film à l’envers,
Bien sûr je me tourmente encore
Avec tous ces «si», tous ces «pourquoi? »
Bien sûr, les souvenirs me déchirent encore le coeur,
Comme le premier parfum de l’été,
La graminée que tu as installée au jardin?
Tant de choses qui font
Que ton absence prend encore toute la place?
Et quand je sens que je tombe,
Comme le funambule sur le fil de sa vie,
Je m’accroche à cette conviction profonde:
Tu es en route dans cet ailleurs qui te grandit,
Et ton âme nous accompagne et nous guide chaque jour.
Alors je continue d’avancer sur ce fil fragile,
Avec cette unique certitude
Que l’amour est un lien vivant.
Oui, nous avons choisi la vie,
Forts de cet amour partagé, avec toi,
Et entre nous, les plus proches qui continuons le chemin?
Et ces enfants blottis en espérance
Au ventre de Marie et Adeline
En sont le plus beau témoignage.
Ton choix désespéré, nous a donné un autre regard sur toi,
Et nous comprenons mieux ce que tu voulais nous dire,
Ton idéal d’amour, incompatible avec cette société,
Qui confond les valeurs de la vie avec la course à l’«avoir»
Ta perception d’un monde invisible et vrai
Est devenue pour moi une certitude.
Nous t’aimerons toujours,
Et nous vivrons
Avec cette lumière nouvelle dans le regard,
Habitée d’une autre dimension,
Celle du ressenti, de l’impalpable,
Du vrai caché au fond de nous,
Éclairés que nous sommes
Par ta bienveillance sur nos pas?
Maman.
Colette, Maman de Quentin
Colette, Maman de Quentin : "Accepter cette idée terrible..."
Accepter cette idée terrible!
Quentin, par son geste, m’a révélée à moi-même.
Mes yeux, dont la lumière comprend mieux les tourments des autres,
L’audace qui me vient souvent de dire ce que je pense,
Sans aucune gêne, mais avec respect,
Sans jamais tenter de convaincre,
Distiller mes idées toutes neuves habitées d’une autre dimension,
Celle de l’impalpable, du ressenti, du « vrai » caché au fond de nous,
Laisser à l’autre le choix d’en faire ou non quelque chose pour lui-même.
Tout cela me donne une liberté de vivre,
Une sérénité nouvelle libérée de la culpabilité
De vouloir tout faire pour sauver l’autre.
Qui sommes nous pour nous croire si puissants?
Pour libérer les autres de leurs tortures intérieures?
Nous pouvons juste aimer, écouter, donner des pistes qui ne sont jamais
Que celles que nous prendrions nous-mêmes.
Nous ne pouvons que laisser le libre choix à l’autre!
Si j’étais si puissante, j’aurais sauvé Quentin!
Ce n’était pas l’amour qui manquait,
Il le savait et nous aimait de même
Nos limites à chacun nous ont conduit là
Où le chemin s’arrête pour le corps de Quentin.
Son âme, elle, est en route pour un ailleurs qui le grandit,
Mais je sais aussi qu’elle m’accompagne et m’éclaire.
Colette, Maman de Quentin
Colette, Maman de Quentin : "C'est un jour à cueillir les groseilles..."
C’est un jour à cueillir les groseilles…
C’est un jour où le soleil m’invite au jardin,
Ce petit bout de terre où j’ai posé mes pas.
Tout est gai avec les groseilles!
Les voir grandir et changer de couleur,
Soulever une branche et découvrir tous ces colliers de perles rouges,
Les cueillir sous le doux soleil du soir qui vient,
En écoutant les bavardages joyeux des jardins voisins,
Penser à ceux qui plus tard dégusteront la confiture:
Adeline et Brice la mangeront le matin sur leur bon pain bio,
Julien la mélangera au gruau d’avoine,
Ou en garnira une crêpe,
Et Marie, l’aimes tu?
Christian attendra le dimanche pour l’étendre sur sa brioche,
Quentin, tu l’aimais bien avec la crème de riz,
Je te vois déjà, Tom, les cueillir avec moi,
C’est sûr, on va bien s’amuser!
Ensuite les laver, les presser dans l’étamine,
Sentir le jus vermeil couler entre ses doigts
Enfin la cuire patiemment et penser,
Oh oui ! Penser que ce sera un bien joli cadeau…
Perdre l’insouciance
Du bonheur quotidien,
Mais au contraire
En mesurer le précieux
Et l’accueillir comme un présent.
Pouvoir le dire à ceux qui le partagent
Sans attendre plus tard!
Peut-être sera-t-il trop tard…
Perdre l’insouciance de l’instant
Quand on perçoit plus vite
Dans l’assemblée joyeuse,
Un regard triste qui cherche son chemin.
Vouloir lui parler,
Entendre sa souffrance
Sans attendre plus tard!
Peut-être sera-t-il trop tard…
Ce n’est pas tant que je l’ai perdue,
C’est plutôt que je la maudis cette insouciance,
cette légèreté qui m’habitait
quand je recevais mes amis, mes enfants au jardin,
quand je faisais une balade en vélo
persuadée que j’étais une bonne mère.
Ils étaient légitimes, bien sûr, ces petits bonheurs.
Mais je me dis souvent que, consciemment ou pas,
Je me voilais la face pour ne pas voir le drame qui se nouait.
J’ai accueilli certains amis de Quentin,
Tout en sachant qu’eux aussi se prenaient au jeu dangereux du cannabis,
Prévenir du danger mais ne pas faire d’exclusion.
Bien sûr, ils ne fumaient pas devant moi, ils allaient au parc tout proche.
Mais je n?ai pas vu qu’un de ceux-là était son dealer!
J’ai eu dans les mains un livre sur la prévention du suicide chez les jeunes.
J’ai lu trois pages! Je pensais: je sais tout ça et de toute façon
Quentin ne se suicidera pas. Ce drame n’est pas pour nous.
Je ne voulais pas voir! Je ne pouvais pas voir!
C’est souvent quand il est trop tard que nous ouvrons les yeux.
Mais aurais-je pu les ouvrir?
Il est probable que j’avais besoin de prendre des distances,
De m’autoriser ces moments de joie pour ne pas sombrer moi-même.
Quelque chose qui relève de l’instinct de survie.
Il y a aussi cet équilibre si difficile, si subtil à préserver sur le balancier de la vie:
protéger son enfant et lui apprendre l’autonomie,
couper le cordon et le laisser s’envoler.
J’ai navigué, vaille que vaille, entre ces deux principes,
Mais l’envol de Quentin fut d’une autre nature!
Que reste-t-il alors de mes certitudes, de la bonne mère responsable?
Tout s’écroule et tout bascule. Cruelle leçon d’humilité!
La seule certitude qui résiste à ce cataclysme,
C’est l’amour partagé qui n’a jamais cessé d’être
Et qui nous unit encore au-delà de la mort.
Au moment où j’écris ces lignes, je comprends mieux
Pourquoi je ne peux plus recevoir mes amis au jardin,
Pourquoi je ne fais plus de balades en vélo,
Tant je me condamne pour l’insouciance, les certitudes,
voire même la prétention que j’avais alors.
De même, je supporte mal, les souper entre amis
où je suis pourtant cordialement invitée:
tu verras, ça te fera du bien, on sera content de te voir.
Et je sais toute la sincérité et la générosité de leurs paroles.
Mais c’est justement leur insouciance qui m’attriste
et me trouve isolée au milieu des convives.
Un jour, j’ai rencontré des parents endeuillés comme moi.
Tous les dimanches, ils faisaient une longue marche, ils aimaient bien…
Aujourd’hui, ils en sont incapables et ils me disent
cette petite phrase qui résume tout: les promenades, c’était dans une autre vie…
Peut-être un jour, arriverais-je à refaire
toutes ces choses que je m’interdis aujourd’hui.
Il faudrait pour cela que j’arrive à me pardonner.
Non pas que je méprise la joie, le rire, les instants de bonheur,
Bien au contraire!
Je les vis intensément parce qu’ils me sont offerts
mais je ne perds plus de vue qu’un drame peut se jouer près de moi.
Colette, Maman de Quentin
Collette, Maman de Quentin : "Mon âme a changé de pays"
Mon âme a changé de pays
Comme une immigrée, sur une terre inconnue,
Elle n’a rien décidé,
Elle doit juste accepter d’être ailleurs,
Coupée de ses repaires qui la sécurisaient.
Elle n’a rien oublié de l’amour qu’elle a laissé là-bas,
Elle a juste laissé un morceau de son cœur,
Une histoire qui n’appartient qu’à elle,
Et qui la rend si différente aux yeux de ceux qui la regardent,
Essaient parfois de comprendre ou de lui faire oublier,
Ceux qui parfois ont peur parce qu’ils ne savent pas?
Elle sait que rien, jamais n’aura
La même saveur,
Le même parfum de joie sans ombre,
Mais elle cueille chaque instant de bonheur
D’une main tremblante, consciente du précieux:
«Est-ce pour moi?
Ai-je le droit?
Cet enfant que j’ai laissé là-bas,
Est-ce qu’il comprendra?»
Elle n’a rien décidé,
Mais elle est là dans cet ailleurs,
Où son regard est différent, craintif quelquefois.
Elle garde au fond du cœur
Tout l’amour de ce pays du non-retour,
C’est lui qui la porte souvent,
Mais qui l’emporte aussi dans les anciens tourments,
La ramène à ses plus durs combats?
Elle n’a rien décidé,
Mais elle n’a pas le choix!
Alors elle marche dans cet ailleurs
Sans autre but que de tenir encore,
Sans faire de projet,
Juste accueillir l’instant, la rencontre, le partage,
Juste accepter qu’il est d’autres pays
Où il existe un possible,
Même si elle s’y sent étrangère,
Maladroite, incrédule,
Lourde de ce fardeau qui l’écrase encore.
Juste admettre qu’elle a le droit de vivre
Même ailleurs,
Même coupée de cet enfant perdu.
Et elle décide enfin!
Marche,
Ton arme à toi, c’est l’espérance,
Le pas à pas qui te conduit à toi,
A ce que tu peux offrir dans ce nouveau pays,
Avance,
Ton arme à toi, c’est l’amour,
Celui qui nous accueille au détour d’un chemin,
Celui de tous les jours,
Celui des plus grands jours,
Celui qui ne meurt pas,
Même dans l’absence
Même dans ce pays du non retour,
Où je te retrouverai, un jour?
Mon enfant, mon fils.
Collette, Maman de Quentin
Colette, Maman de Quentin : "Pour moi la vie s'est arrêtée le jour où il est parti"
Pour moi la vie s’est arrêtée le jour où il est parti
Je reviens d’une réunion de l’association « Parents désenfantés »
Le fait même de pousser la porte de cette association prouve à lui seul qu’on a envie de se faire aider, d’être écouté, de partager son vécu aussi douloureux soit-il, et cela sans jugement (c’est une des règles principales !), sans risquer de gêner un auditoire qui comprend d’emblée l’importance de notre première démarche.
Les moins nouveaux écoutent, partagent leur expérience, et chacun avance à son rythme en se nourrissant du vécu de l’autre.
J’entends quelquefois cette petite phrase :
« Pour moi la vie s’est arrêtée le jour où il (elle) est parti(e)! »
C’est vrai que la vie s’arrête pour un temps : on est prostré, pétri de douleurs et de souvenirs,
Plus rien n’a de sens. L’absence prend toute la place.
Et pourtant, la vie continue, c’est seulement qu’on voudrait qu’elle s’arrête.
On s’en veut d’abord à soi-même.
Parfois, il m’arrivait de fredonner un air entendu à la radio ; le temps de réaliser ce que j’étais en train de faire et je m’arrêtais net : tu ne peux pas, tu n’as pas le droit !
Quentin lui ne chante plus !
On en veut parfois à la terre entière, à ceux qui nous côtoient dans une belle insouciance.
Même les saisons nous narguent, qui passent et reviennent toujours.
Et pourtant, nous sommes là ! Nous essayons de nous aider l’un l’autre, nous cherchons une issue.
Alors quoi ? Si nous sommes là, c’est que nous n’avons pas choisi de mourir.
Notre corps a choisi la vie, notre âme a choisi la vie, c’est notre esprit qui se rebelle :
Culpabilité, rancoeur, colère, vide inconsolable, peur de trahir notre enfant disparu, tant de choses laissées en place comme au premier jour du drame, barreaux de la prison que nous forgeons nous-mêmes, pour ne pas oser vivre, pour rester avec lui…
Nos enfants nous aiment, ils ne demandent pas qu’on se torture !
Il nous faudra un jour décider, consciemment, volontairement,
De vivre, et non plus de survivre,
Nous sommes les seuls à détenir la clé.
Pour l’instant, c’est la vie qui nous porte,
Comme le brancard porte précieusement le blessé vers sa guérison.
Le temps qui passe est son ami, qui soigne patiemment les blessures les plus vives.
Laissons nous porter avec humilité…
Colette, Maman de Quentin
Colette, Maman de Quentin : "Quentin"
Quentin
Petit dernier, Petite folie,
Nous t’adorons déjà!
C’est avec ces mots
Que nous t’avons accueilli au monde.
Mais quel monde, mon Dieu!
Ce n’est pas faute d’avoir lutté, Papa et moi,
Pour te l’offrir plus beau,
Dans l’amour et le partage.
Tu le sais, n’est-ce pas?
Combien de fois l’avons-nous refait, ce monde,
Au jardin, à la cuisine, à la veillée
Quand ta guitare berçait nos cœurs réunis?
Tant d’idéal dans ton cœur,
Tant d’amour dans ton regard,
Tant de désespoir à l’âme!
Nous n’avons pas mesuré ta souffrance.
Nous t’avons tant aimé,
Parfois trop, parfois mal,
Mais, tant aimé. Tu le sais, bien sûr.
Quel courage, il t’a fallu Quentin,
Partagé entre l’amour et l’insoutenable de ta vie.
Tu as choisi le plus terrible chemin
Pour préserver l’amour qui nous unit.
Envole-toi, mon ange.
Notre cœur t’accompagne
Dans la paix des étoiles.
Tu nous vois, n’est-ce pas,
Tu nous entends, tu nous souris.
A toi de veiller sur nous maintenant.
Merci pour ta bonne lettre,
Nous comprenons mieux
Et ton choix devient le nôtre.
Tu es, à jamais, vivant dans nos cœurs.
Nous te reverrons, là-bas où tout n’est qu’amour,
Partage et don.
Colette, Maman de Quentin
Collins Phil : "Toujours dans mon coeur"
Toujours dans mon cœur
Tu es si fort et si fragile
Viens dans mes bras je te ferai une île
Ce lien qui nous lie ne cassera pas
Ne pleure pas
Je suis là
Car tu vis dans mon cœur
Oui, tu vis dans mon cœur
Dès maintenant
Jusqu’à la nuit des temps
Tu vis dans mon cœur
Qu’importe leurs discours
Tu vivras dans mon cœur
Toujours
Toujours
Phil Collins
Colot Marie et Guilbert Nancy : "Deux secondes en moins"
Deux secondes en moins (Magnard Jeunesse)
Une lecture à découvrir pour nos adolescents ?
La musique au secours de l’impensable double drame…
Deux jeunes qui ne se connaissent pas au départ mais que le hasard (1) va réunir …
Igor, jeune homme défiguré suite à un accident de voiture dont son père est responsable.
Rhéa, une jeune fille effondrée après le suicide de son petit ami.
Peut-on retrouver la sérénité après ces « fractures de vie » ?
Et si l’espoir les réunissait autour de Schubert, de la Gnossienne de Satie, de la grande Polonaise de Chopin ou de la Toccata de Bach ? D’autre part, comment les parents respectifs vont-ils dépasser ces très probables culpabilités ?
EXTRAIT : (Rhéa cherche un souvenir dans la chambre d’Alex, son petit ami décédé)
« Je me retrouve enfin seule. J’enfouis mon visage dans la penderie, presse l’oreiller contre moi et laisse mes larmes circuler dessus. Je décide d’emporter l’écharpe qu’il a portée pour la dernière fois avant le drame. Ce n’était pas sa préférée, celle-là est morte sur les quais avec lui, mais il l’aimait beaucoup. Je redescends l’escalier et tends mon souvenir à Emilie qui acquiesce, puis se détourne. Je ne peux même pas imaginer sa douleur. Est-ce que perdre un enfant qu’on a porté, aimé, élevé est une souffrance pire que la mienne ? »
(pp.124-125)
Cet ouvrage écrit avec un tact et une syntaxe délicate nous touchera en tant que parents désenfantés, ainsi que les frères et sœurs. Une oeuvre qui soulève autant
des questions de vie universelle qu’elle esquisse des réponses émanant du cœur.
Une « partition » à quatre mains. Il y a une « musique » authentique dans ce récit que l’on referme doucement, très doucement avec émotion….
(1) « Il n’a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous » Paul Eluard
Marie Colot et Nancy Guilbert
Corinne, Tante de Tristan : "L'étoile, Tristan"
L’étoile, Tristan
Un an déjà, c’est hier, qu’un tsunami est entré dans ma vie, qu’une déferlante de
douleurs s’est appropriée un territoire, jusqu’alors inexploré et qu’une nouvelle
souffrance est venue frapper à la porte de mon cœur.
Un an déjà, c’est hier, qu’une météorite a provoqué un trou béant, fracassé mes
certitudes afin que je doive les reconstruire avec plus de cœur, de chagrin, de joie.
Un an déjà, c’est hier, cette envie journalière de revenir en arrière, pour tout empêcher,
surtout ta chute, mais chut!
Un an déjà, c’est hier, toutes les saisons ont été revisitées et à chaque époque, le
chagrin est venu frapper à ma porte.
Depuis cette nuit du 18 juin 2008, alors que ton cœur battait encore à sa vie, dans
la chambre de réanimation, mais que doucement ton sang s’écoulait de tes veines,
à l’aube de tes dix-sept ans, l’année s’est déroulée en première fois et un nouvel
émoi est venu enfreindre le chemin.
Pour la première fois, j’ai vu ton empreinte dans le visage de ta maman.
Pour la première fois, j’ai vu ton papa souffrir ton absence.
Pour la première fois, j’ai vu ton regard, ton sourire dans le regard, le sourire de Leslye.
Pour la première fois, j’ai vu ton enfance à travers tes photos.
Pour la première fois, avec Leslye, en dessous de la lune, j’ai vu une étoile briller.
Pour la première fois, je suis allée au cinéma sans mon garde du corps.
Pour la première fois, je suis devenue la marraine de Gabriel.
Pour la première fois, je n’entends plus ta voix qui me taquine.
Pour la première fois, j’ai vécu l’anniversaire de mon fils sans ta présence.
Pour la première fois, j’ai vu ma fille sertir ton prénom avec deux magnifiques cœurs.
Pour la première fois, nous vivons chaque étape de la vie de Leslye sans toi, mais avec toi.
Pour la première fois, en écoutant tes amis, je me suis aperçue à quel point tu
aimais la vie et combien tu lui souriais.
Pour la première fois, je sais que l’amour inconditionnel nous rend plus fort.
Pour la première fois, dans le ciel brille une nouvelle étoile, Tristoile.
Corinne, la Tante de Tristan
D
D’Ormesson Jean : "Il y a quelque chose de plus fort que la mort..."
C’est la présence des absents dans la mémoire des vivants.
Damas Marie-Noëlle : "L'hiver en mai"
Marie-Noëlle DAMAS, Les e-ditions LABELVIE, Coll. Renaissance, 2013
“ La maison vide pour la première fois, pas de bain à donner, pas de biberon à préparer, rien à faire que se déshabiller et se coucher. ”
L’obsession de faire un nouvel enfant, qui la ferait renaître :
Daniel, détenu à Mulhouse : "Un simple geste"
Un simple geste d’attention,
Une parole partagée,
Une écoute fraternelle
Ce sont des lumières dans nos vies.
Daniel
Danièle, Maman de France : "J’aime vivre"
J’ai parfois été
Extrêmement
Désespérément
Intensément
Malheureuse
Tourmentée par
Le chagrin, mais grâce
À cela, je peux
Encore affirmer
Que le simple fait d’être
En vie est
Une grande chose
Danièle, Maman de France : "Un bond de 18 ans en arrière"
Un bond de 18 ans en arrière pour vous faire partager :
• Un poème écrit par quelques amies de France après son départ. Celle-ci devait les accompagner le 25 décembre 1998 à Chamonix.
Pour toi France
Jour après jour,
Ton sourire et tes joies
Nous ont apporté beaucoup de bonheur.
Ces instants partagés
Auraient dû durer une éternité.
Mais, hélas, par malheur,
Une nuit d’hiver, tout s’est écroulé :
La vie s’est arrêtée,
Le bonheur s’en est allé,
Mais notre amitié est restée.
A présent, tout est fini,
Il n’y a plus rien à faire, à part vivre,
Vivre sans toi
Mais non sans penser
A tous ces moments merveilleux passés ensemble.
Non, il n’y a pas de doute :
On ne t’oubliera pas.
Esther, Karina et toutes tes amies.
• Ainsi que quelques témoignages parmi tant d’autres…
Je connaissais un oiseau qui déployait ses ailes pour consoler tout le monde, mais il s’est envolé vers le ciel pour se transformer en une étoile magnifique qui brillera toujours en moi.
France, je n’oublierai jamais combien ta présence m’a apporté un sentiment de chaleur et de paix.
En te disant « Au revoir », nous te disons « Merci pour tout ce que tu étais »
Danièle, Maman de France
Dany, Maman d'Ariane : "A chaque matin du monde"
A chaque matin du monde
Une vague profonde emporte loin des rivages
La piste de nos pas
Mais sur cette plage intime
Tenue secrète des marées et du vent
L’empreinte de ton passage pourtant si fragile
Résiste immuable au silence du temps.
Dany, Maman d’Ariane
Dany, Maman d'Ariane : "Ariane, au fil de ses jours"
Ariane, au fil de ses jours, ou sur le chemin d’une différence.
Danielle SACOTTE, (Maman de l’Association), Ed.Velours, Paris, 2013.
La petite Ariane naît en parfaite santé, le 23 février 1973.
Au fil des mois, elle commence à montrer un retard de développement de plus en plus inquiétant.
Après plusieurs contrôles et examens médicaux, dont certains traumatisants pour l’enfant et pour les parents, on leur assène que leur petite fille est handicapée. Le mot affreux, le mot qui sonne la fin de la famille heureuse, le mot qui coupe le monde en deux : les gens “normaux” et “les autres”.
Qu’est-ce qui peut expliquer cette tragédie ? Peut-être (personne ne le saura jamais avec certitude) un vaccin qu’Ariane a reçu à l’âge de quelques mois et auquel elle a réagi avec violence.
Soutenus par toute leur famille et par les quelques amis pour qui cette nouvelle “n’a rien changé”, les parents d’Ariane entament alors un combat de chaque jour pour que leur fille vive la vie la plus digne et la plus riche possible.
Méthode Tomatis, méthode Bobath, ostéopathie crânienne, haptonomie : les parents ne reculent devant aucun effort pour donner à Ariane toutes ses chances de se développer au maximum de ses capacités.
Rencontres et expériences multiples, tantôt encourageantes, tantôt désespérantes : les parents, comme Ariane, progressent avec des hauts et des bas sur le douloureux chemin de l’acceptation de ses limites. Guidés par un amour sans faille, ils trouvent pour Ariane des centres de jour chaleureux où elle s’épanouit jusqu’à l’adolescence.
Malheureusement celle-ci se manifeste, chez elle, par un grave repli sur soi et des crises d’anorexie.
Sa Maman imagine alors de communiquer avec elle via des contes qu’elle écrit pour sa fille, autant de métaphores des épreuves qu’Ariane doit traverser pour devenir adulte. Sa Maman les lui lit, dans des moments de tendre partage qui rassurent et apaisent Ariane.
Mais Ariane souffre de plus en plus, dans son corps et dans sa tête. La déformation de ses membres s’aggrave, comme sa prostration. Les parents redoublent d’imagination pour la sortir de son enfermement, la distraire, l’émerveiller.
Hélas, Ariane qui avait, enfant, une magnifique capacité à savourer les belles choses, tombe désormais, de plus en plus souvent, dans le repli et le refus de la nourriture, jusqu’à se laisser mourir peu à peu.
A 33 ans, la jeune femme, si fragile dehors, si forte dedans, mystérieuse, généreuse, avide de spiritualité, très digne et déchirante dans son combat perdu d’avance contre son corps-prison, quitte, le 4 décembre 2006, ceux qui l’ont tant aimée, après leur avoir fait part de son pressentiment : “A Noël, j’irai ailleurs”.
Le combat magnifique d’un couple de parents et de leur fille, qui ne se prénommait pas Ariane par hasard : c’est elle qui, depuis sa tendre enfance, leur a montré le chemin à suivre, par ses réactions très claires à tout ce qui lui était proposé.
Anne, Maman de Charles
Dany, Maman d'Ariane : "Bourgeon"
Bourgeon
Un timide soleil de février m’emmène sur le sentier
D’une promenade sans but
La futaie se pare déjà de bourgeons printaniers
Où germe la vie d’une nature endormie.
Un rameau que le vent vif vient d’emporter
Sur le sol durci abandonne son espoir
Du renouveau à faire éclore
Et de son arbrisseau chanter la beauté.
Mon cœur attendri de cette vie brisée
Me parle d’essai d’une nouvelle chance
Un coin de terre que le bosquet a protégé
Me propose de l’aider pour une relance inopinée.
L’après-diner de cette belle journée
Réchauffe mon jardin d’hiver engourdi
Deux colombes gracieuses semblent m’attendre
Et de leurs vols animer l’espace ensommeillé.
De leur bec pointe un bourgeon, ce matin arraché
Et elles s’envolent, légères vers un ciel complice
Le soleil d’un éclat tout à coup plus intense
Fait alors briller en moi une évidence
La précieuse promesse d’immortalité
Le bourgeon à cette terre trop tôt arraché
Est allé fleurir les cieux de sa lumière dorée.
Dany, Maman d’Ariane
Dany, Maman d'Ariane : "Clearwater"
Il y a un début et une fin
Mais il n’en est pas ainsi
Nous formons la grande roue de la vie.
La fin est un début
Le début est une fin.
Dany, Maman d'Ariane : "Décembre vole"
Pour échapper aux gelures
D’un sol devenu trop dur
Le quatre d’un froid décembre
Vers une source chaude et tendre
Tu as glissé à rêver…
Là, des paysages tout tracés
De chemins semés comme par magie
Des lueurs joyeuses de fêtes et de bougies
Plus haut, le passage du Grand Saint
A la hotte et barbe tant fournies
Fabricant de jouets et de mines réjouies
Plus loin, la brisure de sombres nuages
Ouverture de chants de couleurs
Promesse ailée d’un nouveau bonheur
Enfin, l’arrivée d’un train de lumière
Aux voyageurs-mages dorés d’espoir
Guides précieux sur la route des revoirs
Et, là-bas, l’éther d’azur parfumé
Sur son nuage blanc poudré
Tu as glissé, Belle Envolée
Vole, Décembre, vole…
Pour échapper aux gelures
D’un sol devenu trop dur.
Dany, Maman d'Ariane : "Étincelle"
Étincelle
Les jours de grande mélancolie,
Je rejoins le cours du fleuve de ma vie.
Sur les mêmes rives, j’aime m?attarder,
J’y retrouve l?étincelle qui, un jour, me fut donnée
Elle dansait mutine et légère, sur l’onde dorée,
Se jouant des méandres et des difficultés.
Un halo de lumière auréolait son tracé
Et éclairait des eaux trop souvent tourmentées.
La retenir, la capter, la guider…
Vers des courants plus doux, enfin la ramener.
Indomptable, elle bondit dans une autre destinée
Menue et lointaine, elle s’éloigne, pressée.
Et déjà, glisse, secrète, de l’autre côté
Sur des eaux plus belles, ma lumière s?en est allée.
Les jours de grande mélancolie,
Je retrouve, là, une petite étincelle de vie.
Dany, Maman d’Ariane
Dany, Maman d'Ariane : "Faire son deuil"
Faire son deuil
Faire nous dit d’agir
Deuil nous parle de mourir
Son nous réduit à la solitude
Expression employée par habitude
Mais combien inadéquate et souvent mal reçue
Comment agir quand solitaire, la mort nous torture
Est?ce enfin oublier l’absent, le gommer de l’avenir
Faire son deuil, expression à bannir.
Moi, je vous parlerais plutôt de ce moment où la cage du chagrin
enfin s’ouvre et cède sa place au tendre soutien des souvenirs.
Dany, Maman d’Ariane
Dany, Maman d'Ariane : "Griffures"
Griffures
Chaque matin, retrouver ce tourment
Tant de griffures, sur l’écorce du cœur
Chaque matin revivre ce déchirement
Ton départ, seule, sur le chemin d’ailleurs.
L’oiseau de chants stridents perce l’ennemi
Et de vols incessants isole son nid.
L’ourse de tapes sonores percute la nature
Signal de paix pour sa progéniture.
La chienne de lèches câlines marque ses petits
Et surveille sans relâche le fugueur trop hardi.
Chaque matin renaît le questionnement
Tant d’écueils dans ta si mince vie
De griffes, de forces, moi, j’étais démunie
Pour nous garder de cet arrachement.
Dany, Maman d’Ariane
Dany, Maman d'Ariane : "Image de toi"
Photos de toi, souvenirs figés
Dany, Maman d'Ariane : "Je me souviens"
Je me souviens
Dans ce petit récit, Boris Cyrulnik, ce neuropsychiatre de renom et « spécialiste » de la résilience
nous emmène sur les lieux de son enfance et nous livre de manière touchante sa
redécouverte de souvenirs enfouis en lui depuis soixante-quatre ans.
Ce voyage de retour sur une enfance déchirée par la guerre, sur une trop grande
solitude, sur une vie sans cesse menacée est pour lui l’occasion de faire un retour
lucide sur lui-même.
Pourquoi ce pèlerinage tardif? Pourquoi cette vérité « arrangée » dans ses souvenirs?
Quelles sont toutes ces stratégies adoptées par la mémoire pour pouvoir renouer avec le passé?
Dans un style accessible, concret, il s’efforce de nous faire partager le fruit de sa réflexion.
J’ai particulièrement apprécié la sincérité avec laquelle il nous livre ses émotions au fur et à mesure de sa progression dans le passé.
Ce récit est avant tout l’histoire peu commune d’un simple être humain.
Ainsi, avec sincérité et humilité, il avoue aux lecteurs faire parfois ce qu’il conseille à ses patients de ne pas faire dans le cadre d’un travail de résilience.
« Pour faire quelque chose d’une émotion, il faut avant tout la maîtriser, en parler afin de finalement dépasser la blessure » leur dit-il.
Mais il nous raconte s’être lui aussi laissé submerger par un souvenir douloureux.
Boris Cyrulnik
Dany, Maman d'Ariane : "La mort d'un enfant"
La mort d’un enfant
La mort d’un enfant
Fût-il différent
Laisse le cœur d’une maman
Telle une perle fine
Dont la nacre effritée
Par des griffes acérées
Dévoile un cœur sombre
Désormais trop fragile.
Dany, Maman d’Ariane
Dany, Maman d'Ariane : "La terre complice"
Plante sur sa scène délavée un décor renouvelé
D’or fleuri, de vert bourgeonnant, de claires rosées, de ciel bleui
La nature embrasée de couleurs explose l’artifice d’une autre beauté
Le printemps est là…, je pense à toi…
Dany, Maman d’Ariane
Dany, Maman d'Ariane : "L'absence..."
L’absence jusqu’à toujours est
Un manque peu à peu comblé par l’Amour infini.
L’Amour pour toujours dissout
Peu à peu l’absence dans l’infini.
Dany, Maman d’Ariane
Dany, Maman d'Ariane : "L'épaisseur du temps"
L’épaisseur du temps et des années qui passent tente d’obturer ton image si belle
En vain, oserais-je dire
Car une lame d’amour tenace perce obstinément cette opacité têtue et rebelle
Et à chaque début de jour, tu surgis en nous, présente intemporelle
Le jour de ton anniversaire, oserais-je le dire, nous rappelle avec joie notre mission de vie t’accueillir encore et sans cesse te chérir
Et oserais-je le dire, par delà ce vide présent nous fêterons ce jour anniversaire en te remerciant d’avoir fait de nous TES parents.
Dany, Maman d’Ariane
Dany, Maman d'Ariane : "N’a-t-on pas coutume de dire..."
N’a-t-on pas coutume de dire
Par monts et par vaux on va
Mais nos pas glissent depuis ton absence
Sur les pavés gelés d’un voyage d’errance
Nous, privés de toi….
N’a-t-on pas coutume de dire
Avec le temps cela passera
Mais nos jours sans fin ne parlent que de toi
Un parfum, une couleur …et soudain, te voilà
Nous, privés de toi…
N’a-t-on pas coutume de dire
Le calme après la tempête
Mais le chaos des coeurs étalent nos blessures
Vague sournoise receleuse d’éternelles blessures
Nous, privés de toi…
N’a-t-on pas coutume de dire
Aide-toi et le ciel t’aidera
Mais, comment combler le trou béant de nos vies
Vaines prières, voeux insensés d’une peine assoupie
Nous, privés de toi…
N’a-t-on pas coutume de dire
L’amour est plus fort que tout
Oui, seul notre élan vers toi nous apaise peu à peu
Vie prometteuse, un jour, d’un dernier voyage heureux.
Nous, avec toi…
Dany, Maman d’Ariane
Dany, Maman d'Ariane : "Novembre danse"
Novembre danse…
Dans un frisson glacé
L’arbre invite le vent
Dans une fougueuse danse
Dans ton regard blasé
Tu convies la vie
A une valse lente
Ploie, tourne, bouge…
Il incite sa belle ramure
A plus de légèreté
Pars, reviens, hésite…
Tu parles à ton âme
D’un laisser-aller
Dans un vol endiablé
L’arbre poudroie la terre
De pas d’ocre craquants
Dans un repli distant
Tu tutoies l’univers
D’une autre réalité
D’une majestueuse nudité
L’arbre prépare sa danse
D’un futur renaissant
D’un regard déjà loin
Tu rêves du pas joyeux
D’un ailleurs autrement
Novembre colore de danse
La fin d’un été
Novembre berce le silence
De ta finalité.
Dany, Maman d’Ariane
Dany, Maman d'Ariane : "Pas à pas "
Pas à pas
Ouvrir son cœur à cette peine immense
Ouvrir sa vie à ce manque béant
Ouvrir son âme à ce destin trop court.
Retenir dans son cœur sa douce chaleur
Retenir dans sa vie sa présence constante
Retenir dans son âme l’espoir d’un revoir.
Dany, Maman d’Ariane
Dany, Maman d'Ariane : Extrait de Porte close"
Extrait du livre « Porte close »
« Le vide, ce grand vide de toi, sera toujours là.
Nos vies griffées à jamais, nos yeux voilés.
Les larmes pourtant changent de registre et
jouent non plus le déchirement mais de beaux moments
aux souvenirs teintés d’émotion.
L’amour que nous te portons soutient le rythme de nos vies.
Des rires peuvent nous surprendre,
des refrains parfois couler de nos bouches,
des plaisirs fleurir nos jours…
Vite réprimés! Que faisons-nous? En a-t-on le droit?
Seul, nous apaise, notre amour de toi. »
Dany, Maman d’Ariane
Dany, Maman d’Ariane : "Promesse"
Promesse
Un timide soleil m’emmène sur le sentier d’un parcours à l’indécis tracé.
Déjà, les buissons éclatent de bourgeons printaniers et murmurent
d’une sève à peine réveillée.
Et, je me prends à rêver d’une promesse de vie…
Les oiseaux, de leurs ailes, zèbrent le ciel engourdi.
De leurs becs, pointent les brindilles, ébauches premières de nids
pour petits, espérance d’un futur chantant de gazouillis.
Et je me prends à rêver d’une autre promesse de vie…
Au détour d’un chemin, la plaine s’étale mollement. Les premières couleurs
épicent d’or ce début de printemps. La rivière, libérée du gel et de tous ses
tourments, coule rapide, avide de se fondre au cœur du fleuve amant.
Et je me prends finalement à rêver d’une nouvelle promesse de vie .
Pour toi, peut-être, dans un printemps d’ailleurs…
Rêve? Promesse? Vaine espérance?
Dany, Maman d’Ariane
Dany, Maman d'Ariane : "Où es-tu?"
Où es-tu?
Chaque nuit, le regard dans le ciel,
Où es-tu? Plus loin que l’infini…
Je capture une étoile pour éclairer ma nuit.
Je redessine, en détails, ton image chérie.
J’espère mes rêves animés de ta réalité.
Repue de toi, je m’endors, apaisée,
Refaisant la route du sillon de ta vie.
Chaque matin,la fraîcheur du jardin.
Où es-tu? Au creux de l’univers…
Cette rose, de jaune dorée, un jour, tu l’as choisie.
Ce papillon mutin aimait se poser sur ton épaule amie.
L’oiseau charmeur du vieux prunier chante encore ta beauté.
Enfin, remplie de toi, j’entame alors ma journée,
Retrouvant, peu à peu, le sillon de La vie.
Dany, Maman d’Ariane
Dany, Maman d'Ariane : "Route à l'envers"
Route à l’envers
Sur notre route à l’envers qu’il est bon d’aller
Et plus loin, retrouver ton chemin
Y refaire ensemble le parcours de l’amour
Des détours, des ornières bien sûr, des sentiers éplorés, souvent…
Mais aussi des voies de lumière, des escapades fleuries de plaisirs,
Des sentes d’amour doux, d’amour fou…
A l’envers, souvent je vais t’y retrouver
Le futur pourtant me remet à l’endroit
Et me pousse sur les chemins de demain
Des freins d’inertie bien sûr, des pas trop lourds décidément…
Mais des messages chaleureux et le chagrin gravi à deux,
Des traverses de bonheurs, même si petits…
Le présent, lui, je le vis, forte de toi et de notre vie passée.
Dany, Maman d’Ariane
Dany, Maman d'Ariane : "Sans elle"
Sans elle
Nous venons de vivre toute une année sans elle ! Une année de béance, d’errance suspendue à un signe, une odeur, un souvenir…
Pour les autres, la vie a repris son cours ; pour eux, rien n’a changé. On nous invite gentiment aux fêtes d’anniversaires, aux repas de Noël, à des soupers entre amis…il y a peu, elle était là, elle aussi. Alors pourquoi ne plus parler d’elle ? J’aimerais tant qu’on la fasse revivre encore un peu ! Et je fais quelque tentative : « Ariane aimait beaucoup ce dessert » ou « Ariane aurait aimé la couleur de ta nappe ». Mais personne n’enchaîne ou n’écoute. Je me tais donc pour ne pas gâcher l’ambiance ou par crainte d’indisposer mes hôtes.
Et mon trop-plein d’elle déborde en sanglots, le soir, à la maison. J’étouffe de murmurer son prénom, pas trop haut, pour ne plus perturber. Je gonfle de pleurs retenus, pour ne plus attrister. J’exècre les : « ça va ? » auxquels il faut bien sûr répondre oui.
Pour survivre, il est urgent de décharger un peu de cette tristesse trop souvent contenue. Nous devons encore vivre un peu avec elle, par elle. Ainsi, décidons-nous de rejoindre le groupe de Parents Désenfantés à Wavre. Et là, en toute confiance, dans un grand partage d’amitié et de compassion, nous pouvons déposer la lourdeur de notre chagrin. Nous parlons de nos enfants, de notre vie avec eux. Parfois même, il nous arrive de rire de leurs caractères, de leurs caprices, de leurs facéties. Nous nous renforçons à l’écoute des accompagnateurs et à l’amitié d’autres parents désunis de leur enfant eux aussi.
Extrait du livre « Ariane au fil des jours » de Dany Sacotte, Maman d’Ariane.
Dany, maman d’Ariane : "Ton prénom"
Ton prénom
Une photo
Quelques mots s’informant de ma peine
Font bondir mon cœur
De sauts toujours plus hauts
A la recherche de toi.
Dany, maman d’Ariane
Dany, maman d’Ariane : "Tu es mon désert"
Tu es mon désert, mon repli, ma retraite mouvante
Aux pistes ensablées de trop de distance et de temps
Aux souffles violents capteurs des certitudes d’antan
Aux lueurs dansantes trompeuses de mirages envoûtants
Aux nuits de lune pâle glacées de vide et de blanc.
Aux oasis bienfaisantes fertiles de souvenirs vivants.
Tu es mon désert, ma piste, mon cheminement…
Au creux de mon désenfantement…
Dany, maman d’Ariane
Dany et Marc, Parents d’Ariane : "Un certain jour d’hiver"
Un certain jour d’hiver
Le jour 23 d’un frileux mois d’hiver
Une petite étoile alluma notre ciel
Ni bergers, ni rois mages, bien sûr
Pour son avènement sur terre
Mais la famille, elle, entendit la nouvelle
Et leur tendre chaleur fit fondre la froidure
Du jour 23 de ce frileux mois d’hiver
De faible lueur, l’étoile devint lumière
Dévoilant au monde d’inédites merveilles
Ni dorures, ni précieuses pierres, c’est sûr
Mais un parcours d’insondables mystères.
Elle ouvrait tous les coeurs et y semait l’éveil
D’un amour autre préservé de la froidure
Du jour 23 du frileux mois d’hiver
Ténacité, courage et notre belle éphémère
Dans notre ciel brumeux alluma un soleil
Souvent terni de sombres nuages, pour sûr.
Un sourire, un regard renversaient les barrières
D’opacité et de différence qui faisaient d’elle
Ce petit être rayé par un destin trop dur
Jour 23, aujourd’hui, de ce frileux mois d’hiver
Jour aussi de ton anniversaire.
Tout se mêle en nos cœurs… joie, peine, pourquoi, terre…
Pour toi, petite étoile filante, de tout cœur j’espère
Des cieux meilleurs, baignés, eux d’éternelles lumières.
Dany et Marc, Parents d’Ariane
Daudet Alphonse : "Et si quelqu’un..."
Et si quelqu’un s’étonne que l’amour puisse fleurir
ainsi dans le deuil et dans les larmes, je lui dirai
d’aller voir au cimetière toutes ces jolies fleurettes
qui poussent entre les fentes des tombeaux.
Alphonse Daudet
Delespaux Emily : "Comment mieux vivre la perte de mon enfant en relation avec l’entourage ?"
Comment mieux vivre la perte de mon enfant en relation avec l’entourage ?
Soirée d’échange du 25 avril 2014 : Présentation de Emily Delespaux
1) Réactions lors d’un deuil
Elles peuvent être affectives : colère, tristesse, dépression, solitude, culpabilité…
ou comportementales : refuge dans le sommeil, dans le travail, dans le sport…
ou encore cognitives : pensées incontrôlables qui tournent dans la tête,
et enfin physiologiques : perte d’énergie, manque d’appétit, douleur, fragilité,
faim…
Ce qui est important c’est de prendre conscience que chacun aura une réaction
qui lui est propre et qu’aucune réaction n’est mieux que l’autre. Il n’y a donc pas
lieu de porter de jugement.
La durée aussi varie d’une personne à l’autre, elle ne devient problématique que
si elle empêche l’endeuillé de faire des choses essentielles pour lui.
Il existe donc une multitude de réactions qui ont une durée variable, chacun vivant
le deuil de manière unique.
2) Travail de deuil
Le travail de deuil est un mouvement entre 2 « planètes », celle de la perte
(penser au décès, réfléchir sur ses émotions, redéfinir ses liens, déni) et celle de
la restauration (faire attention aux changements de vie, planifier de nouveaux
projets, se distraire, occuper de nouveaux rôles).
Les femmes sont plus souvent dans la perte et les hommes dans la restauration.
Il n’y a pas de bons ou de mauvais endroits, l’important est le mouvement entre
les 2 pôles.
Chacun « voyage » à son propre rythme selon son parcours propre.
Comment faire pour vivre ensemble avec des ressentis et des rythmes différents ?
3) A l’écoute de soi, à l’écoute de l’autre
Il est important de pouvoir identifier sur quelle planète je suis et dans quel ressenti.
Prendre conscience de où je suis et où en est l’autre pour pouvoir s’écouter et
accepter les différences sans jugement sur moi-même ou sur l’autre ; cela aide à
pouvoir communiquer sa position à l’autre et écouter celle de l’autre.
4) Maintenant où j’en suis ?
Pour répondre à cette question, j’examine – à quoi je pense ?
– Comment sont mes émotions ?
– Comment je me sens physiquement ?
– De quoi ai-je envie ?
dans l’instant présent, juste là ; j’essaie de rester dans le descriptif uniquement
sans jugement. Ensuite je trouve une façon de communiquer ma réalité à l’autre.
La soirée s’est poursuivie par de nombreux échanges entre parents portant
principalement sur la difficulté d’entendre les réactions parfois inadéquates de
l’entourage, le sentiment d’isolement, la possibilité de dire ou pas ce que nous
vivons et à qui le dire.
Certains ont aussi souligné les facultés d’écoute et d’accueil face à la souffrance
qu’ils avaient développées suite au décès de leur enfant.
Emily Delespaux
Delhamende Marie-Andrée : "La compassion"
La compassion
On est souvent nu face à la souffrance de l’autre. On est démuni. C’est
comme cela. Parfois, on ne peut rien faire. Et c’est terrible ! Il faut accepter
cela. Peut-on nier ce que l’autre ressent, s’il le ressent ? Non, bien sûr.
C’est un fait. Et pourtant, il y a des personnes amies, compassionnelles qui
refusent ce fait, elles sont spécialistes des « oui, mais ». Il leur est impossible
d’accepter ce que l’autre vit ou exprime de sa souffrance.
Elles atténuent, elles édulcorent. Pire, elles positivent. Positiver équivaut
parfois à un déni, une non-écoute. Parfois, elles donnent aussi des conseils
et brandissent des techniques qui leur font du bien à elles. Sans doute ces
personnes font-elles ce qu’elles croient bon pour l’autre, c’est sûr. Elles sont
bien intentionnées. Mais où est l’écoute ? Où est ce petit mot qui change
tout : « avec » ? Avec l’autre ? Être avec l’autre. Sans sensiblerie, sans infantilisme,
mais aussi sans aucune dureté. Être là avec le cœur. Simplement
ça. Car la souffrance d’autrui n’est pas compréhensible. Chacun a des raisons
de souffrir. Ce sont les siennes. C’est un acte en soi que d’accepter d’être
simplement avec l’autre avec le cœur dans ce qu’il vit.
Il y a compassion dans la mesure où il y a respect absolu de qui est l’autre.
Le respect c’est savoir profondément que la première demande de quelqu’un
qui souffre est d’être approché avec respect. Si une personne érige des
défenses c’est qu’elle en a besoin.
C’est dans la fragilité qu’on a le plus besoin
d’être reconnu comme une personne autonome.
Marie-Andrée Delhamende
Delhez Charles : "Aimer..."
Aimer c’est être séduit par le mystère de l’autre, c’est partir pour un inlassable voyage à sa rencontre.
Charles Delhez
Demers Jocelyn : "L’enfant migrateur"
Despret Vinciane : Extrait du "Au bonheur des morts"
Extraits du livre : « Au bonheur des morts »
… Amener un être à « plus d’existence » qui lui permette de continuer à influer sur la vie des vivants, demande donc tout un travail ou, plus précisément, une disponibilité, qui n’a pas grand-chose à voir avec le
fameux « travail de deuil » …
…Où est-il ? Il faut « situer » le mort, c’est-à-dire, lui « faire » une place. Le « ici » s’est vidé, il faut construire le « là ».
Ceux qui apprennent à entretenir les rapports avec leurs morts assument donc bien un travail, qui n’a rien à voir avec le travail du deuil. Cette question ne s’inscrit pas dans l’espace mais dans le temps…
Vinciane Despret
de Beauvoir Simone : "Dans toutes les larmes"
Dans toutes les larmes, s’attarde un espoir.
Simone de Beauvoir
de Hennezel Marie : "Les disparus"
Que les personnes qui nous quittent ne soient pas simplement des “disparus”, des “morts pour rien”, mais des personnes dont le visage laisse une trace, une parole, qui puissent mener à une maturation, à une transformation de ceux qui restent.
Marie de Hennezel
de Hennezel Marie : "L'art de mourir"
Cette douleur du deuil, contre laquelle nous nous défendons de toutes les manières possibles, finit par creuser un espace.
Un espace pour aimer, un espace pour partager.
Marie de Hennezel (extrait du livre : L’art de mourir)
de Kergorlay-Soubrier Marie-Madeleine : "Tu n'es pas seul"
Extrait de « Tu n’es pas seul »
« Le cœur de l’enfant, regardez-le, approchez-vous….
Son cœur est comme un jardin devenu triste, car… son cœur a été arrosé longtemps par l’amour de sa maman, son papa…
Puis il a été raboté, troué par la « bombe » de sa disparition, de sa mort.
Auparavant, les fleurs y poussaient : l’amour, l’attention maternelle, et il était souvent arrosé, en tout cas régulièrement…
Puis voilà que cette bombe a fait un trou, a dévasté cette terre, un creux s’est formé… Comment faire refleurir ?
C’est un lieu de désolation, d’abandon, la vie semble partie…
Mais la vie existe encore, ailleurs !
Il faudra aller chercher, au fond du fond, les nouvelles racines se frayer un chemin, au milieu, de ce nouveau terreau, de ce décor dévasté, transformé, à réinventer.…
Tu peux l’aider à revivre, à faire renaître la vie.
En lui disant que tu pourras venir arroser son jardin, s’il le souhaite, au début délicatement.
En lui montrant que toi aussi tu peux être triste quelquefois, que ton jardin a connu de telles dévastations, que c’est long à cicatriser…
Les fleurs qu’il verra pousser seront différentes, mais aussi belles, d’une autre nature.
Les racines, elles, auront puisé leur sève dans le terreau de la douleur, ce sera du solide ! »
Marie-Madeleine de Kergorlay-Soubrier
de Musset Alfred : "où va mon chemin..."
Je ne sais pas
où va mon chemin,
mais je marche mieux
quand ma main serre la tienne.
Alfred de Musset
de Saint-Exupéry Antoine : Extrait du "Petit Prince"
Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile, c’est doux, la nuit, de regarder le ciel.
Antoine de Saint-Exupéry
de Saint-Exupéry Antoine : Extrait du "Petit Prince"
Extrait du “Petit Prince”
– Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: On ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux.
– L’essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit Prince, afin de se souvenir.
– C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
– C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose…, fit le petit prince, afin de se souvenir….
– Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose…
– Je suis responsable de ma rose… répéta le petit Prince, afin de se souvenir. »
Antoine de Saint-Exupéry
de Unamuno Miguel : Sentiment tragique de la vie"
Extrait du : « sentiment tragique de la vie »
Dans le repli le plus secret de l’esprit de l’homme qui
croit que la mort mettra fin à sa conscience personnelle
et même à sa mémoire à tout jamais, dans ce repli
intime une ombre plane, à son insu peut-être,
une ombre vague se cache, l’ombre de l’ombre d’une incertitude,
et tandis qu’il se dit : « Il n’y a rien d’autre à faire
que de vivre cette vie fugitive, car il n’y en a pas d’autre ! »
en même temps il entend, dans ce repli très secret,
son propre doute lui murmurer : « Qui sait ?… »
Il n’est pas sûr d’entendre correctement, mais il entend.
De Même, dans quelque repli de l’âme du vrai croyant
qui a la foi en la vie future, une voix étouffée,
la voix du doute, murmure à l’oreille de son esprit : « Qui sait ?… »
Peut-être que ces voix ne sont pas plus fortes que
le bourdonnement des moustiques
lorsque le vent rugit dans les arbres de la forêt ;
c’est à peine si on perçoit ce bourdonnement,
et pourtant, au milieu de l’orage qui gronde, on l’entend.
Comment, sans ce doute, pourrions-nous vivre ?
Miguel de Unamuno
Dion Céline : "Mélanie"
Mélanie
Mélanie,
Pardonne-moi si je t’appelle ainsi,
mais les chagrins sont des millions
et je rassemble en un seul nom
Tous les enfants de ma chanson
Les enfants qui sont au bord de la nuit
Les enfants qui ne deviendront jamais forts
Mélanie
Tu pourrais bien me dire que la vie
N’a pas fait de toi sa meilleure amie
Pourtant je te vois qui souris
Mélanie
C’est ton courage qui a fait le mien
Moi qui suis forte à m’émouvoir d’un rien
Je me calme quand je prends ta main
Mélanie
J’aimerais croire que ce prince joli
Qui réveillait en caressant
Toutes les belles au bois dormant
Saurait faire revivre un enfant
En musique
En un seul coup de baguette magique
Guérir le mal en un instant
Mélanie
Tu n’es pas seule si je chante pour toi
Tu n’es pas seule si l’on entend ma voix
Tu n’es pas seule le monde est là
Mélanie
Tous les chagrins se font déjà moins lourds
En découvrant qu’on peut aimer un jour
Et c’est toi qui nous apprend l’amour
Mélanie.
Céline Dion
Diop Binago : "Ceux qui sont morts..."
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les morts ne sont pas sous la terre :
Ils sont dans l’arbre qui frémit,
Ils sont dans le bois qui gémit,
Ils sont dans l’eau qui coule,
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule.
Les morts ne sont pas morts.
Binago Diop
Dodemant Anne : "Écrire"
Écrire
Mettre des mots sur l’indicible pour l’apprivoiser.
Mais écrire n’est pas une thérapie.
Je ne suis pas malade.
La douleur n’est pas une maladie.
La mort d’un enfant est une tragédie dont je ne veux pas guérir.
Je veux tout garder et ne rien oublier.
Je ne veux ni « tourner la page » ni « faire mon deuil ».
Je veux juste te rejoindre là où tu es : au coeur du coeur.
Même dans l’infini de ma peine, je rejette ce qui masque,
ce qui protège, les doubles peaux ou les armures.
Je veux prendre le froid et le vent en plein visage,
les joies et les peines en plein coeur.
J’ai choisi la vie, je prends la mort avec.
Extrait du livre « Même la nuit quand je dors » d’Anne Dodemant
Dom Hélder Câmara : "Cheminer seul"
Il est possible de cheminer seul, mais le bon voyageur s’entoure de bons compagnons.
Dom Hélder Câmara
Dom Hélder Câmara : "Ne fuis pas"
Si un évènement te touche, ne le fuis pas
Crie ce qu’il éveille dans ton cœur
S’il te blesse, crie ta blessure
S’il te brise, crie ta brisure
S’il t’exalte, crie ton ardeur
S’il te fait peur, alors et surtout crie
C’est à ce prix de vérité, ce prix d’humilité
Que tout homme naît à la vie
Qu’il apprend par ce cri
A devenir ce qu’il est
Un être de communion.
Dom Hélder Câmara
Dorange Freddy : "La petite larme"
La petite larme
Je suis une petite larme
Qui mouille tes yeux
Lorsque le chagrin dans ton âme
A mis le feu.
Je suis cette petite goutte
Qui coule sur ta joue
Lorsque sans aucun doute
Ton coeur se noue
Avec des amies, je forme une petite vague
Qui s’écrase sur le rivage
De ton visage.
Le vent et le temps
Petit à petit effacent mes traces
Laissant le souvenir de l’évènement.
Ainsi à d’autres, je cède la place.
Moi la petite larme
Sur ton visage je repasse
Lorsque sur tes lèvres un sourire s’y installe
Lorsque dans ton coeur, la joie s’y déroule,
Lorsque dans ton âme, Dieu y a remis la vie.
Je mouille à nouveau tes yeux,
Parce que Dieu y a allumé ses petites étoiles
Et parce que dans ses bras, Il a serré ta raison de vivre.
On dit de moi que je suis l’eau de la guérison,
Alors lorsque tu as besoin de moi
Appelle-moi !
La petite larme
PS : Si après avoir lu ce texte, une petite larme mouille tes yeux c’est la preuve que
je reste près de toi pour ta guérison.
Freddy Dorange, oncle de Yves
Doucet Marianne : "Le regain"
Le regain
Il y a plus surprenant que le malheur, c’est la résilience.
La résilience, c’est transformer ses souffrances en puissance créatrice, c’est trouver un exutoire à sa peine, sans la détruire, sans la rejeter, mais en la recyclant en terreau de richesse.
Celui qui fait l’effort de rechercher la profondeur que peut donner une difficulté de vie, trouvera, au-dedans de lui une mine d’or.
La souffrance doit d’abord se faire accepter, se répandre tout au fond de nous.
Elle doit envahir notre territoire et faire le siège de notre volonté.
Il faut qu’elle trouve sa place et qu’elle s’installe, telle une amie inattendue.
Alors seulement quand elle sera devenue partie intégrante de votre vie, et non plus une ennemie à abattre, pourra-t-elle commencer son long travail de minéralisation.
Marianne Doucet
Dumas Alexandre : "Les gens que nous avons aimés"
Les gens que nous avons aimés ne seront plus jamais où ils étaient, mais ils sont partout où nous sommes.
Alexandre Dumas
Dumoulin Maryse : "La mort d'un tout petit..."
La mort d’un tout petit n’est pas une petite mort.
Maryse Dumoulin
Duperey Anny : Extrait du "Voile noire"
Une lectrice du « Voile Noir » d’Anny Duperey lui écrit :
« Les morts ne sont morts que si on les enterre.
Sinon ils travaillent pour nous,
ils terminent autrement ce pour quoi ils étaient faits.
Nous devons les accompagner et
les aider à nous accompagner,
dans un va-et-vient dynamique,
chaud et éblouissant. »
Dupuis Annelou : "Les choses enracinées"
Les choses enracinées dans l’amour ne sont jamais perdues car elles sont éternelles.
Dupuis Annelou
Duteil Yves : "Les dates anniversaires"
Les dates anniversaires
J’ai un profond respect des dates anniversaires
Ces portes que le Temps dispose autour de nous
Pour ouvrir un instant nos cœurs à ses mystères
Et permettre au passé de voyager vers nous.
Je suis toujours surpris par les coïncidences
Qui nous font un clin d’oeil du fond de leur mémoire
En posant des bonheurs sur les journées d’absence
Et nous laissent à penser que rien n’est un hasard
Peut-être est-ce un moyen lorsqu’ils se manifestent
Pour ceux qui sont partis dans un autre univers
De nous tendre la main par l’amour qui nous reste
Pour nous aider parfois à franchir des frontières
Est-ce nous qui pouvons au travers de l’espace
Influencer ainsi la course des années ?
Ou serait-ce un lambeau de leur chagrin qui passe
En déposant des fleurs sur le calendrier ?
Il existe en tous cas dans les anniversaires
Une part de magie qui fait surgir d’ailleurs
Les visages ou les mots de ceux qui nous sont chers
Des êtres qui nous manquent et dorment dans nos cœurs
Ils sont là quelque part pour un instant fugace
Et dans les joies souvent qu’ils partagent avec nous
Se rendorment certains que rien n’a pris leur place
Et que leur souvenir nous est resté très doux
Sans amour notre vie n’est plus qu’un long voyage
Un train qui nous emporte à travers les années
Mais celui qui regarde un peu le paysage
Ouvre déjà son cœur pour une éternité
Au delà des paroles et de la bienveillance
Il existe des voies difficiles à cerner
Faites de souvenirs, d’amour et de silence
Et que bien des savants vous diront ignorer
Elles sont un privilège au cœur de la souffrance
Un baume pour les jours qu’on ne peut oublier
Qui pourraient avoir l’air d’être sans importance
Mais qui soignent des plaies difficiles à fermer
J’ai un profond respect des dates anniversaires
Ces portes que le Temps dispose autour de nous
Pour ouvrir quelquefois nos cœurs à ses mystères
Et permettre au passé de voyager vers nous
Pour ouvrir quelquefois nos cœurs à ses mystères
Et permettre au présent de nous sembler plus doux.
Yves Duteil
Duteil Yves : "Les gestes délicats"
Les gestes délicats
Les petits gestes attendrissants
Qui vous ouvrent le cœur en grand
Et vous sortent du désespoir
Les jours où le ciel est trop noir
Les petits gestes dérisoires
Un sourire, un simple regard
Aux couleurs de votre amitié
Je les ai reçus en plein cœur
Vos petits mots semés de fleurs
Que je gardais comme un trésor
Aujourd’hui je les goûte encore
Vos petits gestes délicats
Qui caressaient du bout des doigts
Sur les plaies qui faisaient si mal
C’était du miel et du santal
Ils se posent comme un répit
Un petit air de délivrance
La musique au bout du silence
Et si toujours je m’en souviens
C’est qu’au plus lourd de mon chemin
Ils étaient là comme un repère
Une étoile sur le désert
Tous ces regards si émouvants
Ces gestes tendres et apaisants
Me retournaient l’âme à l’envers
Et quand le ciel s’est fait plus clair
Ces petits instants dérisoires
Toujours gravés dans ma mémoire
Avaient la couleur de l’oubli
De l’arc-en-ciel après la pluie
Et dans ces gestes sans histoire
Que rien n’avait laissé prévoir
J’ai puisé la force d’ouvrir
Ma fenêtre vers l’avenir…
Yves Duteil
Duteil Yves : "Où s’en vont ceux qui nous manquent "
Où s’en vont ceux qui nous manquent ? Nous accompagnons leurs corps jusqu’en terre et puis après ?…
Nous fleurissons leur mémoire, nous leur parlons comme s’ils étaient encore là, quelque part, inaccessibles mais présents, bienveillants et sages. Que donnerait-on pour une réponse, un conseil de leur part, un mot pour dire… « Je veille sur vous » ?
Et il nous suffit de les évoquer pour qu’ils nous sourient dans notre plus beau souvenir, de leur visage le plus lumineux. Nos absents nous accompagnent. On ne peut rien leur cacher puisqu’ils nous regardent avec nos propres yeux. C’est une étrange et intime conviction que l’on ne peut partager qu’avec ceux que l’on aime, dans la confiance de n’être pas raillé, mais, au contraire, conforté.
Ceux qui nous manquent remplissent le vide de leur absence par une présence silencieuse et tendre. Toujours disponibles, ils sont auprès de nous, derrière nos paupières closes, dans les moments de doute ou de peur, dans les joies profondes.
Dans la douleur de les avoir perdus, il y avait cette impuissance à les retenir, à les aider, à les accompagner. Dans le chagrin de leur absence, on a le sentiment d’être guidés par eux, de leur conférer un rôle qu’ils n’ont ainsi jamais perdu.
En fermant les yeux, ils nous laissent leur regard, à la façon d’une boussole. Peut-être ont-ils besoin eux aussi de nos pensées, de nos lumières, pour éclairer leur route ? Le chagrin n’est que le revers de l’amour. Mais c’est encore de l’amour. Qu’il serait « triste de n’être plus triste sans eux… ».
Au Panthéon de nos cœurs, nos absents ont toujours raison. Si l’on devait faire le portrait du bonheur, il aurait parfois le visage du chagrin, et la quiétude bienveillante de ceux qui nous ont quittés mais qui veillent sur nous tendrement. C’est une image apaisante pour s’endormir, pour s’orienter, ou se perdre dans leur sourire. Il y a un peu d’infini dans cet amour-là. Ceux qui nous manquent semblent si sereins, si proches, comme en apesanteur…
Est-ce qu’ils trouvent en nous leur chemin vers ailleurs ? Alors les vivants deviendraient la maison de ceux qu’ils ont aimés. Et si un jour ils n’existent plus pour personne, auront-ils vraiment disparus ?
Se sentir aimé de son vivant, c’est savoir qu’il existe quelque part un après, un moyen de poursuivre la route ensemble. L’absence n’est pas qu’un vide. C’est aussi de l’amour qui nous accompagne. Servir encore, être utile à quelqu’un… Un beau destin pour nos absents…
Yves Duteil
E
Éclats de Vers : "Sur la feuille de mes pensées"
Il y a des souvenirs qui ne demandent
pas la mémoire,
On les porte en soi
comme un parfum qui vous colle à la peau,
tant les notes de cœur
et de fond ont enivré l’âme,
d’une empreinte olfactive à jamais…
Éclats de Vers – Sur la feuille de mes pensées
Einstein Albert : "Une vie après la mort..."
Je crois en une vie après la mort, tout simplement parce que l’énergie ne peut mourir ; elle circule, se transforme et ne s’arrête jamais.
Albert Einstein
Éliane, Maman de Jean-Luc : "La photo"
Témoignage d’une maman qui, peu de temps après le décès de son fils, s’est fait voler son sac. Elle s’adresse à l’agresseur.
La photo
Tu cours dans la rue à perdre haleine ; tu ralentis tu sais qu’elle ne te rattrapera pas. Tu n’as pas hésité un seul instant ; tu fais ça tous les jours pour le « fun » car tu n’as besoin de rien. Tes parents ont fait de toi un « roi ». Ils t’ont soi-disant tout donné. Tu ne respectes rien.
Elle depuis un mois, dix-sept jours et dix-sept heures quarante-cinq minutes, elle est orpheline de son fils. Tu ne sais pas que dans le sac à main que tu lui as arraché c’est sa photo qu’elle pleure en premier. Tu ne sais pas ce qu’elle ressent, ce qui s’ajoute à l’état de stupeur dans lequel elle vit au quotidien. Le temps du deuil s’est étiré en une longue longueur d’heures où elle ne voit plus le temps passer. A peine est-elle levée que c’est déjà la nuit. Au moment du choc elle a cru mourir sur place même si les minutes qui passent battent au rythme de son cœur gelé. Ondes de choc jusque dans le bas-ventre. Elle reçoit de plein fouet le temps qui lui revient comme un boomerang.
Tu regardes la photo de ce jeune adulte souriant. Tu es frappé par la beauté de son regard. Ses yeux bleu azur regardent droit devant lui, ses yeux te regardent. Tu ne t’interroges pas. Tu es stupéfait de ne trouver qu’un peu de monnaie, une jolie petite boîte à médicaments émaillée avec finesse, deux cartes de banque inutilisables pour toi et un trousseau de cinq clefs. Tu gardes la boîte à médicaments. Rageur tu balances le reste au-dessus de la clôture d’un terrain vague. Tu te dis qu’elle sera bien embêtée cette femme qui n’est même pas foutue d’avoir du blé sur elle. Son sac à main et le reste elle peut toujours le chercher. Tu tapes du pied sur une poubelle qui roule dans la rue et le bruit qu’elle fait résonne trop fort ; tu pars en sifflotant, les mains dans les poches, l’air satisfait.
Elle, elle pleure. Elle a l’impression de couler, de se noyer. Elle ne sait plus très bien qui elle est. Elle a l’impression de se vider de ce trop plein de chagrin. Les larmes coulent comme une source. Elle se rappelle les paroles d’une amie : « Pleure, les larmes sont des perles de guérison ».
Devant le policier arrivé sur les lieux avec ses collègues, elle pleure toujours. C’est entre deux sanglots qu’elle répond aux questions d’usage. Dans le combi, il lui demande ce qui lui a été dérobé. Elle pleure encore. « Oui madame pleurez cela vous fait du bien. »
Elle se reprend et d’une voix lente, une voix qui bascule tout à coup dans le déni des évènements, elle énumère les quelques objets dérobés lors de l’agression, mais c’est
la photo de son fils Jean-Luc qui est là présente devant elle. Cette photo qui s’agrandit jusqu’à la grandeur nature du fils dont elle ne parle pas.
Éliane, Maman de Jean-Luc
Éliane, Maman de Jean-Luc : "L'interminable journée..."
Le jour, elle pleure prostrée par son récent départ. Elle ne cesse de regarder
sa photo jusqu’à la fin du jour. Silencieuse, elle attend la fin de
l’interminable journée.
La nuit, en rêve, elle rit de le retrouver vivant, c’est là qu’il lui fait
découvrir un amour d’éternité multiplié à l’infini.
La nuit, elle se dilate du bonheur de l’approcher. Toutes ses cellules sont
apaisées par sa présence. Une main légère se pose sur son épaule comme
lui seul savait le faire. Il lui sourit. Il a l’air heureux.
Éliane, Maman de Jean-Luc
Eluard Paul : "Ce qui m'aide à vivre..."
« Laissez-moi seul juger de ce qui m’aide à vivre. »
Paul Eluard
Eluard Paul : "La nuit n'est jamais complète"
La nuit n’est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l’affirme
Au bout du chemin une fenêtre ouverte
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler, faim à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue, une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie
La vie à partager.
Paul Eluard
Éluard Paul : "Lorsque tu es parti"
Lorsque tu es parti à cause d’un accident,
Ils t’ont tous éloigné du monde des vivants
Et, avec de la terre ils t’ont bien recouvert.
Pour eux, quelle évidence, tu n’étais plus présent.
Nul d’entre eux ne se doute que tu es encore là
Et, qu’à chaque matin, je repars avec toi.
Même si au long de l’hiver la trace de tes pas
Sur le blanc du chemin jamais plus ne se voit.
Que m’importe de te voir pour croire en ta présence.
A travers l’ombre noire, je te sais près de moi.
Mon bonheur d’aujourd’hui reste celui d’antan.
L’essentiel est pour moi que tu sois toujours là !
Paul Éluard
Eluard Paul : "Par-delà..."
Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin
Je te cherche par-delà l’attente
Par-delà moi-même
Et je ne sais plus tant je t’aime
Lequel de nous deux est absent.
Paul Eluard
Eluard Paul : "Présence"
Présence
Lorsque tu es parti à cause d’un accident,
Ils t’ont tous éloigné du monde des vivants
Et, avec de la terre, ils t’ont bien recouvert.
Pour eux, quelle évidence, tu n’étais plus présent.
Nul d’entre eux ne se doute que tu es encore là
Et, qu’à chaque matin, je repars avec toi.
Même si au long de l’hiver, la trace de tes pas
Sur le blanc du chemin jamais plus ne se voit.
Que m’importe de te voir pour croire en ta présence
A travers l’ombre noire, je te sais près de moi.
Mon bonheur d’aujourd’hui reste celui d’antan.
L’essentiel est pour moi que tu sois toujours là!
Paul Eluard
Emmanuelle B : "Sur l'échelle, je voudrais monter"
Sur l’échelle, je voudrais monter
Pas tout en haut, mais un peu quand même,
Pas bien longtemps, mais juste assez,
Pour m’assurer que tu es bien arrivé.
Je voudrais tendre le cou,
Pour voir si ta nouvelle vie te plait,
Me persuader que tu es bien entouré,
Mais surtout que la vie est meilleure ici.
J’observerais tous ces êtres partis d’en bas,
Bien trop tôt,
M’émerveillerais de leurs ailes qui ont poussé
Depuis qu’ils sont là haut.
Je voudrais monter sur cette échelle,
Te serrer une dernière fois,
Que tu me dises, dans un battement d’aile,
Continue… je te veille
Je suis près de toi…
Emmanuelle B
Emilie, Sœur d’Olivier : "Olivier"
Ericsson Stéphanie : "Perdre quelqu'un"
Perdre quelqu’un est une épreuve inévitable.
A cet instant, on comprend, sans appel,
Qu’on n’a aucune prise
Sur les êtres et les choses
Que l’on croyait avoir à soi.
Stéphanie Ericsson
Ernoult Annick : "La ronde des verbes"
La ronde des verbes
Perdre un enfant, couler, sombrer, toucher le fond, désespérer,
Appeler au secours, tenter d’apprivoiser la mort, l’absence,
Se heurter à la solitude, éprouver la peur, faire peur, souffrir, souffrir…
Désirer rencontrer d’autres parents…
Entrer dans un groupe, appréhender, craindre de craquer…
Oser craquer, pleurer, parler, oser dire, écouter, pleurer encore.
Ensemble crier « Pourquoi ? Pourquoi ? »… se mettre en colère,
Culpabiliser, Respecter, ne pas juger, entendre,
Puis faire miroir, oser proposer, chercher un sens, tâtonner.
Écouter l’autre, se savoir compris, se sentir semblables, se sentir différents.
Enfin, lentement, sortir de soi, ouvrir son cœur, se remettre en cause,
Faire face à l’insupportable, s’accepter pauvre, relever la tête,
S’entraider pour avancer, s’écouter, s’entendre au-delà des larmes,
Être en lien dans la souffrance.
Savoir que c’est pour la vie, mais oser entrevoir un espoir,
Oser recommencer à vivre, faire un tout petit pas,
Commencer à « apprivoiser l’absence ».
Annick Ernoult
Espinosa Albert : "J'ai éclaté en sanglots..."
J’ai éclaté en sanglots.
J’ai un faible pour cette expression.
On n’éclate pas de faim ou de froid.
En revanche, on éclate de rire ou en sanglots.
Il est des sentiments qui justifient qu’on vole en éclats.
Albert Espinosa
F
Fabienne, Maman d'Isabelle : "Isabelle, ma fille, je t'aime tellement"
Isabelle, ma fille, je t’aime tellement
Tu as laissé dans mon cœur une trace intensément brûlante, mélange de lumière et de douleur.
Je sens l’immensité de cet espace que tu m’offres, l’urgence de vivre que tu m’as enseignée et la blessure du manque;
comment vivre sans toi, que faire du vide laissé par ton départ?
Tu m’as révélé à moi-même la possibilité d’amour incroyable qui sommeillait en moi.
Au fil de ces mois de maladie, prendre soin de toi, de tes souffrances et de tes joies, de tes espoirs et de tes désespoirs, de ta vitalité farouche, assister le beau processus de transformation de ton âme en papillon céleste, te donner tout ce que j’ai et tout ce que je n’ai pas.
Avec toi, j’ai découvert la source intarissable qui nous a fait déplacer les montagnes du découragement, traverser les océans de larmes, transmuter l’angoisse et la douleur en une danse de confiance et d?ouverture, une danse de vie qui se poursuit bien au-delà de ta mort.
Isabelle, ma fille, je t’aime tellement.
Je n’en finis plus de résonner au chant de ton passage sur terre et dans ma vie, de respirer le bruissement de l’air que tu as déplacé.
Fabienne, ta Maman
Fabienne, Maman de Louis : "Louis"
Je suis très heureuse de t’avoir connu, d’avoir pu t’aimer, te chérir…
Ce fut une joie et un bonheur immense de t’avoir dans notre famille !
13 ans, 4 mois, 22 jours…beaucoup trop peu…
Mon enfant chéri, tu es encore là et le seras pour toujours, bien au chaud près de moi…
Fable Isabelle : "Un caillou"
Un caillou
Il en faut de l’amour, du travail et du cœur.
Il en faut des brindilles pour façonner un nid.
Il en faut des duvets, des plumettes et des fleurs,
Pour que chante l’oiseau qui s’éveille à la vie.
Il en faut des mouchettes, pucerons, vermisseaux,
Pour que poussent les plumes et que battent les ailes.
Il en faut du courage à ce petit oiseau,
Pour s’élancer un jour dans le vent qui l’appelle.
Mais pour que l’oiseau meure,
Il suffit d’un caillou.
Isabelle Fable
Feillet Bernard : "Errance"
Errance
Comme il est dur de se quitter sans s’être tout dit. Dans les premiers temps, on éprouve cette douleur : j’aurais aimé lui dire et je n’ai pu le dire.
Comment pourrions-nous éviter cette douleur, puisqu’elle est la douleur de la mort, dans ce dialogue inachevé qui ne pouvait pas être conduit au terme. La mort c’est que le dernier mot n’est jamais prononcé.
Avec le temps, le dialogue reprend doucement, parfois sans paroles, et pourtant nous entendons qu’en nous-mêmes l’entretien se poursuit, qu’il ouvre un chemin.
Après tout ce n’est pas si grave de n’avoir pu l’achever quand il nous semblait que c’était encore temps, puisque entre vivants nous en étions incapables et que le don que nous accorde la mort est de le poursuivre.
Bernard Feillet
Forest Philippe : "L'enfant éternel"
L’enfant éternel
Pauline est une petite fille de trois ans qui fait le bonheur de ses parents jusqu’au
jour où les médecins lui découvrent un ostéosarcome (cancer des os).
La vie bascule pour tous les trois, d’autant plus que le cancer s’avère extrêmement
virulent. Tout est tenté pour la sauver : interventions chirurgicales multiples, cures
de chimiothérapie, radiothérapie…
Mais à quatre ans, la petite fille meurt.
Le livre, écrit par le Papa, retrace le parcours des parents et de l’enfant pendant
l’année qu’a duré sa cruelle maladie.
Il s’arrête au décès de Pauline.
J’ai trouvé magnifique tout ce que les parents inventent pour rassurer leur petite
fille, sans lui mentir.
“Un oiseau chante.
− Tu entends, Papa?
− Oui, j’entends.
Un oiseau est venu chanter pour toi. C’est ton oiseau. (…) Il viendra chaque fois
que tu seras triste et que tu auras besoin de lui. Il parle le langage des oiseaux.
Écoute, il dit : “Ne t’inquiète pas, Pauline, tout ira bien…”
Ce livre dur m’a touchée parce qu’il montre aussi bien le combat de l’enfant – que les
circonstances font grandir beaucoup plus vite que les autres petites filles de son âge
– que celui des parents, qui mettent toutes leurs forces en œuvre pour rendre doux,
humain, souvent même joyeux, chaque jour de cette année terrible : “son courage
rend possible leur courage et, à son tour, se nourrit de lui”.
Aux souvenirs du dernier hiver “heureux”, avant la découverte de la maladie, succède
la description de la progression du mal, de toutes les démarches thérapeutiques vainement
entreprises et de l’incroyable résilience de la petite fille.
Les parents font appel à toutes sortes d’histoires pour rendre supportable l’insupportable
: “Tu ne dors pas, Petit Ours?”, “Mowgli”, “Boucle d’Or”…, et surtout “Peter
Pan”, qui occupe une place particulière dans le livre, car c’est l’histoire préférée de
la petite, et son père la transforme à mesure que la santé de Pauline se dégrade et
que l’espoir de la sauver s’amenuise, pour la préparer à la mort, de la façon la plus
douce et la plus réconfortante possible.
C’est ce que j’ai trouvé de plus fort dans le livre : la façon dont les parents arrivent
à parler de la mort sans en parler, par le biais des contes, et la façon dont ils arrivent
à préserver le jeu et le rire dans la vie de Pauline.
Les émissions de TV jouent aussi un rôle important : Sailor Moon et ses supers – pouvoirs,
Bonne Nuit les Petits…
L’auteur, qui est écrivain et professeur de littérature, cherche aussi du réconfort
chez des auteurs qui ont traversé un drame semblable, comme Victor Hugo et Stéphane
Mallarmé.
Attention, c’est un livre très dur par moments, dans la description des ravages de
la maladie et de l’agonie de l’enfant.
Philippe Forest
Forestier Mathilde et Sébastien : "Un pas à la fois..."
Un pas à la fois,
Une respiration à la fois,
Un mot à la fois,
Un jour à la fois.
Sois doux avec toi-même.
Donne-toi un peu de temps.
Mathilde et Sébastien Forestier
Fossion André : "Le temps d'une enfantine confiance"
Le temps d’une enfantine confiance
Les civilisations, depuis tous temps, ont imaginé des au-delà : Hadès, Shéol, paradis et enfer, etc. (…) Mais il n’en reste pas moins que, pour la raison, toutes ces figures de l’au-delà, riches en imagination, relèvent bien de la structure de l’illusion.(…)
Et pourtant, ne pourrait-on aborder les choses tout autrement, par un autre biais, en changeant de regard? En réalité, l’étonnant, l’improbable, l’incroyable est déjà arrivé.
Il réside dans notre “surrection” elle-même, celle que nous éprouvons aujourd’hui dans notre existence relationnelle et désirante. (…)
Qu’il y ait quelque chose plutôt que rien, que nous soyons ainsi jetés dans l’existence est un mystère qui ne souffre pas d’explication.
De ce point de vue, la perspective d’une résurrection n’est pas moins étonnante, n’est pas moins impossible ou incroyable que la vie elle-même qui nous est donnée aujourd’hui.
Pourquoi moi, avec le corps qui est le mien, puissance de désir et de relation, serais-je rejeté dans le néant alors que j’en été tiré? Pourquoi la vie physique, une fois épuisée, ne serait-elle pas relevée de la même manière qu’elle a été suscitée ?
Au nom de quoi, par quel goût de mort, pourrions-nous prétendre, a priori, que la vie suscitée en nous ne pourrait être ressuscitée à nouveau dans une nouvelle donation aussi étonnante que la première?
L’étonnement d’exister que nous pourrions éprouver alors ne serait pas moindre que celui d’exister aujourd’hui. (…)
La question n’est pas de “croyance” en un autre monde caché derrière le nôtre, mais de “confiance” dans ce qui nous a suscités à l’existence, dans l’espérance que nous ne serons pas abandonnés dans le néant dont nous avons été tirés.
En d’autres termes, la foi dans la résurrection n’est pas autre chose que la confiance dans la puissance qui nous tient en vie aujourd’hui. (…)
La résurrection s’inscrit dans l’ordre d’une recréation tout aussi gracieuse, tout aussi étonnante et incroyable que notre première création.
Encore faut-il que j’ose m’abandonner à cette confiance première en la vie sans en limiter a priori le terme, en dépit de la mort. En dehors de cette confiance, que serait la vie sinon un projet sans destinée, promis à être réduit à rien, même s’il a eu le mérite d’exister juste un moment ? (…)
En fait, le désir humain qui nous habite ne soutient son élan qu’en transgressant, qu’il le veuille ou non, les frontières de la mort, même s’il se reconnaît impuissant devant elle. (…)
Pas de preuve. Juste une faille, une trouée, une trace, un tracé…
André Fossion
Fosty Gaël : "Léa"
Je voudrais vous partager une histoire,
Vous faire part de ce qui me reste en mémoire.
C’est l’histoire d’une fille qui vivait sa vie dans l’insouciance,
Celle de l’enfance.
Elle aimait gambader dans les champs avec une certaine imprudence,
Elle dégageait ce doux mélange entre pétillance et bienveillance,
Elle menait ses projets avec vaillance,
Elle vivait sa vie dans l’ignorance,
Mais la vie apporte son lot d’incohérences…
Un après-midi sous le soleil du mois de juin,
Au cours d’une balade aux airs bohémiens,
Une chute soudaine, son corps, sur le sol.
Les médecins ont déclaré : « elle s’en est allée »
Je suis écœurée !
Pourquoi ?
Pas de réponse, le chagrin est en train de me noyer,
Je suis foudroyée, je suis en train de tomber.
Léa, n’est plus là
Mais elle est toujours avec moi.
Mon plus beau souvenir, c’est son sourire.
Dans mon cœur, Léa, ma soeur, c’est mon plus grand bonheur,
Mais c’est, aussi, ma plus grande douleur.
Gaël Fosty, Soeur de Léa
Francine, Maman de Pierrot : "A mon fils Pierrot"
A mon fils Pierrot
Ma force à moi, c’est ta présence
Au plus profond de chacun de mes sens
Et je sais que le silence de certains
Peut me faire beaucoup de chagrin.
Mais nous sommes tous très différents
De cœurs divers manquant de temps
Acceptons-le tout simplement
Et partageons ce bon moment.
J’ai bien compris que l?amitié
L’élan de cœur, y a que ça de vrai
La vie est parfois si fugace
Profitons bien du temps qui passe.
Francine, Maman de Pierrot
Françoise, Maman d'Adrienne : "Chère équipe de Parents Désenfantés"
Chère équipe de “Parents Désenfantés”,
Une fois encore, un immense merci à tous les membres de votre
équipe, qui avez accueilli les parents avec chaleur samedi passé.
Je continue à penser que votre engagement est utile et précieux,
petite pierre où poser le pied sur ce chemin long et ardu qu’est le
deuil d’un enfant.
J’ai appris cette semaine, qu’un mot figure dans le vocabulaire
Canadien, alors qu’il est peu ou pas utilisé chez nous: la personne
en deuil est appelée “un deuilleur” ou “une “deuilleuse”,
mot qui a un sens plus dynamique que l’expression “être en deuil”.
Je partage avec vous ces quelques lignes d’un compositeur anonyme :
Je connais l’impuissance
Je connais la douleur
Je connais le vide
De l’impuissance naît la force
De la douleur naît le courage
Du vide je renaîtrai.
Bien cordialement à vous.
Françoise, Maman d’Adrienne
Françoise, Maman d'Adrienne : Extrait de "la disparition" de Jurgensen
Extrait de «La disparition » de Jurgensen
« Et puis c’est de soi qu’un jour
on découvre qu’il faut faire le deuil,
ce soi intact auquel il faut renoncer.
Faire son deuil, c’est consentir à devenir quelqu’un d’autre,
accepter de vivre mutilé. »
Françoise, Maman d’Adrienne
Françoise, Maman d'Adrienne : "La gloire d'Inès"
« La gloire d’Inès » De Philippe Delaroche
Philippe Delaroche perdit sa fille Inès, âgée de 20 ans,
le jour de printemps 2009 dans un incendie au cœur de Paris.
Durant 6 ans, il a vécu avec cette déchirure sans remède
au cœur et au corps avant de pouvoir
en quelque sorte l’exorciser en écrivant à la gloire de sa fille aimée.
Tout au long de ces pages Philippe Delaroche
crie silencieusement au monde
sa douleur irrépressible de l’enfant mort.
Des extraits du journal d’Inès apportent
un éclairage important sur les relations père-fille.
L’auteur cherche des appuis
dans la littérature, la musique et la religion.
Il fait également référence aux drames
qui ont marqué la vie de grands hommes,
tous ayant vécu une expérience similaire à la sienne
(Victor Hugo – Shakespeare- Lamartine – Michel Serrault….).
Il met en lumière la parole de ces pères orphelins
face à la douleur contre nature de la perte d’un enfant.
Comment un père peut-il se relever
Suite au décès d’un enfant ?
Philippe Delaroche étudie ces questions
avec justesse et émotion.
Un livre débordant de questions existentielles,
de tendresse et d’amour.
Extrait :
« S’il m’était odieux d’être séparé d’Inès
depuis le 21 mars 2009, je ne l’ai pas perdue.
L’évènement capital n’est pas la mort d’Inès
mais qu’il nous ait été donné
de la voir naître, exister, s’exprimer. »
Françoise, Maman d’Adrienne
Françoise, Maman d’Adrienne : "Témoignage à la suite d’une rencontre"
Témoignage à la suite d’une rencontre
Merci pour cette après-midi de rencontre organisée samedi passé.
Personnellement j’y ai trouvé du réconfort.
Rencontrer tous ces parents ayant vécu l’épreuve de la mort d’un enfant,
de son enfant, a fait s’éloigner de moi le sentiment de solitude dans ce
chemin de deuil.
Je me sens soutenue par une communauté, et même si le contact est espacé,
ce soutien se prolonge au-delà de la rencontre.
J’ai ressenti un condensé d’humanité, et un grand respect de l’individualité
de chacun.
Françoise, Maman d’Adrienne
Françoise, Maman d’Adrienne : "Vivre sans toi..."
“Nous avons perdu bien plus qu’un frère ou une sœur, nous avons perdu notre famille et nos parents d’avant”
Vivre sans toi…
Témoigner après la mort d’un frère ou d’une sœur Angela Triponel et Nathalie Hamza (Chronique sociale)
Des frères et des sœurs sortent du silence et vous offrent leur histoire. Chaque témoignage relaté est une expérience unique et néanmoins nous rejoint dans ce que nous avons de plus profond: notre humanité.
Des jours, des mois et parfois des années après le décès ou la disparition de leur frère ou de leur sœur, 91 personnes de 6 à 70 ans témoignent pour la première fois, en mots simples et authentiques.
Le deuil d’un frère ou d’une sœur est souvent tabou : peu reconnu dans la société, souvent minimisé et vécu dans le silence et l’isolement. Or le lien fraternel est fort et unique, il touche la plupart du temps le lien du sang.
Ce décès n’est pas dans l’ordre des choses; il bouleverse l’équilibre de la famille, la relation avec les parents. Rien ne sera plus jamais comme avant. Parfois les frères ou les sœurs pensent que ce sont les parents qui sont endeuillés, non pas eux-mêmes, et ils ne se donnent pas le droit avoir du chagrin.
En perdant un frère ou une sœur, on perd une partie de soi, la personne avec qui on a partagé son enfance, ses souvenirs, et il va falloir vieillir sans lui. En plus de la tristesse, de nombreuses émotions qu’on ne comprend pas peuvent submerger: la colère, la peur, la culpabilité…
Dans ce recueil, les témoignages sont rassemblés par thème dans un parcours qui mène du lien fraternel unique à l’apaisement en passant par la douleur, le manque, la famille, l’entraide, l’espoir, la confiance et la reconstruction.
Chaque thème s’ouvre par l’introduction de Danielle Colas- Edelman, psychothérapeute: petits textes intenses d’une page et qui sont de précieux repères et donnent avec l’ensemble des témoignages des ressources pour traverser cette épreuve.
Ce livre vient rappeler que chaque deuil est unique, il n’y a pas de modèle à suivre. Chacun vit le deuil à son rythme, à sa façon, à travers les filtres de son histoire personnelle et familiale.
Il s’adresse aux frères et aux sœurs endeuillés, mais aussi aux parents, à la famille et à tous ceux touchés par le deuil.
Françoise, Maman d’Adrienne
Franklin Benjamin : "Ce qui blesse..."
Ce qui blesse, instruit.
Benjamin Franklin
Fugain Marie : "Moi, on ne m'a jamais demandé comment j'allais..."
Extrait du livre de Marie Fugain “Moi, on ne m’a jamais demandé comment j’allais…”
G
Gaboury Placide : "On ne détruit pas les ténèbres"
« On ne détruit pas les ténèbres en luttant contre elles, mais en allumant la lumière.
On ne détruit pas le mal en luttant contre lui, mais en faisant le bien.
On ne détruit pas la haine ou la peur en s’acharnant contre elles, mais en laissant monter la tendresse-amour.
C’est en allant vers l’est que l’on s’éloigne de l’ouest.
C’est en allant vers plus de vie qu’on dépasse la mort. »
Placide Gaboury
Geneviève, Maman de Jonathan : "Jonathan, mon enfant"
Jonathan, mon enfant,
Sans toi, ma vie est un jardin sans fleur, un océan sans eau,
un ciel sans soleil, une éclipse totale et définitive!
Ton beau visage, tes yeux, ton sourire, tes mains,
ta façon complice de me regarder, tout de toi illuminait ma vie.
Sache que tu as embelli ma vie, que tu m’as apporté tellement
de bonheur et d’amour.
J’ai toujours cru en toi,
JAMAIS je t’abandonnerai, je serai toujours là pour toi,
tout contre toi!
Même les mots ” je t’aime” ne sont pas assez forts
pour t’exprimer TOUT l’amour que j’ai pour toi!
Geneviève, Maman de Jonathan
Gérin Hélène : "Dans ces moments-là"
« On entend souvent dire « de toute façon, dans ces moments-là, il n’y a rien à dire ». Je crois plutôt à la magie du verbe. Cette parole qui, une fois partagée, délie les cœurs et permet de mieux se comprendre. Mettre nos maux en mots, libérer la parole, aborder avec profondeur et simplicité ce qui se tait habituellement jusqu’à transformer l’indicible. Oser dire sa vérité et faire le premier pas pour communiquer, alors qu’on pourrait choisir la facilité du repli : il s’agit là, je trouve, d’actes courageux, au sens étymologique du terme, c’est-à-dire des actes qui font appel aux forces du cœur. Je suis profondément émue quand, d’un simple mot ou d’un simple regard, l’on parvient à remettre de la fluidité là où il en manquait, et quand la parole permet de nous unir, plutôt que de nous éloigner les uns des autres. »
Hélène Gérin
Livre sur le deuil périnatal.
Disponible à la bibliothèque de l’association.
Gianadda Jean-Claude : "
Tu es parti en emportant
Tu es parti en emportant
Une part essentielle de moi-même
Que vais-je faire maintenant
De nos projets de nos : « je t’aime »
Et tu me vois, perdu, errant
Là, au milieu des chrysanthèmes
Tu es parti en emportant
Une part essentielle de moi-même.
Il y aura toujours – une lampe qui brille
Il y aura toujours une lampe allumée
Tu es parti en emportant L’essentiel de mon existence
Que vais-je faire maintenant De ces journées sans importance
Je n’ai plus rien : que seulement UNE PRÉSENCE DANS L’ABSENCE
Tu es parti en important L’essentiel de mon existence.
Tu es parti en me laissant Bien plus qu’une immense blessure
Que vais-je faire maintenant De toutes ces journées si dures
Mais tu me pousses, je le sens À inventer ma vie future
Pour aller encor’ de l’avant J’ferai d’ mon mieux, je te l’assure.
Il y aura toujours – une lampe qui brille
Il y aura toujours une lampe allumée…
Donnons-nous rendez-vous, là-bas sur « l’autre rive »
En gardant, jusqu’au bout, cette lampe allumée…
Jean-Claude GIANADDA
Giono Jean : "Le soleil"
Le soleil n’est jamais si beau qu’un jour où on se met en route.
Jean Giono
Gine Line : "L'inacceptable"
L’inacceptable
On peut se dire
Que l’irrémédiable
Avec le temps
Peut réunir l’oubli
Avec l’amour
Pour vous retenir
Juste laisser
Un peu d’espérance
A peine murmuré
Sous un silence
Mais il y a
L’inacceptable
Qui vient tout bousculer
Une erreur de là-haut
Qu’on a pas demandée
Mais il y a l’inacceptable
En plein vol, foudroyé
Et qui vient tout reprendre
Tout ce qu’on vous a donné
Et vous laisse
Comme une impression
Une impression d’inachevé
On peut se dire
Que l’inconcevable
Peut arriver
Un jour sans faire de bruit
Tout bouleverser
Sans vous prévenir
Même s’y attendre
Parce que quoi qu’on fasse
On sait le mur
Au bout de l’impasse
Mais il y a
L’inacceptable
Qui vient tout bousculer
Une erreur de là-haut
Qu’on a pas demandée
Mais il y a l’inacceptable
En plein vol, foudroyé
Et qui vient tout reprendre
Tout ce qu’on vous a donné
Et vous laisse
Comme un injustice
Une injustice inacceptable
Mais il y a l’inacceptable
En plein vol, foudroyé
Et qui vient tout reprendre
Tout ce qu’on vous a donné
Et vous laisse
Comme une impression
Une impression d’inachevé…
Gine Line
Goeseels Philippe : "Le Passeur"
Le Passeur
Un jour le passeur viendra
A l’heure qui lui plaira
Et je m’embarquerai
Vers mon pays d’éternité
Je laisserai pour héritage
Des sourires sur des visages
Je laisserai de mon bonheur
Toutes les œuvres de mon cœur
Je laisserai de mes chemins
Toutes les œuvres de mes mains
Je laisserai le peu et le trop
J’embarquerai sur mon bateau
J’embrasserai une dernière fois
Cette terre qui porta mes pas
Cette terre nourricière
De mes printemps, de mes hivers
J’embrasserai tous les miens
Les consolant de leur chagrin
Je dirai adieu, à bientôt
J’embarquerai sur mon bateau
Nous larguerons les amarres
Ce sera le grand départ
Il sera magnifique
Cet océan vraiment pacifique
Nous larguerons les amarres
Ce sera le grand départ
Il sera magnifique
Cet océan vraiment pacifique
Nous verrons la lumière
Nous inonder sur la mer
Je verrai ce qui dans ma vie
Aura été le plus joli
M’apparaîtra sur l’horizon
Je dirai à l’équipage
Que là se trouve ma maison
Et plus près du rivage
Je verrai sur la plage
Un enfant sautant de joie
Je suis sûr que tu seras là
Et la fin du voyage
M’apportera ton gai visage
Je serai si plein de joie
De te revoir une nouvelle fois
Je sauterai dans tes bras
Plus rien ne nous séparera
Je dirai : » merci, passeur »
En le payant de mon bonheur
Un jour le passeur viendra
A l’heure qui lui plaira
Et je m’embarquerai
Vers ton pays d’éternité.
Philippe Goeseels
Gohier Jo : "Parole"
Parole
Au cœur de l’amour blessé,
Au cœur de la vie blessée
Au cœur de l’homme blessé
Quelle parole dire,
Qui soit parole de paix,
Qui soit parole d?espoir,
Qui soit parole de guérison ?
Peut-être parole sans parole
Il y a des silences qui apportent la paix.
Il y a des regards qui apportent l’espoir.
Il y a des mains qui apportent guérison.
Mais qu’on parle ou qu’on de taise, que ce soit par amour !
La blessure de la vie ne supporte
Ni l’hypocrisie, ni la pitié,
Mais seulement l’amour et la tendresse.
Jo Gohier
Goldman Jean-Jacques : "Tu t'en es allée..."
« Tu t’en es allée
À tout petits pas
Au fond de nos pensées
Là où notre cœur bat. »
Jean-Jacques Goldman
Goldman Jean-Jacques : "Vole"
Vole
Vole vole petite aile
Ma douce, mon hirondelle
Va t’en loin, va t’en sereine
Qu’ici rien ne te retienne
Rejoins le ciel et l’éther
Laisse-nous laisse la terre
Quitte manteau de misère
Change d’univers
Vole vole petite soeur
Vole mon ange, ma douleur
Quitte ton corps et nous laisse
Qu’enfin ta souffrance cesse
Va rejoindre l’autre rive
Celle des fleurs et des rires
Celle que tu voulais tant
Ta vie d’enfant
Vole vole mon amour
Puisque le nôtre est trop lourd
Puisque rien ne te soulage
Vole à ton dernier voyage
Lâche tes heures épuisées
Vole, tu l’as pas volé
Deviens souffle, sois colombe
Pour t’envoler
Vole, vole petite flamme
Vole mon ange, mon âme
Quitte ta peau de misère
Va retrouver la lumière.
Paroles et musique: Jean-Jacques Goldman Paroles de la chanson “Vole” que Céline Dion a chanté à la mémoire de sa nièce.
Gouvernec Arnaud : "Il n’y a pas de temps"
Il n’y a pas de temps,
Il n’y a pas d’espace !
L’erreur est de croire que nous sommes loin.
Nous sommes tout près.
Arnaud Gouvernec
Grand Corps Malade : "Nos absents"
Nos absents
C’est pas vraiment des fantômes,
mais leur absence est tellement forte
Qu’elle crée en nous une présence qui nous rend faible ou nous supporte
C’est ceux qu’on a aimés qui créent un vide presque tangible
Car l’amour qu’on leur donnait est orphelin et cherche une cible
Pour certains on le savait, on s’était préparé au pire
Mais d’autres ont disparu d’un seul coup, sans prévenir
On leur a pas dit au revoir, ils sont partis sans notre accord
Car la mort a ses raisons que notre raison ignore
Alors on s’est regroupé d’un réconfort utopiste
À plusieurs on est plus fort mais on n’est pas moins triste
C’est seul qu’on fait son deuil, car on est seul quand on ressent
On apprivoise la douleur et la présence de nos absents
Nos absents sont toujours là, à l’esprit, dans nos souvenirs
Sur ce film de vacances, sur ces photos pleines de sourires
Nos absents nous entourent et resteront à nos côtés
Ils reprennent vie dans nos rêves, comme si de rien n’était
On se rassure face à la souffrance qui nous serre le cou
En se disant que là où ils sont, ils ont sûrement moins mal que nous
Alors on marche, on rit, on chante, mais leur ombre demeure
Dans un coin de nos cerveaux, dans un coin de notre bonheur
Nous, on a des projets, on dessine nos lendemains
On décide du chemin, on regarde l’avenir entre nos mains
Et au coeur de l’action, dans nos victoires ou nos enfers
On imagine de temps en temps que nos absents nous voient faire
Chaque vie est un miracle, mais le final est énervant
Je me suis bien renseigné, on n’en sortira pas vivant
Il faut apprendre à l’accepter pour essayer de vieillir heureux
Mais chaque année nos absents sont un petit peu plus nombreux
Chaque nouvelle disparition transforme nos coeurs en dentelle
Mais le temps passe et les douleurs vives deviennent pastel
Ce temps qui, pour une fois, est un véritable allié
Chaque heure passée est une pommade, il en faudra des milliers
Moi, les morts, les disparus, je n’en parle pas beaucoup
Alors j’écris sur eux, je titille mes sujets tabous
Ce grand mystère qui nous attend, notre ultime point commun à tous
Qui fait qu’on court après la vie, sachant que la mort est à nos trousses
C’est pas vraiment des fantômes, mais leur absence est tellement forte
Qu’elle crée en nous une présence qui nous rend faible ou nous supporte
C’est ceux qu’on a aimés qui créent un vide presque infini
Qu’inspirent des textes premier degré
Faut dire que la mort manque d’ironie
Grand Corps Malade
Gray Martin : "Je clame"
Je clame
Que la Vie est indestructible
Malgré la mort.
Que l’espoir est un vent vif
Qui doit balayer le désespoir
Que l’autre est un frère
Avant d’être un ennemi
Qu’il ne faut jamais désespérer
De soi-même et du monde
Que les forces qui sont en nous,
Les forces qui peuvent nous soulever sont immenses.
Qu’il faut parler d’amour
Et non les mots de la tempête et du désordre
Que la vie commence aujourd’hui et chaque jour
Et qu’elle est espoir.
Martin Gray
Gray Martin : "La mort de ceux qu’on aime"
La mort de ceux qu’on aime,
La mort des enfants, cela nous semble injuste.
Un arbre est déraciné sous lequel
On aimait vivre,
Un arbre est abattu qui n’avait pas encore
Ses fruits.
La mort des êtres chers
C’est un cyclone qui vous aspire,
Où l’on peut se laisser entraîner
Où l’on peut se laisser noyer
Il faut s’éloigner du cyclone
Il faut vouloir survivre.
Croire, c’est vouloir vivre.
Vivre jusqu’au bout malgré la mort,
Croire, c’est croire en la vie.
Et donner la vie, c’est combattre la mort.
Car la vie doit chasser la mort.
Être fidèle à ceux qui sont morts,
C’est vivre comme ils auraient vécu
Et les faire vivre en nous.
Martin Gray
Gray Martin : "La source"
Quand l’homme a écouté la source qui est en lui, qui peut dire jusqu’où il s’élèvera ?
Martin Gray
Grégoire : "Chanson pour un enterrement"
Chanson pour un enterrement
Je ne crois pas que tu meurs
Je ne crois pas que je pleure
Non je n’y crois pas
Je n’crois pas que tu t’en vas
dans ce cercueil seul et froid
Non je n’y crois pas
Car je crois que tu es là
Que tu marches auprès de moi
Oh Oui ça j’y crois
Et je crois bien que tu restes
A côté dans l’autre pièce
Oh Oui ça j’y crois
Je ne crois pas à l’enfer
De te voir là sous la Terre
Non je n’y crois pas
Je ne crois pas au silence
A la peur ou à l’absence
Non je n’y crois pas
Mais je crois que tu es là
Dans mon cœur au fond de moi
Oh Oui ça j’y crois
Et je crois que tu me serres
Comme tu me serrais hier
Oh Oui ça j’y crois
Oui je crois que tu m’embrasses
Que personne ne te remplace
Oh oui ça j’y crois
Et j’y croirai pour toujours
Tant qu’il reste de l’amour
Oh Oui crois-moi
Je ne crois pas à la mort
De l’esprit même si le corps lui un jour s’en va
Car je crois bien que tu restes
A côté dans l’autre pièce
Oh Oui ça j’y crois
Et j’y croirai pour toujours
Car ça ne meurt jamais l’amour
Oh Oui ça j’y crois
Oui j’y croirai pour toujours
Car ça ne meurt pas l’amour
Oh oui crois-moi
Et j’y croirai pour toujours
Car ça ne meurt jamais l’amour
Et moi ça j’y crois
Oui j’y croirai pour toujours
Car il ne meurt pas l’amour que j’ai pour toi
Grégoire
Grégoire : "Ta main"
Ta main
Tu sais que j’ai du mal,
Encore à parler de toi,
Il parait que c’est normal,
Il n’y a pas de règles dans ces jeux là.
Tu sais j’ai la voix qui se serre,
Quand je te croise dans les photos,
Tu sais j’ai le coeur qui se perd,
Je crois qu’il te pense un peu trop.
C’est comme ça,
C’est comme ça.
J’aurais aimé tenir ta main,
Un peu plus longtemps…
J’aurais aimé tenir ta main,
Un peu plus longtemps…
J’aurais aimé que mon chagrin,
Ne dure qu’un instant.
Et tu sais j’espère au moins,
Que tu m’entends.
C’est dur de briser le silence,
Même dans les cris, même dans la fête,
C’est dur de combattre l’absence,
Car cette conne n’en fait qu’à sa tête.
Et personne ne peut comprendre,
On a chacun sa propre histoire.
Grégoire
Grégoire : "Ton silence..."
Ton silence…
Ton silence est incroyable.
Un quelque chose d’impalpable qui tourne autour de moi.
Tard, il est tard, dans ton absence et j’ai froid
Impossible de dormir, de t’oublier.
Mon corps le voudrait pourtant.
Je me recroqueville comme un bébé.
Mes paupières sont lourdes.
Mais ma main te pense encore et pour toujours.
Tu es de ces souvenirs avec lesquels il faut vivre bon gré mal gré.
Je garde le meilleur de nous pour continuer à avancer,
Car mon espoir avance, que je le veuille ou non.
Je ne sais pas pourquoi.
J’espère que cela te soulage.
Les peines se dissipent toujours comme les nuages.
Mais jamais, oh non jamais, je ne t’oublierai.
Grégoire
Groben Joseph : "De Ciceron à Simenon"
De Ciceron à Simenon
Les Editions Persée, Aix-en-Provence, 2014.
Joseph Groben, les Editions Persée, Aix-en-Provence, 2014
Ce livre rassemble les témoignages d’une quarantaine d’hommes illustres (écrivains, musiciens, hommes politiques, philosophes, hommes de science…) qui tous ont vécu la perte d’un ou de plusieurs de leurs enfants, tous âges, toutes causes et toutes circonstances confondues, depuis l’Antiquité jusqu’aux années 1980.
L’auteur décrit la vie et l’oeuvre de chaque personnage, son rôle de père et la réaction de chacun des parents à la perte d’enfant(s).
Illustré de portraits très touchants, le livre foisonne d’exemples de résilience des parents, sous forme de regain de création artistique ou d’engagement, qu’il soit politique, social ou scientifique.
Voici quelques-unes des musiques magistrales composées dans ce contexte dramatique :
* Requiem en ut mineur de Michael HAYDN, après le décès de sa petite fille Aloisia (1 an) ;
* Requiem pour Mignon op.98 de Robert SCHUMANN, écrit peu de temps après la mort de son fils Emil (16 mois) ;
* Prélude pour orgue sur Pleurer, Gémir, s’inquiéter, Désespérer (d’après la Cantate BWV 12 de Bach) et l’ode funèbre Les Morts de Franz LISZT, pour son fils Daniel (20 ans) ; son oratorio Christus, composé après la mort de sa fille Blandine (27 ans) ;
* Le Trio pour piano, violon et violoncelle en sol mineur de Bedrich SMETANA, en souvenir de sa fille Bedriska, décédée à 4 ans;
* Le Stabat Mater op.58 d’Antonin Dvorak, suite au décès de ses trois premiers enfants en bas âge.
Joseph Groben
Grossman David : "La vie de l'enfant..."
La vie de l’enfant
Se trouve maintenant dans l’univers
A une distance qui permet aux parents
De l’embrasser du regard, d’un unique regard
Dans sa totalité
Du début à la fin.
Extrait de « Tomber hors du temps » de David Grossman
Grossman David : "L'homme qui marche"
Grossman David : "J’ai pensé à mon fils"
Je lui ai parlé intérieurement.
Nous nous sommes au moins quittés sans colère
-Lui ai-je dit-
Et sans rancœur.
Tu nous as aimés, et tu étais aimé.
Et tu savais
Que tu l’étais.
Je lui ai dit: Puis-je demander une faveur?
Je veux apprendre à séparer
La mémoire
De la douleur.
Du moins en partie,
Autant que possible, afin que tout le passé
Ne soit pas à ce point imprégné de douleur.
De la sorte, je pourrai aussi me souvenir de toi
Davantage,
Tu comprends: je n’aurai plus à craindre chaque fois
Guillevic : "De l'hiver (passage)"
Noël qui arrive,
il y a toujours dans le plus noir des noirs
de la lumière à supposer,
à voir déjà monter,
même en dehors de soi,
surtout lorsque la nuit où l’on patauge
est la plus longue.
C’est un tunnel sans voûte
qui débouche
dés maintenant
Sur un enfant de lumière.
Gwenaëlle, Maman d'Éléonore : "Cela fait 7 ans..."
Cela fait 7 ans.
Que ton absence fait partie de notre quotidien….
Qu’elle est une cicatrice que l’on montre ou cache selon l’heure et le lieu…
Que nous percevons le monde à travers ce filtre étrange et fluctuant…
Que le temps s’étire et nous éloigne de toi…
Pourtant nous aimons, nous rions, nous cherchons de nouveaux chemins…
Gwenaëlle, Maman d'Éléonore : "Les Projets d'Éléonore"
Éléonore est décédée en juillet 2011 pendant son camp de lutins. Deux ans plus tard, à l’automne 2013, j’ai eu envie de faire quelque chose en sa mémoire. J’avais, jusque là, travaillé comme journaliste spécialisée dans la santé, et connaissais bien les hôpitaux du pays, les médecins, etc. C’est un domaine qui m’a toujours intéressée… Sans idée très précise, je suis allée en discuter avec le service de communication des Cliniques Saint-Luc, avec lequel j’étais régulièrement en contact depuis 10 ans.
Tout a démarré très vite. J’ai rencontré les chefs de service de pédiatrie, on a échangé, ils m’ont parlé de leurs besoins, etc. Et on a démarré… L’idée était de récolter des fonds, via toutes sortes d’évènements, pour financer divers projets au sein des Cliniques Saint-Luc, au bénéfice des enfants.
Pour récolter des fonds, nous avons eu des concerts, des pièces de théâtre, une brocante, des mariages qui nous ont choisis comme bonne œuvre, idem pour des anniversaires de 40, 50 ou 60 ans, etc, des dons spontanés, et surtout, une très grosse équipe de coureurs pour les 20 km de Bruxelles.
De l’autre côté, parmi les réalisations, il y a eu : des massages pour les enfants subissant des soins lourds, une machine d’expectoration dernier cri pour les enfants atteints de maladies neuromusculaires, la rénovation de l’école en pédiatrie (pour une meilleure hygiène), des ateliers enfants/ ados autistes pour les aider à développer leurs relations sociales, un livre guidant les parents pour la rééducation d’un bébé ayant été opéré d’une fente labio-palatine, des ateliers parents/enfants sur la dermatite pour une meilleure acceptation de la maladie et des soins, un livre guidant les parents dont l’enfant vient d’être diagnostiqué comme autiste, et plein d’autre choses encore…
Je ne suis pas la seule à m’investir dans une association après la mort de mon enfant. Doit-on nécessairement le faire pour aller mieux ? Pas du tout, bien sûr. C’est un choix très personnel. Il y a mille façons de se lancer dans une « nouvelle » vie après un tel drame. A chacun de le faire en fonction de qui il est, de ce qui lui correspond. D’un côté, j’ai toujours admiré le monde médical, et de l’autre, Éléonore était très attentive aux autres. C’est l’association de ces deux idées qui m’a donné l’idée de démarrer cela.
J’aime organiser et communiquer. La page Facebook « Les projets d’Éléonore » m’a permis d’atteindre beaucoup de monde.
Nous faisons partie de la Fondation Saint-Luc, qui prend en charge tout l’administratif… Ce qui m’arrange, car par contre, ce n’est pas mon fort…
Beaucoup d’amis, de connaissances, ont saisi cette opportunité pour se manifester, nous montrer leur soutien. Ils ont couru les 20 km de Bruxelles, ont participé à nos activités, ont donné un coup de main, etc.
Pour moi, c’est une manière positive et constructive de créer un sens après le drame. Je dis bien « créer », c’est important pour moi : car au départ, je ne vois aucun sens à la mort de ma fille. Mais je choisis d’en « fabriquer » un, pour aller au-delà du drame. C’est vraiment un choix. Qui durera un temps indéterminé : pas d’objectif, de pression…. Un matin, je me réveillerai sans doute en me disant que j’ai envie de passer à autre chose. Et ça sera très bien aussi.
Gwenaëlle, Maman d'Éléonore : "Texte d'accueil à la rencontre de septembre 2019"
Texte d’accueil à la rencontre de septembre 2019
Nous sommes des équilibristes. Nous marchons comme sur un fil, avec un précipice en-dessous, et parfois le vent qui nous perturbe, parfois l’appel du vide aussi. Et pourtant, nous essayons d’avancer.
Pour moi, pendant longtemps, l’été venait déranger le fragile équilibre trouvé pendant l’année : les amis, les activités, une routine rassurante…
L’été, tout s’arrête, on se sépare, on se retrouve un peu seul avec son deuil. Cela veut aussi dire, parfois, retourner sur les lieux de vacances où notre enfant a été. Avec des souvenirs de lui. Est-ce que ces souvenirs nous font du bien, ou sont-ils douloureux ? Un peu des deux, sans doute…
Rien n’est blanc ou noir.
Après l’été, c’est la rentrée. D’un côté cet équilibre, ce soutien, se remettent en place. Mais de l’autre, la rentrée, c’est une inscription à l’école ou à l’université, par exemple, qui ne se fait pas. On voit les autres reprendre le cours de leur vie, et c’est douloureux.
Dans les groupes, ici, nous vous proposons justement un lieu qui peut vous servir de soutien, sur lequel vous pouvez vous appuyer, pour avancer dans votre chemin de deuil et vous aider à ne pas perdre l’équilibre…
H
Hardy Françoise : "Tant de belles choses"
Tant de belles choses
Même s’il me faut lâcher ta main
Sans pouvoir te dire «à demain»
Rien ne défera jamais nos liens
Même s’il me faut aller plus loin
Couper les ponts, changer de train
L’amour est plus fort que le chagrin
L’amour qui fait battre nos cœurs
Va sublimer cette douleur
Transformer le plomb en or.
Tu as tant de belles choses à vivre encore
Tu verras au bout du tunnel
Se dessiner un arc-en-ciel
Et refleurir les lilas.
Tu as tant de belles choses devant toi
Même si je veille d’une autre rive
Quoi que tu fasses, quoiqu’il arrive,
Je serai avec toi comme autrefois
Même si tu pars à la dérive
L’état de grâce, les forces vives
Reviendront plus vite que tu ne crois
Dans l’espace qui lie le ciel et la terre
Se cache le plus grand des mystères.
Comme la brume voilant l’aurore
Il y a tant de belles choses que tu ignores
La foi qui abat les montagnes
La source blanche dans ton âme
Penses-y quand tu t’endors
L’amour est plus fort que la mort
Dans le temps qui lie ciel et terre
Se cache le plus beau des mystères
Penses-y quand tu t’endors
L’amour est plus fort que la mort.
Françoise Hardy
Hennuy Martine et Buyse Sophie : Extrait du livre "On va où quand est mort ?"
Extrait du livre “On va où quand est mort ?”
La nuit suivant, j’ai fait un rêve bizarre. Il faut absolument que je l’écrive pour ne pas l’oublier.
« Je suis seul dans la forêt.
Un lièvre traverse le sentier et s’immobilise devant moi.
Il me fixe droit dans les yeux, comme s’il voulait me dire quelque chose.
Je veux le caresser et c’est alors qu’il se met à tourner à toute vitesse
autour de moi et semble m’inviter à le suivre.
Il file à toute allure et m’entraîne dans son terrier.
Il y fait sombre et humide ; l’odeur de la terre pénètre mes narines.
Les galeries partent dans toutes les directions, comme un immense
labyrinthe. J’ai peur de me perdre mais le lièvre me rassure et ses yeux
brillants deviennent des phares qui illuminent le chemin.
Nous descendons profondément dans le cœur de la terre et je découvre
une vie grouillante cachée sous nos pas.
Le lièvre joue à cache-cache avec moi et, tout à coup disparaît de ma
vue. Il fait noir. J’ai peur, je me sens seul et abandonné. Je crie, appelle
le lièvre et ma voix me revient en écho, déformée. Au moment où je ne
l’attendais plus, ma main se pose sur une petite boule de poils bien
chaude. Je reconnais la fourrure toute douce de mon ami le lièvre qui se
glisse contre moi et me réconforte.
« Diégo, ce voyage souterrain t’a appris à traverser l’inconnu. Dans la
vie, il y a parfois des tunnels sombres, des labyrinthes qu’on n’ose pas
affronter, de crainte d’être englouti par la souffrance. Tu croyais être
seul au fond du trou mais beaucoup d’amis visibles et invisibles sont sur
ta route et peuvent te montrer la voie. Je resterai ton compagnon de
chemin. Quand tu te sentiras à nouveau perdu, tu pourras faire appel à
moi. »
Depuis que j’ai fait ce rêve, le lièvre est devenu très présent dans ma
vie. Je lui demande de l’aide quand j’ai des problèmes et je ressens vite
sa douceur et sa force.
Martine Hennuy et Sophie Buyse
Hennuy Martine : "Parler de la mort avec les enfants ?"
Parler de la mort avec les enfants ?
Notre expérience nous a montré combien les adultes sont mal à l’aise pour aborder
ces questions avec l’enfant, qu’il s’agisse de la famille, des amis, des enseignants et
même des professionnels. Et ce sont là nos propres angoisses, nos propres affects qui
sont en jeu et dont nous avons à nous occuper pour accompagner au mieux l’enfant.
A partir du moment où nous autorisons les enfants à parler de la mort, ils ont beaucoup
de choses à nous dire et ils peuvent nous guider dans nos interventions.
L’enfant recherche le contact avec la personne décédée. Et c’est bien de cela dont il
est question dans le travail du deuil, à savoir dépasser le manque et l’absence pour
recréer à l’intérieur de soi un contact différent avec le mort. La manière dont l’enfant
va évoluer dans ce travail du deuil va être largement tributaire de la manière dont
l’adulte qui s’occupe de lui va évoluer dans son propre cheminement. C’est pourquoi
il est essentiel d’accompagner la famille dans son propre vécu émotionnel car si le
parent reste bloqué dans son deuil, l’enfant ne pourra pas de son côté avancer.
Le travail du deuil, c’est entrer dans un espace intérieur, aller vers l’inconnu. Cette
traversée de la souffrance constitue la période centrale et incontournable du deuil.
Lorsqu’il s’agit de notre enfant, nous aimerions lui épargner cette souffrance. Et pourtant,
il n’est pas possible de traverser un deuil sans traverser cette souffrance. Si
l’enfant est accompagné sur ce chemin, peut-être qu’il pourra s’autoriser à avancer
à son rythme dans ce tunnel. Au sein d’une famille, chacun va avoir son rythme propre.
Il est essentiel de respecter le rythme d l’enfant et de l’accueillir dans ses émotions
au moment où elles émergent.
Réinventer des rituels avec l’enfant, en faisant appel à leur imagination, en fonction
de leur besoin va les aider à apaiser l’intensité des sentiments. Le rituel a aussi pour
fonction de relier, relier l’enfant à lui-même, relier les membres de la communauté
qui le pratiquent et se relier à la personne disparue, retissant de la sorte un étroit
lien d’amour.
La symbolisation de la souffrance par le biais de gestes concrets ou à travers une
activité créatrice va permettre de contenir l’émotion et de la transmuter. Le rituel
va offrir un cadre sécurisant dans lequel la souffrance va pouvoir s’exprimer et il va
créer un point de repère dans cette période de chaos permettant aux pensées de se
structurer.
Martine Hennuy
Hollander Magda : "Quatre petits bouts de pain ?"
« Dans les fissures de mes blessures, j’ai essayé de faire pousser la vie. »
Magda Hollander
Hugo Victor : "Demain, dès l'aube..."
Demain, dès l’aube…
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Victor Hugo
Hugo Victor : "Le souvenir d'un être absent..."
Le souvenir d’un être absent…
« Le souvenir d’un être absent
s’allume dans les ténèbres du cœur;
plus il a disparu, plus il rayonne. »
Victor Hugo
Hugo Victor : "Tu n'es plus là..."
Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout où je suis.
Victor Hugo
Humblet Françoise : "La rivière du silence"
« La Rivière du Silence », de Françoise Humblet-Vieujant, Ed. Artel (nouvelle édition, 1993)
L’auteure, qui a perdu (mais le mot est-il juste?) quatre de ses cinq enfants (deux
petites filles à la naissance et ses deux fils autour de 20 ans) et qui est l’une des
fondatrices de l’Association Parents Désenfantés, livre ici une série de réflexions
sur la vie et la mort.
Partant de sa propre expérience et de ses recherches sur le sujet, elle nous parle
de la peur et du tabou de la mort dans notre société, de l’épreuve de “ceux qui
restent”, des rites passés et présents autour de la mort et du deuil, des témoignages
apportés par ceux qui ont vécu une expérience de “mort imminente”, et aussi du
droit à bien mourir, du suicide, du don d’organes, de l’incinération…
Le dernier chapitre est réservé aux chrétiens : le sacrement de passage, la veillée
de prières, la mort des enfants, la question de l’existence d’un enfer…
Voici quelques extraits de ce livre que j’ai trouvé chaleureux, généreux, courageux
et encourageant, rempli de témoignages, de citations, de références à d’autres livres.
Un livre où les parents endeuillés trouveront certainement des sources de réflexion
et des pistes de lecture :
A propos du manque :
“(…) Ce manque est terrible à supporter. Ce manque n’est jamais effacé. (…) Mais
il s’accompagne, en filigrane, d’une telle présence spirituelle, qu’il est tout à la
fois présent, un manque présent, et tout à la fois comblé, un manque comblé.”
A propos du deuil :
“(…) Vivre comme ils auraient aimé que nous vivions, continuer ce que nous avions
entrepris ensemble.(…) Agir comme si nous devions plus tard rendre compte à nos
morts de ce que nous avons fait, nous qui avons pu, qui avons dû continuer à vivre.”
A propos du suicide :
“ Voici que, sans raison apparente, notre enfant a posé son sac. Il a fait la grande
fugue dont on ne revient pas. Nous n’avons pas soupçonné ce qui se préparait (…)
et nous nous le reprochons. Mais les reproches sont stériles. Notre enfant a beaucoup
hésité, sans doute; il a estimé que la vie était trop difficile, qu’il n’y arriverait
pas (…) Il s’est dit que nous le comprendrions, même s’il ne laissait pas de lettre,
et que nous l’accepterions.”
Le suicide, cela n’existe pas. Ce qui existe, ce sont des personnes qui se suicident…
Humblet Françoise : "L'estuaire"
« L’Estuaire », de Françoise Humblet-Vieujant, Ed. Artel, Coll. Reflet, 1992
Ce livre est le prolongement du précédent.
Ces “nouvelles réflexions sur la mort et la Vie” approfondissent les thèmes abordés
15 ans plus tôt, avec un accent particulier sur l’expérience acquise grâce aux rencontres
de Parents Désenfantés : le deuil des parents, le deuil des frères et soeurs,
celui des grands-parents, les réactions de l’entourage, les difficultés du couple en
deuil…
Il aborde aussi le décès des petits enfants, le développement des soins palliatifs,
les découvertes scientifiques sur la survie de l’esprit, la question des “signes” reçus
de nos enfants…
Un livre tout aussi généreux et enrichissant que le précédent.
de Françoise Humblet-Vieujant, Ed. Artel, Coll. Reflet, 1992
Ce livre est le prolongement du précédent.
Ces “nouvelles réflexions sur la mort et la Vie” approfondissent les thèmes abordés
15 ans plus tôt, avec un accent particulier sur l’expérience acquise grâce aux rencontres
de Parents Désenfantés : le deuil des parents, le deuil des frères et soeurs,
celui des grands-parents, les réactions de l’entourage, les difficultés du couple en
deuil…
Il aborde aussi le décès des petits enfants, le développement des soins palliatifs,
les découvertes scientifiques sur la survie de l’esprit, la question des “signes” reçus
de nos enfants…
Un livre tout aussi généreux et enrichissant que le précédent.
I
J
Jacques Brigitte L : "Et les orages ? Raconte-moi les orages !" (Extrait de "Dis est-ce que ça repousse les ailes ?")
qu’un coup de vent inattendu mette le ciel à l’orage.
Il y a des orages très violents : on dirait que le ciel et la terre basculent, alors on
ne sait plus très bien où l’on est. C’est très douloureux, on se sent tout meurtri,
tout bouleversé et l’horizon disparaît….
L’altitude est alors très perturbée, mais les ailes sont faites pour voler et chacun
est responsable de ses ailes. Chacun est responsable du développement de ses
ailes et personne ne peut voler à la place de quelqu’un d’autre.
Celui qui veut traverser un orage ne peut pas l’oublier.
Les orages, si violents soient-ils, ne peuvent détruire ni le soleil, ni les étoiles. »
-« Dis, est-ce que tu crois que c’est possible, quand on souffre vraiment, de ne
pas voir le soleil ? »
Avec une grande douceur, il répondit :
-« Quand on souffre vraiment beaucoup, je crois que c’est possible,
Mais si, la nuit, les étoiles relayent le soleil, c’est pour ne pas laisser s’éteindre
l’espérance….
Il faut réapprivoiser la lumière…. »
-« Réapprivoiser la lumière, c’est prendre le temps
de redécouvrir les paysages aux alentours de soi et
ouvrir son âme à leur langage. »
Jaquet Carole : "A toi qui m'a souri..."
qui en toute sérénité, simplement, m’a offert un peu de joie et d’espoir sans même le savoir…
James William : "Finis les grandes actions et les grands projets"
les puissantes institutions et la réussite éclatante.
Je suis pour ces forces humaines minuscules,
invisibles et aimantes qui passent d’individu en individu et s’infiltrent
par les fissures du monde comme d’innombrables petites racines.
Jannot Véronique : "Trouver le chemin"
Extraits du livre de Véronique Jannot « Trouver le chemin »
La douleur est inévitable, mais la souffrance est facultative.
Seulement de quelle façon quitter la souffrance ?
D’abord il faut le vouloir vraiment. De toutes ses forces. Ne plus
arrêter en soi ces pensées douloureuses, mais les laisser vous traverser.
Si l’on ne peut les empêcher de surgir, on peut décider de ne pas les retenir.
Véronique Jannot
Jean Pascal : "Là où tu es"
Là où tu es
Puisque plus rien ne te soulage
Puisque je lis sur ton visage
Cette envie de partir ailleurs
Pour chercher une autre lueur
Puisqu´il existe un autre monde
Un refuge quand le tonnerre gronde
Je sais que là, là ou tu vas
Personne ne te réveillera
Tes rêves n´auront jamais de fin
Pour que tu puisses croire à demain
Tu peux déployer tes ailes
Pour voler vers cette vie nouvelle
comme le font tous les papillons
Qui sortent un jour de leur cocon
Je sais que là, là ou tu vas
Personne ne te réveillera
Tes rêves n´auront jamais de fin
Pour que tu puisses croire à demain
Je sais que là, là ou tu es
Le ciel t´apporte son reflet
Une lumière près de ton chevet
Pour que tu dormes enfin en paix
Jean Pascal
Joëlle, Maman de Léa : "Pour Léa"
Pour Léa
Sans le vouloir, tu es partie
Un soir, une nuit, tu t’es endormie
Malgré notre envie de ne jamais se séparer
Le repos t’a, injustement, été imposé
Que notre vie est vide,
Ton rire, dont on était si avide
N’y résonnera plus jamais
C’est incroyable ce qu’on t’aimait.
Bébé, puis enfant, tu nous as donné tant d’amour
Dans notre vie de tous les jours
Mais pourquoi as-tu autant souffert
Sans que l’on ne puisse rien y faire.
Il n’y aura jamais de réponse,
Juste un chemin à avancer
Une vie à continuer
Des photos à regarder
Et des larmes à essuyer.
Jamais plus, notre vie ne sera comme avant
Mais tu nous as appris, avec tant de courage
A aller de l’avant
Que jamais, nous ne pourrons trahir ton élan.
Tu resteras notre enfant, notre fille
Et même si ta vie, sur terre, est finie
Ta vie avec nous sera infinie.
Joëlle, Maman de Léa
Jonathan Pierres Vivantes : "Je te veux vivante, Maman!"
Je te veux vivante, Maman!
Je pleure mon enfant qui est mort brutalement…
Mais, en même temps, j’entends sa voix qui me dit avec une légère impatience:
«Maman, ne te tracasse pas pour moi,
Maman, n’en reste pas là.
Oui, mon départ t’a fait très mal!
Oui, tu as toujours mal!
Mais tu sais maintenant que c’était un envol, non un naufrage.
Oui, je sais! Cela est inguérissable?
Mais que cela ne t’empêche pas de penser aux autres et aussi à toi.
Continue à cueillir, Maman, tous les bonheurs de la vie.
Même les plus petits, même s’ils ont un arrière goût de cendre parfois.
Fais-toi plaisir, chante, écoute de la musique, crée quelque chose avec tes mains, crée quelque chose avec ton cœur, avec ta tête!
Sans cesser de pleurer peut-être, mais crée!
Je te veux vivante, Maman!
Que mon départ devienne pour toi source de vie!
Continue, va!
Je t’en prie, n’abandonne pas!
Tu le sais, je suis avec toi tous les jours.
Je te veux vivante, Maman!».
Extrait du n°116 du «Pierres vivantes»
Jonathan Pierres Vivante : "Les Ailes de l'Aurore"
Extrait du livre : Les Ailes de l’Aurore
Une mère écrit :
« Dans la douleur ou l’espérance, il est bon de se retrouver entre gens capables de se comprendre, de parler ou de se taire, de se tendre la main sans aucune différence.
La vraie souffrance se moque bien des banalités de la vie courante avec ses « étiquettes » de position sociale, de race ou de convictions en tout genre. »
Jonathan Pierres Vivante
Jonathan Pierres Vivante : "Témoignage d'un Parent"
Témoignage d’un parent de « Jonathan Pierres vivantes »
(Association française d’accompagnement de parents, frères et soeurs en deuil)
Avant je n’aurais pas compris comment un symbole peut aider, pourquoi il faut un ensemble de rites pour réussir à lui dire au revoir, à lâcher le ballon ou la colombe avec un message personnel à la fin d’un week-end. A force de groupes de paroles, d’ateliers, la souffrance s’use en douceur et la carapace fond sans que je m’en aperçoive. Peu importe qui est en face, son métier ou sa vie publique. Nos échanges sont ceux de l’immédiat, du vrai et de la sincérité. Nous parlons sans filtre, presque malgré nous. Cette parenthèse nous révèle à nous-mêmes jusqu’au trouble à certains moments.
“Je me serais crue plus forte” a-t-elle murmuré. C’est vrai que tout était fait pour l’émotionnel à fleur de peau mais n’est-ce pas là aussi le cadeau de Jonathan Pierres Vivantes ? Reconnaître que derrière nos sourires, il nous faut tenir debout et que pour certains, cela prend une énergie et un courage fou. Beaucoup vous répondront qu’ils n’ont pas le choix mais ce n’est pas tout-à-fait vrai.
Ils ont réalisé l’impossible, gravi un chemin si difficile que si j’avais su je n’aurais sans doute pas imaginé être là aujourd’hui.
Car c’est ça qui compte pour chacun de nous : “Aujourd’hui ? Où en es-tu aujourd’hui ?”. Chacun puise en lui l’Espérance qu’il peut, écoute des paroles qu’il n’est souvent pas encore prêt à entendre mais qu’il gardera en lui dans un coin de sa tête et de son cœur, pleure et rit avec les autres.
Nous sommes là pour témoigner que l’on peut vivre avec même si à un moment donné on ne voulait pas y croire, que l’on peut aimer la vie après encore plus fort. En tant que survivants et portés par l’amour de nos enfants, nous accueillons le chagrin et ensemble, il devient une force, une lumière qui guide nos pas.
Jonathan Pierres Vivante
Jonathan Pierres Vivante : "Témoignage d'un Parent"
Témoignage d’un parent de « Jonathan Pierres vivantes »
(Association française d’accompagnement de parents, frères et soeurs en deuil)
Non je ne vous permets pas de poser ainsi une hiérarchie dans la douleur. Perdre quelqu’un que l’on aime reste un arrachement, une déchirure dont il faudra se remettre et ce quel que soit son âge et la façon dont il est mort. Qui es-tu pour parler au nom de ceux qui pleurent un parent, un enfant, un frère ou une soeur ? Je te rejoindrai si tu reconnais que chaque deuil est particulier et je suis bien placée il me semble pour entendre que perdre son enfant est particulièrement inhumain, qu’il brise en vous toute certitude et repère. Pour autant, jamais je n’oserais
nier le chagrin d’un autre, de celui qui perd sa maman à quatre-vingts dix ans et qui l’a accompagnée toute son existence, sous prétexte que c’est dans l’ordre des choses ou que tout le monde n’a pas eu cette chance. J’essuierai les larmes du père comme des grands-parents. J’écouterai la peine de l’entourage, le désarroi de l’ami, l’effondrement de la tante et la tristesse de la maîtresse d’école devant une chaise devenue vide. Comment peux-tu parler ainsi à une maman éplorée sous prétexte que c’était un suicide et qu’il “aurait choisi”, juger la famille, parler derrière son dos et blesser devant ? La maladie est une épreuve terrible mais on ne connait pas la souffrance, le mystère de ceux qui nous quittent et méritent notre respect même si l’on ne peut comprendre ou approuver. Il ne nous appartient pas de comparer. Tu es mon frère humain et mon cœur bat comme le tien. J’ai besoin de toi pour avancer, pas pour me juger. C’est déjà assez difficile pour moi de tenir debout, pauvre tour branlante. Soutiens-moi pour continuer, aide-moi à voir mes progrès quand je suis aveuglé par mes pleurs. Réchauffe ce froid partout en moi. Ne dis pas les mots que je n’ai pas envie d’entendre, mais plutôt ceux auxquels je ne crois plus. Tends-moi la main comme je serai là pour toi. Je ne comprends plus ce monde alors sois mon guide et redonne-moi un peu d’espoir pour survivre à mon drame. Tu sais, avant, moi aussi je croyais que cela n’arrive qu’aux autres.
Jonathan Pierres Vivante
Jourde Pierre : "Winter is coming"
Winter is coming: «Deux regards sur un même livre, un Papa, une Maman»
La fin de la douceur d’automne et l’approche de l’hiver froid restent des virages difficiles à aborder.
Les souvenirs refont encore surface et les cimetières ont refleuri, comme pris d’une paradoxale fièvre de jeunesse.
Et nous, nous sommes présents devant ce spectacle humain, où toujours il faut rester droit et digne, avec au fond du cœur cette persistante douleur de l’être ‘désenfanté’.
C’est alors que me parvient à l’esprit le souvenir si proche de lectures dont je me demande encore quel est le point commun….
J’ai presque envie de paraphraser Stéphane Allix et de vous demander si « la mort est une terre étrangère » ?
Il faut urgemment que j’entame ce partage de lecture avec « Winter is coming » de Pierre Jourde.
C’est un récit de vie authentique, qu’on ne se méprenne pas. L’auteur y narre les derniers mois de la vie de son fils Gabriel, atteint d’un cancer.
Cet ouvrage est une ode paradoxale à la vie parce que c’est le point de vue du père qui a pu prendre et maintenir droit la plume comme il a tenu la main de son « Gazou » avec force et ferveur.
Ce témoignage animé par une syntaxe aussi réaliste que subtile ne voile pas les larmes de la vie tout en n’étant nullement… larmoyant, ce n’est pas le moindre exploit de cette œuvre de grande classe.
Des métaphores culturelles sont évoquées pour nous lier encore plus viscéralement à la réalité: « Et nous non plus n’aurions jamais imaginé qu’il nous serait réservé de nous
avancer, pas à pas … jusque dans ces régions,… celles qui représentent des descentes, des voix au fond desquelles un ciel obscur se déchire ».
Que cette fin d’année soit pour chacun une halte de paix et un espace maximal d’optimisme.
Bertrand JARDON, Papa de Maxime
« Winter is coming » est le récit des 11 derniers mois de Gabriel, jeune homme de 19 ans, condamné par un cancer incurable. Son père, Pierre Jourde, évoque la dernière année de ce fils charmeur et charmant, musicien prometteur, épris des joies de la vie.
Le récit glisse du présent aux souvenirs passés, du corps de Gazou rongé par la maladie impitoyable au jeune athlète débordant de santé, de la réalité glaciale de l’hôpital aux chauds souvenirs de la sensuelle Martinique.
Entre l’annonce de la terrible maladie de Gabriel et bientôt de son caractère incurable, les interminables attentes d’examens, de résultats, de progrès et de nouvelles, le père nous livre sa souffrance et sa conscience d’un deuil qui s’amorce dès le premier jour et dont l’entaille se creuse au fil du temps et de la réalité du « jamais plus ».
J’ai rarement lu un témoignage de « parent désenfanté » écrit avec une telle justesse, une telle finesse, une telle dignité aussi. Un langage incisif, percutant. L’auteur parvient à traduire l’indicible en mots qui résonnent puissamment chez ceux qui cheminent sur les traces de leur cher disparu et cherchent encore à nommer les émotions qui semblent dépasser le langage.
Chaque page mériterait d’être citée. Voici quelques extraits qui m’ont semblé particulièrement révélateurs :
« Après coup, on ne peut s’empêcher de revenir sur les jours d’avant, comme pour prendre conscience de son aveuglement d’alors. On se regarde ne pas savoir, on se regarde vivre alors que cela n’est pas encore arrivé, on s’étonne de ce fragile bonheur. Et ce sont tous les moments de la vie, toutes les joies, (…) et les souvenirs du passé que vient rétrospectivement infecter de son venin le jour où l’on a su. Ta photographie d’enfant joyeux est celle, à jamais, d’un enfant qui va bientôt mourir ».
« C’est ainsi que cela devait être, nous nous rendons à l’évidence et à l’inévitable réel, et pourtant, à chaque instant, nous le refusons en même temps. Tu as été, il n’est pas possible que tu ne sois plus. Il faut que ton absence déréalise le monde, ou que le monde t’efface. Et c’est cela parfois le sentiment qu’il n’y a rien, rien pour te toucher ni pour te retrouver, ton chapeau derrière mon bureau ne veut plus rien dire, ni ton matériel de musique, ni tes vêtements dans le placard du palier. On traverse sans comprendre ce froid et cette absence, ces signes désertés. On regrette
qu’ils n’aient plus rien à dire, et en même temps, on les redoute, on sait qu’ils recèlent une puissance cachée. Un jour peut-être, on ne s’y attendra pas, tu seras là, en eux, et le sentiment de ta présence retrouvée rendra tout à coup insoutenable ton absence, un creux dans le ventre, les larmes qui viennent, on regrettera presque le froid désert ordinaire. »
« Ne pas hésiter à en parler, brutalement parfois, en sachant qu’on va mettre l’interlocuteur dans la situation impossible de ne plus savoir quoi dire, ni que faire, sinon dire qu’il ne sait pas quoi dire, en affectant une mine grave ou un air de compassion qui, même sincères, auront toujours un air de commande. Effet de la mort et des grandes douleurs semblable à celui de l’infini dans les opérations logiques : nos systèmes de mesure habituels y perdent toute pertinence, des propositions contradictoires peuvent être vraies en même temps, le sens, que notre vie habituelle
maintient en d’étroites limites, s’égare et se disperse. »
« On découvre aussi la fraternité secrète de ceux qui ont perdu un enfant. On l’ignorait. On dînait ensemble, on riait, on buvait, on l’ignorait. (…) devoir à présent vieillir avec cette absence, avec cette éternelle jeunesse éternellement arrachée. C’est le travail qui reste à accomplir. »
Anne-Françoise, Maman de Maxime
Le livre « Winter is coming » de Pierre Jourde est disponible à la bibliothèque de l’association.
Julie, Maman de Loïc : "Loïc"
Maman, Voilà plusieurs mois que nous sommes séparés.
Une journée après l’autre, de défaites en victoires,
Je t’ai vu doucement accepter mon départ.
De remise en questions en doutes interminables,
Tu apprends peu à peu à vivre l’inacceptable
Je suis heureux, maman, quand je te vois sourire,
Et quand je sens en toi lentement la paix venir.
… Je peux voir dans ton cœur que la colère s’efface,
Et que c’est notre amour qui enfin prend sa place.
Je peux voir la tendresse inonder ton sourire,
Quand tu penses en silence à nos rares souvenirs.
Je peux voir ton visage, d’où s’effacent les larmes
Et où colère et peine déposent enfin les armes.
Alors pourquoi parfois ce chagrin dans tes yeux ?
Et pourquoi cette douleur, qui soudain ressurgit,
Qui bondit comme un fauve quand les autres m’oublient…
Comment est-il possible, après tant de douleurs,
Qu’ils puissent nier ma vie et me fermer leurs cœurs ?
Toi qui m’as eu, maman, l’espace de quelques mois,
Dans ton ventre blotti, là, tout au creux de toi.
Toi qui m’as mis au monde, une fois ma vie enfuie,
Ne les laisse pas me perdre à nouveau vers l’oubli.
Il en est parmi eux qui disent croire en Dieu,
Bien qu’ils ne l’ont pas vu, Il existe à leurs yeux.
Alors comment osent-ils lorsqu’ils parlent de moi,
Dire : “Nous ne l’avons pas vu ” et puis en rester là ?
“Nous ne l’avons pas connu”, “il n’était pas vivant”,”
Pour nous, tu le comprends, tu n’as pas eu d’enfant”
C’est tellement plus facile de tout réinventer,
Plutôt que d’accepter mon envol prématuré.
Comme ils sont lâches, maman et comme j’aurais aimé,
Qu’ils me fassent une place dans leur réalité…
Ce sera dur encore, il te faudra lutter,
pour leur faire comprendre que j’ai bien existé.
Que mon cœur a battu, logé au creux de toi,
Et que c’est bien une vie qui s’est arrêtée là.
Mais tu ne seras pas seule dans ce si long combat,
Je serai là, maman, blotti tout contre toi.
Pour finir, maman, s’il te plaît persiste,
et encore une fois, dis-leur que j’existe.
Julie, Maman de Loïc
Julien Alexandra : "La mort des âmes n’existe pas"
A toi qui as perdu un être qui t’était cher,
Julliand Anne-Dauphine : "Une journée particulière"
Il existe une foultitude de dictionnaires,
de guides des bons usages, de manuels de
politesse. On y lira bien sûr quelques consignes
comme les sempiternels « mes condoléances »
ou « je suis désolé ». Mais nulle part on ne
trouvera trace de la phrase idéale, toute prête,
transposable à toutes les situations douloureuses.
Elle n’existe pas. Le réconfort n’est
pas affaire de bienséance. C’est une histoire
d’amour. La consolation consiste à sortir de soi, non pour se mettre à la place
de celui qui souffre, ça n’est pas possible, mais pour aller au point de
rencontre, là ou le lien se tisse, où le cœur s’ouvre et la plaie se referme.
Quel que soit le geste qui matérialise l’intention, une chose est sûre : ce
mouvement sauve. Comme une main tendue pour relever celui qui peine,
l’inviter à rester dans le monde, lui dire et lui redire qu’il a toujours sa place.
Rien n’isole plus que l’épreuve. Rien ne fait plus peur. A la douleur s’ajoute
souvent une autre difficulté parfois plus lourde encore à supporter : la solitude.
Anne-Dauphine Julliand (Extrait de « Une journée particulière »)
Jurgensen Geneviève : "La disparition"
« La disparition » de Geneviève Jurgensen, Calmann-Lévy, 1994
30 avril 1980 : Mathilde, 7 ans, et Élise, quatre ans, sont tuées dans un accident de
la route.
4 décembre 1991 : leur mère commence à raconter – sous forme de lettres, à un
ami qui ne les a pas connues – l’histoire de ces deux petites filles, inconnues ou
oubliées de beaucoup de ses connaissances actuelles, et bien entendu inoubliables
pour elle :
“ Aujourd’hui encore, alors que j’ai vécu près de trois fois plus longtemps sans
elle qu’avec elle, je voudrais ouvrir le tiroir dans lequel je rangeais les sous-vêtements
d’Élise, saisir une chemisette et la lui passer…”
Elle parle du deuil :
“ Les lettres de condoléances. Si un de tes amis perd quelqu’un, écris-lui une
lettre d’amour. Il en faut, des lettres, pour que la journée, la soirée passent
quand même.(…) Si tu as le choix entre écrire et ne pas écrire, choisis toujours
d’écrire. Aucune lettre n’est déplacée…”
Elle parle de leurs deux “nouveaux enfants”, Elvire et Gauthier :
“ Nous voulions d’autres enfants, dont nous serions un peu les grands-parents,
puisqu’ils seraient les enfants que Mathilde et Élise ne mettraient pas au monde
elles-mêmes.”
Elle raconte la place qu’ils réservent jalousement à leurs soeurs aînées :
“ Quand un inconnu me demande, devant Elvire ou Gauthier, combien j’ai
d’enfants, je les sens qui guettent ma réponse avec une vigilance presque hostile.
Ils savent que je vais mentir et répondre “deux”. Ils ne manquent jamais ensuite
de me demander pourquoi une fois encore je les ai trahis, ai trahi leurs soeurs,
me suis trahie moi-même.”.
Elle parle de ce va et vient incessant, à la fois douloureux et très tendre, entre
ses filles décédées et ses enfants de maintenant.
Elle tente de réconcilier ces deux périodes de sa vie :
“ Je n’ai jamais éprouvé la continuité entre ma vie avec “les petites”, plus tard
appelées “les grandes”, même après qu’Elvire et Gauthier les eurent dépassées
en âge, et ma vie avec “les petits”. (…) Tantôt leur vie était si forte que je me
disais : “elles ne peuvent pas être mortes”. Tantôt leur absence était si totale
que je ne croyais plus les avoir connues.”
Elle arrive d’autant plus difficilement à cette réconciliation qu’elle n’a pas pu (pas
eu la force) de voir Mathilde et Élise décédées :
“(…) cet instant de déchéance, sur ma chaise où, tandis que deux enfants, les
miens, deux très jeunes enfants, avaient su mourir et attendaient de m’être présentées
une dernière fois dans leur vérité, je n’avais même pas parcouru les
quelques mètres de couloir qui me séparaient d’elles.”
Surtout, surtout, elle parle de tous les liens d’amour – mari, enfants, mère, beau-parents,
amis… – resserrés, intensifiés autour de et depuis cet événement terrible,
tous ces liens qui l’ont tenue debout.
Geneviève Jurgensen (Extrait de « La disparition »)
K
Kaas Patricia : "Le jour et l'heure"
Le jour et l’heure
Dans son café rêveuse un nuage de lait
Puis marchant dans les flaques elle comptait ses amours
Il y avait en ville des miroirs aux pavés
C’était un jour de pluie et de vitrines en cours
J’étais comme le ciel étendue sans nuance
Ma valise était faite, une embellie passait
Je n’attendais personne, j’aimais bien ce silence
Je sais tout simplement que l’on n’oublie jamais
Le jour et l’heure
où tout a basculé
L’instant précis même du malheur
Quand le téléphone a sonné
Le jour et l’heure
Le lieu précis de la douleur
De ce qu’on y faisait
Tout ce qu’on y faisait
Tout ce qu’on y faisait
Rien n’avait d’importance
Les terrasses étaient pleines et les rires s’envolaient
Il y avait dans l’air un parfum d’insouciance
Je sais tout simplement que l’on n’oublie jamais Le jour et l’heure
où tout a basculé
L’instant précis même du malheur
Quand le téléphone a sonné
Le jour et l’heure
Le lieu précis de la douleur
De ce qu’on y faisait
Tout ce qu’on y faisait Je sais que l’on n’oublie jamais Le jour et l’heure Le jour et l’heure
où tout a basculé
L’instant précis même du chagrin
Quand le téléphone a sonné
Le jour et l’heure
Longtemps après l’on s’en souvient
De ce qu’on y faisait
Tout ce qu’on y faisait
Et ce à tout jamais
Kass Dennis : "Tenir..."
Perdre et pourtant garder… »
Keirse Manu : "Faire son deuil, vivre son chagrin"
Que les bons souvenirs restent vivants
Dans les moments de tristesse
Comme l’oiseau qui chante sous la pluie.
Manu Keirse
Kessler David : "Les anniversaires de deuil..."
« Les anniversaires de deuil peuvent également représenter
l’occasion de vous rendre hommage à vous-même (parent)
pour votre force et votre courage.
Cette perte vous a transformé à jamais »
David Kessler, extrait du livre « Sur le chagrin et le deuil »
Khan Inayat : "Quand j'ouvre les yeux"
Quand j’ouvre les yeux, j’observe que
Je suis petit dans l’univers ;
Quand je ferme les yeux,
je me rends compte
que j’ai l’univers en moi.
Inayat Khan
Kipling Rudyard : "Rire..."
Pleurer, c’est risquer de paraître sentimental…
Tendre la main, c’est risquer de s’engager…
Montrer ses sentiments, c’est risquer de s’exposer…
Faire connaître ses idées, ses rêves, c’est risquer d’être rejeté…
Aimer, c’est risquer de ne pas être aimé en retour…
Vivre, c’est risquer de mourir…
Espérer, c’est risquer d’être désespéré…
Essayer, c’est risquer de défaillir…
Mais nous devons en prendre le risque !
Le plus grand danger dans la vie,
c’est de ne pas risquer…
Celui qui ne risque rien
Ne fait rien… n’a rien… n’est rien !”
Korczak Janusz : "Vous dites..."
L
Lacordaire : "Le souvenir"
C’est la présence dans l’absence,
C’est la parole dans le silence,
C’est le retour sans fin d’un bonheur passé,
Auquel le cœur donne l’immortalité.
Lacordaire
Lacroix Alexandre : "La compagnie d’un mort"
La compagnie d’un mort
On ne se console pas de la mort de
celui ou celle qu’on aime
parce que le temps passe,
que la plaie se referme
et que l’on finit par oublier.
Bien au contraire : on s’en console
lorsqu’on arrive à vivre
une sorte de compagnonage heureux
avec son mort.
Comme dans toutes les relations vivantes,
il y a entre nous des intermittences
et des revirements
–parfois il m’indiffère,
il m’agace ou je le trouve ridicule,
parfois c’est l’amour qui prend le dessus.
Mais je crois qu’il y a là une étrange réalité,
dont personne n’ose parler :
non seulement nous vivons avec nos morts,
mais cette relation intérieure que
nous avons avec eux est une des choses les plus intenses
et les plus belles qu’il nous soit échu de vivre.
Alexandre Lacroix extrait de « Philosophie magazine » n° 84
Laetitia, Maman de Fabien : "18 mois"
18 mois
18 mois que tu es parti et que la douleur de ton absence est abyssale.
18 mois que le manque de ta présence, de ton rire, de ton regard, du son de ta voix sont insupportables.
18 mois que je veux de toutes mes forces que tu reviennes, que je veux à n’importe quel prix pouvoir, au moins une fois, te serrer encore dans mes bras.
Et pourtant…
Pourtant durant ces 18 mois il y a aussi eu les vacances avec ta sœur, ton beau-frère, ta nièce et ton frère. Il y a eu des réunions familiales, des moments de douceur avec des amis, il y a eu des bains de soleil, il y a eu des week-ends juste papa et moi, il y eu… toute une série de petits moments de répit, je pourrais presque dire des petits moments de bonheur.
Et le fait de le dire me fait me sentir coupable.
Ah cette culpabilité…
Coupable de ne pas avoir été là pour toi au moment où il l’aurait fallu, coupable de n’avoir pas compris, pas entendu ta détresse, coupable de ne pas avoir été la mère que je pense que j’aurais dû être, coupable de parvenir,
maintenant, malgré le poids du désespoir, d’avoir des moments de répit.
Et au milieu de tous ces moments, de ce désespoir insoutenable, de cette culpabilité, de ces moments de répit, il y a aussi, encore, le devoir.
Devoir de sourire au boulot, dans les magasins, à mes amis, à mes enfants.
Devoir de continuer à vivre parce que ton papa, ta sœur, ton frère et ta nièce, ma petite-fille, méritent d’avoir une épouse, une mère et une grand-mère présente.
Devoir d’avancer, pas après pas, parce que c’est ça ou te rejoindre.
Ça fait 18 mois mon grand que je me débats entre toutes ces émotions, le terrible poids du chagrin, la douceur de moments de répit, la culpabilité et le sentiment de devoir. Je n’aurais jamais cru que toutes ces émotions, tous ces sentiments, puissent coexister.
Alors, j’essaie de continuer dans ce maelström émotionnel, et je me raccroche avec l’énergie du désespoir à cette petite phrase :
« Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis ».
Je t’aime mon fils.
Ta maman à jamais.
Lætitia, Maman de Fabien
Laetitia, Maman de Victoria : "Compte-rendu de la soirée d'échange du 28 avril 2012 avec Ghislaine Longevial"
Compte-rendu de la soirée d’échange du 28 avril 2012 avec Ghislaine Longevial.
“Les bouquets de printemps illuminés par toutes les petites flammes posées sur un
plateau doré, voilà la première image de cette soirée. Un tableau de douceur !
Nos enfants sont présents, on dirait qu’ils veillent face à notre assemblée de
parents venus écouter Ghislaine. Nous cherchons des mots, pour nommer
l’innommable, nous cherchons un fil pour tisser du lien, nous cherchons un
témoignage pour comprendre le chemin, … nous sommes tous à la recherche de
quelque chose et une chose nous rassemble, la mort de notre enfant.
Ghislaine ouvre la discussion avec ces mots « J’ai pas tout dit, j’ai pas tout fait ».
Elle nous explique comment ce cahier de comptabilité se remplit après la mort
d’un enfant, par quel processus les pages de remords s’alignent les unes derrière
les autres. « J’aurais dû faire ceci » « J’aurais dû être ou dire cela » ces petites
phrases sont animées par notre besoin de contrôler les évènements. Des phrases
comme : « Si seulement, je lui avais interdit de monter sur cette moto, … » nous
renvoie à notre désir de toute puissance. Et « Si je pouvais revenir en arrière, je
ferais ceci… », qui traduit notre désir de marchandage avec le destin. Toutes ces
idées viennent alimenter notre sentiment de culpabilité.
Ghislaine explique que la culpabilité est un amortisseur de choc. Le choc de la
mort est tellement violent que la culpabilité vient s’interposer entre nous et la
réalité qu’il faut intégrer. Le sentiment d’avoir trahi ou failli par rapport à la
survie de son enfant, nous renvoie à une image de nous-mêmes du type « Je ne
suis pas digne d’amour et de respect, je l’ai abandonné, j’ai échoué, je n’ai pas
su le protéger de la mort».
Sur ce très douloureux chemin, l’écoute de l’entourage diminue avec le temps et
le vécu de l’endeuillé s’en ressent « Je suis un fardeau pour les autres. »
Certaines personnes s’enferment alors complètement, ils ne parlent plus et les
« maux » remplacent les « mots ». L’agressivité face aux autres « Je ne supporte
pas le bonheur des autres » crée aussi de l’isolement. D’autres font beaucoup de
choses pour éviter de penser, c’est le « sur-activisme ».
Pour sortir de ce cercle vicieux, il faut quelqu’un qui puisse accuser réception de
cette culpabilité. Cette écoute peut se trouver auprès d’un groupe de paroles,
d’un ami, d’un thérapeute.”
Ghislaine témoigne de quelques idées, attitudes ou réponses aidantes :
• « Je n’ai aucun pouvoir de vie ou de mort sur mon enfant »
cela renvoie au sentiment d’humilité.
• « Si votre fils ou votre fille était là, qu’est-ce qu’elle vous dirait ? ». L’enfant qui n’est
plus là, peut revivre intérieurement, il est nécessaire de lui donner une place.
• Écrire une longue lettre à son enfant, en lui expliquant cette culpabilité. La lire à une
tierce personne, qui va devenir le témoin. Cet exercice permet de sortir de
l’anesthésie par la parole.
• Faire un rituel tous les soirs pour retrouver son enfant. Par exemple : mettre son pull
et lui parler, etc.
• Être doux avec soi-même et avec les autres. « J’ai perdu mon frère, j’ai perdu aussi
mes parents, car l’enfant mort prend toute la place. » Est-ce que notre enfant mort
souhaiterait que nous nous privions de tous les plaisirs de la vie ?
• Les autres enfants et les grands-parents ont aussi le droit d’être entendus dans leur
chagrin. Il est important de rappeler aux enfants que ce n’est pas à cause d’eux, et
que s’ils se sentent délaissés, qu’ils le disent, il est important qu’ils se sentent
autorisés à venir demander de l’attention et à dire leur colère.
• « Mon enfant était unique, ma relation avec lui était unique, mon deuil est unique ».
• L’important est d’arriver à dissocier le passé (ses vieilles casseroles) et le deuil et la
souffrance actuels qu’il faut continuer à traverser.
• Ghislaine nous conduit vers la fin de son exposé avec des mots d’espoir et d’encouragement.
Elle parle non pas de « faire son deuil », mais de « Réaliser son deuil ». Je me
rends compte de … Ce qui implique aussi une dimension de création, « Je réalise… »
quelque chose à partir de mon vécu de deuil. Ghislaine rappelle aussi qu’on ne peut
compter que sur soi par rapport à sa propre peine. « Je suis responsable de faire des
jours qu’il me reste, quelque chose de digne, qu’il ou elle aurait voulue». Etre
responsable de soi-même, c’est prendre soin de soi, car les autres ne le feront pas.
Le deuil est un chemin sans fin, dit-elle, « Ce deuil a fait de moi, quelqu’un qui va
avancer différemment sur le chemin de la vie, sur lequel se trouvent des bornes
d’humilité et d’indulgence. »
La soirée s’est achevée aux travers d’échanges riches et touchants entre les parents
et avec Ghislaine. Un chaleureux merci à Ghislaine pour être venue semer des mots
d’espoir, et pour nous avoir donné accès à une lecture intelligente et sensible du vécu
du deuil.
Lætitia, Maman de Victoria
Lao Tseu : "Aucun de nous ne sait"
Aucun de nous ne sait
Ce que nous savons
Tous ensemble.
Lao Tseu
Lao Tseu : "L'obscurité et la lumière"
« Tout homme porte sur son dos l’obscurité et serre dans ses bras la lumière. »
Lao Tseu
Larson Mininam Valérie : "Combien d'enfants avez-vous ?"
Combien d’enfants avez-vous?
« Combien d’enfants avez-vous ? » me demandent-ils.
Quelle redoutable question..
« Combien de temps avez-vous ? Voulez-vous vraiment le savoir ?
Et vous y intéresserez-vous vraiment ?… »
Et moi, ai-je le courage de raconter à nouveau cette longue et terrible histoire ?
Alors mes amis, si vous avez un moment, voici ma réponse :
J’ai un enfant qui chante et qui danse du soir au matin,
un enfant qui câline les chiots, les chatons et les petits lapins,
Un enfant avec des nœuds dans les cheveux, des fossettes
et des taches de rousseur sur le visage,
un enfant qui joue avec le tuyau d’arrosage,
un enfant qui colorie sur les murs et sur du papier,
un enfant qui adore la pluie et les grandes flaques d’eau pour y sauter,
un enfant qui demande sans cesse « c’est pour quoi faire ? »
un enfant qui renverse son lait par terre.
Un enfant qui rit ou qui pleure,
Un enfant qui demande : « pourquoi ? » à toute heure.
Mais j’ai un autre enfant, bien différent de celui que vous connaissez.
Je n’ai pas connu la joie de l’allaiter,
Nous ne pouvons pas le câliner ni le porter dans nos bras.
Alors que dans nos cœurs toujours il sera.
Je ne le berce pas à minuit quand l’orage gronde,
Je ne le borde pas dans son lit quand la nuit tombe.
Bien que vous puissiez compter un enfant à mes côtés,
« J’ai deux enfants » vous répondrai-je, les yeux vers le ciel levés,
« Un qui peut courir et un qui peut voler ».
Valérie Larson Mininam
Lavoué Jean : "Nous allons prendre soin de toi en nous"
Ami tu n’es plus là,
Et nous nous en voulons de t’avoir laissé partir ainsi.
Mais tu as aussi, sans le savoir, creusé en nous le mystère saisissant de ton absence.
Nous étions, certes, impuissants à te retenir et notre peine est immense,
Mais dans nos larmes vibre encore, lumineux,
L’éclat de tes silences,
La musique sans prix de ton sourire accompagnant nos matins.
Dans nos voix bouleversées résonne étrangement
Le chant sans limites de ta vie.
Nous sentons trembler mille fleurs d’affection
Et de tendresse pour toi,
Comme si tout ce par quoi tu nous manquais nous était redonné :
Tu es présent en nous désormais autrement.
Tu nous parles en grand secret, tout à l’intime,
Et peut-être même que tu nous protèges,
Comme la fougère, l’étoile ou l’olivier,
Si bien que nous communions toujours à ton être
Comme au plus clair de nous.
Dans toute main amie.
La nature nous parle de toi comme jamais :
Chaque arbre, chaque oiseau, chaque parfum, chaque rire d’enfant…
Le murmure de ton nom n’en finit pas de révéler en nous ses bourgeons.
Nous ne te verrons plus,
Nous n’aurons plus avec toi ces doux échanges,
Ces évidences de nos joies communes et de nos tendres complicités,
Nous ne te serrerons plus dans nos bras,
Mais nous allons prendre soin de toi en nous comme jamais.
Que tu fais à présent partie de nous
Et que nous ne pourrons pas t’oublier,
Toi qui as rendu pour nous ce monde plus habitable et plus humain.
Avec ta force en nous, nous te le promettons,
Nous nous efforcerons pas à pas, instant après instant,
De le rendre chaque jour meilleur et plus beau.
Le Breton David : "Eloge de la marche"
« Eloge de la marche »
« La traversée d’une épreuve morale trouve dans l’épreuve physique qu’est la marche un antidote puissant qui modifie le centre de gravité de l’homme.
En plongeant dans un autre rythme, une relation nouvelle au temps, à l’espace, aux autres par ses retrouvailles avec le corps, le sujet restaure sa place dans le monde, il relativise ses valeurs et reprend confiance en ses ressources propres.
La marche le révèle à lui-même, non sur un mode narcissique, mais en le rétablissant dans un goût de vivre et le lien social.
Sa durée, son âpreté parfois, le rappel à l’élémentaire qu’elle induit, le rendent en effet susceptible de rompre une histoire personnelle douloureuse, d’ouvrir des chemins de traverse à l’intérieur de soi, loin des sentiers battus où le désarroi se ruminait (…) dans la trame du chemin, il faut essayer de retrouver le fil de l’existence. »
David Le Breton
Lebon Violette : "Le papillon"
Le papillon l’appelle renaissance. »
Lecomte Jacques : "Qu'est-ce que j'attends de la vie ?"
Plutôt que de se dire: «Qu’est-ce que j’attends de la vie», il vaut mieux se dire que la vie attend toujours quelque chose de nous.
Jacques Lecomte (Jonathan Pierres Vivantes)
Ledig Agnès : "Du papillon à la plume"
Du papillon à la plume
En venant dans l’émoi,
Avec un peu de lui,
Ton père a fait de moi
Une enceinte de vie.
Remparts et contreforts,
Pour te mettre à l’abri
Nos mains frôlent ma peau,
Tendue de ta promesse.
Et puis un jour le corps
Descend le pont levis
On te pose, nu et beau
Pour que je te caresse.
Ta bouche sur mon sein,
Je me fais nourricière,
Tes yeux dans mon destin,
Il n’y a plus d’hier.
Tes sourires et tes larmes,
Tes petits bras sincères,
Me font baisser les armes,
Mon enfant éphémère.
Car toi qui m’a fait mère,
Même si tu repars
Dans le vent, dans les airs,
Tu es dans mon regard.
Ton passage, mon petit,
Comme une étoile filante,
A fait naître l’envie
D’un avenir qui chante.
Alors, je chanterai,
En pensant à tes yeux,
Et tu seras caché
Dans mon sourire radieux.
Agnès Ledig
Ledig Agnès : "Juste avant le bonheur"
Agnès Ledig est aujourd’hui sage-femme, elle a commencé à écrire après le
décès d’un de ses trois enfants, atteint de leucémie, pour renouer avec les
bonheurs simples de la vie. Elle a aussi écrit « Marie d’en haut ».
Son livre a reçu le prix de la Maison de la presse.
L’écriture d’ Agnès Ledig m’a beaucoup émue, surtout quand elle exprime
des émotions qui peuvent submerger quelqu’un qui vit un évènement tragique,
comme la perte d’un enfant.
Son héroïne qui après beaucoup de déceptions était devenue méfiante et
ironique, découvre enfin des relations « vraies » dans sa vie.
Ceux qui l’entourent lui redonnent confiance et c’est dans l’énergie de la
relation, de l’amitié sincère qu’elle puise toute la force de surmonter, petit
à petit, l’impensable.
Agnès Ledig
Leloup Jean-Yves : "Extrait de l'inexploré"
Je crois que l’espérance commence
quand il n’y a plus d’espoir.
L’espoir, c’est nos désirs, nos calculs, nos projections.
C’est tout ce que nous cherchons à obtenir.
L’espérance apparaît lorsque nos béquilles,
nos points de repère ne peuvent
plus être utiles et que nous découvrons en nous,
je dirais, une autre force, une autre dimension,
qui nous fait aller plus loin.
Ainsi, l’espérance pour moi émerge de la métamorphose,
plus que d’une continuité.
La chenille est sans espoir,
le papillon est son espérance.
Jean-Yves Leloup, extrait de l’inexploré
Lemarchal Laurence et Pierre : "Perdre un enfant, c’est un tsunami"
« Perdre un enfant, c’est un tsunami »
Sous le regard de leur fils Grégory disparu voici cinq ans, le combat contre la mucoviscidose continue pour ses parents, Laurence et Pierre Lemarchal.
Grégory vous a quittés voici cinq ans. Vous attendiez-vous encore à une telle ferveur autour de lui ?
Laurence : Je suis émue que les gens ne l’oublient pas. Cet album nous tenait à cœur. C’était la première fois qu’on pouvait mettre en plus les images à la disposition du public.
Y-a-t-il une chanson de lui que vous préférez et qui vous fait du bien ?
Laurence : Ca me fait du mal. Je ne mets jamais de CD de Grégory à la maison. Par contre quand il passe à la radio, je l’écoute. Je prends cela comme un signe. La chanson qui m’a le plus
marquée, c’est « Et maintenant » de Gilbert Bécaud, lors de la finale. Il faut le regarder dans les yeux quand il la chante !
Votre fille chante aussi ?
Pierre : Elle chante bien. Elle était très proche de son frère.
Laurence : Ils étaient fusionnels. Greg était très fier d’elle. C’est vrai qu’on pense toujours aux parents, mais il avait une soeur qu’il adorait. Perdre un enfant, c’est un tsunami.
Extraits d’un article paru dans le Télépro, Laurence et Pierre Lemarchal
Lemay Linda :"Pas de mot"
Pas de mot
Quand on perd ses parents, on s’appelle orphelin
Quand on perd son épouse, alors on s’appelle veuf
Quand on perd sa jeunesse, bien entendu, c’est vieux que l’on devient
Mais quand on perd son gamin, y a pas de mot.
Il n’y a pas de nom pour décrire le père
Celui qui borde son garçon au cimetière
Jamais un seul poète, un seul pasteur, jamais un seul auteur
N’a eu assez de lettres pour tant de douleur.
Quand on perd la raison, bien sûr on s’appelle fou
Et puis on s’appelle pauvre à perdre trop de sous
Quand on perd la mémoire, tout de suite on est qualifié d’amnésique
Mais y a des choses qu’aucun mot n’explique.
On aura beau fouiller les plus vieux dictionnaires
Posséder le plus vaste des vocabulaires
Décortiquer Baudelaire, jusque sous terre,
Jusqu’à son dernier vers.
Il n’y a pas de mot, pas de manière
D’appeler le parent d’un enfant qui n’est plus
Il n’y a pas de mot pour ça qui soit connu.
Quand on perd ses parents, on s’appelle orphelin
Quand on perd son mari, alors on s’appelle veuve
Quand on perd son petit, c’est évident, il n’y a pas de mot.
Pourtant y en a des mots qui nous émeuvent
Mais là, y en a aucun, y a vraiment rien à dire
On ne sait même plus trop si on a l’droit de vivre
Mais bon on vit quand même, on vit tout simplement pour n’pas crever
On rit pour n’pas pleurer des flots sans rive.
Oui, on vit parce que lui, il n’pourra plus le faire
On vit parce qu’on s’dit que sans doute, il en serait fier.
Quand on sauve un enfant, on s’appelle héros
Mais quand on en perd un, y a pas de mot
Pas de mot.
Linda Lemay
Lenoir Frédéric : Extrait de "Coeur de Cristal"
Extrait de “Coeur de Cristal”
Aucun chemin ne conduit à la réalisation de notre quête,
mais tous ceux qui ont réalisé leur quête
ont emprunté un chemin.
Les rencontres et les évènements de la vie
sont bien souvent des guides qui viennent
nous rappeler des vérités que nous avons oubliées,
nous apprendre quelque chose sur nous?mêmes
ou bien encore nous inviter à regarder plus loin.
Le chemin de la vie est parfois ténébreux ou rocailleux,
mais la compagnie de vrais amis
le rend toujours plus aisé et lumineux.
Frédéric Lenoir
Lenoir Frédéric : La puissance de la joie
J’ai également connu plusieurs deuils et j’ai été particulièrement atteint par celui, récent, d’une amie chère,
avec qui j’avais vécu pendant six ans, et décédée dans des conditions dramatiques. Lorsque je l’ai appris, j’ai d’abord été anéanti par la violence du choc. Dans un premier temps, je ne parvenais pas à cesser de pleurer, à surmonter ce chagrin abyssal. Et puis, peu à peu, j’ai senti une petite joie enfouie dans mon cœur qui n’a cessé de rayonner jusqu’à prendre le dessus sur le chagrin. La joie de sentir que notre amour, dans ce qu’il avait eu de plus pur et de plus vrai, était encore là, qu’il était éternel. Évidemment, je souffrais de son absence physique, de savoir que je ne la reverrais plus jamais dans son être de chair. Pendant plusieurs mois, les larmes me montaient aux yeux pour un rien. Et puis la joie l’a définitivement emporté. Cette amie si chère est à jamais vivante dans mon cœur.
Frédéric Lenoir
Lerner : "Et vint le jour..."
Lincoln Abraham : "Et vint le jour..."
Lodoli Marco : "Iles, guide vagabond de Rome"
Lonergan Kenneth : "Manchester by the sea"
Film : “Manchester by the sea” de Kenneth Lonergan
Qu’est-ce qui ronge Lee (Casey AFFLECK), homme à tout faire dans un coin perdu du Massachussets, au point qu’il ne veuille frayer avec personne hormis ses clients, se saoule tous les soirs et explose au moindre prétexte ?
Sa vie semble condamnée à s’enliser dans la morosité, quand la mort de son frère, Joe, -qui se savait cardiaque – vient la bousculer de fond en comble. Joe a désigné Lee comme tuteur de son fils Patrick (16 ans).
Et là, le passé de Lee ressurgit dans toute sa cruauté. Via une série de flash-back, nous comprenons peu à peu ce qui a dévasté Lee et ce qui l’empêche viscéralement de revenir habiter avec son neveu dans sa communauté d’origine.
Le film, un thriller psychologique d’une profondeur et d’une justesse bouleversantes, porté par des acteurs plus vrais les uns que les autres, traite du deuil d’enfant et de la cohorte d’émotions qui l’accompagne : la culpabilité, la colère, le désespoir, mais aussi la capacité de résilience et le pardon. Les parents endeuillés trouveront peut-être des éléments d’espoir et de réconfort dans ce film d’une grande humanité, mais ils doivent être avertis qu’il y a une scène d’incendie très dure.
Longneaux Jean-Michel : "L'expérience du mal"
L’expérience du mal
Accepter le mal?
Y a-t-il moyen de recommencer à vivre, malgré ce qui fut enduré?
Indéniablement, on ne peut recommencer à vivre qu’en acceptant sa propre
histoire. Cela signifie-t-il accepter le mal qu’elle contient? Nous l’avons
souligné, pour celui qui a souffert, plus rien ne sera comme avant. Se réapproprier
ces moments éprouvants ne peut vouloir dire réapprendre à vivre
comme s’il ne s’était rien passé. Il n’est donc pas question de poursuivre ce
qui a été interrompu, mais de commencer une autre vie, l’ancienne étant
définitivement perdue. Ce qui a changé du tout au tout, nous le savons,
c’est qu’il y a désormais l’irréparable à assumer, qui par ailleurs nous
condamne à vivre avec cette triple découverte : nous ne sommes pas tout puissants,
l’autre nous échappe, et rien ne nous est dû. Nous ne pouvons plus
faire comme si nous ne le savions pas, comme si ce n’étaient là que des
idées de philosophe. Ces vérités sont marquées au fer rouge dans notre
chair, tout autant que la plaie qui déchire notre histoire. Mais il ne suffit pas
que ces vérités soient inscrites à même notre peau, il faut encore les faire
nôtres. Est-ce seulement imaginable? Il faut le reconnaître humblement, il
n’y a pas de recette. Même accompagné, chacun est seul sur le chemin qui
le reconduit à soi. Les théories, à commencer par la philosophie, ne sont ici
d?aucun secours. Elles risquent même de se révéler dangereuses quand, subjugué
par elles, on cherche à comprendre pour ne pas avoir à vivre. Car il
n’y a pas d’autre chemin que celui de la vie, celui de ce travail lent mais
éprouvant, par lequel on meurt à ce que l’on n’est plus, à ce que l’on aurait
voulu être – à savoir celui-là qui n’aurait pas vécu ce que l’on a vécu -,
pour apprivoiser celui-là que l’on est réellement devenu. Ce travail de
« lâcher prise » peut enfin commencer quand on s’est d’abord épuisé dans
toutes ces tentatives pour y échapper, qu’il s’agisse du déni, de la violence
et de la dépression. Certes, au moment d’entreprendre ce travail, on ignore
s’il aboutira. Mais c’est la seule voie pour recommencer à vivre.
Jean-Michel Longneaux
Louane : "Si t'étais là"
Si t’étais là
Parfois je pense à toi dans les voitures
Le pire, c’est les voyages, c’est d’aventure
Une chanson fait revivre un souvenir
Les questions sans réponse ça c’est le pire
Est-ce que tu m’entends? Est-ce que tu me vois?
Qu’est-ce que tu dirais, toi, si t’étais là ?
Est-ce que ce sont des signes que tu m’envoies ?
Qu’est-ce que tu ferais, toi, si t’étais là ?
Je me raconte des histoires pour m’endormir
Pour endormir ma peine et pour sourire
J’ai des conversations imaginaires
Avec des gens qui ne sont pas sur la terre
Est-ce que tu m’entends? Est-ce que tu me vois?
Qu’est-ce que tu dirais, toi, si t’étais là ?
Est-ce que ce sont des signes que tu m’envoies ?
Qu’est-ce que tu ferais, toi, si t’étais là ?
Je m’en fous si on a peur que je tienne pas le coup
Je sais que t’es là pas loin, même si c’est fou
Les fous c’est fait pour faire fondre les armures
Pour faire pleurer les gens dans les voitures
Est-ce que tu m’entends? Est-ce que tu me vois?
Qu’est-ce que tu dirais, toi, si t’étais là ?
Est-ce que ce sont des signes que tu m’envoies ?
Qu’est-ce que tu ferais, toi, si t’étais là ?
Louane
M
Maé Christophe : "Charly"
Charly
Hey Charly! Dis c’est comment chez toi ?
Tu sais c’est bien triste ici depuis que l’on rit sans toi
Hey Charly! Dis c’est quand qu’on se voit ?
Je te chanterai la vie même sans voix
Et dans mon cœur je t’entends encore jouer à la marelle, et 1 2 3 soleil et puis te voilà au ciel
Combien de temps, combien de temps on devra regarder nos enfants partir, là-haut dans tes bras ?
Oh mais dis le moi !
Combien de temps, nous, combien de temps on aura avant de te revoir sourire et nous serrer dans tes bras ? Et nous serrer dans tes bras ?
Hey Charly! J’ai plus de nouvelles tu vois ?
J’espère que tout baigne là-bas et que les anges rient avec toi, ouai !
Hey Charly! On est plus forts que tu crois, la vie a donné, a repris, c’est comme ça. Et dans mon cœur je t’entends encore jouer à la marelle, et 1 2 3 soleil et puis te voilà au ciel
Combien de temps, combien de temps on devra regarder nos enfants partir, là-haut dans tes bras ?
Oh mais dis le moi !
Combien de temps, nous, combien de temps on aura avant de te revoir sourire et nous serrer dans tes bras ?
J’allume une flamme sous la lune et mon cœur se rallume, se rallume pour toi
J’allume une flamme sous la lune et mon cœur se consume, se consume pour toi
Charly…
Combien de temps, combien de temps on devra regarder nos enfants partir, là-haut dans tes bras ?
Oh mais dis le moi !
Combien de temps, nous, combien de temps on aura avant de te revoir sourire et nous serrer dans tes bras ?
Combien de temps, combien de temps on devra regarder nos enfants partir, là-haut dans tes bras ?
Oh mais dis le moi !
Combien de temps, nous, combien de temps on aura avant de te revoir sourire et nous serrer dans tes bras ? Et nous serrer dans tes bras ?
Vas-y danse pour moi, danse pour moi !
Christophe Maé
Mankell Henning : "Les chaussures italiennes"
C’est un roman sur la vie, avec toutes ses surprises, les meilleures et les pires, la vie tailladée par la mort, ça et là, inévitablement, la vie qui a cruellement blessé le héros, qui ne s’en remettra qu’après douze longues années d’exil solitaire, au hasard d’une visite qui va faire s’enchaîner les événements et provoquer les rencontres.
C’est une histoire surprenante et qui, pourtant, pourrait arriver à n’importe qui, tant elle est simple et criante de vérité.
Une histoire racontée dans un style sobre et pur, comme le décor dans lequel elle se déroule. Une histoire d’une humanité formidable, où chacun pourra reconnaître sa force et ses lâchetés, son courage et son désespoir.
C’est un livre qui touche, mine de rien, à tout ce qui compte : l’impact de l’enfance, l’amour filial et l’amour parental, l’amitié, le courage face à l’adversité, la peur, la colère, la haine, le pardon, la présence toute-puissante de la nature, la transmission entre les générations, l’importance des artistes et des artisans, le lien mystérieux entre les hommes et les bêtes…
En fil rouge de toute l’histoire, la responsabilité de nos actes et la nécessité d’en assumer les conséquences.
Un livre paradoxal, à la fois très dur et très tendre, par moments amer et par moments très doux.
Un hymne à la vie d’une générosité rare.
Quant au sens de ce titre énigmatique, “Les chaussures italiennes”, je vous en laisse la surprise. Elle est délicieuse.
Marc, Papa d'Ariane: "Témoignage d’une participante à la balade"
Témoignage d’une participante à la balade en deuil d’une sœur
« Un tout grand merci !
Cela m’a permis de pouvoir m’exprimer
avec des sœurs qui ont un aussi grand vide que moi
et surtout m’autoriser à reconnaître cette douleur et ce manque.
Du fond du cœur, merci. »
Laurence
Réponse de Marc
« Parler, échanger, partager… oser évoquer l’invisible
partout présent dans notre cœur et notre vie…
Un manque reconnu, donc moins lourd…
des amitiés naissantes…
marcher ensemble pour eux et avec eux …
merci à toi Laurence d’avoir participé
aussi intensément et sincèrement. »
Marc, Papa d’Ariane
Marchon Benoît : "L’arbre et la graine"
L’arbre et la graine
Quelqu’un meurt, et c’est comme des pas qui s’arrêtent…
Mais si c’était un départ pour un nouveau voyage ?
Quelqu’un meurt, et c’est comme une porte qui claque …
Mais si c’était un passage s’ouvrant sur d’autres passages ?
Quelqu’un meurt, et c’est comme un arbre qui tombe…
Mais si c’était une graine germant dans une terre nouvelle ?
Quelqu’un meurt, et c’est comme un silence qui hurle…
Mais s’il nous aidait à entendre la fragile musique de la Vie ?
Benoît Marchon
Marchon Benoît : "Quelqu'un meurt"
Quelqu’un meurt,
Et c’est comme des pas
Qui s’arrêtent.
Mais si c’était un départ
Pour un nouveau voyage…
Quelqu’un meurt,
Et c’est comme une porte
Qui claque.
Mais si c’était un passage
S’ouvrant sur d’autres paysages…
Quelqu’un meurt,
Et c’est comme un arbre
Qui tombe,
Mais si c’était une graine
Germant dans une terre nouvelle…
Quelqu’un meurt,
Et c’est comme un silence
Qui hurle.
Mais s’il nous aidait à entendre
La fragile musique de la Vie…
Benoît Marchon
Marianne : "Amzer zo"
Amzer zo (Expression en Breton qui signifie « il y a le temps », le temps pour …)
Que de larmes versées au cours de ces 18 mois, que de souffrance, de solitude. Toujours
cette volonté de rebobiner le temps, jusqu’AVANT. Vouloir te retrouver, te serrer
si fort dans mes bras. J’apprends petit à petit à me résigner, à admettre la réalité. Il
me reste beaucoup de chemin encore à parcourir mais il me semble moins difficile
qu’au début. Ma vie s’est peuplée de très belles personnes surgies de livres, de réunions,
par hasard aussi. J’ai écouté leurs récits, leurs expériences, leur volonté. Elles
m’ont emportée vers l’espoir. Ma vie est maintenant parsemée des petits cailloux
blancs de Lytta Basset, des moments de bonheur d’Elisabeth et Eric de Gentil-Baichis,
des petits coins de ciel bleu de Sylvie Vandam. Je suis la « cheminothérapie » d’Herve
Poens en m’inspirant de la pleine conscience. « La nature absorbe » nous a dit Martine.
Comme elle a raison !
Je te sens de plus en plus présent près de moi mais je n’ai plus la sensation de te
porter sur le dos. Tu deviens mon accompagnant, mon conseiller parfois. Je regarde
les paysages avec 4 yeux et avec 2 fois plus de bonheur et d’émerveillement.
La route sera encore très longue et je ne crois pas qu’elle finira un jour. La vague suivante
viendra, il faudra alors que je regarde en arrière pour y chercher le courage
d’avancer encore et encore.
Marianne, maman d’Antoine, 22 ans
Marie-France : "Vis l’épreuve que tu traverses..."
Vis l’épreuve que tu traverses
Comme une chance de te transformer
Et de devenir meilleur.
Saisis-la, surtout,
Ne la laisse pas passer.
Marie-France
Marie-Jeanne, Maman de Julien : "Appartement 2BD"
Appartement 2BD – chambre à gauche – fenêtre donnant sur cour intérieure, baignée de lumière – SA CHAMBRE – Elle est veuve de lui, immobile, figée, silencieuse. Elle lui tend les objets qu’il ne touchera plus. Elle lui renvoie son sourire qu’il lui avait accroché sur ses murs. Elle éclate de cette couleur jaune dont il l’avait revêtue. Elle pleure son absence. Elle attend sa maman, pour qu’elle y découvre les souvenirs à portée de mains, en douceur elle l’appelle et espère qu’elle y arrivera, à franchir sa porte… !
Marie-Jeanne, Maman de Julien
Marie-Jeanne, Maman de Julien : "Apprendre à contempler"
« Apprendre à contempler.
Rien dire.
Rester dans le silence.
Mais pas n’importe quel silence ! Il y a toute une gamme de silences :
des graves, les aigus, des intenses.
Moi, je parle des silences à étoiles,
des silences à deux, avec des signes et des messages
et des sculptures de connivence,
un silence moelleux et rond comme de la tendresse,
et grisant comme de l’amour.
Un silence dense, la danse d’un silence… »
Marie-Jeanne, Maman de Julien
Marie-Jeanne, Maman de Julien : "Ce matin grand soleil"
Marie-Jeanne, Maman de Julien : "Ce que tu m'as donné"
Ce que tu m’as donné, Julien, c’est la vie qui s’ouvre sur l’inconnu …
c’est le don infini d’être “Maman entre ciel et terre”, c’est ton rire
qui résonne en moi et tes bras autour de mon cou qui vivent à jamais.
Marie-Jeanne, Maman de Julien
Marie-Jeanne, Maman de Julien : "Courage"
« COURAGE »
Lorsque je m’entends dire cela, je reste perplexe et je me dis :
« le mot Courage ne peut pas fonctionner seul(e) » et je me suis dit que si j’avais à encourager quelqu’un, j’oserais le
« Je t’encourage » ainsi Courage est moins seul(e).
Marie-Jeanne, Maman de Julien
Marie-Jeanne, Maman de Julien : "En cette fin août, en face d'un certain bonheur tranquille..."
En cette fin août, en face d’un certain bonheur tranquille…
Bonjour ensoleillé, et pourtant, je le sais car vous me l’avez dit et redit, vous
pensez à lui, à eux, qui nous ont quittés, que nous avons chéris. MAIS, j’ai le
vertige de le constater, je ne perçois, me semble-t-il, ni progrès, ni recul,
mais plutôt quelque chose de pétrifié, ce qui a été “pétrifié” ce “24” est resté
foudroyé. Je réduis l’avenir au quotidien. Julien, je t’aime comme hier, et
quand demain sera devenu le jour à vivre, je t’aimerai de même. Et ainsi de
suite jusqu’au jour J de l’Ineffable, où je te rejoindrai, toi, maman, papa, et
mes bien-aimés! Le deuil et la solitude bouleversent le calendrier; ils ajoutent
une ombre sur ces jours. Les dimanches “vides” sont lourds; et les fêtes,
plus douloureuses que les dimanches sans présence. Quels projets avoir,
lorsque ce qui devrait être soutien, est quelquefois épreuve supplémentaire?
Comme je t’aimais ! Comme on s’aimait !
Marie-Jeanne, Maman de Julien
Marie-Jeanne, Maman de Julien : "Il n'y a pas de mots..."
On nous dit, on nous dit souvent, on nous le répète qu’il n’y a pas de mots.
Cela me laisse perplexe ! Je dirais plutôt que depuis, il n’y a plus de temps,
il n’y a plus de durée, il n’y plus de date, d’années – TOUT a été balayé !
Des mots, mais oui il y en a, et ce sont les mots les plus terribles à dire,
à crier, à hurler, à entendre. Ceux qui nous disent qu’il n’y a pas de mots,
n’ont probablement pas la capacité de les penser CES MOTS ! ESPÉRONS
qu’ils ont encore des bras pour arriver à nous envelopper, malgré la peur qui
les tenaille, et qu’on leur inspire ! Mon bel et unique enfant de 18 ans
JULIEN soit mon messager auprès de tous ceux-là qui restent figés comme
de marbre par rapport à ma souffrance, par rapport à tous les parents du
monde vivant cette même souffrance. Pour qu’un souffle d’empathie puisse
peut être un jour les transformer…
Marie-Jeanne, Maman de Julien
Marie-Jeanne, Maman de Julien : "Julien"
Julien
Je me suis levée avec Toi,
Hier et les jours avant
Plus de 3000 jours de manque,
J’ai pensé à toi Julien, je prie,
En silence,
Je prononce, dis et redis souvent ton prénom.
Tout ce que j’ai de Toi est souvenir,
Ta mémoire est souvenir
Ton image dans un cadre,
Ton corps d’Éternel jeune homme de 18 ans,
Auprès de tes grands-parents,
Beersel ton DDC, Dernier Domicile Connu,
Tu es dans les bras de TA maman du Ciel,
Moi je t’ai dans mon cœur, tes yeux, ton sourire,
L’exemple d’endurance des derniers mois
Pour tes études ne me lâche pas.
Puisse, avec la prière et ton exemple,
Le verdict qui sera prononcé
Ce mercredi 6/11/2019,
Clôturer ton Histoire ici sur cette Terre.
Puisses tu enfin Sauver des Vies,
Grâce au système de détection de noyade.
Marie-Jeanne, Maman de Julien
Marie-Jeanne, Maman de Julien : "La nuit sans étoiles..."
« J’avais vécu des événements terribles cette semaine-là et, dans
mon cœur, c’était la nuit sans étoiles. Toi, l’ami, tu m’as écouté sans
dire un mot, simplement. Mais, dans tes yeux, j’ai vu toute la bonté
du monde. et c’est si bon un regard de bonté.
J’étais si abattu, ce soir-là, et mon cœur était à la dérive.
Toi, l’ami, tu m’as accueilli comme j’étais, sans plus. Et, très chaleureusement,
tu m’as serré la main, avec tes deux mains. Dans tes
mains, j’ai senti toute la tendresse du monde.
Toi, l’ami sans conditions, toi, le grand frère, toi, le grand disponible,
je ne t’oublierai jamais. »
Je vous souhaite à tous d’avoir un grand ami ainsi dans ces moments
de chagrin.
Marie-Jeanne, Maman de Julien
Marie-Jeanne, Maman de Julien : "Le chagrin"
Le chagrin est comme une bête sauvage tapie au fond de vos
tripes et vous submerge sans crier gare. C’est d’une telle force
dévastatrice, et envers laquelle vous êtes impuissant.
Ces moments de chagrins fulgurants vous rendent incapable de
gérer vos actions et vos émotions à ce moment-là,
c’est terriblement épuisant.
Voilà plus de trois ans que ce chagrin immense m’habite.
Julien tu me manques tellement.
Marie-Jeanne, Maman de Julien
Marie-Jeanne, Maman de Julien : "Prendre son temps"
Bonjour,
En ces temps de folie meurtrière, mortifère, je n’ai pas cherché plus loin
que d’essayer de prendre le temps, en pensant à chaque maman, chaque
parent, chaque proche …. Je retourne à ma douleur.
Prendre le temps, essayer de Re-prendre le temps, après, après l’instant
de douleur fracassante de la nouvelle, entendue, l’a-t-on entendue, on
nous la répète, cette nouvelle que je ne veux entendre cette nuit du
24 juin 2011, jour de la Saint Jean-Baptiste, date prémonitoire, nuit la
plus courte de l’année, nuit la plus longue de ma vie, une fulgurance de
douleur, qui n’en finit pas, plus, mon cœur n’est plus, j’ai désormais un
cœur brisé….
Voici quelques lignes trouvées d’un auteur inconnu pour ma part, paroles
d’espérance, de don de la Vie, celle qui continue à côté de nous, en
dehors de nous, en dehors de ce qu’était notre vie….
Paroles retravaillées, revisitées par moi.
« Prendre son temps, re-prendre le temps,
lorsqu’on pourra, lorsqu’on pourra enfin,
Doucement, tout doucement,
Prendre le temps de rire
C’est la musique de l’âme
Prendre le temps de lire
C’est la fontaine de la sagesse
Prendre le temps de s’arrêter
C’est pouvoir à nouveau écouter l’autre assis à côté de nous
Prendre le temps de laisser gambader notre esprit
C’est rejoindre le monde,
la vie, les autres qui nous veulent du bien
Prendre le temps de pleurer
C’est se rendre compte que ces larmes
qui nous coulent des yeux,
pourraient un jour à nouveau être des larmes de bonheur
Prendre le temps d’aimer
C’est probablement ce qui nous donnera
à nouveau l’envie de vivre
Prendre le temps de penser
C’est ramener à nous les souvenirs et
apprendre à les ré-incorporer
avec énormément de douceur
Et cela sera notre Héritage au creux de nos cœurs. »
Marie-Jeanne, Maman de Julien
Marie-Jeanne, Maman de Julien : "Un des souhaits que je me fais pour cette année 2016 !"
Un des souhaits que je me fais pour cette année 2016 !
Devenir l’éducateur d’un enfant disparu sera le travail de ce qui me reste à
vivre sur “cette terre”, comme aimait le dire mon bel enfant blond, unique,
Julien, décédé suite à une noyade quelques jours avant ses 19 ans.
Lui donner sa juste place dans ma famille, auprès de ses oncles, tantes,
cousins, cousines, neveux, nièces. Le laisser évoluer en eux, lui qui ne
grandit plus mais grandit quand même.
Comme l’on devient parent d’un tout petit, puis d’un écolier, puis d’un
adolescent, je continue sans son papa à devenir Maman entre Ciel et Terre
d’un enfant mort.
Moi qui n’en avait qu’un, j’aurai l’étudiant terminant son université avec
distinction, j’aurai le beau jeune homme aux yeux bleus amoureux, j’aurai
le futur papa tout joyeux m’annonçant que je vais devenir grand-mère,
j’aurai tout cela dans mes rêves la nuit, et la journée je continuerai à
apprendre à vivre en souriant en repensant à mon beau nageur décédé,
Mon Enciellé. Ma relation parent-enfants continue avec eux tous, lui
l’enfant rêvé, lui l’enfant décédé et vous ma famille. Il y a simplement
moins de monde pour me montrer la voie, et chacun sait qu’il doit tout inventer.
Puiser en moi-même, puiser dans le bonheur entrevu ou accompli,
les forces et la manière de fonder un nouveau départ avec mon bel enfant
qui ne sera plus jamais là.
Marie-Jeanne, Maman de Julien
Marie-Jeanne, Maman de Julien : "Une fleur sur le bord du chemin"
Marsaudon Fabienne : "Nulle part ailleurs que partout"
Nulle part ailleurs que partout
Toi la présence dans l’absence
Toi la parole dans le silence
Je ne te trouve nulle part
Nulle part ailleurs… que partout
Tu es la saveur et le sens
De ce qui jamais ne finit
Dans les moments de soif intense
Tu m’as abreuvée d’infini
Mon bonheur d’être, ma source vive
Le beau poème de mes jours
Je te rejoins sur l’autre rive
Là où patiente ton amour
Je t’ai rêvée de part en part
Dans des instants de rien du tout
Je ne te trouve nulle part
Nulle part ailleurs… que partout
Tu donnes sens à mon existence
Je ne peux oublier ce jour
Où frôlée d’un amour immense
Je t’ai sentie là tout autour
Comme le doux murmure du vent
Fredonne une chanson de ciel
Rien ne sera plus comme avant
Je ne vis plus que d’essentiel
Mon bonheur d’être, ma source vive
Le baume à mes peines d’avant
Tu ensoleilles ce qui m’arrive
Autour de moi et au-dedans
Je t’ai rêvée de part en part
Dans des instants de rien du tout
Je ne te trouve nulle part
Nulle part ailleurs… que partout
Longtemps c’est vrai je t’ai cherchée
Sans voir que tu étais toujours
Tout près de moi à peine cachée
Dans les recoins de mon amour.
Toi la présence dans l’absence
Toi la parole dans le silence
Je ne te trouve nulle part
Nulle part ailleurs… que partout.
Fabienne Marsaudon
Martine, Maman de Michaël : "Après la mort de Michaël..."
Martine, Maman de Michaël : "La vie après le suicide d'un proche"
l’émission, la présentatrice, Nadia Charbonnier, un père (Paul) du groupe Phare (groupe de deuil après suicide-Paris) témoignent. Christophe Fauré et Xavier Pommereau sont également interrogés sur leurs expériences professionnelles de psychiatres et d’accompagnants.
« On pense beaucoup à ce que la personne pensait avant de mourir, leurs dernières idées nous hantent, nous y pensons tout le temps tandis que eux ne l’ont vécu qu’une seule fois avant leur mort…
C’est une période de grande confusion, la recherche du pourquoi, les raisons sont multiples, un moment donné on laisse tomber le pourquoi, on accepte qu’il n’y aura pas de réponse unique il n’y a qu’une partie de réponse à laquelle on a accès, ils partent avec leurs secrets. »
Pour Christophe Fauré : C’est le poison de ce deuil. Il est présomptueux de se dire qu’on y est pour quelque chose, mais la culpabilité est aussi nécessaire pour mieux apprivoiser ce deuil si particulier. Qu’ai-je fait, ou pas fait ? Qu’ai-je dit ou pas dit ? Pourquoi ne pas avoir osé lui en parler, parler de notre crainte face à leur mal-être ? Après la mort d’un enfant, ces questions restent une obsession. Le rapport avec les autres change après un deuil par suicide, c’est un deuil qui interpelle = le tabou du suicide, la contagion, cela fait peur ! On change de statut.
« Certains se sentent trahis et abandonnés par l’enfant, le frère, la soeur ou un proche qui se suicide. Ils partent avec leurs secrets et laissent les proches désemparés. La colère y est aussi liée au « et nous alors on t’aime, on souffre et tu n’as pas pensé à nous ».
« Il est bon que les endeuillés puissent se raconter encore et encore, cela dégonfle la charge émotionnelle. Aide à sortir de la solitude, comprendre que d’autres aussi
L’auteure du film Katia Chapoutier dit que ce film est né parce-que « j’ai voulu rendre utile ce que nous ne pouvions plus changer. Cela a été pour moi un retour à la vie. »
Martine, Maman de Michaël : "La mémoire"
Massot Jean-Louis : "Le jour s'est levé"
Lentement s’est approché
M’a demandé si je voulais un café
Puis m’a pris dans ses bras
Et il m’a murmuré à l’oreille
Tu verras, ça va aller aujourd’hui
Tes morts sont toujours là près de toi.
Un ami de Mathilde : "Mathilde"
Mathilde
Tu avais 12 ans
Et la vie devant toi.
La maladie en a décidé autrement
Et nous a laissés tous en manque de toi.
Comment un enfant de notre âge
Peut accepter une telle injustice?
A 12 ans, on vit sur un nuage,
On veut des feux d’artifice.
Paraît que c’est la faute à «Pas d’chance».
Un ami de Mathilde
Meunier Denis : "La tempête"
Un épais brouillard m’a fait perdre le rivage.
Dans le noir, j’ai fait naufrage.
Le vent a soufflé plus grand et plus fort que moi,
La vie a fait fi de toutes mes lois…
J’ai crié à l’injustice, j’ai perdu la voie.
J’ai frôlé les récifs, j’étais devenu la proie…
Sans comprendre, j’ai dû quitter mon navire.
Laisser derrière les bagages de la vie rêvée, et m’abandonner.
Dans le désarroi, me laisser bercer.
Avec humilité, ne faire que flotter…
Et puis doucement, la nature se calme et je retrouve mon âme.
La tempête passe, et devant moi la plus belle baie turquoise.
Le vert et le bleu du rescapé, l’espoir issu du noir.
Denis Meunier
Meunier Henri : "Pourquoi naître s'il faut mourir?"
Pourquoi naître s’il faut mourir?
S’il faut naître pour mourir,
Il nous faut aussi peut-être mourir pour renaître.
Il n’est pas facile de naître.
Comme il n’est pas facile de mourir.
Car nous avons peur de quitter la vie que nous connaissons
pour une autre vie inconnue.
Et de même qu’il existe des naissances avant terme,
Il y a des morts qui nous semblent bien prématurées.
Mais la vie nous pousse toujours en avant.
Elle nous projette chacun à son rythme.
Et le fleuve devient la mer.
La chrysalide abandonne son cocon
Pour devenir papillon de liberté.
“A moins qu’il ne meure, le grain ne porte pas de fruit.”
Il nous faut quitter un jour notre manteau d’hiver, pour vivre
un printemps nouveau.
“La vie ne nous est pas ôtée. Elle est transformée.”
Finalement, la mort n’existe pas pas.
Bien sûr, il y a la mort corporelle qui fait souffrir et pleurer,
Mais ce n’est pas la mort spirituelle.
La mort est une porte, un passage,
Vers le pays de l’immense amitié, de la tendresse infinie.
La mort nous élève au-dessus des insignifiances
Et des banalités du quotidien.
L’homme ne meurt pas.
La mort est un accouchement vers la lumière.
Henri Meunier
Michel : "S'il y a un paradis..."
S’il y a un paradis, une vie après la vie, je vous y attends.
Prenez votre temps, je serai patiente!
S’il n’y a rien, que du néant, j’y échapperai en pensant à la force des sentiments qui nous ont unis et, tant pis pour le néant, je vous attendrai quand même!
Michel
Michel, Papa de France : "Ose le meilleur de ta vie"
Ose le meilleur de ta vie
Ça aussi, tu nous l’as écrit.
Personne ne la vivra pour toi,
Relève les défis, aie confiance en toi.
La vie est un bien très précieux.
Fais le maximum pour être heureux.
Vis pleinement chaque moment.
Fais les choses comme tu le sens.
Mais n’oublie jamais de rester toi-même,
Dans la joie comme dans la peine,
Dans la joie comme dans la peine.
Depuis que tu nous as quittés,
Devenus Parents désenfantés,
C’est toi qui nous donnes la force
De traverser ce drame atroce.
Tu es devenue notre ange gardien.
Tu veilles sur nous au quotidien.
Mais ce que tu nous as appris,
C’est qu’après cette vie, c’est pas fini.
Un jour on se retrouvera
Tous ensemble dans l’au-delà,
Tous ensemble dans l’au-delà.
Michel, Papa de France
Michel, Papa de France : "Parce que je t'aime"
Parce que je t’aime
Depuis que tu nous as quittés,
On conjugue souvent le verbe aimer,
Pour supporter ton absence,
On se nourrit d’espérance.
Fallait-il donc que tu t’en ailles,
Pour te retrouver dans nos entrailles ?
Tu n’es plus là physiquement,
Mais au fond de nous, on te sent tout le temps.
Tu nous as laissé des messages,
On s’en inspire avec courage
Pour mener une vie plus sage.
Tu nous dis : l’amour c’est la vie,
Vivre sans amour, c’est une parodie.
Il faut laisser parler ton cœur
Si tu veux trouver le bonheur.
Il faut regarder autour de toi
Et voir combien de gens ont froid.
Il faut leur tendre la main
Ainsi qu’à tous ceux qui ont faim.
Car sur notre bonne vieille terre,
Il y a beaucoup de misère,
Beaucoup trop de misère.
Ne te fie pas aux apparences,
Elles sont trompeuses, fais la différence,
Entre ceux qui ne voient que le profit,
Et ceux qui pensent parfois à autrui.
Préfère ceux qui, comme seule richesse,
Ont le regard plein de tendresse
A ceux qui aiment étaler,
Au grand jour leurs objets dorés.
Car n’oublie jamais que le bonheur,
Se construit avec le cœur,
Se partage avec le cœur.
Michel, Papa de France
Mireille, Maman de Jean-Baptiste : "Jean-Baptiste, mon fils"
Jean-Baptiste, mon fils
J’appris ton décès
Par un coup de fil
Un matin d’avril
Le gendarme m’a dit
Votre fils est mort
Jean-Baptiste est mort
Oui, il est tombé
Il est décédé
Nous sommes arrivés
Tu étais couché
Mort, inanimé
J’ai crié, hurlé
Tout a basculé
Le monde effondré
Depuis ce jour-là
Julien, Papa et Moi
On se sent si las
On a goût à rien
On a qu’une envie
Te voir revenir
Voir ton beau sourire
Mais on doit tenir
Oui on doit vivre
Ne pas faire souffrir
Ceux qui nous aiment
Ceux qui nous tiennent.
Mireille, Maman de Jean-Baptiste
Mireille, Maman de Jean-Baptiste : "A toi mon fils"
A toi mon fils
Cinq ans déjà
Cinq ans sans toi
Sans tes sourires
Et tes fous rires
Quel vide sans toi
Parfois on n’y croit pas
Sans arrêt on pense à toi
Si tu savais Jean-Baptiste
A quel point on est triste
Quel désespoir
De ne plus te voir
On vit un cauchemar
Un rêve éveillé
Depuis que tu t’en es allé
Tu seras à jamais dans nos cœurs
On t’aime mon cœur
Tu es gravé dans nos cœurs
On ne pourra jamais t’oublier
On t’a tellement aimé
On t’aimeras pour l’éternité
Tu seras toujours notre enfant.
Ton papa et ta petite maman.
Mireille, Maman de Jean-Baptiste
Moire Emmanuel : "Sois tranquille"
Sois tranquille
Je sais la peine, je sais les pleurs et les pensées
Que les mots ne peuvent apaiser
Je sais l’absence, je sais le manque et les regrets
Les souvenirs qu’il faut revivre et partager
Je sais tout ce qui est pour toi
Sois tranquille
Tout va bien
Sois tranquille
Je suis serein
Je repose en paix
où je vais
Sois tranquille
Ce n’est rien
Sois tranquille
J’en ai besoin
Et je m’en sers
Je me libère
Enfin
Je sais le temps, je sais les heures, les nuits passées
Que les rêves ne peuvent soulager
Je sais l’effort et le courage à retrouver
Se souvenir qu’il faudra vivre et continuer
Je sais tout ce qui est pour toi
Sois tranquille
Tout va bien
Sois tranquille
Je suis serein
Je repose en paix où je vais
Emmanuel Moire
Monbourquette Jean et Fauré Christophe : "Gérer ses émotions..."
Texte réalisé à partir des écrits de J. Monbourquette (Aimer, perdre, grandir) et de C. Fauré (Vivre le deuil au jour le jour)
Gérer ses émotions
La colère, un mal nécessaire
Au cours de l’épreuve terrible que constitue le deuil d’un enfant, la colère est
présente et il faut en tenir compte. Elle a manifestement sa raison d’être.
Dans le processus du deuil, il arrive fréquemment que surgissent des moments de
colère. Cette émotion est très différente du ressentiment.
En effet, elle s’évanouit une fois qu’elle est exprimée, alors que le ressentiment
n’en finit pas de ronger le cœur et de refaire surface, surtout s’il est entretenu.
En général, cette colère ne s’exprime pas directement vis-à-vis de la personne qui
nous a quittés.
On peut ressentir une blessure et des mouvements d’agressivité. Même si ce n’est
pas de sa faute. Mais peu de personnes osent dire à leur enfant décédé : “Je t’en
veux de m’avoir abandonné, d’être parti avant moi, de m’avoir fait une si grande
blessure au cœur!”
Où cette colère trouve-t-elle ses racines ? Face à un ordre des choses allant de soi,
soudain tout vole en éclats, tout explose, les croyances et les convictions sont
ébranlées, on se demande si on ne s’est pas trompé ou si on n’a pas été trompé.
On est en colère contre Dieu, en colère contre la destinée.
Au-delà de la douleur et de la révolte, c’est une profonde remise en question des
valeurs religieuses philosophiques ou spirituelles qui s’opère.
Comment s’exprime la colère ? La plupart du temps, le sentiment de colère va
s’exprimer dans des “pourquoi ?” Pourquoi es-tu parti si vite ? Pourquoi m’as-tu
laissé alors que j’avais si grand besoin de toi ? Pourquoi Dieu est-il venu te chercher ?
Ces interrogations sont en réalité des cris de révolte. Il s’agit moins de
demander des explications que de trouver une occasion d’exprimer sa colère et
souvent de désigner un bouc émissaire.
La colère ressentie peut se déplacer sur d’autres personnes. On cherche un
coupable sur qui faire passer sa colère : des soignants qui n’ont pas assez bien fait
leur travail ; d’autres membres de la famille, qui avaient charge de notre enfant ;
le psychologue qui n’a rien vu venir, etc.
Il est bon de laisser monter la colère en soi. Elle permet de signifier à la personne
qui est partie de sa vie, la peine que son départ a occasionnée et l’état d’irritation
dans lequel on se trouve. Mais il ne faut pas seulement se contenter de laisser
monter sa rage. Il faut lui trouver des exutoires. En faisant des exercices physiques
intenses, en tapant sur un oreiller, un matelas ou bien en criant à tue-tête dans un
endroit désert par exemple.
C’est une chance d’éprouver un tel courroux et de pouvoir l’exprimer de manière
aussi saine. Cela permettra de sauvegarder sa santé mentale.
Beaucoup trop de personnes confrontées à un deuil refoulent leur colère. Et celleci
finit par se retourner contre elles, et les conduit à des crises de culpabilité,
d’angoisse et de dépression.
Il est bon de laisser la rivière de ses émotions et de ses sentiments suivre son cours.
Elle mènera vers des eaux plus calmes, celles de la tranquillité intérieure.
Trois questions à Ghislaine Longevial-Taleb
A quoi sert la colère ?
C’est l’émotion de base qui vient indiquer la limite. Elle permet de se défendre des
agressions de l’extérieur, mais aussi de protéger ce qui nous est précieux. Le départ
de l’Etre Aimé est source de colère parce que ma souffrance est intolérable, alors
j’en veux… aux médecins, à moi, à lui, à Dieu… à la terre entière.
Comment la canaliser ?
Tout d’abord, arrêtons de vouloir la chasser! Elle est mon baromètre intérieur qui
vient m’indiquer que la limite de ce que je peux supporter est atteinte. Apprenons
à la reconnaître et à l’accepter. Si elle est trop intense, cherchons à la laisser
s’exprimer en écrivant, en tapant sur un coussin, en criant dans la nature, dans la
voiture. Pratiquer un sport de combat, courir, marcher sont de bons exutoires.
Peut-on s’en servir positivement ?
La colère apporte le tonus et le dynamisme dont nous avons besoin pour ne pas se
résigner, ni subir. Elle nous permet de mobiliser l’énergie pour faire changer la
situation, et nous donne la force et la détermination pour réagir. Coluche, l’Abbé
Pierre ou encore Sœur Emmanuelle étaient des êtres en colère, et ils ont utilisé
leur colère pour réaliser quelque chose. Me servir positivement de la colère c’est
fixer mes limites internes et externes, et faire entendre ma voix pour réaliser mon
chemin de deuil.
Monnin Isabelle : "Mistral perdu"
Extrait de Mistral Perdu d’Isabelle Monnin
« L’état de chagrin est ma maison,
j’en connais chaque centimètre carré.
Je le déteste autant qu’il me rassure.
Après une longue descente de plusieurs virages,
le sentier débouchera, on me l’a juré, sur les terres d’après.
De l’autre côté de la frontière m’attendent des gens
qui ne l’auront jamais croisée,
des endroits qu’elle ne connaîtra pas,
des musiques que nous ne pourrons pas écouter ensemble,
des rigolades qui la trahiront d’exister hors d’elle.
Je ralentis mon pas, je ne veux pas abandonner ma soeur,
elle est bien trop petite pour l’immensité de la mort. »
Isabelle Monnin
Morato Nina : "La mort de Julia..."
« La mort de Julia m’a fait franchir un cap.
Perdre un enfant est très injuste.
Pendant plusieurs mois, j’ai vécu en autarcie,
je me sentais pestiférée.
Mais il faut cautériser, dépasser le chagrin.
Il y a tant à en apprendre !
C’est vertigineux, éprouvant, mais passionnant.
J’ai tout agrandi,
j’ai abattu mes cloisons inutiles,
j’en ai fait une chance.
Aujourd’hui je considère que
Julia m’a fait un cadeau en partant.
Elle a ouvert ma conscience. »
Nina Morato
Mozart, l'opéra rock : "Dors mon ange"
Dors mon ange
Le sourire qui s’allume
Le regard qui s’embrume
Et tu t’en vas danser au ciel.
Tu m’apaises Tu me mens
Puis tu glisses doucement
Vers le plus beau des sommeils.
Dors mon ange
Dans l’éternelle candeur
Dors mon ange
Le ciel est ta demeure
Vole mon ange
La vie est plus douce ailleurs.
Dors, dors, dors, mon ange dors,
Les cloches sonnent l’Angélus
Vole, vole, vole,
C’est mon enfance qui s’envole
Ce sont mes rêves que l’on viole.
Je suis un funambule
Suspendue dans la brume
Je marche sur le fil de tes pas.
Je titube, je bascule
Et je plonge dans l’écume
Des jours qui me parlent de toi.
Dors mon ange
Dans l’éternelle candeur
Dors mon ange
Le ciel est ta demeure
Vole mon ange
Le temps pansera ma douleur.
Mozart l’opéra rock
M.P : "Extrait de Nuit de l’absence"
Que dis-tu de l’absence ?
Nuit de l’absence…hier et aujourd’hui…
(…)
Nuit de l’absence :
Dans les soirs de deuil,
Soirs, lendemains, surlendemains…
Que fais-tu du silence,
Dans les nuits de l’absence ?
Et si nos nuits étaient fécondes pour enfanter le jour ?
Et si le silence était re-créateur pour méditer tant de promesses ?
Et si l’absence devenait longue attente,
Et si la prière était présence ?
Seigneur Dieu, dans la nuit de l’absence serais-tu proche ?
Mujawayo Esther et Belhaddad Souad : "Survivantes"
Extraits de SURVIVANTES
Après le génocide, j’ai compris que ma souffrance à moi dépasse, en effet,
toutes les limites, qu’elle ne peut pas se dire, ni s’entendre mais que cela ne
pouvait pas être une raison pour ne pas accepter la souffrance de l’autre. J’ai
du mal à l’expliquer mais c’est une intuition que je portais depuis un bon
moment déjà : le fait qu’une souffrance est personnelle, qu’elle n’est pas
quantifiable et qu’il ne faut pas nécessairement chercher à la comparer à
une autre.
Un jour, une maman nous a dit : « Le malheur se prononce toujours au singulier.
Mon malheur, c’est le mien, ton malheur, c’est le tien et ce qui s’applique
à moi ne s’applique pas à toi… C’est la force intérieure que tu as
ou pas qui peut te permettre d’accepter ton sort.
Esther Mujawayo et Souad Belhaddad
Muller-Collard Marion : "D'inconsolables chagrins"
…..
S’il n’existe aucun système explicatif du mal, aucun dogme ni grigri qui fassent l’économie de notre vulnérabilité, il existe la solidité des montagnes, la fidélité des paysages, le foisonnement végétal qui redonne fidèlement ses fruits à chaque saison.
Murielle, Maman d'Yves : "Yves"
N
Nancy, Maman de Lina : "Poem for Lina"
For with love and joy they were made
Friends and family, we share a bond
For of you dear Lina, we are so fond
We each remember the first time we met
Deep in our hearts you’ll always remain
Sometimes we are sad, but we try to refrain
Sending signs with a rainbow or a butterfly
Or the touch of a breeze or a star in the sky…
Or a dream, or a song, or a person who walks by…
But this I know – your soul will not die.
You’ll continue to watch over us, from above
With every one of us, you share God’s love
So we share our memories, which to me are so dear!
Not a day goes by, without saying your name
I still talk to you, we all do the same!
I know this is corny, but Donald would say “Quack”
Our love is infinite, it will never cease.
You have touched so many lives, that it can only increase!
Knowing surely that in heaven one day we’ll reunite
As your Mom, your sister, all your family, and friends
Just know my dear Lina, our love will not end!
Neeman Sylvie : "Il faut le dire aux abeilles"
Nelson Jandy : "Le ciel est partout"
Le ciel est partout
Le deuil est comme une maison où les chaises
auraient oublié comment nous porter
les miroirs comment nous réfléchir
les murs comment nous soutenir.
Le deuil est comme une maison qui disparaît
chaque fois qu’on frappe à la porte
ou qu’on presse la sonnette
une maison qui se volatilise
dès le premier souffle de vent
et s’enfuit en profondeur sous la terre
pendant que tout le monde dort.
Le deuil est comme une maison où nul ne peut
vous protéger
où la plus jeune des deux soeurs
deviendra plus vieille que son aînée
où les portes
ne vous laissent plus ni entrer ni sortir.
Jandy Nelson
Nys-Mazure Colette : "Près de celle qui vient de partir"
Près de celle qui vient de partir
Près de celle qui vient de partir
Nous allons sans savoir, obscurcis et chancelants.
Ta main ne soutient plus la nôtre
Et ta voix est si basse
Que nous ne l’entendons plus.
Nous interrogeons les murs et les nuages.
A qui adresser les reproches, les insultes
Qui nous échappent : pourquoi elle ?
Pourquoi si tôt ? Et nous ? Et moi ?
Nous nous cognons aux questions
Sans interlocuteur.
Nous marchons cependant,
Comme elle avançait.
On a parlé d’une lueur,
D’une clarté, le troisième jour.
L’espérance est chevillée à la douleur.
Colette Nys-Mazure
O
Obispo Pascal : "Arigato"
Arigato
Je t’ai vu me quitter des yeux
Pour d’autres ailleurs, vers d’autres cieux
On y parle d’endroits merveilleux
Merveilleux
Mais personne n’est revenu déjà
Pour nous dire si c’est vrai ou pas
Tu aurais pu me dire « Adieu »
Tenir ma main encore un peu
Même si là-bas on y est mieux
On y est mieux
Mais personne n’est revenu encore
De cet autre côté du décor
Arigato
Mon amour…. A bientôt…
Mon amour…
Je t’ai vu t’en aller heureux
Pour un voyage vers le grand bleu
Qui ne se fait jamais à deux
Jamais à deux
Mais personne n’est revenu déjà
Pour dire qu’on vous attend là-bas
Arigato
Mon amour…. A bientôt…
Mon amour…
S’il fallait entre nous un mot
Qui soit comme un dernier cadeau
Avant de fermer les rideaux
Mon amour…. Mon amour…. Mon amour… Mon amour…
A bientôt
Arigato
Mon amour…. Mon amour… A bientôt
Arigato.
Pascal Obispo
Odile X : "Extrait de Jalmav 9/93"
La plus grande fidélité que nous pouvons avoir envers celui qui nous a quitté est de vivre, de vivre très fort, en continuant de tisser chaque jour cette toile de vie où la trame de l’autre est toujours présente… La fidélité à l’autre n’est pas l’enfermement, mais plutôt un appel à aimer désormais pour deux.
Odile X Dans Jalmav 9/93 (Jalmav est une association d’aide aux personnes en fin de vie).
O' Farrell Maggie : "Quand le deuil nous rend méconnaissables..."
Quand le deuil nous rend méconnaissables…
“Etes-vous encore enceinte quand le bébé est mort ?
Voilà la question que je me pose en poussant mon fils sur une balançoire.(…)
Une femme glisse un enfant, plus âgé que le mien, sur la balançoire voisine. Je lui rends le sourire qu’elle m’adresse. Lorsqu’elle se redresse, j’aperçois la courbe distendue de son ventre et ses vêtements qui s’étirent pour le
recouvrir. Huit mois, facile, peut-être même neuf. Dans un mois, elle aura un bébé, il sera sorti, en train de respirer.
La femme se place derrière la balançoire, et ce n’est qu’à ce moment-là, lorsqu’elle commence à pousser, que je remarque que d’autres enfants l’accompagnent, des jumeaux, derrière elle, dans une poussette double, et en voyant ce spectacle, en voyant que je suis entourée d’enfants, ses enfants, une telle bouffée de haine m’assaille que je suis obligée de me retourner, honteuse”.
Maggie O’ FARRELL (Extrait de “I am, I am, I am – Dix-sept rencontres avec la mort”, Belfond, 2019)
P
Pagny Florent : "Savoir aimer"
Savoir Aimer
Savoir sourire,
À une inconnue qui passe,
N’en garder aucune trace,
Sinon celle du plaisir
Savoir aimer
Sans rien attendre en retour,
Ni égard, ni grand amour,
Pas même l’espoir d’être aimé,
Mais savoir donner,
Donner sans reprendre,
Ne rien faire qu’apprendre
Apprendre à aimer,
Aimer sans attendre,
Aimer à tout prendre,
Apprendre à sourire,
Rien que pour le geste,
Sans vouloir le reste
Et apprendre à Vivre
Et s’en aller.
Savoir attendre,
Goûter à ce plein bonheur
Qu’on vous donne comme par erreur,
Tant on ne l’attendait plus.
Se voir y croire
pour tromper la peur du vide
Ancrée comme autant de rides
Qui ternissent les miroirs
Savoir souffrir
En silence, sans murmure,
Ni défense ni armure
Souffrir à vouloir mourir
Et se relever
Comme on renaît de ses cendres,
Avec tant d’amour à revendre
Qu’on tire un trait sur le passé.
Apprendre à rêver
À rêver pour deux,
Rien qu’en fermant les yeux,
Et savoir donner
Donner sans rature
Ni demi-mesure
Apprendre à rester.
Vouloir jusqu’au bout
Rester malgré tout,
Apprendre à aimer,
Et s’en aller,
Et s’en aller…
Florent Pagny
Panesi Flora: "Fleur de Farine"
Extrait du livre : Fleur de Farine de Flora Panesi
« Me voici donc engagée sur un chemin étrange
que je vais suivre pour la première fois,
d’autres deuils ont déjà marqué ma vie,
mais jamais comme celui-ci.
Pourquoi ? Pourquoi toi ?
Je suis incapable d’apporter une réponse….
J’admets maintenant qu’on ne peut tout expliquer.
Ce chemin inquiétant est là devant moi,
je pars à la recherche d’une clé
qui m’ouvrira peut-être le passage vers un nouveau jardin…
Et j’espère au plus profond de moi que tu seras à mes côtés,
que mes pas ne seront jamais loin des tiens… »
Flora Panesi
Papa de Bruno : "Ode à la spécificité de Parents désenfantés"
Ode à la spécificité de Parents désenfantés
A toi qui m’as écouté
Tu as connu ce que je vis
Tu ne me l’as pas dit
Mais je le vois dans tes yeux
Et surtout dans ton coeur
Mon message a un écho
Et mon chagrin une résonance
Je puis tout te dire
Je sais que tu m’accompagnes
Là où je suis, pas bien loin
Mais dans tes pas d’autrefois
Je veux te suivre si je peux
Tu l’as fait, je ne sais comment
Mais ta présence à ma parole
Me dit que tu es passé par là
Que tu as ressenti ce vide infini
Que tu l’as vécu toi aussi
Et que tu puisses me rejoindre
Dans un élan de renaissance
Me donne une poussée d’avenir
Dans mon chagrin immense
Sois reconnue comme un espoir
De mettre des mots à ma douleur
Et de tenter d’être comme toi
Debout dans la tempête
Accroché pour un temps à ton bras
Face à un monde où je pourrai re-vivre.
Le Papa de Bruno
Paulette, Maman de Laurence : "Ton absence, le manque"
Ton absence, le manque
Coulent les saisons,
Le soleil, le vent, la pluie
Témoins de mon infortune,
Ton absence, le manque…
De l’aube au crépuscule,
S’écoulent des heures d’amertume,
Ton absence, le manque…
Ton premier cri lors de la délivrance,
Tes yeux grands ouverts sur le monde
Enfance sans encombre,
De solitude en rêveries
Tes besoins de tendresse, d’amour et de caresses.
Coulent les saisons,
Le soleil, le vent, la pluie
Témoins de mon infortune,
Ton absence, le manque…
De l’aube au crépuscule,
S’écoulent des heures d’amertume,
Ton absence, le manque…
Premières amours, premiers détours
Conflit, révolte, cris de détresse !
Au seuil de la maturité, te voilà prête à t’envoler
Rêvant d’en savoir toujours plus,
Cherchant sans cesse le chemin, menant à la sérénité.
Coulent les saisons,
Le soleil, le vent, la pluie
Témoins de mon infortune,
Ton absence, le manque…
De l’aube au crépuscule,
S’écoulent des heures d’amertume,
Ton absence, le manque…
Entre espoir et réalité, Entre désir et rêverie,
Amour toujours, amour brisé
Destin d’un jour, destin tragique
La main du cœur, main assassine
Et tout bascule, et tout s’écroule…
Coulent les saisons,
Le soleil, le vent, la pluie
Témoins de mon infortune,
Ton absence, le manque…
De l’aube au crépuscule,
S’écoulent des heures d’amertume,
Ton absence, le manque…
Ton absence ne me laisse que nous confidences,
De tes colères, de tes fous rires, ton ironie,
Ne subsiste que silence …
Ton frère Vincent guide mes pas sur le chemin
Et puis ses p’tits … Pour un demain
Coulent les saisons,
Le soleil, le vent, la pluie
Témoins de mon infortune,
Ton absence, le manque…
De l’aube au crépuscule,
S’écoulent des heures d’amertume,
Ton absence, le manque…
Si doux l’amour à l’unisson de nos deux cœurs
Ne peut finir, ne peut mourir …
Pour toi j’écris cette chanson,
Laurence ma fille, Laurence ma vie.
Paulette, Maman de Laurence
Peguy Charles : "Des larmes d’amour"
Il y a des larmes d’amour
Qui durent plus longtemps
Que les étoiles du ciel.
Charles Peguy
Père André Marie : Extrait de "Vivre et croire"
Vivre et croire
Vivre et croire
c’est aussi accepter que la vie contient la mort
et que la mort contient la vie.
C’est savoir, au plus profond de soi,
qu’en fait, rien ne meurt jamais.
Il n’y a pas de mort,
il n’y a que des métamorphoses.
Tu ne nous a pas quittés
Mais tu t’en es allé au pays de la Vie,
Là où les fleurs
Plus jamais ne se fanent,
Là où le temps
Ne sait plus rien de nous.
Ignorant les rides et les soirs,
Là où c’est toujours matin,
Là où c’est toujours serein.
Tu as quitté nos ombres,
Nos souffrances et nos peines.
Tu as pris de l’avance
Au pays de la Vie.
Je fleurirai mon cœur
En souvenir de toi,
Là où tu vis en moi,
Là où je vis pour toi.
Et je vivrai deux fois…
Père André Marie
Perros Georges : "Le suicide..."
« Le suicide, ce n’est pas vouloir mourir,
c’est vouloir disparaître. »
Georges Perros
Pipo Carla Simon : Film "Eté 93"
Film réalisé par Carla Simon Pipo, sorti en juillet 2017
Eté 93 raconte la façon dont Frida, 6 ans, suite à la mort de ses parents, quitte Barcelone et part vivre à la campagne chez son oncle, sa tante et leur petite fille de 3 ans qui l’ont accueillie.
Le temps d’un été, Frida apprendra à accepter son chagrin, à s’intégrer à sa nouvelle famille, et ses parents adoptifs apprendront à l’aimer comme leur propre fille.
Carla Simon, la réalisatrice, sait de quoi elle parle : ce qu’elle raconte dans le film, elle l’a vécu elle-même à 6 ans.
Les différentes phases du deuil et du choc sont dessinées avec subtilité et en petites touches, jusqu’à la scène finale qui libère soudain l’émotion retenue de Frida et la nôtre en même temps.
La puissance du refoulement saute soudain aux yeux.
Filmé à hauteur d’enfant, les 2 petites actrices, Frida et sa cousine sont formidables de naturel.
Récompensé au dernier festival de Berlin, Eté 93 est une chronique émouvante, juste et sobre de l’enfance face au deuil.
La lenteur du film, peut déranger certains, mais le sujet traité, le deuil, ne nécessite-t-il pas de laisser le temps s’écouler lentement ?
Françoise, Maman d’Adrienne
Pontalis Jean-Bertrand : "Traversée des ombres"
« Un creux est en nous à jamais
Mais le creux n’est pas l’abîme. »
Jean-Bertrand Pontalis
Proust Marcel : "L'absence"
L’absence n’est-elle pas, pour qui aime, la plus certaine, la plus efficace, la plus vivace, la plus indestructible, la plus fidèle des présences ?
Marcel Proust
Prudhomme Sully : "Au premier regard"
C’est au premier regard porté,
En famille, autour de la table,
Sur les sièges plus écartés,
Que se fait l’adieu véritable.
Sully Prudhomme
Q
R
Ragueneau Philippe : "L'autre côté de la Vie"
L’autre côté de la Vie
Philippe Ragueneau, journaliste et homme de télévision (il a créé
le “journal parlé” et la deuxième chaîne de télévision française) raconte ici la
maladie et le décès de son épouse tant aimée, Catherine Anglade, et la mystérieuse
communication qui s’est établie entre eux après sa mort. Voici ses mots
pour tenter d’expliquer comment Catherine communique avec lui :
“ Ce qu’elle me dit m’arrive dans le cerveau sous forme de pensées, de propos
ou de réflexions que je pourrais prendre pour miens s’ils n’étaient pas fortement
typés : ce sont les mots de Catherine, les structures de phrases de
Catherine, les intonations de Catherine et cette façon de dire inimitable,
qui n’appartient qu’à elle.”
Au fil de leurs “conversations”, Catherine lui explique que, comme elle le lui avait
promis de son vivant, elle vient l’aider et le soutenir dans l’épreuve de la séparation,
et aussi lui demander d’écrire un livre, destiné à réconforter toutes les
personnes frappées par le deuil d’un proche :
“Je sais combien il t’est difficile et pénible d’écrire ce livre, mais pense aux
autres. (…) Occupe-toi de ceux qui en passent par où tu es passé: ils ont
besoin de toi, de nous…”
L’aide quotidienne de Catherine se manifeste de façon très terre-à-terre : elle lui
indique où retrouver sa canne, comment faire redémarrer sa voiture, chez quel
kiné aller …
A côté de cela, elle lève un coin du voile sur sa nouvelle vie :
“…Je suis entrée de plain-pied dans un éblouissant bonheur. Je suis
heureuse, mon bonhomme, immensément heureuse !”
ou encore :
« Un mur, vois-tu, est inévitable et nécessaire entre notre univers et le vôtre,
et ne m’en demande pas les raisons, bien que tu puisses les deviner ».
Alternent des descriptions de ce que Catherine “vit” là où elle est, et les conversations
ordinaires d’un couple qui continue d’échanger, au quotidien, sur une foule
de sujets : les amis, les soucis de santé de Philippe, l’amour des chats, de la
Provence, de leur maison…
C’est étonnant, encourageant, plein d’espoir.
Philippe Ragueneau
Ramuz Caroline : "Les souvenirs de joie"
Ne laisse pas le deuil ni le chagrin chasser les souvenirs de joie.
Garde précieusement le bonheur que tu as connu et partagé.
Il n’est jamais perdu.
Caroline Ramuz
Reeves Hubert : "On m'a dit"
Riber Robert : "Il y a toujours une étoile dans ton ciel..."
Je partage ce texte, aujourd’hui, car aujourd’hui, il fait sens pour moi, demain je ne sais pas car nos émotions sont si fluctuantes, nous qui avons perdu un enfant :
“Il y a toujours une étoile dans ton ciel,
Si tu sais regarder, si tu veux regarder.
Même au plus profond de la nuit,
Quand tout semble perdu, que tu te crois abandonné,
Lève les yeux, regarde et avance….
Il y a toujours une étoile dans ton ciel,
Allez, rien n’est jamais fini,
Tout peut recommencer si tu le veux ;
Les possibles sont à portée de cœur.
Si tu sais garder l’espérance,
Lève les yeux, regarde et avance.
Il y a toujours une étoile dans ton ciel.
Bien sûr, de temps en temps, la nuit l’emporte,
Mais tu le sais, ce n’est que pour un temps ;
Rien ne peut résister aux soleils à naître,
Tu verras, ils embraseront ta nuit de lumière.
Lève les yeux, regarde et avance.
Il y a toujours une étoile dans ton ciel,
Comme une invitation à te lever pour partir,
Comme un signe qui jamais ne se lasse.
Allons, redresse-toi, tu n’es pas seul.
Regarde, il est là celui que tu attendais.”
Robert Riber
Rigot Jacques : Extrait de "Quand la fragilité change tout"
Partager, dans un partage de partenaires, la souffrance de l’autre, c’est y prendre part et non en prendre une part.
Extrait de “Quand la fragilité change tout” : Jacques Rigot
Ringlet Gabriel : "Aimez-vous"
Aimez-vous.
Aimez-vous.
Aimez-moi.
Si vous m’aimez, laissez-moi m’échapper.
Si vous aimez vos proches, laissez-les s’écarter.
Si vous aimez vos petits, laissez-les s’élever.
Si vous aimez vos grands, laissez-les s’envoler.
Si vous aimez vos défunts, laissez-les s’en aller.
Aimez-vous.
L’éloignement n’empêche pas la proximité.
L’absence ne supprime pas la présence.
L’écart n’interdit pas l’alliance.
La solitude ne rejette pas la solidarité.
Aimez-vous.
Le silence n’interrompt pas la parole.
L’ombre n’éteint pas la lumière.
Aimez-vous les uns les autres.
Allégez-vous les uns les autres.
Inventez-vous les uns les autres.
Élevez-vous.
Grandissez-vous.
Aimez-vous,
C’est tout neuf.
Aimez-vous,
Et vous donnerez du fruit.
Aimez-vous,
Et vous goûterez la paix.
Aimez-vous,
Et vous mourrez la mort ;
Aimez-vous,
Et vous vivrez la vie.
Aimez-vous,
Et ma joie viendra vous caresser.
Et cette joie, je vous le dis,
Personne ne pourra vous l’ôter.
Gabriel Ringlet
Ringlet Gabriel : "Il est bon de laisser les morts faire leur chemin en nous"
… les morts sont en nous ?
La mort est un dépouillement tellement radical que nous ne pouvons rencontrer les disparus que dans le dépouillement de nous-mêmes. Cela se joue au fond de nous.
Ringlet Gabriel : "Il est bon de rêver"
Ringlet Gabriel : "Nos mains..."
Mais nos poignées de mains,
Mais nos signes de bonjour,
Mais nos gestes d’adieu,
Mais l’invisible chemin de nos caresses…
Nous n’allons pas les brûler.
Mais la foulée de nos promenades,
Mais l’élan de nos courses,
Mais le saut de nos jeux,
Mais le pas de nos danses et de nos rendez-vous…
Nous n’allons pas les noyer.
Et nos oreilles, et nos lèvres et nos yeux…
Mais nos sourires, mais nos écoutes,
Mais nos regards, mais nos baisers…
Nous n’allons pas les enterrer
Ritsos Yannis : "Extrait de Sonate au clair de Lune"
Extrait de Sonate au clair de Lune
Rien ne nous connaît plus. Mais toi tu t’obstines, invisible,
à nous réconcilier avec la vie, à ce que nous fassions alliance avec elle.
Si ton regard est dans notre regard, nous ne refuserons pas
de regarder, de parler, de bouger.
Ce jeune homme, un jour, t’aurait peut-être aimée.
Ces jeunes filles auraient peut-être été tes compagnes.
Dans cette école, tu serais allée après-demain.
Ainsi, dans la nuit où nous fuyons comme des exilés,
entre deux rangées de maisons inhabitées,
sous des lampes sans lueur comme des mains fermées,
un pot de fleurs arrosé qui goutte du vieux balcon nous confie à nouveau
son chant ;
une porte entrebâillée veille pour nous ;
ce banc de bois abandonné en plein isolement
attendait que nous venions nous y asseoir,
sachant que quelque part, là-bas,
à une croisée solitaire et suspendue tout en haut de la nuit,
toi, derrière le petit rideau de dentelle,
tu attends que nous te souriions.
Yannis Ritsos
Rostain Michel : "Le fils"
Le fils
«Le onzième jour après ma mort, papa est allé porter ma couette à la teinturerie.
Monter la rue du Couédic, les bras chargés de ma literie, le nez
dedans. Il se dit qu’il renifle mon odeur. En fait ça pue, je ne les avais
jamais fait laver ces draps ni cette couette. Ça ne le choque plus.
Au contraire : subsiste encore quelque chose de moi dans les replis blancs qu’il
porte à la teinturerie comme on porterait le saint sacrement. Papa pleure
le nez dans le coton. Il profite. Il sniffe encore un coup la couette, et il
pousse enfin la porte du magasin. Papa ne peut plus traîner. Condoléances,
etc. Le teinturier re-condoléances, etc. débarrasse papa de la couette.
Papa aurait voulu que ça dure, une file d’attente, une livraison, une tempête,
juste que ça dure le temps de respirer encore un peu plus des bribes de
mon odeur? Papa se dépouille, il perd, il perd.»
Michel Rostain
Rousseau Jean-Jacques : "L'homme qui à le plus vécu"
L’homme qui a le plus vécu n’est pas celui qui a compté le plus d’années, mais celui qui a le plus senti la vie.
Jean-Jacques Rousseau
Rozenn et Alicia : "Paroles de soeurs..."
Voici quelques extraits de témoignages de jeunes ayant participé à une rencontre organisée par « Apprivoiser l’absence » à Vannes en France.
« J’avais peur de venir. J’avais peur de venir, peur de tomber le masque (qui me va plutôt pas mal !!!), car je savais que face à des personnes qui ont vécu la même chose, on ne peut faire semblant (quel intérêt ?!?), on leur doit la vérité. »
« J’étais venue par amour pour mes parents pour qui je me soucie tant, mais en fait, j’étais là pour Brice et moi, nous deux ensemble comme avant… Nous avions une relation rien qu’à nous « avant », pourquoi pas « après » ? »
Rozenn
« Un réel soulagement de pouvoir s’exprimer. La journée a commencé, les paroles s’entrelaçaient, les émotions surgissaient. Nous avons tous expliqué ce qui nous était arrivé, nous avons tous écouté, certains ont pleuré, d’autres ont exprimé de la colère, etc.
Nous avons partagé l’espace d’une journée nos émotions et sentiments… Quand c’est l’heure de repartir, c’est avec tristesse que je quitte cette salle, devenue pour l’espace de quelques heures un cocon de repos intérieur. Mais ce fut un réel soulagement de pouvoir s’exprimer, d’être écoutée et surtout comprise, de rencontrer des gens comme moi, de ne pas me sentir seule, d’échanger avec des personnes ayant les mêmes points de vue que moi. »
Alicia, sœur endeuillée de sa magnifique et indispensable jumelle
S
Saintonges Jacques André : "Je vous attends"
« J’ai beau savoir que c’est fini.
J’ai beau ne plus connaître ici
Que l’ombre de votre lumière.
J’ai beau savoir que l’on dit vrai
Lorsque l’on dit qu’au grand jamais
Nous ne nous verrons plus sur terre.
Je vous attends.»
Jacques André Saintonges
Salomé Jacques : "Communiquer..."
« Communiquer suppose des silences,
non pour se taire,
mais pour laisser
un espace
à la rencontre des mots. »
Jacques Salomé
Salomé Jacques : "Écoute-moi"
Écoute-moi
Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler.
Accorde-moi seulement quelques instants,
Accepte ce que je vis, ce que je sens,
Sans réticence, sans jugement.
Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler.
Ne me bombarde pas de conseils et d’idées,
Ne te crois pas obligé de régler mes difficultés.
Manquerais-tu de confiance en mes capacités ?
Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler.
N’essaie pas de me distraire ou de m’amuser,
Je croirais que tu ne comprends pas
L’importance de ce que je vis en moi.
Écoute-moi, s”il te plaît, j’ai besoin de parler.
Surtout, ne me juge pas, ne me blâme pas.
Voudrais-tu que ta moralité
Me fasse crouler de culpabilité ?
Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler
Ne te crois pas non plus obligé d’approuver
Si j’ai besoin de me raconter
C’est simplement pour être libéré.
Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler
N’interprète pas et n’essaie pas d’analyser
Je me sentirais incompris et manipulé
Et je ne pourrais plus rien te communiquer.
Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler.
Ne m’interromps pas pour me questionner,
N’essaie pas de forcer mon domaine caché.
Je sais jusqu’où je peux et veux aller.
Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler.
Respecte les silences qui me font cheminer.
Garde-toi bien de les briser,
C’est par eux bien souvent que je suis éclairé.
Alors maintenant que tu m’as bien écouté
Je t’en prie, tu peux parler
Avec tendresse et disponibilité
À mon tour, je t’écouterai.
Jacques Salomé
Salomé Jacques : "Il est des livres..."
Il est des livres qui peuvent vous donner
le sentiment d’être plus intelligent,
il en est d’autres qui vous rendent
plus savant ou qui vous font voyager
et d’autres encore qui vous font rêver.
Plus rares ceux qui vous réconcilient
avec le meilleur de vous-même,
qui vous rapprochent de cette part de vous
qu’on pourrait appeler le noyau céleste de l’être
ou le cœur du divin qui scintille en chacun.
Lire c’est entrer dans l’inattendu d’un mot,
l’imprévisible d’un récit, la chaleur d’une phrase
et parfois l’appel d’une voix qui vous rejoint
dans l’essentiel, au plus proche
de votre vérité intime et vous invite
à vous respecter, à aller plus loin,
plus près de vous.
Jacques Salomé
Salomé Jacques : "Quand je te demande"
Quand je te demande de m’écouter et que tu commences à me donner des
conseils, je ne me sens pas entendu.
Quand je te demande de m’écouter et que tu me poses des questions, quand
tu argumentes, quand tu tentes de m’expliquer ce que je ressens ou ne
devrais pas ressentir, je me sens agressé.
Quand je te demande de m’écouter et que tu t’empares de ce que je dis pour
tenter de résoudre ce que tu crois être mon problème, aussi étrange que cela
puisse paraître, je me sens encore plus en perdition.
Quand je te demande ton écoute, je te demande d’être là, au présent, dans
cet instant fragile où je me cherche dans une parole parfois maladroite,
inquiétante, injuste ou chaotique. J’ai besoin de ton oreille, de ta tolérance,
de ta patience pour me dire au plus difficile comme au plus léger.
Oui, simplement m’écouter…, sans [excuse] ou accusation, sans dépossession
de ma parole. Écoute, écoute-moi. Tout ce que je te demande, c’est de
m’écouter. Au plus proche de moi. Simplement accueillir ce que je tente de
te dire, ce que j’essaie de me dire. Ne m’interromps pas dans mon murmure,
n’aie pas peur de mes tâtonnements ou de mes imprécations. Mes contradictions,
comme mes accusations, aussi injustes soient-elles, sont importantes
pour moi. Par ton écoute, je tente de dire ma différence, j’essaie de me faire
entendre surtout de moi-même. J’accède ainsi à une parole propre, celle
dont j’ai été longtemps dépossédé.
Oh non, je n’ai pas besoin de conseils. Je peux agir par moi-même et aussi me
tromper. Je ne suis pas impuissant, parfois démuni, découragé, hésitant, pas
toujours impotent. Si tu veux faire pour moi, tu contribues à ma peur, tu
accentues mon inadéquation et peut-être, renforce ma dépendance.
Quand je me sens écouté, je peux enfin m’entendre. Quand je me sens
écouté, je peux entrer en reliance. Établir des ponts, des passerelles
incertaines entre mon histoire et mes histoires. Relier des événements,
des situations, des rencontres ou des émotions pour en faire la trame de mes
interrogations. Pour tisser ainsi l’écoute de ma vie.
Oui, ton écoute est passionnante. S’il te plaît, écoute, et entends-moi. Et
si tu veux parler à ton tour, attends juste un instant que je puisse terminer
et je t’écouterai à mon tour, mieux, surtout si je me suis senti entendu.
Jacques Salomé
Sand Georges : "Le temps..."
Le temps n’endort pas les grandes douleurs,
Mais il les assoupit.
Georges Sand
Schlüss Helga : "Devoir Avancer"
Devoir avancer
Devoir avancer – mais ne pas vouloir
Vouloir avancer – mais ne pas pouvoir
Pouvoir avancer – mais ne pas vouloir
Avancer, n’importe comment
Helga Schlüss
Schützenberger Anne Ancelin : "Ne me donnez pas de conseils"
« Ne me donnez pas de conseils, je sais me tromper tout seul, merci.
Une seule personne sait ce qui lui convient à ce moment-là, c’est la personne en deuil elle-même. »
Anne Ancelin Schützenberger
Scott-Holland Henry : "Ils nous ont devancé"
Ils nous ont devancé
La mort n’est rien.
Je suis seulement passé dans la pièce à coté.
Je suis moi, vous êtes vous.
Ce que nous étions les uns pour les autres,
nous le sommes toujours.
Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné
Parlez-moi comme vous l’avez toujours fait.
N’employez pas un ton différent,
ne prenez pas un air solennel et triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé comme il l’a toujours été,
sans emphase d’aucune sorte, sans une trace d’ombre.
La vie signifie tout ce qu’elle a toujours signifié.
Elle est ce qu’elle a toujours été. Le fil n’est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de votre pensée
Simplement parce que je suis hors de votre vue?
Je vous attends.
Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin.
Vous voyez, tout est bien.
Henry Scott-Holland
Scott-Holland Henry : "Ils nous ont devancé"
Ils nous ont devancé
La mort n’est rien.
Je suis seulement passé dans la pièce à coté.
Je suis moi, vous êtes vous.
Ce que nous étions les uns pour les autres,
nous le sommes toujours.
Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné
Parlez-moi comme vous l’avez toujours fait.
N’employez pas un ton différent,
ne prenez pas un air solennel et triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé comme il l’a toujours été,
sans emphase d’aucune sorte, sans une trace d’ombre.
La vie signifie tout ce qu’elle a toujours signifié.
Elle est ce qu’elle a toujours été. Le fil n’est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de votre pensée
Simplement parce que je suis hors de votre vue?
Je vous attends.
Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin.
Vous voyez, tout est bien.
Henry Scott-Holland
Scott-Holland Henry : "Je ne suis pas loin"
Ne pleurez pas si vous m’aimez. La mort n’est rien, je suis seulement passé dans la pièce à côté. Je suis moi. Vous êtes vous. Ce que j’étais pour vous, je le suis toujours.
Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné, parlez-moi comme vous l’avez toujours fait. N’employez pas un ton différent, ne prenez pas un air solennel ou triste. Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l’a toujours été, sans emphase d’aucune sorte, sans une trace d’ombre.
La vie signifie tout ce qu’elle a toujours été. Le fil n’est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de vos pensées, simplement parce que je suis hors de votre vue ? Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin.
Henry Scott-Holland
Sénèque : " Les petits chagrins..."
« Les petits chagrins bavardent Les grands sont muets »
Sénèque
Sénèque : "Notre courage..."
« Tirons notre courage de notre désespoir même »
Sénèque
Sénèque : "Tant que tu vivras..."
« Tant que tu vivras, continue d’apprendre à vivre. »
Sénèque
Père Sertillanges : "Lorsqu’un être cher nous quitte..."
Lorsqu’un être cher nous quitte,
la famille ne se détruit pas,
elle se transforme.
Une part d’elle va dans l’invisible….
On croit que la mort est une absence,
alors qu’elle est une « présence secrète »,
on croit qu’elle crée une infinie distance,
alors qu’elle supprime toute distance
en ramenant à l’esprit ce qui
se localisait dans la chair.
Plus il y a d’êtres qui ont quitté le foyer,
plus les survivants ont d’attaches célestes.
Le ciel n’est plus uniquement peuplé d’anges,
de saints inconnus et du Dieu mystérieux,
il devient familier.
C’est la maison de famille
en son étage supérieur, et du haut en bas,
le souvenir, les secours,
les appels se répondent.
Père Sertillanges
Séraphine, Maman d'Aliana : "Je ne dors pas ce soir"
Je ne dors pas ce soir,
Et me viennent alors des histoires
Elles me parlent d’une enfant
Si touchantes puisque je suis sa maman
Enfant étonnante et particulière
Enfant émouvante et extraordinaire
Si je ne dors pas ce soir
C’est que je ne peux plus tenir sa main
S’est évaporé l’immense et fragile espoir
De vivre avec elle un demain
Me reste un incommensurable amour
Qui éveille en mon cœur les toujours
Séraphine, Maman d’Aliana
Servais Louise : "Tu marches dans mon âme"
Tu marches dans mon âme
J’ai tenu dans ces mains, tous les biens de ce monde
Et tout ce qui m’est cher, je le possède encore
Quand je ferme les yeux, je me retrouve alors
Sur le seuil fastueux de nos fêtes profondes
Tu marches dans mon âme et tes pas sont ma joie.
Et c’est toi que j’entends lorsque je ne dis rien,
Et c’est toi que je vois lorsque je me souviens,
Et les portes du ciel devant moi se déploient
Louise Servais
Shakespeare William : "L’aurore"
« Il n’est si longue nuit
Qui n’atteigne l’aurore. »
William Shakespeare
Shakespeare William : "L’esprit oublie les souffrances"
L’esprit oublie les souffrances
Quand le chagrin a des compagnons
Et que l’amitié le console.
William Shakespeare
Singer Charles : "Accueillir"
Accueillir
«Accueillir est un dérangement car celui qui vient casse nos habitudes.
Accueillir est une disposition du cœur, car il faut écouter et regarder en
premier celui qui vient.
Accueillir est une disponibilité, car il faut s’occuper en premier de celui
qui vient et le servir.
Accueillir est une fête, puisque la vie est éclairée d’amitié et de confiance
par celui qui vient et que sa présence est comme une chaleur.»
Charles Singer
Singer Christiane : "L'amour est visionnaire"
L’amour est visionnaire.
Il voit la divine perfection de l’être aimé
Au-delà des apparences auxquelles
Le regard des autres s’arrête.
Christiane Singer
Singer Christiane : "Noël ou le secret des mondes" (Extrait de "Derniers fragments d’un long voyage")
Noël ou le secret des mondes (Extrait de “Derniers fragments d’un long voyage”)
Nuit glaciale. La forêt est profonde, inextricable. Un vieil homme hagard d’épuisement
se fraie un passage, une lanterne à la main ; il trébuche pitoyablement,
tente de se retenir aux branches, son visage est lacéré par les pointes givrées, ses
bras cruellement égratignés.
Enfin sa course éperdue prend fin : dans une chaumière au milieu d’une clairière,
la porte s’est ouverte. Une vieille femme se précipite et l’accueille dans ses bras.
Elle le tire, effondré, le traîne jusqu’à l’âtre, le hisse dans un fauteuil à bascule.
Penchée vers lui, la main sur son front, elle murmure en le berçant « oui, oui,
voilà, voilà… ».
Elle accompagne ses gémissements de sa litanie « oui, oui.. », tisse une interminable
guirlande amoureuse « oui, oui… ».
Le visage du vieil homme s’apaise, s’adoucit. Les heures s’égrènent. C’est maintenant
le visage d’un homme mûr et tranquille. Les heures s’écoulent
encore. C’est le visage d’un homme dans la force de l’âge, puis celui d’un homme
jeune qui rêve. Au blanchiment de l’aube, c’est le visage d’un adolescent encadré
de mèches folles. Puis bientôt celui d’un enfant, d’un tout jeune enfant. Aux premiers
rayons de l’aurore, il ouvre des yeux de nouveau-né noyés d’infini. Le cycle
est accompli.
Christiane Singer
Stanislas : "Ceux que j'aimais"
Ceux que j’aimais
Où s’en vont tous ceux qu’on aime quand ils nous ont quittés
Y-a-t-il une vaste plaine derrière l’immensité
Au cœur d’une clairière
Seraient-ils rassemblés
Y-a-t-il au-delà des mers
Une porte dérobée
Est-ce qu’ils reçoivent encore toutes nos pensées
Comme des lettres à la nuit envoyées
Savent-ils qu’ils vivent en moi à tout jamais
Ceux que j’aimais …
Où s’en vont tous ceux qu’on aime quand ils nous ont quittés
Y-aurait-il une autre scène que celle que l’on connaît
Un lumineux jardin
Pour ceux qui sont loin
Ou n’est ce que la chimère
D’un éternel refrain
A l’envers de la vie
Chantent-ils sur le sable
Ou ne sont-ils que la rêverie
Des hommes inconsolables
Est-ce qu’ils reçoivent encore toutes nos pensées
Comme des lettres à la nuit envoyées
Savent-ils qu’ils vivent en moi à tout jamais
Ceux que j’aimais… Ceux que j’aimais.
Stanislas
Sylvie, Maman de Corentin : "Des instants, rien que des instants"
maintenant, cette sérénité qui me pousse de plus en plus vers la vie et vers le large.
Avide de vivre des instants.
Tout ce que je lisais ou entendais m’était si impossible à vivre : croire que mon fils
parti m’accompagne, qu’il continue à vivre ; vivre mieux le présent parce qu’on est
devenu tellement conscient que tout peut basculer, vivre avec une présence intérieure.
Je tâtonnais face à ces belles phrases si souvent entendues après un décès.
Le « travail » se fait souterrainement au travers des méandres de la souffrance et,
comme une source claire, l’apaisement qu’on croyait impossible se pointe doucement.
Pour moi, ce n’est pas par une présence intérieure, ni même l’impression qu’il m’accompagne,
c’est une joie que je peux ressentir quand tous ces « instants » vécus me
reviennent. C’est comme si j’avais accepté qu’il ne sera plus jamais là, mais que, si
sa mort n’a eu aucun sens, sa vie en a eu. Et qu’elle est un cadeau, cette vie de 22
ans, mon trésor. Que je garde précieusement. Je ne m’épuise plus dans la recherche
d’un absolu, consciente de la fragilité de l’être. Je suis avide de vivre encore beaucoup
d’instants, mais plus pleinement. Pour moi qui suis de nature stressée et perfectionniste,
c’est cela le chemin qui continue dans la vie, malgré tout. Et tout ce que je
peux dire, c’est qu’au début de ce terrible chemin, je n’y croyais pas…
T
Takita Yojiro : "Departures"
Résumé du film : “ Departures ” de Yojiro Takita, Japon, 2008
Daigo, jeune violoncelliste, est forcé de chercher rapidement un nouvel emploi suite à la dissolution de son orchestre.
Il répond à l’annonce d’une société spécialisée dans “ l’aide aux départs ”, croyant avoir affaire à une agence de voyages.
Convoqué pour un entretien, il s’aperçoit qu’il s’agit d’une entreprise de pompes funèbres et que son travail consistera à procéder à la toilette des morts et à la mise en bière, un rituel ancestral qui demande autant d’habileté manuelle que de délicatesse et de respect.
D’abord épouvanté, Daigo apprivoise peu à peu, grâce à la patience et à l’humanité de son patron, ce métier auquel rien ne le préparait.
Le sujet étant encore en grande partie tabou au Japon, Daigo cache, aussi longtemps que possible, sa véritable activité à sa femme Mika… mais la vie se charge de lui révéler la vérité, qui la bouleversera, après qu’elle ait, elle aussi, cherché à éviter de regarder la mort en face.
Chacun des personnages révèle peu à peu ses fragilités et le spectateur, d’abord réticent, entre sur la pointe des pieds dans ce film qui traite finalement de la vie autant que de la mort, de la peur, de l’amour, de la colère, du pardon.
Le tout teinté d’une poésie rare, dont les Japonais ont le secret, et bercé par la musique envoûtante de Brahms.
Une perle.
Anne, Maman de Charles
Tatelbaum Judy : "Les larmes"
Les larmes sont les perles
Du souvenir,
Elles brillent de tristesse,
Mais aussi de toute la beauté du passé.
Judy Tatelbaum
Tardieu Laurence : "Puisque rien ne dure"
Extrait du livre « Puisque rien ne dure » de Laurence Tardieu
Certains êtres, à mesure que le temps passe,
deviennent de plus en plus libres :
ils se redressent au lieu de s’affaisser.
Il émane d’eux une énergie étonnante.
Ils sont lumière pour qui les rencontre.
J’aimerais savoir ce qu’ils ont fait des ombres de leur passé.
De leurs regrets, de leurs déchirures.
Comment ils s’en sont arrangés.
Parce qu’on n’oublie rien, je le sais ce soir. On n’oublie rien.
Quand bien même on s’est efforcé du contraire :
le passé vit en nous.
Masse informe tapis au plus profond de soi,
qu’on pourrait croire endormie mais qui veille…
Alors eux, ces êtres de lumière : comment font-ils ?
Laurence Tardieu
Teckentrup Britta : "Tu vivras dans nos cœurs pour toujours"
Tu vivras dans nos cœurs pour toujours
Quelques extraits.
Du haut de son arbre, Hibou vit que Renard était mort. Il s’envola et vint
se poser près de son ami. Hibou avait le cœur lourd. Il y a longtemps qu’il
connaissait Renard.
L’un après l’autre, les amis de Renard arrivèrent à la clairière….
Tous avaient aimé Renard. Il avait été leur ami gentil et attentif. Personne ne
pouvait imaginer la vie dans la forêt sans lui.
Longtemps les animaux restèrent là sans bouger, silencieux.
Ce fut Hibou qui parla le premier, les yeux brillants : « je me rappelle,
quand Renard et moi, nous attrapions les feuilles mortes au vol. » Les autres
animaux se souvenaient aussi et leurs yeux se mirent à briller. Alors Souris
dit d’une petite voix : « je me souviens, il adorait regarder le soleil se coucher »,
les autres animaux se souvenaient aussi. C’était un souvenir heureux,
un rayon de soleil dans leur cœur si triste.
L’un après l’autre, les animaux racontèrent les moments heureux passés avec
Renard. Tous avaient bien connu Renard, sa joie de vivre, sa gentillesse, et
tous avaient les yeux qui brillaient en parlant de lui. Tandis que les animaux
partageaient leurs souvenirs, une petite plante orange vif perça la neige,
juste à l’endroit où reposait Renard. Au début frêle et minuscule, à peine
visible même, la plante se mit à grandir. Toute la nuit, les animaux parlèrent
de Renard. Et au matin, la petite plante était devenue un arbrisseau. En
voyant ce jeune arbre, les animaux comprirent que Renard était toujours
là, avec eux.
Au fil des jours, des semaines, des mois, les animaux retrouvèrent d’autres
souvenirs avec Renard. Penser à lui les aidait à avoir le cœur plus léger. Et
plus ils se souvenaient, plus l’arbre grandissait, toujours plus haut, toujours
plus beau, jusqu’à devenir le plus grand arbre de la forêt. Un arbre fait de
souvenirs, de tendresse et d’amitié.
L’arbre donnait un peu de sa force à tous ceux qui avaient aimé Renard.
Et Renard continuait de vivre dans le cœur de tous, pour toujours.
Britta Teckentrup
Teilhard de Chardin Pierre : "La Vie... ou l'aventure Météorique"
La Vie… ou l’aventure Météorique
Je t’aime mon enfant absolu
Car tu es « passé ».
Tu es plus fort que nous,
Libre de l’espace et du temps.
Libre du sommeil et des veilles.
Pierre Teilhard de Chardin
Teilhard de Chardin Pierre : "Ne le cherchez pas en arrière..."
Ne le cherchez pas en arrière, ni ici, ni là, ni dans les vestiges matériels qui vous sont naturellement chers. Il n’est plus là. Il ne vous attend plus là. C’est en avant qu’il faut le chercher, dans la construction de votre vie renouvelée.
Soyez lui fidèle là, et non point dans une sentimentalité rétrospective avec laquelle il faut du courage de briser. Sa véritable trace n’est pas dans certaines manifestations de son activité. Leur disparition même si douloureuse qu’elle puisse paraître, doit vous libérer, non vous déprimer. Non pas oublier, mais chercher avant. Malgré tout ce que vous pouvez sentir ou croire, reconnaître avec évidence que votre vie doit se poursuivre. Je suis persuadé qu’elle commence.
Décidez-vous seulement à ne plus vivre dans le passé, ce qui ne veut pas dire que vous oubliez celui-ci, mais seulement que votre manière – la vraie – de lui être fidèle doit consister à construire en avant, c’est-à-dire à être digne de lui.
Ne vous isolez donc pas. Ne vous repliez pas au fond de vous-mêmes. Mais voyez le plus possible vos amis. Donnez-vous. C’est ce don qui vous libérera et vous épanouira. Je voudrais que vous trouviez nombre de gens et de choses auxquels, noblement, vous donner.
Pierre Teilhard de Chardin
Thérèse, Maman de Jean : "Notre arbre familial..."
Il y a bientôt 10 ans que notre arbre familial
s’est déraciné et a subi une bourrasque indescriptible
suite au départ de Jean…
Mais aujourd’hui, le temps a fait son œuvre
et dans notre jardin
un bel arbre de vie a refait racines
avec nos quatre petits?enfants et au sommet de cet arbre
une magnifique branche en forme d’ombrelle
pour nous protéger, ils savent que c’est leur
« Tonton Jean » qui veille sur nous.
Thérèse, Maman de Jean
Thivent Michel : "La lettre venue d'ailleurs ?"
La lettre venue d’ailleurs ?
Tu as souhaité m’écrire, laissant le soin aux nuages,
le soin de me transmettre ton message.
Cette seule intention m’autorise à te répondre
afin de te dire qu’en partant, j’ai bien emporté
toute la richesse et l’amour de notre vécu,
et, si du poids de mon corps, je me suis allégé,
je n’en reste pas moins, dans l’ombre, à tes côtés.
Dès lors, si tu es à la recherche de notre hier,
laisse voguer en toi les pensées et les rêves,
car, dans ces voyages, nous nous retrouverons
pour vivre ensemble cette intime complicité,
et donner ainsi toute sa force à son éternité.
Que la caresse du vent, un rayon de soleil,
une étoile filante ou une goutte de pluie
soient les anges porteurs de cet écrit
pour en traduire auprès de toi le sentiment,
afin que, laissant de côté regrets comme oublis,
tu vives intensément chaque moment de la vie.
Michel Thivent
Thomas, Amis de Matthieu : "Matthieu"
Ça fait bientôt trois mois que t’es parti nous laissant seuls
ne laissant qu’une poussière de toi, enfoui sous le sol
entre les fleurs, le marbre et toutes ces dalles sombres
on ne peut voir de toi que ton prénom inscrit sur une tombe.
La suite de nos vies, pour sûr a vraiment changé
perdre un ami, un frère le temps ne peut l’effacer
malgré les jours qui passent je pense toujours à toi
et ton absence reste un combat.
J’entends parfois ton rire, le son de ta voix
j’ai même des souvenirs qui me reviennent des fois
au peu que l’on a fait, tout ce qu’on a bâclé
à ce que j’ai manqué pour que rien ne vienne t’effacer.
Toujours, demeure ce sentiment de colère
qui grandit en moi comme un aimant attiré par le fer
putain de démons qui ont pris place en toi
je n’étais pas là pour combattre avec toi.
Je vais rester ici, continuer mon destin
passer de belles journées, ça va dépendre des lendemains
tout ce qu’on vit ici, est déjà sur un bouquin
avec comme grandes parties, notre début et bien sûr notre fin.
Maintenant c’est sûr un livre est fini
il y a très peu de temps c’est clôt le dernier chapitre de ta vie
tu peux partir en paix Matthieu ce n’est pas un abandon
car tous se souviendront de ton nom : “Matthieu”.
Thomas, Ami de Matthieu
Tournier Michel : "Avoir le cœur gros"
« Avoir le cœur gros »
J’aime cette locution qui laisse entendre que le chagrin
n’est pas un manque, mais un plein au contraire, un trop plein
qui déborde de souvenirs, d’émotions et de larmes.
Michel Tournier
Triponel Angela et Hamza Nathalie : "L’être d’amour"
L’être d’amour
Quel paradoxe le jour où j’ai compris que tu étais morte.
Non seulement je t’ai perdue,
mais je me suis perdue moi-même.
Tous mes repères acquis durant ces 23 ans de vie commune
se sont évanouis. C’est troublant comme je ne me
reconnais plus, j’ai même parfois l’impression d’être fille
unique et d’avoir grandi comme telle.
Je ressens un gros vide et une impression d’inconnu, non
seulement de mon présent désormais passé, mais aussi de
mon futur maintenant présent.
Je n’arrive pas à matérialiser mon avenir, pour moi,
il n’existe plus.
Mon cerveau est en perpétuelle ébullition à vouloir
comprendre pourquoi, pourquoi, pourquoi ???
Mais toi seule as la réponse ! »
C’est étrange comme j’arrive à me dévoiler en vous
écrivant alors qu’avec ma famille, tout est enfoui au plus
profond de moi. C’est peut-être qu’avec les inconnus
je n’ai pas besoin de me cacher ou de mentir
pour faire croire que tout va bien.
Angela Triponel et Nathalie Hamza (Extrait de « Vivre sans toi » – Témoigner après la mort d’un frère ou d’une soeur)
U
Un Deuil à vivre: Échos d'une autre association
L’ASBL “Un Deuil à Vivre” à Tournai : Échos d’une autre association
L’asbl Tournaisienne « Un Deuil à Vivre » accueille les personnes endeuillées ainsi que leurs proches, en leur proposant plusieurs types de rencontres, régulières ou non, ainsi qu’une permanence téléphonique.
Les bénévoles de l’asbl proposent notamment des cafés-deuil mensuels.
« L’équipe est composée de bénévoles, encadrés et formés par des professionnels de l’écoute, mais aussi de psychologues qui soutiennent notre action, ainsi que la psychologue responsable du service des soins palliatifs de la plateforme qui accueille nos activités », explique Marie Allard, bénévole et animatrice des cafés-deuil de l’association, à côté d’une douzaine d’autres personnes.
Comme beaucoup d’autres de ses « collègues », d’ailleurs, Marie Allard est endeuillée par la perte de sa fille aînée, il y a une vingtaine d’années : « J’aurais bien aimé qu’une telle structure existe près de chez moi. Je suis bien placée pour savoir l’importance de ces rencontres entre des personnes qui vivent une souffrance dont elles ont du mal à parler ailleurs, que ce soit auprès de leurs proches ou à leur médecin. Alors que parler de sa souffrance et écouter les autres évoquer leur parcours, leur reconstruction, fait tant de bien. On se rend compte qu’on n’est pas seul face au manque de l’être cher. (…) Ecouter, parfois, suffit pour évacuer un peu de sa souffrance. Il n’y a pas de pression pour tourner la page et essayer d’oublier, chez nous. Au contraire, chacun doit accepter que la page est déchirée et ne se tournera plus. Mais avec son cheminement progressif, on finit par en écrire une nouvelle, et rebondir. Certains viennent une fois, d’autres sont présents presque toute l’année ».
Outre les cafés-deuil, l’association propose également :
− une permanence téléphonique par une équipe spécialement formée;
− une rencontre annuelle autour d’un film, suivi d’un débat;
− une journée « Expressions Personnelles », où des personnes endeuillées témoignent et échangent autour de leurs passions artistiques (aquarelle, photo, danse…);
− des ateliers d’écriture.
Infos : 069/84 15 51
www.undeuilavivre.be
Extrait du Magazine « Profil » de Partenamut
V
Valérie, Maman de Romain : "Mon fils ma bataille"
Tu veilles sur nous depuis les airs,
Guidant mes pas en plein enfer;
Ton absence, ce vide à l’intérieur,
Vivre sans toi n’est que douleur;
Tu as pris envol le 15 février,
Quittant ce monde déchaîné;
Sans autre choix, sans autre droit,
Nous laissant seuls porter la croix;
La vie m’inflige l’inconcevable,
Il me faut comprendre pourquoi;
La vie m’impose l’intolérable,
Ta mort ne peut rester sans voix;
Je t’ai promis d’essayer, de m’accrocher,
Je te promets de toujours me relever;
Je suis si désolée de n’avoir pu t’aider,
Si désolée de n’avoir pu te libérer;
Mais au-delà de toutes frontières,
Mon amour t’accompagne sans faille;
Mon fils à jamais tu seras ma bataille,
Que tu sois libre, libéré, je l’espère.
Je t’aime mon Romain.
Valérie, Maman de Romain : "Ma vie sans toi"
Ma vie sans toi
Que de larmes versées ces 6 derniers mois, le néant, le chaos. Un vide intérieur, une
souffrance intolérable, je suis anéantie… Le temps s’est arrêté, ma vie n’a plus de
sens, c’est inconcevable ! Tu nous as quittés. Mon beau, mon tout petit, mon fils. Je
n’intègre pas, je ne réalise pas, je ne le peux pas encore. Ton papa, fort de son amour,
me tient, me retient, m’empêche de te rejoindre. Et pourtant, je ne veux pas mourir,
je veux juste être avec toi. Un tsunami vient de tout dévaster. Notre vie d’avant n’est
plus et je suis là, telle une morte vivante errant dans l’obscurité. Je chute, je me
relève, je me débats chaque minute et au fil des mois je réalise que plus jamais je ne
pourrai te serrer dans mes bras. Je sais que le chemin va être long, pénible et douloureux.
Je décide de laisser libre cours à mes émotions, vais au fond de ma souffrance,
me laisse glisser dans mon monde abîmé.
Dans les méandres de ma souffrance et de ma peine, même si une partie de moi est
partie avec toi, je te fais la promesse de me battre pour que ta mort ne soit pas vaine.
C’est alors que je commence à comprendre. Que rien ni personne ne comblera jamais
ce manque, ce vide laissé par ton absence et que le temps ne guérit rien, il m’apprend
juste à vivre avec. Que mon regard sur la vie, le monde, est en train de changer, mes
besoins, mes priorités aussi.
Je commence à voir les cailloux que tu sèmes pour me guider. Je n’arrive pas encore
à te ressentir, toi mon petit ogre, mais je sais que tu m’accompagnes déjà. Ma vie sans
toi était inconcevable et pourtant je suis encore là, amputée, écorchée, brisée mais
debout et je sais qu’il va encore me falloir beaucoup de force et de courage pour avancer
mais je t’ai promis, et un jour viendra où il y aura à nouveau des moments de bonheur.
« Tout est changement, non pas pour ne plus être, mais pour devenir ce qui n’est pas encore. »
(Tiré du livre Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une – Raphaëlle Giordano).
Valérie Deiber, Maman de Romain, 16 ans
Van de Woesteyne Francis : "Ils sont en nous"
Ils sont en nous.
Ils sont dans nos larmes, dans nos cris, dans nos soupirs, dans nos silences.
Dans nos joies aussi. Ils sont partout.
Pour toujours.
Nos morts nous accompagnent, ils cheminent à nos côtés : enfant mort avant d’avoir vu le jour, bébé à peine né, jeune qui trottine, écolier souriant, ado naissant, jeune adulte, père éphémère, mère fière, tout juste grand-mère, Mamy sans souci, presque centenaire…Nous les aimions à la folie, nous les voulions à nos côtés jusqu’à notre dernier souffle. Ils sont partis avant nous, sans raison, nous laissant dévastés, tordus de douleur, glacés d’effroi. Peu importe la manière dont ils nous ont quittés : morts par accident, par maladie, par attentat, mort volontaire. Ils ne sont plus là pour nous parler, nous prendre la main, nous caresser la joue, nous faire rire aux larmes ou trembler de plaisir. Ils ne sont plus ici pour ensoleiller nos vies et donner un sens à nos projets.
Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Parce que. Il n’y a pas, il n’y aura jamais de réponse à ces questions qui nous emplissent de doutes, qui nous empêchent de dormir et parfois de vivre.
Ils ne sont plus là, ils sont ailleurs. Leur vie a pris fin mais leur histoire continue. Il faut parler des morts, raconter leur vie, se souvenir de leurs joies, de leurs voix, de leurs humeurs, de leurs heures parfois si brèves sur terre. Il faut en parler parce que taire leur nom, c’est les faire mourir une deuxième fois. Il faut en parler, pas seulement en cette semaine de novembre, mais toute l’année, de janvier à décembre.
Et recommencer.
Ils sont en nous, au bord de nous. Jamais ils ne quitteront nos pensées, notre esprit, notre corps. Nos morts sont parfois si vivants en nous que ceux qui nous côtoient nous trouvent étranges, nous croient dérangés, obsédés à leur souvenir. Mais c’est ainsi. Il ne faut jamais croire, pas même une seconde, que tout passe, qu’on se lasse de penser à eux. Un jour, un mois, un an, dix ans : tous les jours, c’est le lendemain de leur mort.
Comment éviter le pire, périr aussi ? Heureusement, il y a des mots, des mains, des regards qui soulagent et nous portent. Nos morts sont en nous, au bord de nous.
Pour toujours. Evidemment.
Edito par Francis Van de Woesteyne dans la LB du 31 octobre 2018.
Van Den Abbeele Claire : "Les personnes en proie au deuil... "
Eux, les personnes en proie au deuil, errent à travers le néant du désert,
chacun isolé et pourtant lié par la même expérience. Ils sont à la recherche
du moi perdu, de l’amour introuvable, du sens et de la signification. Ce
sont les gens du désert à la recherche de la source. Il n’y a pas de
chemin, pas d’indicateur pour la route…
Comme des nomades, ils errent à travers le désert, en quête d’une
oasis de repos… trouver une source salutaire est leur seul but.
Il nous arrive d’étouffer de chagrin car le néant infini qui nous entoure
nous arrache un grand cri en raison de l’absence.
Alors les larmes nous apportent à nouveau un léger soulagement et le
manque devient un souvenir chérissable.
Les aléas de la vie font tomber les voiles qui entouraient la mort et
s’ouvrir une petite place dans notre cœur où il n’y a plus ni distance
ni séparation.
Claire Van Den Abbeele
Van Dike Henry : "Le temps est trop lent..."
Le temps est trop lent…
Le temps est trop lent pour ceux qui attendent,
Trop précipité pour ceux qui ont peur,
Trop long pour ceux qui souffrent,
Trop court pour ceux qui se réjouissent,
Mais pour ceux qui s’aiment
Le temps est éternité.
Henry Van Dike
Veil Simone : "Il restera de toi"
Vergely Bertrand : "Quand un être aimé meurt... (Extrait de "La Vie")"
Quand un être aimé meurt,
nous savons qu’il y a des choses qui ne se produiront jamais plus.
Il y a une voix que nous n’entendrons plus.
Tout va désormais appartenir au “never more”, au jamais plus.
Et en rentrant dans cette dimension,
nous avons une impression de néant.
Si cette impression est douloureuse, elle n’est pas que cela.
Et c’est en quoi la mort est un mystère et pas
simplement un phénomène naturel.
Ainsi, le vide, que l’autre qui part laisse derrière lui, est immense.
Il n’est donc pas vide, l’immense n’étant pas rien.
D’où une force inconnue émanant de cet immense.
Une force proprement spirituelle…
Bertrand Vergely
Vergely Bertrand : Extrait de "Petite philosophie des jours tristes"
L’absence fait ressentir la présence.
Elle révèle combien on aimait sans le savoir.
On était lié à l’autre, plus qu’on ne le pense.
Le départ nous le fait ressentir.
Le travail du deuil le fait comprendre.
En rentrant dans l’absence, on découvre la vie qui se cache derrière.
Et l’on ne se contente pas simplement de dire :
« Ah ! Si j’avais su combien je t’aimais, je t’aurais aimé d’avantage ! »
On se dit que l’on ne refera pas la même erreur.
On vivra et on aimera. Avec une conscience que l’on n’a jamais eue. Une conscience première et neuve ayant conscience
que tout est bien plus profond qu’on ne le pense et
qu’on ne le pensera peut-être jamais.
On le découvre dans le visage de ceux que l’on quitte.
Dans le souvenir de ces visages. Un souvenir qui, malgré l’absence, mystérieusement, parce que la limite de nos vies
nous apprend la limite de cette vie,
nous laisse plus vivants que nous ne l’avons jamais été.
Bertrand Vergely
Vernes Jules : "Nos actes ne meurent pas"
Nous mourrons mais nos actes ne meurent pas,
Car ils se perpétuent dans leurs conséquences infinies.
Passants d’un jour,
Nos pas laissent dans le sable de la route
Des traces éternelles
Rien n’arrive qui n’ait été déterminé par ce qui l’a précédé
Et l’avenir est fait des prolongements inconnus du passé.
Jules Vernes
Vian Boris : "Je voudrais que tu sois là..."
« Je voudrais que tu sois là
que tu frappes à la porte
et tu me dirais c’est moi.
Devine ce que je t’apporte
Et tu m’apporterais toi. »
Boris Vian
W
Weemaes Marcel : "Si je pouvais te porter"
Si je pouvais te porter
Si je pouvais te porter
Par-dessus les fossés profonds
De tes souffrances et de tes angoisses
Alors je te porterais
Durant des heures et des jours
Si je pouvais connaître les mots
pour répondre à toutes tes questions
sur la vie, sur toi-même,
sur la tendresse et le bonheur,
alors je te parlerais
durant des heures et des jours.
Si je pouvais apporter la paix dans ton cœur
en attendant avec patience, en espérant
jusqu’à ce que la semence de la paix éclate en toi,
alors j’attendrais
durant des heures et des jours.
Si je pouvais apaiser les tourments de ton coeur
sa faiblesse, son insatisfaction,
son intolérable chagrin,
alors je resterais près de toi
durant des heures et des jours.
Mais je ne suis pas plus grand,
je ne suis pas plus fort que toi
et je ne sais pas tout
je sais si peu,
je ne suis qu’un ami sur ta route
depuis des heures et des jours.
Je ne puis espérer qu’une seule chose
que tu comprennes ceci :
il ne faut jamais lutter seul
ni pleurer
quand on a un ami
pour des heures et des jours.
Marcel Weemaes
Willems Alexia : " Les arbres du souvenir"
Les arbres du souvenir (Fondation d’utilité publique)
La mort fait partie d’un parcours durant lequel on fait des choix
qui disent qui on est. A l’orée de sa fin de vie, chaque homme
est en droit de réclamer un lieu de sépulture à la fois décent et
représentatif du souvenir qu’il compte laisser à ses proches.
C’est dans ce sens que la Fondation « Les Arbres du Souvenir »
souhaite offrir des nouveaux lieux de paix et de recueillement.
Une invitation à vivre le deuil autrement…
Au jour d’aujourd’hui, 55% des citoyens belges choisissent d’être
incinérés. Toutefois, dans ce contexte de crémation, les solutions
proposées en Belgique ne sont pas toujours représentatives
de l’image qu’on souhaite laisser à notre entourage.
Concrètement, l’urne peut, dans l’enceinte d’un cimetière, être
inhumée dans un caveau familial, dans un columbarium, dans un
caveau à urnes. Les cendres peuvent y être également dispersées
sur une pelouse de dispersion ou une urne biodégradable
peut être enfouie au pied d’un arbre ou d’un végétal dans un
pars cinéraire.
En dehors d’un cimetière, les cendres peuvent être immergées
ou dispersées en mer territoriale belge ou peuvent être inhumées,
dispersées ou conservées dans un domaine privé à condition
d’obtenir une autorisation préalable du propriétaire.
C’est dans ce contexte que s’inscrit la Fondation « les Arbres du Souvenir ».
Les Arbres du Souvenir, fondation reconnue d’utilité publique par arrêté royal,
offre aux personnes endeuillées des lieux de mémoire, de promenade, d’apaisement
et de sérénité en pleine nature. Elle propose de dédier un arbre à la
mémoire d’un proche disparu. Cet arbre peut être planté ou choisi au sein de
la forêt. Il peut être dédié à une seule personne ou à plusieurs personnes d’une
même famille.
La Fondation offre également la possibilité d’accueillir les cendres des défunts
aux pieds des arbres.
La Fondation a acquis son 1er site fin juin 2015. Il s’agit d’une jolie forêt de
11 hectares située à Soleilmont, en plein cœur de la Wallonie, dans la
commune de Fleurus. Elle propose de multiples sentiers de promenade dans
des paysages forestiers variés. Le site de Soleilmont est ouvert au public ; les
balades peuvent s’y faire en famille, entre amis. Car ce lieu de recueillement
se veut également être un lieu de vie afin de nous aider à avoir un regard plus
serein sur la mort, à moins l’isoler, et à accepter qu’elle fasse partie de la vie.
Alexia Willems – www.arbresdusouvenir.be
Willems Véronique : "Poussinou s'en est allé"
Poussinou s’en est allé : le livre de Véronique Willems.
Chers amis qui partagez tant, voici notre petit Émile qui s’envole vers vous, sous forme de petit Poussinou.
Les mots sur les maux des frères et soeurs de nos petits trésors des étoiles.
Pour qu’ils n’aient pas à subir le tabou et qu’ils puissent parler de leur tristesse, leur colère, leurs questions.
Et parce que nos enfants sont toujours là dans la lumière..
Le livre
Ce matin, il s’est passé quelque chose de pas normal dans la famille de Titi. Ses parents rentrent à la ferme sans Poussinou ! Papa Poussin a le dos rond et les plumes de Maman Poussin sont grises et tombantes. De l’eau n’arrête pas de couler de leurs yeux, formant à leurs pattes une grande mare d’eau. Titi vient de perdre son petit frère. Comment trouver les mots pour expliquer l’inexplicable à un si petit être ? Comment affronter l’absence de ce petit frère attendu, aimé et jalousé ?
Véronique est enseignante. En octobre 2014, alors déjà maman d’un petit James de deux ans et demi, elle doit affronter la perte de son deuxième enfant, Émile. Les questions de son fils aîné qui réclame un « autre Mimile » la pousseront à écrire ce livre pour lui apporter des réponses et pour tenter d’aider d’autres parents et enfants confrontés à cette tragédie.
Véronique Maman d’Émile
X
Y
Z
Auteurs inconnus ou anonymes
"Accueille ton ange intérieur"
Accueille ton ange intérieur
Accueille ton ange intérieur.
Arrivé dans un bruissement soyeux, joyeux,
il se tient là, à la porte de ton cœur.
L’ange du repos, à toi qui te bats depuis parfois si longtemps.
L’ange de la bienveillance te propose son chaleureux vêtement plutôt que celui, tout troué, du remords.
Il est là aussi, l’ange du “oui à la vie”, quand le découragement gagne du terrain en te grignotant le cœur.
Et voici l’ange de la confiance, qui dégaine fièrement lorsque les doutes t’assaillent.
Il y a aussi l’ange du pardon, avec son baume à cicatriser.
L’ange du moment présent te chuchote à l’oreille :
“arrête de te faire des reproches, de te lamenter sur le passé “.
L’ange de la douceur, lui, recueille tes larmes, toutes tes larmes, lumineuses ou orageuses.
L’ange de la paix écoute ta colère en éruption et la transforme en énergie durable.
L’ange de la fragilité, s’assied à côté de toi,
et te prend par la main, sans mot dire.
"A nos rencontres"
A nos rencontres
Parler de l’enfant qu’on a aimé, c’est lui donner une place même auprès de ceux qui ne le connaîtront jamais… C’est inscrire en soi-même et dans les autres une trace de sa vie. Les personnes en deuil ont besoin qu’on parle du disparu ; les personnes en deuil ont besoin d’en parler des années encore après la mort de l’être proche ; cela leur fait du bien, élargit leur héritage, même si cela les fait pleurer, même quand cela les fait pleurer et parce que, précisément, les larmes ont pouvoir de guérir. Et vous qui souhaitez aider un proche, ne craignez pas de faire venir les larmes ; apprenez juste à les accueillir.
"Cette vie passée quelques temps en toi"
Vies éteintes avant d’éclore
Le temps d’une très courte vie terrestre, une enveloppe m’a été prêtée.
Elle m’a permis de te connaître et de t’aimer à ma façon.
Puis, l’Âme que je suis, a traversé une nouvelle étape vers l’accomplissement
de ma destinée.
Ne sois pas triste, sois heureux(se) pour moi.
Là où je suis, la lumière et l’Amour m’enivrent car, en plus de nager dans
un océan d’Amour limpide, j’ai emporté avec moi celui que tu m’as si
gentiment et inconditionnellement offert.
J’aurais sans doute aimé la vie, en tout cas, tu le crois.
La mort physique, ce n’est pas la mort de l’Âme !
Ici, c’est dans les bras de Dieu que je me blottis.
J’y retrouve le même amour que dans ton ventre.
S’il y a quelque chose que tu aurais aimé me dire, il n’est jamais trop tard.
Ce soir ou même ici, installe-toi dans un coin calme, entre en toi, ouvre ton
cœur et perçois ma présence.
C’est à ce moment-là que je t’enverrai d’ici, tout l’Amour à l’état
cristallin qu’il t’est humainement possible de recevoir.
N’oublie pas que c’est ici en toi que tu pourras toujours reprendre contact.
Même si parfois, tu ne me percevais pas, sois certain(e) que j’y serai tout
de même.
Ta vie continue, la mienne aussi…
Rendez-vous dans une autre dimension, au moment opportun.
Je serai là tel un ange, pour t’y accueillir.
Je t’aime.
“Cette vie passée quelques temps en toi”
"Comme un oiseau"
Comme un oiseau
Tu fendais l’espace
Émerveillé par sa beauté
Puis un jour, comme un oiseau
Dont une aile se serait brisée
Tu es tombé
Et la terre mère
T’as pris dans ses bras
Comme un oiseau
Qui meurt au monde des apparences
Tu es reparti
Et l’ange a tissé de nouvelles ailes
Que la paix soit en toi
Que la lumière soit avec toi
Vole vers la source première
Puisse notre peine ne pas engluer tes ailes
Vole tel ce goéland
Où nichent les âmes libérées
Toujours plus haut
Chaque soir, je scrute l’océan du ciel
Pour te voir surgir, mon merveilleux enfant
“Chut… écoutez…
Écoutez bien l’univers qui frémit…
Il y a cet oiseau qui chante dans la nuit,
C’est mon enfant qui me dit:
Maman, je suis vivant!”
Alors, d’un seul battement de tes ailes d’argent
Tu viens te poser dans le nid de mon âme,
Y déposer un baiser
Et enluminer d’or mes yeux remplis de larmes
Va mon beau goéland, ma fierté, mon honneur,
Mon tout petit, mon trésor, mon fils!
C’est toi maintenant, qui me portes dans tes bras.
"Conte de l'Atelier Tournesol"
Pour clôturer un atelier « Tournesol », nous avons lu aux enfants et à leurs parents ce conte.
C’était une rivière. La rivière ayant traversé maintes contrées, elle atteignit les
portes du désert. Qu’à cela ne tienne: elle avait vaincu tant d’obstacles, elle
se lança fièrement à l’assaut de celui-là. Mais à mesure qu’elle coulait dans le
sable, ses eaux disparaissaient. Elle entendit alors comme un étrange murmure:
« Confie toi au vent qui souffle et qui passe, dépose-toi dans ses bras légers et
puissants. Ainsi seulement tu pourras traverser le désert. Sinon tes eaux se perdront.
Au mieux tu deviendras un vague bourbier. »
Pour la rivière, il n’était nullement question de se confier à un vent incertain.
Elle savait comment se battre et foncer. Son père, le fleuve lui avait appris à
prendre les choses à bras le corps. Elle n’en était pas à son premier obstacle.
Un vague bourbier ? On verrait ça ! Ce n’était pas d’obscurs grains d’une futile
poussière qui allaient lui dicter sa conduite. Mais ses eaux étaient absorbées et
la voix inconnue venant du désert continuait ses étranges murmures. Bon, se
dit la rivière, ce désert est différent, il ne ressemble pas aux obstacles que j’ai
déjà connus. Peut-être qu’autre chose m’est demandé. Elle ne l’aurait pas
avoué pour tout l’or du monde, mais elle avait peur. Elle n’avait aucune envie
de perdre son identité . Comme si les sables avaient deviné ses pensées, ils lui
dirent:
« Ne crains rien. Laisse-toi faire. Tu changeras de forme, mais tu ne perdras pas
ton identité. La part essentielle de toi-même est inaltérable. Si tu as peur
aujourd’hui, c?est parce que tu ne connais pas ta part essentielle. »
La rivière sentit ses paroles résonner jusqu’au fond de ses entrailles et réveiller
de très anciennes mémoires . Oui, en d’autres temps elle s’était déjà confiée
aux bras du vent. Alors, timidement elle se laissa transformer en fines gouttelettes
et nuées de vapeur et alla se lover dans les bras ouverts du vent. Le vent
l’accueillit et souffla, la transportant jusqu’à l?autre côté du désert là où
s’étiraient de vastes étendues verdoyantes.
"Dans la nature"
Dans la nature,
Tout est mouvement.
Les couleurs varient.
Dans nos cœurs,
Parfois tout est gris, parfois tout est doré.
Que cette valse des ambiances de la saison automnale
Nous emmène, avec nos enfants,
Vers la douceur et la beauté.
"Entendre ton nom"
Entendre ton nom
Choisi pour toi par mon cœur
formé par mes lèvres
chuchoté, lorsque tu vins au monde
appelé sur tous les tons, tant de fois au cours de ta vie
hurlé enfin au-delà de cette frontière, la mort
Ton nom demeure
que je scrute le sol ou le ciel étoilé : il y est inscrit.
Ton nom reste
Entendre dire ton nom
est une douce musique
A mes oreilles.
"Faisons un rêve…"
Faisons un rêve…
Autant de sourires, de regards, d’espoirs.
Les élans d’attention rapprochent malgré nos différences.
Nous sommes tous enfants de l’univers, pas moins que les étoiles.
Faisons un rêve …
Regardons-nous avec le cœur.
Nous reconnaîtrons dans l’autre cet être étonnant qui dépasse infiniment
ce que l’on imaginait.
Faisons un rêve …
Un jour, nous serons tous confondus dans la même lumière, ne perdons
pas de temps. Aimons !
Faisons un rêve …
Mais … la meilleure façon de réaliser ses rêves est de se réveiller … de
commencer le « chantier ».
Il y a du génie, du pouvoir, de la magie dans l’audace !
"Je suis le vent qui souffle dans les arbres"
Je suis le vent qui souffle dans les arbres.
Je suis le scintillement du diamant sur la neige.
Je suis la lumière du soleil sur le grain mûr.
Je suis la douce pluie d’automne.
Quand tu t’éveilles dans le calme du matin,
je suis l’envol de ces oiseaux silencieux qui tournoient dans le ciel….
Pourquoi serais-je hors de ta vie simplement parce que je suis hors de
ta vue ?
Je suis moi et tu es toi.
Quel que soit ce que nous étions l’un pour l’autre avant,
nous le resterons toujours.
"La leçon du papillon"
La leçon du papillon
Un jour, apparut un petit trou dans un cocon. Un homme, qui passait par hasard, s’arrêta et passa des heures à observer le papillon qui s’efforçait de sortir par ce petit trou.
Après un long moment, on eût dit que le papillon avait abandonné, et le trou demeurait toujours aussi petit. On eût dit que le papillon avait fait tous ses efforts, et qu’il ne pouvait plus rien faire d’autre.
Alors, l’homme décida d’aider le papillon: il prit un canif et ouvrit le cocon. Le papillon sortit aussitôt. Mais son corps était maigre et engourdi; ses ailes peu développées bougeaient à peine. L’homme continua à observer, pensant que, d’un moment à l’autre, les ailes du papillon s’ouvriraient et seraient capables de supporter le poids de son corps pour qu’il prenne son envol. Il n’en fut rien! Le papillon resta le reste de son existence à se traîner par terre avec son corps maigre et ses ailes rabougries. Jamais, il ne put voler.
Ce que l’homme, avec son geste de gentillesse et son intention d’aider, n’avait pas compris, c’est que le passage par le trou étroit du cocon et le temps laissé pour la maturation des échanges à l’intérieur de la chrysalide étaient les conditions nécessaires pour que le papillon transmette le liquide de son corps à ses ailes de manière à avoir assez de force pour être en mesure de voler. C’était le moule à travers lequel la vie le faisait passer pour grandir et se développer.
Parfois, le temps, l’effort et la patience sont exactement ce dont nous avons besoin dans notre vie. Si l’on nous permettait de vivre toute notre vie sans rencontrer d’obstacles, nous serions limités. Nous ne pourrions pas être aussi forts que nous le sommes. Nous ne pourrions jamais voler de nos propres ailes.
"La petite espérance"
La petite espérance
La petite espérance est là, au fond de ton cœur
Elle est le doux printemps qui surgit après l’hiver
Elle est ta bonne étoile qui scintille dans le ciel
Elle est le souffle du vent qui chasse les nuages
Elle est la goutte d’eau pure qui jaillit de la source
Le jeune bourgeon qui permet à l’arbre de reverdir.
"La petite vague"
"Le coeur s'agrandit"
Souvent le cœur s’agrandit, lorsqu’il se déchire.
"Le don d'un sourire"
Le don d’un sourire
Le don d’un sourire
Il ne coûte rien et produit beaucoup.
Il enrichit celui qui le reçoit sans appauvrir celui qui le donne.
Il ne dure qu’un instant mais son souvenir est parfois immortel.
Un sourire, c’est du repos pour l’être fatigué, du courage pour l’âme
abattue, de la consolation pour le cœur endeuillé.
C’est un véritable antidote que la nature tient en réserve pour
toutes les peines.
Et, si l’on refuse le sourire que vous méritez, soyez généreux,
donnez le vôtre.
Nul, en effet, n’a autant besoin d’un sourire que celui qui ne sait
pas en donner aux autres.
"Le souvenir des morts..."
Le souvenir des morts…
« Le souvenir des morts qui est plus qu’un souvenir, qui est un soleil attrapé par un miroir brisé. »
"Les enfants morts ne quittent jamais la maison"
Jamais les enfants morts ne quittent la maison,
Ils errent là, fourrés dans les jupes de leur mère
À l’heure où elle prépare le repas,
où elle écoute l’eau bouillir,
Comme si elle étudiait la vapeur et le temps.
Toujours là.
Et la maison acquiert une autre étroitesse,
une autre ampleur,
Comme si une pluie silencieuse éclatait
En plein été, sur des champs déserts.
Non, les enfants morts ne partent pas.
Ils restent à la maison,
Ils préfèrent surtout jouer dans le couloir fermé,
Et chaque jour grandissent si bien dans notre coeur
Que cette douleur profonde, dans nos flancs,
procède moins du manque
Que de cette croissance-là.
Et si parfois dans leur sommeil les femmes
Poussent un cri,
C’est qu’elles ont à
nouveau des contractions.
"Les orages"
La vie n’est pas d’attendre que les orages passent,
c’est d’apprendre comment danser sous la pluie.
"Les personnes clefs"
Dans la vie de chacun,
Il arrive un moment
Où l’on rencontre
Des personnes- clés
Ils sont nos mentors
La chose est indéniable
Leurs sens prennent formes
En nous, malgré soi
Dans la vie de chacun,
Des phares guident nos pas
Sans eux
Les récifs de nos chagrins seraient plus nombreux
Certains tiennent la main
Plus fortement que d’autres
D’autres encore,
Vous rencontrent là où vous êtes avec votre enfant,
Si présent, si absent.
Leurs mains sont alors ouvertes
Plutôt qu’exigeantes
Leurs mains sont consolantes
Plutôt que contraignantes à vous faire avancer,
Dans la vie de chacun,
Il y a des saisons
Qui remettent du coloris
Dans notre quotidien “chagrin”
Merci pour les enseignements.
C’est tout le peuple des “Deuilleurs”
Qui vous est reconnaissant
De votre belle et importante présence bienveillante à nos côtés.
"Les petits plaisirs"
Ce sont les petits plaisirs qui vont vous redonner le goût de
l’existence et jouer un rôle de starter pour vous remettre sur les rails.
Je ne renie pas ces petits bonheurs, je souligne au contraire
l’importance de ne pas les éprouver de façon machinale, de savoir
reconnaître leur prix parce qu’ils attestent que nous sommes vivants.
Parfois, au plus fort du désespoir, il se produit quelque chose
d’anodin qui nous procure de la joie alors que nous pensions ne plus
pouvoir en ressentir… La renaissance commence de cette façon.
Aujourd’hui, je traque chaque petit bonheur : un tour en bateau
cheveux au vent, une promenade avec mon cheval et mon chien dans
la forêt, le chant d’un oiseau, le sourire d’une personne que je croise,
l’éclosion d’une fleur, courir dans les champs ou vers un ami … Je
prends le temps de recevoir ces instants magiques.
"L'apiculteur"
Quand un apiculteur meurt,
Il faut le dire à ses abeilles,
Elles ont le droit de le savoir.
Inutile de leur raconter
Qu’il est parti pour un long voyage ;
Inutile de faire semblant
Que c’est une bonne nouvelle ;
Inutile de prétendre qu’il est au ciel
Et s’amuse avec les anges.
On ne sait pas.
Ça on peut dire aux abeilles qu’on ne sait pas.
On peut aussi leur dire qu’on est triste,
qu’on pense à lui tout le temps et qu’il nous manque.
Et puis qu’on ne sait pas quoi faire de ses mains,
de ses mots, on ne sait plus où poser tout ça,
à quoi ou à qui ça peut encore servir si ce n’est plus à lui.
C’est comme si on avait perdu le mode d’emploi.
"L'enfance"
L’enfant que nous avons été
Est un guide, une résonance de nous-mêmes
Et il suffit de s’harmoniser de nouveau avec lui
Pour retrouver cette joie qui nous habitait :
La vérité toute simple d’être.
"L’Entre Deux Mondes"
L’Entre Deux Mondes
Nous les avons guidés et accompagnés
Et avec eux touché cet autre monde
Auquel maintenant nous appartenons.
Sans toutefois encore en être
Comment pouvons-nous vivre encore ici et maintenant
De ce côté-ci
Et avec déjà un pied dans l’au-delà.
Où le coeur, lui, y est déjà.
Devenus des étrangers dans notre propre pays,
Ne nous y sentant plus à notre place,
Nous n’en faisons plus partie
Et ne comprenons plus notre langue.
Celle que parle notre cœur vient d’un autre monde
Et si nous exprimions ce qu’il ressent.
Le monde ne le comprendrait pas.
Cependant, quand, croisant dans l’entre deux-mondes
Quelqu’un cheminant lui aussi entre l’ici bas et l’au-delà,
Nous pouvons alors lire dans son regard un peu de compréhension
Et nous en sommes réchauffés.
Alors nous vient à l’esprit qu’entre ces mondes
D’autres que nous cheminent
Et qu’avec eux se comprendre serait possible.
"L'Espérance"
L’Espérance ne viendra jamais qu’aux yeux brûlés, aux yeux perdus.
L’Espérance ne viendra jamais qu’à ceux qui ne l’attendaient plus.
Elle viendra le lendemain quand les fleurs seront fanées, quand les guirlandes
en papier seront défraîchies, quand les décors seront démontés.
Elle ne viendra que le lendemain quand les costumes seront au placard, les maquillages
démasqués, quand le rimmel aura coulé et quand la scène sera vide.
Elle viendra pieds nus, à tâtons, comme un boiteux qui se met à danser comme
un aveugle qui se prend à voir, comme un sourd qui, d’un seul coup, entend.
L’Espérance viendra comme un matin frileux, comme un soleil encore dans son
nuage.
Elle entrera non par la grande entrée des artistes mais par le petit escalier des
machinistes.
Elle portera son vêtement des commencements et ses yeux de poème, ses deux
mains de tous les jours, ses pleines mains de la réalité.
L’Espérance ne nous apportera pas ce que nous espérions mais ce que nous
n’espérions plus.
Elle viendra comme une étincelle, un enfant prodigue au moment que
j’attendais le moins. Sa bouche ne sera qu’une parole grande ouverte comme
le tombeau d’un ressuscité.
"Notre route"
Notre route n’est pas semée de gazon. C’est un chemin de montagne rocailleux, mais il monte droit vers le soleil.
"N’arrête jamais de chanter !"
N’arrête jamais de chanter !
As-tu observé, ami,
L’attitude des oiseaux face à l’adversité ?
Pendant des jours et des jours ils font leur nid,
Recueillant des matériaux parfois ramenés de très loin.
Et lorsqu’ils ont terminé et
Qu’ils sont prêts à déposer les œufs,
Les intempéries ou l’œuvre de l’être humain
Ou un quelconque animal le détruit et envoie au sol
Ce qu’ils ont réalisé avec tant d’efforts.
Que fait l’oiseau ?
Il se paralyse et abandonne la tâche ?
En aucune façon.
Il recommence encore et encore
Jusqu’à ce que les premiers œufs
Apparaissent dans le nid.
Parfois, très souvent, avant que naissent les oisillons,
Un animal, un enfant,
Une tempête détruit une fois de plus le nid,
Mais cette fois avec son précieux contenu.
Cela fait mal de recommencer depuis zéro.
Même ainsi, l’oiseau ne se tait jamais, ni ne recule,
Il continue de chanter et de construire,
Construisant et chantant.
"N’oublie pas de briller..."
N’oublie pas de briller sur nous, quand notre cœur sera chagrin.
"Peut-être..."
Peut-être existe-t-il des êtres dont la destinée n’est pas de rester longtemps parmi nous.
Peut-être ceux-là ne sont-ils que de passage.
Ou bien peut-être tout simplement leur vie s’écoule-t-elle plus vite que la nôtre.
Il ne leur est pas besoin de vivre 100 ans ici-bas.
Ils nous ont appris quelque chose sur l’amour, sur le don, sur l’importance que quelqu’un peut avoir dans notre vie.
"Quand je partirai" (Texte Hawaïen)
Quand je partirai
Maintenant que je suis parti, laissez-moi aller
Même s’il me restait encore des choses à voir et à faire
Ma route ne s’arrête pas ici.
Ne vous attachez pas à moi à travers des larmes
Soyez heureux de toutes les années passées ensemble
Je vous ai donné mon amour
Et vous pouvez seulement deviner combien de bonheur
Vous m’avez apporte
Je vous remercie pour l’amour que vous m?avez témoigné
Mais il est temps maintenant que je poursuive ma route
Pleurez-moi quelques temps, si pleurer il vous faut
Et ensuite, laissez votre peine se transformer en joie
Car c’est pour un moment seulement que nous nous séparons
Bénissez donc les souvenirs qui sont dans votre coeur
Je ne serais pas très loin car la vie se poursuit
Si vous avez besoin de moi, appelez-moi, je viendrai
Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher
Je serai près de vous
Et su vous écoutez avec votre cœur
Vous percevrez tout mon amour autour de vous
dans sa douceur et sa clarté
Et puis, quand vous viendrez à votre tour par ici
Je vous accueillerai avec le sourire
Et je vous dirai : « Bienvenue chez nous ».
"Quand vous viendrez vers moi"
Quand vous viendrez vers moi
Quand vous viendrez vers moi
Qui suis sur d’autres rives,
Apportez-moi des fleurs sauvages
Ces fleurs qui chantent dans les bois
Cueillies autour des villages
Au gré des jours et des mois
Muguet de mai ou genêts d’or
Ou gerbe de jacinthes bleues
Fleuries au bord de la rivière;
Moi dont l’humeur fut vagabonde,
Je tâcherai de vous suivre
Sur les chemins du monde.
Pensez que sans doute je suis
Quelque part au paradis
Et que je prie ou que je ris…
Et qu’infiniment, je vous aime.
Poème apprécié par Danièle, la maman de France
"Quelque part, de l’autre côté de l’arc en ciel..."
Quelque part, de l’autre côté de l’arc en ciel des petits anges heureux
défilaient une bougie à la main.
Ils allaient tous ensemble allumer leur étoile.
Pourtant un petit ange était triste :
il était seul, assis sur un banc, et tenait dans sa main une bougie éteinte.
Un ange lui demande pourquoi il ne se joignait pas aux autres
et le petit ange triste lui répond :
« Je ne peux pas, ma maman pleure tellement qu’elle éteint ma bougie.
Je ne peux pas allumer mon étoile. »
"Recommence"
"Réunir et Chérir"
Dans le prolongement de ton corps à offrir,
L’évanescence de ton dernier enfant s’étire.
Le lâcher te fait cruellement souffrir,
Le retenir reste ton ardent désir.
Pourtant tes bras doivent s’ouvrir
Et vers d’autres cieux, le laisser partir.
Ses frères sont là pour l’accueillir
Et, auréolés de bienveillance, le soutenir.
Dans ton amour infini et ton éternel souvenir
Restera gravé le chiffre « TROIS » allié aux verbes
RÉUNIR et CHÉRIR
"Savoir écouter"
Savoir écouter…
Quand je te demande de m’écouter et que tu commences à me donner des conseils, tu ne fais pas ce que je te demande.
Quand je te demande de m’écouter et que tu me dis que je ne devrais pas me sentir ainsi, tu joues dans mes émotions.
Quand je te demande de m’écouter et que tu sens que tu dois faire quelque chose pour résoudre mon problème, tu as échoué, aussi étrange que ça puisse paraître.
Écoute! Tout ce que je t’ai demandé, c’est de m’écouter. Ne pas parler ou autre chose, juste m’écouter.
Les conseils sont bons marché: moins d’un dollar et j’obtiens l’horoscope dans un journal… Et, je peux m’occuper de moi, je ne suis pas impuissant. Peut-être découragé et faible, mais pas impuissant.
Quand tu fais pour moi ce que je peux et dois faire moi-même. Tu contribues à ma peur et à ma faiblesse.
Mais quand tu acceptes le simple fait que je ressente ce que je ressens, peu importe si ça semble irrationnel, alors je peux arrêter d’essayer de te convaincre et je peux m’occuper de comprendre ce qui se cache derrière ces émotions irrationnelles.
Et, quand c’est enfin clair, les réponses sont évidentes et je n’ai pas besoin de conseils.
Les sensations irrationnelles ont du sens quand nous comprenons ce qu’il y a derrière elles.
Peut-être que c’est pour ça que la prière, ça marche parfois, pour certaines personnes, parce que Dieu est “muet” et il ne donne pas de conseils ou n’essaie pas d’arranger les choses. “Il” ne fait que nous écouter et nous laisse faire le travail par nous-mêmes.
Alors, ne fais seulement que m’écouter et m’entendre. Et si tu veux parler, attends un peu, après ce sera ton tour, et je t’écouterai.
"Sème"
Sème…
L’important est de semer…
Sème, sème…
L’important est de semer, un peu, beaucoup, toutes les graines d’espérance.
Sème ton sourire afin qu’il resplendisse tout autour de toi.
Sème tes énergies pour affronter les batailles de la vie.
Sème ton courage pour régénérer celui d’autrui.
Sème ton enthousiasme, ta foi et ton amour.
Sème les plus petites choses, les plus petits riens.
Sème et aie confiance : chaque graine enrichira un petit coin de la terre.
"Si nous retrouvions du temps..."
Si nous retrouvions du temps…
Si nous retrouvions du temps
Pour écouter la musique des choses
Et la respiration des autres;
Pour nous émerveiller de ce qu’il y a de beau,
De simple et de vrai autour de nous;
Peut-être réapprendrions-nous ce que VIVRE veut dire…
"Simple mais tellement vrai !"
Simple mais tellement vrai !
Urgent
Cherche un électricien
Pour rétablir le courant entre les gens qui ne se parlent plus…
Un opticien
Pour changer le regard des gens…
Un artiste
Pour dessiner un sourire sur tous les visages…
Un maçon
Pour bâtir la paix…
Un jardinier
Pour cultiver la pensée…
Et un professeur de maths
Pour nous réapprendre
A compter les uns sur les autres.
"Sur le chemin des souvenirs"
"Texte Amérindien"
Texte amérindien anonyme sur la mort
Ne reste pas à pleurer sur ma tombe.
Je n’y suis pas.
Je n’y dors pas.
Je suis un millier de vents qui soufflent.
Je suis le scintillement du diamant sur la neige.
Je suis la lumière du soleil sur le grain mûr.
Je suis la douce pluie d’automne.
Dans le silence feutré de la clarté du matin.
Je suis l’oiseau au vol rapide.
Ne reste pas à te lamenter sur ma tombe.
Je n’y suis pas.
Je ne suis pas mort.
"Transition"
Transition
Il me manque ta présence
Même si ton âme est là
Il me manque tes sens
Puisque tu n’es plus là.
Il me reste le passé
Il me reste les souvenirs
Comment puis-je avancer?
Sans toi quel est mon avenir?
Tous les jours qui passent
Sont des combats pour la vie
Ils sont parfois si lassants
Que je ne te cache pas mes envies.
Mais je me dois d’avancer
Pour que tu sois fier de moi.
Je dois faire progresser le passé
Pour pouvoir être près de toi.
Je vois s’écouler ma vie
Profitant des minutes et des heures
Avec lesquelles tu aurais joui
De l’amour et du bonheur.
Pour moi tu es en voyage.
Dans plusieurs années je te rejoindrai
Près de toi dans les nuages, je te le promets.
"Un bonheur extraordinaire"
Un bonheur extraordinaire
Il y a un bonheur extraordinaire à rendre d’autres heureux, en dépit de nos propres épreuves.
La peine partagée réduit de moitié la douleur, mais le bonheur une fois partagé, s’en trouve doublé.
"Un petit bout de Paradis"
C’est parce que quelqu’un
que nous aimons est au ciel….
qu’il y a un petit bout de paradis
dans nos maisons.
"Une île noire"
Ta mort fait comme une île noire dans un océan de lumière. Pour te rejoindre, aucune barque. Il faudrait pouvoir marcher sur la lumière. Cela doit s’apprendre. Cela s’apprend.
"Une pensée..."
Que nos enfants tant aimés,
Sûrement heureux ensemble
Continuent à nous faire signe
Et gardons grands ouverts nos cœurs
Pour les percevoir
Toujours.
"Une pousse verte dans votre cœur "
Si vous gardez une pousse verte dans votre cœur quelques jours,
un oiseau chanteur viendra vous rendre visite.
"Une vieille légende hindoue..."
Une vieille légende hindoue, raconte…
Qu’il y eût un temps où tous les hommes étaient des dieux. Mais ils abusèrent tellement de leur divinité que Brahma décida de leur ôter le pouvoir divin et de le cacher à un endroit où il leur serait impossible de le retrouver. Le grand problème fut donc de lui trouver une cachette.
Lorsque les dieux furent convoqués à un conseil pour résoudre ce problème, ils proposèrent ceci: “Enterrons la divinité de l’homme dans la terre.”
Mais Brahma répondit: “Non, cela ne suffit pas, car l’homme creusera et la trouvera.”
Alors les dieux dirent: “Dans ce cas, jetons la divinité dans le plus profond des océans.”
Mais Brahma répondit à nouveau: “Non, car tôt ou tard, l’homme explorera les profondeurs de tous les océans, et il est certain qu’un jour, il la trouvera et la remontera à la surface.”
Déconcertés, les dieux proposèrent: “Il ne reste plus que le ciel, oui, cachons la divinité de l’homme sur la Lune.”
Mais, Brahma répondit encore: “Non, un jour, l’homme parcourra le ciel, ira sur la Lune et la trouvera.”
Les dieux conclurent: “Nous ne savons pas où la cacher car il ne semble pas exister sur terre ou dans la mer d’endroit que l’homme ne puisse atteindre un jour.”
Alors Brahma dit: “Voici ce que nous ferons de la divinité de l’homme: nous la cacherons au plus profond de lui-même, car c’est le seul endroit où il ne pensera jamais à chercher.”
Depuis ce temps-là, conclut la légende, l’homme a fait le tour de la terre, il a exploré, escaladé, plongé et creusé, exploré la lune et le ciel à la recherche de quelque chose qui se trouve en lui.
"Va paisiblement de l'avant parmi le bruit et la hâte"
Va paisiblement de l’avant parmi le bruit et la hâte.
Souviens-toi de la paix qu’on peut trouver dans le silence. Autant que faire se peut sans abdiquer, sois en bons termes avec tous. Dis tranquillement et clairement ce que tu estimes être la vérité. Prends la peine d’écouter les autres, même ceux qui sont ennuyeux et ignorants; eux aussi, ils ont leur propre histoire.
Evite ceux qui parlent haut et sont agressifs. Ils ne sont que source d’irritation. Si tu te compares à d’autres, tu risques de devenir vaniteux et aigri, car il y aura toujours des gens moins importants que toi et d’autres qui le sont davantage. Prends du plaisir à ce que tu accomplis aussi bien qu’à ce que tu projettes. Continue à t’intéresser à ton métier, si humble qu’il soit. C’est un véritable trésor dans la précarité des temps. Sois prudent en affaires, car ici bas la duperie est reine; que cela ne t’empêche pourtant pas de voir qu’ici la vertu existe. Ils sont nombreux ceux qui combattent pour un idéal élevé. Et partout la vie abonde en héroïsme.
Sois toi-même. Surtout ne feins pas l’affection. Ne sois pas non plus cynique au sujet de l’amour car, face à tout ce qui est sécheresse et désenchantement, il est aussi vivace que l’herbe. Sache prendre conseil des années qui passent et abandonner de bonne grâce ce qui est de la jeunesse. Nourris ta force intérieure qui te sera un bouclier si l’adversité fond brusquement sur toi. Mais ne désespère pas en te faisant des idées. La peur nait souvent de la fatigue et de la solitude. Qu’une sage discipline personnelle ne t’empêche pas d’être aimable envers toi-même. Tout autant que les arbres et les étoiles, tu es enfant de l’univers. Tu as droit d’y avoir ta place. Que cela te soit clair ou non, ne doute jamais que l’univers ne suive le cours qui doit être le sien. Sois donc en paix avec Dieu tel que tu te le représentes, et quelles que soient tes peines et tes aspirations, garde la paix de l’âme au milieu de la confusion et du vacarme de la vie.
En dépit de tout ce qu’il contient de feintes, de dures besognes et de rêves brisés, le monde est beau. Lutte pour être heureux et mets-y tout ton cœur.
"Vis l'épreuve que tu traverses"
Vis l’épreuve que tu traverses
« Vis l’épreuve
que tu traverses
comme une chance
de te transformer et
de devenir meilleur.
Saisis-la
Surtout ne la laisse pas passer. »